Les cicadelles Typhlocybinae vont bientôt quitter les ronces pour retourner dans les arbres. Je tente d’en trouver encore quelques-unes, mais c’est une petite punaise que je récolte dans mon bac. Comme elle est accommodante, je lui propose une feuille de ronce pour la séance photo.
Drymus sylvaticus est un membre de la famille des Rhyparochromidae. Cette punaise n’est pas rare mais on ne sait rien de sa biologie. Je suis content de l’avoir rencontrée, cela fait une espèce de plus pour l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.
A l’invitation de La Salamandre verte, je suis venu avec deux autres membres de l’OPIE visiter la prairie communale du Mesnil-le-Roi et conseiller les membres de cette association désireuse de s’investir dans une démarche d’inventaire des insectes. Ce fut aussi l’occasion de capturer et présenter quelques petites bêtes à un public curieux et motivé.
Récoltée au filet à papillons dans les herbes mouillées par l’averse, cette abeille sauvage a l’air de sortir de la douche ! C’est un mâle car ses pattes postérieures ne sont pas équipées pour la récolte du pollen. Il s’agit peut-être de l’espèce Andrena nitida, mais la détermination des mâles d’andrènes est très délicate.
L’exploration de vielles billes de bois entassées au sol nous donne plusieurs individus de cétoine punaise, coléoptère dont la larve est xylophage. Des nymphes d’autres espèces sont prélevées afin d’être mises en élevage à la Maison des insectes, elles pourront ainsi, à l’éclosion des adultes, être déterminées avec certitude.
La forme en cœur de son pronotum et ses larges mandibules permettent de reconnaître Leistus fulvibarbis, un carabe prédateur de petits insectes et de collemboles. Je le rencontre parfois sous les écorces de troncs décomposés.
Voyez-vous sur son abdomen le dessin des deux chevrons qui valent à cette Anyphaena accentuata son surnom d’araignée Citroën ?
Je récupère cette jolie coccinelle à damier en prospectant un roncier au bord de la noue. Bien malin qui peut dire si elle est noire à motifs jaunes ou l’inverse !
Retrouvez les portraits des arthropodes cités dans cet article :
Un tas de sciure grossière m’intrigue au pied d’un vieux saule. J’espère débusquer un insecte xylophage en fouillant dedans à l’aide d’un bâton. Je ne m’attendais pas à y trouver un staphylin ! Il est de bonne taille (13mm) mais ce n’est pas lui qui a produit toute cette sciure, en revanche l’endroit lui convient bien. Othius punctulatus est un Staphylinidae commun de la litière. On le trouve souvent sous les mousses et au pied des arbres. Il se nourrit des œufs et des larves d’autres insectes.
L’observation de la ponctuation de la tête, du thorax et des élytres est généralement nécessaire pour déterminer les staphylins. En raison des tarses des pattes antérieures élargis, je pense que celui-ci est un mâle.
En fouillant dans une grosse motte de terre, un participant de la sortie carabes de l’OPIE a mis au jour une loge d’hivernage d’une reine de frelon. Il s’agit ici du frelon européen, Vespa crabro, un peu plus gros et moins sombre que le frelon asiatique. Chez les frelons, seules les reines fécondées passent l’hiver. Le printemps venu, à leur réveil, elles cherchent un territoire propice pour fonder une nouvelle colonie qui ne vivra que jusqu’à l’entrée de l’hiver suivant. Ces jeunes reines régulent naturellement leur nombre en se livrant à des combats sororicides. C’est pourquoi les piégeages de printemps des reines de frelons sont totalement inutiles et comme les pièges ne sont pas sélectifs, ils nuisent à la biodiversité.
Je recueille dans mon bac blanc la petite faune de quelques touffes d’herbes dans le parc du château de Versailles. Je reste hésitant sur la famille de ce petit coléoptère, alors je lui propose une séance photo sur une feuille. Son profil est étonnant ! A quoi peut lui servir cette tête très allongée ? Je change d’angle pour faire une vue de dessus.
Mais qu’est-ce que c’est que cet ornithorynque ?
Sa tête n’est pas seulement allongée, elle est aussi très plate ! Ce look très particulier oriente vers la famille des Salpingidae. Il s’agit ici du très commun Salpingus planirostris, un prédateur d’insectes xylophages. On le rencontre souvent sur les branchettes tombées au sol. J’émets l’hypothèse que la conformation spéciale de sa tête lui permet de débusquer ses proies sous les écorces décollées.
Ce coléoptère a été trouvé sous une branche morte en forêt de Marly. Avec ces antennes en râteau, c’est dans la famille des Lucanidae qu’il faut chercher ce bel insecte. Platycerus caraboides est nettement plus petit (13mm) que la petite biche et le lucane cerf-volant, les représentants les plus connus de cette famille. Sa vie larvaire s’étend sur deux ou trois ans dans le bois décomposé, les adultes sont visibles dès le début du printemps. Cette espèce est commune un peu partout en France.
Retrouvez un autre coléoptère dont la larve vit dans le bois mort :
Les prunelliers sont en fleurs, j’en secoue quelques branches. Un Phyllobius pyri tombe dans mon bac, celui-là, je n’attendais pas avant le mois d’avril ! Je récolte aussi cette petite cicadelle. La marque blanche caractéristique sur ses élytres permet de reconnaître Balcanocerus pruni. C’est la première fois que je croise cette jolie espèce. Elle semble rare car c’est la deuxième donnée seulement pour l’Ile-de-France. Cette cicadelle vit uniquement sur les prunelliers.
Nous arrivons en avance au lieu de rendez-vous pour la sortie carabes que l’OPIE a organisée. J’en profite pour secouer quelques ronces à proximité du parking, route Royale. Zygina griseombra est une belle surprise, elle est donc bien présente dans la forêt de Marly aussi. Dans quelques semaines, elle quittera son roncier pour gagner les frondaisons des charmes, elle sera alors plus difficile à observer.
Ce forficule aptère est facile à trouver dans les feuilles mortes de la forêt. Chelidurella acanthopygia est souvent associé aux chênes.
Les premières explorations dans le bois pourri des vieilles souches nous donnent quelques petites biches, alias Dorcus parallelipipedus.
Par endroits, ce Tenebrionidae abonde. Uloma culinaris semble affectionner le bois très dégradé dans lequel nous pouvons facilement enfoncer les doigts.
Il nous faut descendre vers une zone plus humide pour trouver une meilleure biodiversité.
Près d’un ruisseau, les troncs de quelques charmes hébergent de belles hépatiques. Voici Metzgeria furcata, une petite espèce au thalle en lanières bifurquées.
Voyez-vous la salamandre, débusquée inopinément en creusant au pied de ce tronc décomposé de hêtre ? Attention, l’espèce est protégée, il ne faut pas la toucher ni la déranger ! Elle se met assez vite à l’abri des regards indiscrets en s’enfonçant plus profondément dans sa tanière. Le découvreur remet délicatement le morceau de bois tel qu’il était placé.
Enfin, des Carabidae ! Nous trouvons plusieurs Platynus assimilis sous des branches tombées, et des Carabus auronitens, aux reflets dorés, d’abord un mâle puis une femelle. Placés ensemble dans un seau d’observation, ils s’accouplent aussitôt pour le plus grand étonnement des participants !
Ce Carabus problematicus vaut bien un gros plan pour apprécier ses splendides reflets violacés.
Retrouvez un autre reportage sur une animation de l’OPIE :
J’ai trouvé cette chrysalide fixée à un poteau près de l’étang du Corra. Dans l’idée de vous faire un reportage sur l’émergence du papillon, je l’ai placé en élevage dans ma véranda. J’espérais un beau spécimen de piéride du navet, mais un impondérable s’est produit.
Des hôtes imprévus sont sortis par ce petit trou bien rond : 7 mâles et une femelle ! Ma chrysalide était parasitée.
Ci-dessus la femelle, dotée d’un ovipositeur.
Les mâles sont beaucoup plus sombres et plus petits.
Chez les Ichneumonidae, la nervation alaire est l’un des critères importants pour reconnaître les espèces. Mais l’exercice est ardu, cette famille comptant 2768 membres en France ! Je pense pouvoir cependant cerner la sous-famille, celle des Phygadeuontinae, dont font partie les Gelis. L’expert à qui j’ai envoyé mes petits hyménoptères me dit qu’aucune des espèces connues pour parasiter la piéride du navet ne leur ressemble.
En battant quelques branches basses de chêne garnies de feuilles sèches, je récupère ce petit charançon hirsute. J’essaie de le photographier sur une feuille morte, mais il a la bougeotte. Je le recueille alors au creux de ma main où il se tient un peu plus tranquille, me permettant quelques photos.
La zone noire allongée sur la base de la suture des élytres n’est en fait pas pourvue d’écailles, ce qui laisse voir la couleur de fond. Ce dessin noir très visible est une caractéristique de l’espèce Strophosoma melanogrammum. Les adultes se nourrissent des feuilles de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes et les larves grignotent des racines.
Ce Curculionidae forestier européen a été introduit accidentellement en Amérique du Nord à la fin du XIXème siècle.
Le GR 2 de La Roche-Guyon à Vétheuil franchit plusieurs pinacles crayeux dominant la vallée de la Seine. A tout hasard, je balaie la végétation très rase de la pelouse calcaire et voici ce que j’obtiens : une drôle de punaise allongée. La silhouette m’oriente vers le genre Berytinus, dans la famille des Berytidae. La massue du premier article antennaire n’est pas noire, cela exclut bon nombre d’espèces. Les points noirs à la base des nervures de la membrane et les antennes non poilues me décident pour l’espèce Berytinus signoreti, qui semble apprécier particulièrement les Fabaceae, notamment celles qui sont fréquentes sur la craie, comme les hippocrépides, les bugranes et les lotiers.
Je suis content d’ajouter cette espèce à la base de données régionales d’Ile-de-France. L’INPN signale une donnée historique en Seine-Saint-Denis en 1893. Berytinus signoreti est souvent observée en Angleterre, elle est assez présente dans le centre de la France et dispersée ailleurs.
Ce charançon était caché dans des feuilles sèches restées accrochées aux branches d’un chêne. J’aime bien son gros museau qui pourrait bien être celui d’un Othiorynchus.
Le voici au creux de ma main pour la photo de profil. Il s’agit d’Othiorynchus raucus. La suture des élytres vers l’apex est surélevée, ce qui vaut à ce Curculionidae le nom vernaculaire d’othiorynque à crête. Cette espèce est présente en Europe du Nord et en Amérique du Nord. Elle est polyphage, se nourrissant d’espèces aussi différentes que le thuya et le laurier du Caucase. Les adultes sortent de leur loge nymphale souterraine en avril. Celui-ci était en avance.
Cette Amaranthaceae vue au port de Kerascoët est probablement Atriplex glabriuscula, l’arroche de Babington. Cette plante des hauts de plage estprésente sur le littoral, de la Bretagne jusqu’au nord de la Scandinavie. On peut la rencontrer aussi sur le littoral atlantique du Canada. C’est juste en face, mais pas la porte à côté tout de même !
Curieux, j’inspecte le feuillage de cette plante que je n’avais jamais vue.
J’y trouve de petits homoptères roses au ventre vert. Celui-ci est sur le dos, on distingue le rostre avec lequel il pique sa plante hôte.
Le voici à l’endroit. Il ressemble fort à un Piesmatidae déjà rencontré : Piesma maculatum. Mais ce n’est pas cette espèce car la marge du pronotum est arrondie, sans échancrure. Il s’agit de Parapiesma quadratum qui est justement inféodé à des Amaranthaceae des bords de mer et milieux salins comme les pourpiers de mer, les salicornes et certaines arroches.
Je regarde sa répartition dans GBIF. Il n’a pas comme Atriplex glabriuscula franchit l’Océan. Ce n’est peut-être qu’une question de temps…
Dans la série des araignées à bosses, voici la toute petite Episinus angulatus. Celle-ci, je l’ai trouvée près du sol sur un tronc de cornouiller, dans un manchon d’une fort belle mousse jaune typique des coteaux calcaires, Homalothecium lutescens.
La disposition des taches sur les pattes et le dessin sur le céphalothorax permettent d’écarter les autres espèces du genre Episinus.
En quelques minutes à peine, elle a bâti une toile en trois dimensions dans mon bocaloscope et se repose ainsi sur ses fils de soie, prenant une pose que je retrouve dans les galeries photos de cette espèce.
En forêt de Marly, je soulève une petite plaque d’écorce sur le tronc mort d’un érable déraciné. Cette jolie larve est dessous, elle s’agite très mollement. Je la photographie avant de replacer le bout d’écorce.
Parce qu’un passionné a un jour élevé une telle larve jusqu’à l’émergence de l’adulte, on sait désormais mettre un nom d’espèce sur ce curieux animal. Il s’agit de Stenagostus rhombeus, un grand taupin forestier (2cm) de mœurs nocturnes. Comme il vient assez bien à la lumière, il vole parfois autour des lampes des amateurs de papillons de nuit.
L’extrémité de son abdomen est doté d’expansions en crochets. Ces urogomphes seraient utiles à la progression de la larve dans le bois pourri sous les écorces.
Voici à quoi ressemble un Stenagostus adulte. J’ai surpris celui-ci sur un billot de châtaignier une nuit d’été.
Cette petite punaise aux ailes courtes était dans une touffe de cerfeuil des bois tout en haut du parc Meissonier. Je la fais un peu gambader sur une feuille de lierre pour la prendre en photo.
C’est une Rhyparochromidae commune mais je ne vous l’avais pas encore montrée. Pour différencier Scolopostethus affinis des autres espèces du genre, il faut considérer la petite taille (3 à 4mm), l’absence de pilosité sur les hémélytres, observer la couleur des antennes et repérer une paire de petits tubercules sur la face ventrale. J’ai encore oublié de photographier le dessous !
La photo ci-dessus met en évidence l’aspect typique pour cette espèce de l’avant-dernier article des antennes : sombre à base plus claire.
Cette espèce polyphage se nourrit majoritairement de graines. Elle apprécie particulièrement celles des orties.
Cette grosse araignée était cachée sous l’écorce d’un érable mort. Seules les pattes postérieures sont tournées vers l’arrière, les autres étant disposées vers l’avant. C’est là une attitude connue des Segestria. Son abdomen brille sous l’éclairage de mon appareil photo. Je dois chercher le bon angle pour distinguer la ligne blanche longitudinale qui serait masquée par le reflet dans une vue trop verticale. Cette discrète ligne blanche, les pattes fortement annelées et son aspect général poilu m’orientent vers l’espèce Segestria bavarica que j’ai déjà observée sur des arbres.
Cette araignée construit une toile en forme de tube dans une fissure de mur ou de rocher, ou sous une écorce. Elle dispose à la sortie quelques fils avertisseurs rayonnants. Lorsqu’une proie touche l’un de ces fils, elle bondit hors de sa cachette pour la capturer.
Je passe quelques jours à Bruges, non pas en Belgique mais dans l’agglomération bordelaise. Un gros platane dans un petit espace vert à l’angle de deux rues m’intéresse, je ne peux m’empêcher de regarder sous un fragment d’écorce. Quatre petites punaises y sont en sommeil en compagnie de quelques tigres du platane. J’en prélève une pour une séance photo.
Cette Pentatomidae a la membrane tachée de petits nuages noirs, comme la punaise nébuleuse. Mais ce museau allongé me paraît bien singulier.
Le rostre, très long, dépasse les hanches postérieures.
Montre-moi ton long museau !
Cela pourrait être l’espèce Sciocoris maculatus, ou peut-être Sciocoris sideritis. La différence, subtile, tient à la longueur de la tête. Un hétéroptériste plus calé que moi me confirme la deuxième espèce. Cette punaise méditerranéenne a déjà été observée dans la région de Bordeaux. Elle est signalée depuis peu en Ile-de-France.
Sciocoris sideritis se nourrit sur des Asteraceae.
Au bord de l’étang de la Galiotte, un lierre panaché palissé sur un grillage héberge de très nombreux collemboles. Parmi ceux qui sont tombés dans mon bac, j’en repère un de petite taille (1,5mm) avec un look bicolore très particulier. Sa détermination sera facile : Entomobrya albocincta est le seul à avoir cette distribution des zones claires sur le corps. Cette espèce vit ordinairement sur les écorces des arbres parmi les mousses et les lichens.
Pour ma promenade matinale, mes pas m’amènent jusqu’au square Carnot. Armé d’un petit bac d’observation, je cherche désespérément une zone un peu sauvage propice à l’observation des insectes. Tout est taillé, gratté, tondu, rasé de près. Un muret en partie couvert de lierre m’offrira cette élégante Salticidae de 4mm. Les patrouilles de police municipale se succèdent, j’essaie de conserver l’allure d’un individu normal.
Voyez-vous ce tour de l’œil rouge vif ? Et l’ébauche de la barre de même couleur à l’arrière de la tête ? Il s’agit d’un mâle Saitis barbipes, un des plus beaux représentants de la famille des Salticidae en France mais ici c’est un juvénile, il n’aura que dans quelques mois ses belles couleurs définitives. Je ne désespère pas de rencontrer un jour l’araignée adulte et de vous la présenter dans ces pages.
Sous une certaine incidence, une irisation bleue vient compléter le tableau. On voit sur cette photo ses huit gros yeux (quatre de chaque côté).
Des tiges sèches hautes de 80cm environ portent des sortes de perles blanches et luisantes.
Ce sont les akènes de Lithospermum officinale, une Boraginaceae peu commune en Ile-de-France.
Cette plante vivace apprécie les sols riches, sableux ou graveleux des friches rudérales et des ourlets forestiers. Ses akènes sont étonnamment durs, ils ont besoin d’être scarifiés pour pouvoir germer. Le transit dans l’appareil digestif des mammifères ou des oiseaux assure peut-être ce traitement.
Un papillon de nuit noir et blanc est spécialisé sur cette plante : Ethmia dodocea. Celui-ci manque à ma collection ! On peut dire que les Ethmia se partagent les Boraginaceae. Ainsi, par exemple, Ethmia quadrilella est inféodée aux consoudes et aux pulmonaires, Ethmia bipunctella aux vipérines et aux cynoglosses, Ethmia aurifluella à Onosma pseudoarenaria (dans le sud de la France).
Retrouvez une autre plante des friches rudérales :
Dans la végétation herbacée d’une prairie en pente près de la route des Crêtes, je trouve cette petite araignée que je prends tout d’abord pour une Salticidae. La photo prise dans mon bac blanc me montre tout autre chose : à l’avant, des chélicères énormes et à l’arrière, des filières écartées, en forme de cônes. Les yeux sont groupés au sommet de la tête. Cette araignée au physique étonnant est une mygale ! Plus précisément, il s’agit d’un individu juvénile du genre Atypus. Fait inhabituel chez les araignées, les Atypus peuvent vivre une dizaine d’années, les mâles ne sont matures qu’au bout de trois ou quatre ans et les femelles, cinq ou six ans.
Deux espèces sont possibles en Ile-de-France, pour trancher il faudrait une bonne photo de profil des filières d’un adulte. Je sens qu’il va falloir que j’y retourne.
Ces filières servent à produire la soie avec laquelle ces mygales confectionnent une sorte de chaussette posée sur le sol. C’est à la fois une chambre pour l’accouplement et un piège pour capturer les insectes imprudents qui marchent dessus. Ces araignées sont inoffensives pour l’Homme.
Ce gros charançon immobile semble guetter quelque chose depuis ce poteau de clôture du centre d’entrainement du PSG. Espère-t-il un autographe ?
J’en profite pour le photographier de tout près. Il a de bien gros yeux ! Les applications de reconnaissance par l’image me proposent Brachypera zoilus, un Curculionidae de la sous-famille des Yperinae. Il s’agit bien de cette espèce que l’on peut observer partout en France et à peu près toute l’année. Depuis le milieu du XIXème siècle, elle est présente aussi en Amérique du Nord où elle est considérée comme une espèce invasive.
Les larves comme les adultes de Brachypera zoilus se nourrissent des feuilles de trèfles et de luzernes. L’hyménoptère Cerceris arenaria est l’un de leurs prédateurs.
Je décide de ne pas l’importuner plus longtemps et me retire discrètement. Je ne saurai pas la raison de sa présence immobile sur ce poteau.
J’ai trouvé cette drôle de pièce de deux euros. Notre gouvernement s’enticherait donc de botanique ? Ce serait nouveau et intéressant. Renseignements pris sur les forums de numismatique, cette monnaie est frappée par les Finlandais et cette plante orne le revers de leur pièce de deux euros depuis 1999.
Mais quelle est donc cette plante ? On dirait une Rosaceae. C’en est une effectivement. Cette ronce couvre-sol traçante à feuilles lobées pousse dans les tourbières nordiques. Son fruit rouge orangé est dur mais une fois gelé, il devient blanchâtre, légèrement acide, très juteux et prend une consistance mollassonne. Consommé cru, son goût est âpre avec des relents de térébenthine. C’est un must de la gastronomie scandinave ! Les norvégiens importent de Finlande entre 200 et 300 tonnes de ces fruits par an, ils les préparent en confiture, en jus, en tarte ou en liqueur. Depuis 2002, des variétés ont été sélectionnées pour la culture. Les canadiens, car Rubus chamaemorus pousse là-bas aussi, l’utilisent pour aromatiser une bière spéciale.
La plaquebière est une plante dioïque qui se multiplie par semis ou prélèvement de rhizomes, elle tolère très bien des températures inférieures à – 40° C mais ne supporte pas du tout la sécheresse.
Ce portrait de Rubus chamaemorus est tiré de l’ouvrage « Bilder ur Nordens flora » du botaniste suédois Carl Axel Magnus Lindman (1856 – 1928). Il a été publié à Stockholm au début du XXème siècle. A gauche est illustrée une fleur femelle et à droite une fleur mâle.
Au fait, quelle est la cote de ma pièce de deux euros finlandaise de 2001 ? Si elle avait été neuve, j’aurais pu en espérer 2,80 euros ! Deux euros, dit mon poissonnier.
Après les homoptères, je vous propose d’explorer les hétéroptères, vulgairement nommées punaises, un sous-ordre des hémiptères. Voici une galerie d’espèces classées par famille. Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler. Je vous laisse apprécier leur grande variété de formes et de couleurs.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
J’ai trouvé sur internet un document du Conseil départemental du Val d’Oise intitulé « Espaces naturels départementaux et locaux – rapport d’activité 2019-2022 ». La restauration de la mare Tornibus sur la commune de Maudétour-en-Vexin y est mentionnée en page 36. Le site à l’air intéressant, allons-y !
En fait, cette mare s’inscrit dans un Espace naturel sensible comprenant des prairies humides et des zones boisées. Tout en haut de la butte, je découvre une belle station de myrtilliers. Cette plante très rare et protégée en Ile-de-France est menacée par le réchauffement climatique.
Sur un tronc de frêne, ce jeune mâle Diaea dorsata me surveille. Les anneaux bruns sur les deux paires de pattes antérieures le distinguent de la femelle.
Les larves de raphidies sont aussi difficiles à identifier que les adultes. Je replace cette belle prédatrice là où je l’ai trouvée, sous l’écorce décollée d’une branche tombée à terre.
Cette mystérieuse œuvre d’art trouvée dans un bois au bord de la Seine est le fruit du noyer d’Amérique, Juglans nigra. La coque est très dure et ne se brise pas facilement, aussi les mulots doivent patiemment creuser ces trous pour accéder aux cerneaux. Et comme les cloisons intérieures sont également épaisses, ils creusent généralement quatre trous pour consommer toute la noix. Ils abandonnent ensuite au sol les noix vidées de leur contenu et leurs perçages amusent les enfants, et ceux qui ont su le rester.
Le noyer d’Amérique ou noyer noir est un arbre de grande taille souvent planté dans les parcs pour la magnifique coloration jaune de son feuillage en automne. Il est parfois utilisé comme porte-greffe pour le noyer commun.
Retrouvez d’autres fruits que l’on peut observer en hiver :
Le gui est en fleur sur ce vieux saule. Je secoue un pied mâle pour voir si des insectes gourmands de pollen s’affairent dans la boule. C’est un petit longicorne de 6mm que je récolte, il me rappelle Pogonocherus hispidulus qui a aussi les apex des élytres dentés mais le scutellum de celui-ci est noir et non blanc. Il s’agit d’une autre espèce, Pogonocherus hispidus.
La larve de ce coléoptère très commun en Ile-de-France se développe dans les branchettes mortes de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Que deviennent les tigres en hiver ? En d’autres termes, quelle est la forme hivernante de ces petites punaises : œuf, juvénile ou adulte ? Les galeries des forums d’entomologie me donnent peu d’informations, ces insectes sont presque toujours observés en été sur leur plante hôte.
Pour celui-ci au moins, je sais : on peut trouver Tingis auriculata adulte, caché en situation abritée, en plein hiver. Je l’ai observé dans un square au pied d’un mur recouvert de lierre. Un tigre à quelques mètres d’une aire de jeux pour enfants, que fait la mairie ?
Il semble bien que chez de nombreuses espèces de Tingidae, les adultes hivernent dans la litière près de leur plante hôte ou sous une écorce décollée. Il m’est d’ailleurs arrivé de rencontrer un tigre de la vipérine au mois d’octobre en recherchant des araignées sous l’écorce d’un orme mort.
Dans une zone humide au bord d’un bras de Seine, des troncs effondrés de frênes, de saules, d’érables et d’ailantes pourrissent sur place. C’est le paradis des champignons lignivores. Voici justement une belle rangée de carpophores. Pour déterminer l’espèce, il faut d’abord regarder dessous. Ici, point de lames ni de pores, ni même d’alvéoles. C’est tout lisse, comme du cuir ou du carton.
Sur le dessus, on remarque une marge blanche très visible, un aspect feutré et des stries concentriques. Ce champignon coriace et très léger est Stereum subtomentosum. Il pousse souvent dans les forêts alluviales sur le bois mort des aulnes, des saules, des peupliers.
Je secoue un ciste de Montpellier au bord du chemin et j’obtiens… beaucoup de poussière ! Cela fait longtemps qu’il n’a pas plu sur la Côte d’Azur. Trois petites punaises vertes arpentent mon bac de battage. On dirait le genre Macrolophus mais les taches sombres alignées sur son dos ne me sont pas familières. La pointe noire au bout du scutellum permet de reconnaître Macrolophus costalis. En France, cette Miridae est plutôt une espèce du Midi, souvent observée sur ce ciste où elle chasse des pucerons. Mais elle est présente aussi en Angleterre et en Europe du Nord. On la trouve sur les cistes, les menthes, les épiaires, les échinops, les pulicaires et les tabacs.
Certains lecteurs me réclament des éclaicissements sur la systématique des homoptères. Par cet article, je tente d’apporter une réponse simple sur un sujet compliqué car plusieurs classifications se sont succédées et elles diffèrent selon les sources utilisées. Je m’en tiens à celle qui est en vigueur dans l’INPN.
L’ordre des hémiptères est, pour ce qui est des espèces visibles en France, subdivisé en quatre sous-ordres : Cicadomorpha, Fulgoromorpha, Heteroptera et Stenorrhyncha.
Heteroptera, en français, ce sont les hétéroptères, c’est-à-dire les punaises. Les trois autres sous-ordres constituent ce que l’on nomme communément les homoptères.
Je vous propose un petit aperçu du monde des homoptères, en vous montrant quelques espèces classées par sous-ordre et par famille.
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Sous-ordre des Cicadomorpha (cigales et cicadelles)
Les canards chipeaux sont des hôtes hivernaux réguliers des plans d’eau de notre région. Il s’agit essentiellement de migrateurs venus d’Europe du Nord.
C’est pourquoi ce canard friand de plantes aquatiques recherche la compagnie des foulques pour leur chaparder dès leur remontée de plongée les succulents potamots qui tapissent le fond.
En Ile-de-France les canards chipeaux sédentaires et nicheurs sont rares et très localisés.
C’est dans du lierre le long d’un tronc d’arbre que je trouve ce joli Carabidae. Le dessin noir sur ses élytres est caractéristique de l’espèce Demetrias atricapillus. Ce coléoptère apprécie les zones humides mais il fréquente aussi d’autres milieux ouverts. Il recherche sa nourriture en grimpant la nuit le long des tiges des plantes, ce qui en fait un bon régulateur des populations de pucerons, thrips et acariens.
Comme toujours pour les bryophytes, l’examen au microscope est requis pour la détermination. Ici nous sommes en présence de Calliergonella cuspidata. Cette espèce pousse sur les sols calcaires, de préférence au soleil, mais pas forcément au sec.
Les chanterelles poussent parfois tard en saison mais je ne les récolte plus s’il a fait vraiment froid car le gel peut les avoir corrompues même si elles restent présentables. Le 28 décembre dernier, j’ai prélevé de quoi faire une dernière omelette.
Que vois-je dans les plis de cette chanterelle ?
C’est une minuscule araignée, ou plutôt un opilion car le céphalothorax et l’abdomen ne sont pas séparés par un étranglement.
J’ai attendu d’avoir la confirmation d’un expert pour vous présenter l’espèce. Il s’agit d’un Rilaena triangularis juvénile. C’est une espèce de petite taille, commune dans les zones boisées. Les adultes vivent dans les arbres et les juvéniles dans la litière.
Par un orifice situé juste au-dessus de la hanche de la patte antérieure, ces opilions éjectent s’ils sont dérangés des gouttelettes d’un liquide répulsif à odeur âcre. Je ne peux pas confirmer, car je ne l’ai pas dérangé. J’ai délicatement reposé au sol le champignon et son visiteur après la séance photos.
Retrouvez un autre champignon comestible récolté le même jour :
Un coup de vent de l’été dernier a arraché une branche de châtaignier, elle est restée pendue et ses feuilles desséchées se sont recroquevillées. Que vais-je trouver dans cet abri de qualité ? Des psoques, des chrysopes en grand nombre, des forficules et puis cette curieuse chenille bicolore.
Les huit tubercules orange sur le flanc qui tranchent sur le fond noir sont un bon critère pour reconnaître la chenille de Nyea lurideola. Normalement on voit cette chenille de mars à mai. Celle-ci, en raison de la douceur de ce mois de février, est en avance. Elle se nourrit de lichens sur les troncs et les branches des arbres. L’adulte, aux longues ailes grises, vole en été. C’est une espèce très commune.
Cette masse sombre trouvée sous une écorce d’eucalyptus à La Croix-de-Gardes n’est pas une vieille crotte moisie. Je distingue trois paires de pattes, c’est un insecte. Il dort ou fait le mort, toutes pattes et antennes repliées sous son corps.
La face dorsale permet de reconnaître un coléoptère Elateridae, autrement dit un taupin. L’insecte est ici en compagnie d’un Xanthochilus saturnius (à l’arrière-plan).
Cette espèce méditerranéenne de grande taille (18mm) est en France présente surtout dans le quart sud-est. Ses larves sont prédatrices des petits arthropodes qui peuplent le bois pourri des pins et de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Son décor de nuit étoilée le rend facile à reconnaître, il s’agit de Lacon punctatus.
Au pied d’un tronc pourri de peuplier, je retourne quelques-unes des plaques d’écorce enchevêtrées qui jonchent le sol. Un « gros » collembole de 2mm se réveille sous l’effet de l’éclairage de mon appareil photo. Il se sauve et je peine à le mettre au point.
Le trait sombre dans l’axe du dos et les yeux noirs sont paraît-il de bons critères pour reconnaître Dicyrtoma fusca. Les soies raides qui ornent son postérieur paraissent épaisses, elles sont peut-être garnies d’un film d’eau de condensation.
Ce collembole est commun dans la litière de feuilles mortes, il se nourrit de mycélium et de matières organiques en décomposition. On peut l’observer toute l’année.
La famille des Tingidae (ou tigres) rassemble des hétéroptères de forme aplatie et souvent ornés d’expansions. Leurs ailes ont un aspect cellulaire, on les croirait faites de dentelles.
Les tigres sont souvent inféodés à une famille ou à un genre de plante, parfois à une seule espèce. Voici une petite galerie de portraits. J’ai indiqué en légende le nom de l’espèce et ses plantes hôtes préférées.
Tingis pilosa sur les LamiaceaeTingis crispata sur les armoisesTingis auriculata sur les ApiacaeaTingis cardui sur les chardonsDictyla humili sur les consoudesDictyla echi sur les vipérinesMonosteira unicostata sur les arbresCorythucha arcuata sur les chênesCorythucha ciliata sur les platanesStephanitis pyri sur les RosaceaePhysatocheila dumetorum sur les RosaceaeKalama tricornis sur les plantes bassesCopium clavicorne sur la germandrée petit-chêneGaleatus maculatus sur les piloselles
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Cette succession de bandes noires et l’aspect irisé caractérisent le collembole Willowsia platani qui justement vit sous les écorces de platanes.
C’est un rapide, il court se cacher à l’ombre. Je me demande à quoi peuvent servir de telles écailles brillantes à un animal qui vit dans l’obscurité !
Willowsia platani est très peu observé, sans doute en raison de son habitat particulier. Il est présent un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.
J’attrape une drôle de punaise en fauchant de grandes herbes dans le parc naturel de la Valmasque, une sympathique zone humide très fréquentée par les promeneurs de chiens. Ce Blissidae est d’assez grande taille pour être un Ischnodemus sabuleti. C’est en regardant mes photos que le doute survient. Ce bourrelet luisant juste avant les ailes, ça ne colle pas pour cette espèce. Il me faut approfondir la question.
Je tiens là en fait une espèce typiquement méditerranéenne et plutôt rare, Ischnodemus genei ! L’INPN répertorie 9 données seulement pour la France, localisées sur le littoral méditerranéen et la Corse.
Ischnodemus genei vit sur les massettes et les laiches. Effectivement, il y avait des Carex à l’endroit où je l’ai observé.
J’ai passé un coup de filet à papillons dans des soucis en fleur. Une mouchette s’en échappe aussitôt et vient se poser sur ma main. La gauche, elle est sympa, je peux la photographier !
Je reconnais aux dessins de ses ailes Tephritis praecox que j’ai déjà rencontré une fois. C’était devant l’hôtel de ville de Montigny-lès-Cormeilles en 2017. L’INPN ne cite d’ailleurs que ma donnée pour l’Ile-de-France. L’espèce ne semble pas commune. Il faut dire que les soucis se raréfient dans les champs et le changement climatique n’y est pour rien.
En inspectant une filaire au sommet du parc naturel de la Croix des Gardes, je découvre cette coccinelle poilue. Oh, un Rodolia, me dis-je ! Perdu, la bête a changé de nom, on doit maintenant l’appeler Novius cardinalis.
Novius cardinalis est une coccinelle d’origine australienne. Les adultes comme les larves se nourrissent de la cochenille australienne, Icerya purchasi. Cette grosse cochenille polyphage et très prolifique s’attaque à de nombreux arbres et arbustes. A la fin du XIXème siècle, elle débarque accidentellement en Californie et met à mal les vergers d’agrumes. L’introduction de la coccinelle va en une année sauver la situation. C’est la première utilisation historique d’une espèce de coccinelle dans un but de biocontrôle. Introduite en France en 1912, cette coccinelle est surtout présente sur le littoral méditerranéen car elle craint le froid hivernal.
Qui ne connaît le Gendarme, alias Pyrrhocoris apterus ? Cette punaise rouge et noir très commune est facile à repérer notamment lorsqu’elle s’attroupe sur les troncs d’arbres. Mais toutes les punaises rouge et noir ne sont pas des gendarmes ! Seul le gendarme présente ces dessins, en particulier ces deux grosses taches bien rondes sur les hémélytres ! Celles-ci étant dépourvues de membrane, le gendarme ne peut voler, on s’en serait douté (vu le nom d’espèce).
Les rassemblements de gendarmes au soleil peuvent se faire aussi sur des rochers ou d’autres supports. Ici, sur cette palissade, des adultes côtoient de nombreux juvéniles, plus rouges et plus petits.
Les juvéniles muent plusieurs fois à mesure qu’ils grandissent. Ici ce jeune adulte sort ses antennes de la dépouille, accrochée à un brin d’herbe, qu’il est en train de quitter.
De ce côté, on comprend mieux pourquoi elle est surnommée Thomise Napoléon ! Reconnaissez-vous sur son abdomen la silhouette de l’empereur coiffé de son bicorne ?
Synema globosum est une araignée crabe très commune partout en France, quoique plus fréquente en zone méditerranéenne. Elle chasse à l’affût sur des fleurs, notamment celles des Apiaceae, et y capture toutes sortes d’insectes, y compris des fourmis.
Voici des individus matures photographiés en été :
Ce insecte extra-plat de 3mm s’est accroché sur mon bras. Je secoue, il ne veut pas tomber ! Alerte, serait-ce un hématophage inconnu ? J’arrive à lui faire lâcher prise en le poussant fermement avec une brindille. C’est qu’il a de fortes griffes pour sa petite taille !
Je le place sur une feuille de géranium sauvage pour le photographier.
Il a les ailes et les antennes d’une punaise. En le cherchant dans les galeries d’insectes sur internet, je découvre sa famille, celle des Thaumastocoridae dont je n’ai jamais entendu parler. Je m’en doutais, c’est une espèce exotique !
Thaumastocoris peregrinus, qui ne vit que sur les Eucalyptus, est d’origine australienne. Cette punaise a commencé à voyager au début des années 2000, puisqu’elle a été repérée en 2003 en Afrique du Sud, en 2005 en Argentine. Sa première apparition en Europe fut pour l’Italie en 2011. Elle serait en France, cantonnée sur le Côte d’Azur, depuis 2016.
En cherchant bien, je découvre un eucalyptus infesté de ces petits ravageurs, les feuilles ont triste mine.
Voici un juvénile : il a les mêmes yeux que sa maman ! On le voit ici sur sa plante hôte. Cette feuille commence à se tacher de brun sous l’effet des piqures de ces insectes. Les infestations de cette punaise sur les eucalyptus hors de leur pays d’origine peuvent déprécier et affaiblir gravement ces arbres. Des essais de lutte biologique sont en cours. Thaumastocoris peregrinus ne supporte pas les hivers froids, c’est pourquoi il ne peut s’étendre au-delà de la zone strictement méditerranéenne.
Ces chenilles font un festin sur un pied de capucine. Les jardiniers reconnaissent cette chenille, c’est celle qui dévore leurs choux ! Pieris brassicae, la Piéride du chou, ne dédaigne pas en effet les capucines, faute de choux. Ces plantes, pourtant de familles différentes, ont une certaine proximité chimique. C’est une affaire de glucosinolates, ces molécules odorantes à saveur piquante sont recherchées par les chenilles des piérides.
Pieris brassicae est la plus grande de nos piérides et sa chenille à la livrée caractéristique est facile à reconnaître.
Ce papillon connaît trois générations par an et passe l’hiver à l’état de chrysalide. A deux pas de la mer et dans un jardin très abrité, l’espèce s’est doute autorisée une quatrième génération hivernale !
Certains hivers, on peut remarquer sur les troncs des tilleuls de grandes concentrations de ces petites punaises aux ailes argentées. Oxycarenus lavaterae, membre de la famille des Oxycarenidae au comportement grégaire, passe ainsi la mauvaise saison. Ces rassemblements impressionnants ne créent aucune nuisance aux arbres ni aux promeneurs et ils ne nécessitent bien sûr aucun traitement.
Comme les gendarmes (Pyrrhocoris apterus) auxquels ils ressemblent par leur comportement et leurs préférences alimentaires, ces petites punaises vivent sur les Malvaceae, notamment les lavatères et les mauves mais aussi les tilleuls qui sont maintenant rattachés à cette famille.
Oxycarenus lavaterae nous vient du bassin méditerranéen. A la faveur du réchauffement climatique, cette espèce a depuis les années 1980 fortement progressé vers le Nord de l’Europe. Elle a gardé de ses origines une prédilection pour les endroits chauds et elle craint les fortes gelées. En ville, ces punaises sont souvent trouvées sur les tilleuls dont elles piquent les graines pour se nourrir.
jeudi 28 mars 2024
Les cicadelles Typhlocybinae vont bientôt quitter les ronces pour retourner dans les arbres. Je tente d’en trouver encore quelques-unes, mais c’est une petite punaise que je récolte dans mon bac. Comme elle est accommodante, je lui propose une feuille de ronce pour la séance photo.
Drymus sylvaticus est un membre de la famille des Rhyparochromidae. Cette punaise n’est pas rare mais on ne sait rien de sa biologie. Je suis content de l’avoir rencontrée, cela fait une espèce de plus pour l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.
Retrouvez un autre Rhypachromidae :
Hyalochilus ovatulus
mercredi 27 mars 2024
A l’invitation de La Salamandre verte, je suis venu avec deux autres membres de l’OPIE visiter la prairie communale du Mesnil-le-Roi et conseiller les membres de cette association désireuse de s’investir dans une démarche d’inventaire des insectes. Ce fut aussi l’occasion de capturer et présenter quelques petites bêtes à un public curieux et motivé.
Récoltée au filet à papillons dans les herbes mouillées par l’averse, cette abeille sauvage a l’air de sortir de la douche ! C’est un mâle car ses pattes postérieures ne sont pas équipées pour la récolte du pollen. Il s’agit peut-être de l’espèce Andrena nitida, mais la détermination des mâles d’andrènes est très délicate.
L’exploration de vielles billes de bois entassées au sol nous donne plusieurs individus de cétoine punaise, coléoptère dont la larve est xylophage. Des nymphes d’autres espèces sont prélevées afin d’être mises en élevage à la Maison des insectes, elles pourront ainsi, à l’éclosion des adultes, être déterminées avec certitude.
La forme en cœur de son pronotum et ses larges mandibules permettent de reconnaître Leistus fulvibarbis, un carabe prédateur de petits insectes et de collemboles. Je le rencontre parfois sous les écorces de troncs décomposés.
Voyez-vous sur son abdomen le dessin des deux chevrons qui valent à cette Anyphaena accentuata son surnom d’araignée Citroën ?
Je récupère cette jolie coccinelle à damier en prospectant un roncier au bord de la noue. Bien malin qui peut dire si elle est noire à motifs jaunes ou l’inverse !
Retrouvez les portraits des arthropodes cités dans cet article :
Andrena nitida
Valgus hemipterus
Leistus fulvibarbis
Anyphaena accentuata
Propylea quatuordecimpunctata
mardi 26 mars 2024
Un tas de sciure grossière m’intrigue au pied d’un vieux saule. J’espère débusquer un insecte xylophage en fouillant dedans à l’aide d’un bâton. Je ne m’attendais pas à y trouver un staphylin ! Il est de bonne taille (13mm) mais ce n’est pas lui qui a produit toute cette sciure, en revanche l’endroit lui convient bien. Othius punctulatus est un Staphylinidae commun de la litière. On le trouve souvent sous les mousses et au pied des arbres. Il se nourrit des œufs et des larves d’autres insectes.
L’observation de la ponctuation de la tête, du thorax et des élytres est généralement nécessaire pour déterminer les staphylins. En raison des tarses des pattes antérieures élargis, je pense que celui-ci est un mâle.
Retrouvez un autre staphylin :
Platydracus fulvipes
Source :
Clé d’identification des Othius, par coleo.net
lundi 25 mars 2024
En fouillant dans une grosse motte de terre, un participant de la sortie carabes de l’OPIE a mis au jour une loge d’hivernage d’une reine de frelon. Il s’agit ici du frelon européen, Vespa crabro, un peu plus gros et moins sombre que le frelon asiatique. Chez les frelons, seules les reines fécondées passent l’hiver. Le printemps venu, à leur réveil, elles cherchent un territoire propice pour fonder une nouvelle colonie qui ne vivra que jusqu’à l’entrée de l’hiver suivant. Ces jeunes reines régulent naturellement leur nombre en se livrant à des combats sororicides. C’est pourquoi les piégeages de printemps des reines de frelons sont totalement inutiles et comme les pièges ne sont pas sélectifs, ils nuisent à la biodiversité.
Retrouvez la reine de l’autre frelon :
Vespa velutina, la reine
dimanche 24 mars 2024
Je recueille dans mon bac blanc la petite faune de quelques touffes d’herbes dans le parc du château de Versailles. Je reste hésitant sur la famille de ce petit coléoptère, alors je lui propose une séance photo sur une feuille. Son profil est étonnant ! A quoi peut lui servir cette tête très allongée ? Je change d’angle pour faire une vue de dessus.
Mais qu’est-ce que c’est que cet ornithorynque ?
Sa tête n’est pas seulement allongée, elle est aussi très plate ! Ce look très particulier oriente vers la famille des Salpingidae. Il s’agit ici du très commun Salpingus planirostris, un prédateur d’insectes xylophages. On le rencontre souvent sur les branchettes tombées au sol. J’émets l’hypothèse que la conformation spéciale de sa tête lui permet de débusquer ses proies sous les écorces décollées.
Retrouvez un autre prédateur de xylophages :
Le clairon porte-croix
Sources :
Salpingus planirostris, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2019)
Les Salpingidae de la faune de France (Coleoptera Tenebrionoidea)
Thomas BARNOUIN & Pierre ZAGATTI
samedi 23 mars 2024
Ce coléoptère a été trouvé sous une branche morte en forêt de Marly. Avec ces antennes en râteau, c’est dans la famille des Lucanidae qu’il faut chercher ce bel insecte. Platycerus caraboides est nettement plus petit (13mm) que la petite biche et le lucane cerf-volant, les représentants les plus connus de cette famille. Sa vie larvaire s’étend sur deux ou trois ans dans le bois décomposé, les adultes sont visibles dès le début du printemps. Cette espèce est commune un peu partout en France.
Retrouvez un autre coléoptère dont la larve vit dans le bois mort :
Le clyte bélier
vendredi 22 mars 2024
Les prunelliers sont en fleurs, j’en secoue quelques branches. Un Phyllobius pyri tombe dans mon bac, celui-là, je n’attendais pas avant le mois d’avril ! Je récolte aussi cette petite cicadelle. La marque blanche caractéristique sur ses élytres permet de reconnaître Balcanocerus pruni. C’est la première fois que je croise cette jolie espèce. Elle semble rare car c’est la deuxième donnée seulement pour l’Ile-de-France. Cette cicadelle vit uniquement sur les prunelliers.
Retrouvez une autre cicadelle :
Iassus lanio
jeudi 21 mars 2024
Nous arrivons en avance au lieu de rendez-vous pour la sortie carabes que l’OPIE a organisée. J’en profite pour secouer quelques ronces à proximité du parking, route Royale. Zygina griseombra est une belle surprise, elle est donc bien présente dans la forêt de Marly aussi. Dans quelques semaines, elle quittera son roncier pour gagner les frondaisons des charmes, elle sera alors plus difficile à observer.
Ce forficule aptère est facile à trouver dans les feuilles mortes de la forêt. Chelidurella acanthopygia est souvent associé aux chênes.
Les premières explorations dans le bois pourri des vieilles souches nous donnent quelques petites biches, alias Dorcus parallelipipedus.
Par endroits, ce Tenebrionidae abonde. Uloma culinaris semble affectionner le bois très dégradé dans lequel nous pouvons facilement enfoncer les doigts.
Il nous faut descendre vers une zone plus humide pour trouver une meilleure biodiversité.
Près d’un ruisseau, les troncs de quelques charmes hébergent de belles hépatiques. Voici Metzgeria furcata, une petite espèce au thalle en lanières bifurquées.
Voyez-vous la salamandre, débusquée inopinément en creusant au pied de ce tronc décomposé de hêtre ? Attention, l’espèce est protégée, il ne faut pas la toucher ni la déranger ! Elle se met assez vite à l’abri des regards indiscrets en s’enfonçant plus profondément dans sa tanière. Le découvreur remet délicatement le morceau de bois tel qu’il était placé.
Enfin, des Carabidae ! Nous trouvons plusieurs Platynus assimilis sous des branches tombées, et des Carabus auronitens, aux reflets dorés, d’abord un mâle puis une femelle. Placés ensemble dans un seau d’observation, ils s’accouplent aussitôt pour le plus grand étonnement des participants !
Ce Carabus problematicus vaut bien un gros plan pour apprécier ses splendides reflets violacés.
Retrouvez un autre reportage sur une animation de l’OPIE :
Sortie nocturne au parc du peuple de l’herbe
mercredi 20 mars 2024
J’ai trouvé cette chrysalide fixée à un poteau près de l’étang du Corra. Dans l’idée de vous faire un reportage sur l’émergence du papillon, je l’ai placé en élevage dans ma véranda. J’espérais un beau spécimen de piéride du navet, mais un impondérable s’est produit.
Des hôtes imprévus sont sortis par ce petit trou bien rond : 7 mâles et une femelle ! Ma chrysalide était parasitée.
Ci-dessus la femelle, dotée d’un ovipositeur.
Les mâles sont beaucoup plus sombres et plus petits.
Chez les Ichneumonidae, la nervation alaire est l’un des critères importants pour reconnaître les espèces. Mais l’exercice est ardu, cette famille comptant 2768 membres en France ! Je pense pouvoir cependant cerner la sous-famille, celle des Phygadeuontinae, dont font partie les Gelis. L’expert à qui j’ai envoyé mes petits hyménoptères me dit qu’aucune des espèces connues pour parasiter la piéride du navet ne leur ressemble.
Retrouvez un autre Ichneumonidae :
Ichneumon xantorius
Source :
Bref aperçu de la systématique des Ichneumonidae, par Thierry Robert
mardi 19 mars 2024
En battant quelques branches basses de chêne garnies de feuilles sèches, je récupère ce petit charançon hirsute. J’essaie de le photographier sur une feuille morte, mais il a la bougeotte. Je le recueille alors au creux de ma main où il se tient un peu plus tranquille, me permettant quelques photos.
La zone noire allongée sur la base de la suture des élytres n’est en fait pas pourvue d’écailles, ce qui laisse voir la couleur de fond. Ce dessin noir très visible est une caractéristique de l’espèce Strophosoma melanogrammum. Les adultes se nourrissent des feuilles de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes et les larves grignotent des racines.
Ce Curculionidae forestier européen a été introduit accidentellement en Amérique du Nord à la fin du XIXème siècle.
Retrouvez un autre Curculionidae forestier :
Polydrusus planifrons
Source :
Strophosoma melanogrammum, par Plant Parasites of Europe
lundi 18 mars 2024
Le GR 2 de La Roche-Guyon à Vétheuil franchit plusieurs pinacles crayeux dominant la vallée de la Seine. A tout hasard, je balaie la végétation très rase de la pelouse calcaire et voici ce que j’obtiens : une drôle de punaise allongée. La silhouette m’oriente vers le genre Berytinus, dans la famille des Berytidae. La massue du premier article antennaire n’est pas noire, cela exclut bon nombre d’espèces. Les points noirs à la base des nervures de la membrane et les antennes non poilues me décident pour l’espèce Berytinus signoreti, qui semble apprécier particulièrement les Fabaceae, notamment celles qui sont fréquentes sur la craie, comme les hippocrépides, les bugranes et les lotiers.
Je suis content d’ajouter cette espèce à la base de données régionales d’Ile-de-France. L’INPN signale une donnée historique en Seine-Saint-Denis en 1893. Berytinus signoreti est souvent observée en Angleterre, elle est assez présente dans le centre de la France et dispersée ailleurs.
Retrouvez un autre Berytidae :
Gampsocoris punctipes
Source :
La galerie des Berytidae de British Bugs
dimanche 17 mars 2024
Ce charançon était caché dans des feuilles sèches restées accrochées aux branches d’un chêne. J’aime bien son gros museau qui pourrait bien être celui d’un Othiorynchus.
Le voici au creux de ma main pour la photo de profil. Il s’agit d’Othiorynchus raucus. La suture des élytres vers l’apex est surélevée, ce qui vaut à ce Curculionidae le nom vernaculaire d’othiorynque à crête. Cette espèce est présente en Europe du Nord et en Amérique du Nord. Elle est polyphage, se nourrissant d’espèces aussi différentes que le thuya et le laurier du Caucase. Les adultes sortent de leur loge nymphale souterraine en avril. Celui-ci était en avance.
Retrouvez un autre Curculionidae :
Archarius crux
samedi 16 mars 2024
En face, très loin, l’Amérique
Cette Amaranthaceae vue au port de Kerascoët est probablement Atriplex glabriuscula, l’arroche de Babington. Cette plante des hauts de plage est présente sur le littoral, de la Bretagne jusqu’au nord de la Scandinavie. On peut la rencontrer aussi sur le littoral atlantique du Canada. C’est juste en face, mais pas la porte à côté tout de même !
Curieux, j’inspecte le feuillage de cette plante que je n’avais jamais vue.
J’y trouve de petits homoptères roses au ventre vert. Celui-ci est sur le dos, on distingue le rostre avec lequel il pique sa plante hôte.
Le voici à l’endroit. Il ressemble fort à un Piesmatidae déjà rencontré : Piesma maculatum. Mais ce n’est pas cette espèce car la marge du pronotum est arrondie, sans échancrure. Il s’agit de Parapiesma quadratum qui est justement inféodé à des Amaranthaceae des bords de mer et milieux salins comme les pourpiers de mer, les salicornes et certaines arroches.
Je regarde sa répartition dans GBIF. Il n’a pas comme Atriplex glabriuscula franchit l’Océan. Ce n’est peut-être qu’une question de temps…
Retrouvez un autre insecte des Amaranthaceae :
Lixus juncii
Source :
Parapiesma quadratum dans Insektarium
vendredi 15 mars 2024
Dans la série des araignées à bosses, voici la toute petite Episinus angulatus. Celle-ci, je l’ai trouvée près du sol sur un tronc de cornouiller, dans un manchon d’une fort belle mousse jaune typique des coteaux calcaires, Homalothecium lutescens.
La disposition des taches sur les pattes et le dessin sur le céphalothorax permettent d’écarter les autres espèces du genre Episinus.
En quelques minutes à peine, elle a bâti une toile en trois dimensions dans mon bocaloscope et se repose ainsi sur ses fils de soie, prenant une pose que je retrouve dans les galeries photos de cette espèce.
Retrouvez une autre Theridiidae :
Simitidion simile
Une autre araignée de ce coteau calcaire :
Hypsosinga albovittata
jeudi 14 mars 2024
En forêt de Marly, je soulève une petite plaque d’écorce sur le tronc mort d’un érable déraciné. Cette jolie larve est dessous, elle s’agite très mollement. Je la photographie avant de replacer le bout d’écorce.
Parce qu’un passionné a un jour élevé une telle larve jusqu’à l’émergence de l’adulte, on sait désormais mettre un nom d’espèce sur ce curieux animal. Il s’agit de Stenagostus rhombeus, un grand taupin forestier (2cm) de mœurs nocturnes. Comme il vient assez bien à la lumière, il vole parfois autour des lampes des amateurs de papillons de nuit.
L’extrémité de son abdomen est doté d’expansions en crochets. Ces urogomphes seraient utiles à la progression de la larve dans le bois pourri sous les écorces.
Voici à quoi ressemble un Stenagostus adulte. J’ai surpris celui-ci sur un billot de châtaignier une nuit d’été.
Retrouvez un autre Elateridae :
Un Ampedus
Source :
Stenagostus rhombeus, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
mercredi 13 mars 2024
Cette petite punaise aux ailes courtes était dans une touffe de cerfeuil des bois tout en haut du parc Meissonier. Je la fais un peu gambader sur une feuille de lierre pour la prendre en photo.
C’est une Rhyparochromidae commune mais je ne vous l’avais pas encore montrée. Pour différencier Scolopostethus affinis des autres espèces du genre, il faut considérer la petite taille (3 à 4mm), l’absence de pilosité sur les hémélytres, observer la couleur des antennes et repérer une paire de petits tubercules sur la face ventrale. J’ai encore oublié de photographier le dessous !
La photo ci-dessus met en évidence l’aspect typique pour cette espèce de l’avant-dernier article des antennes : sombre à base plus claire.
Cette espèce polyphage se nourrit majoritairement de graines. Elle apprécie particulièrement celles des orties.
Retrouvez une autre Rhyparochromidae :
Xanthochilus saturnius
mardi 12 mars 2024
Cette grosse araignée était cachée sous l’écorce d’un érable mort. Seules les pattes postérieures sont tournées vers l’arrière, les autres étant disposées vers l’avant. C’est là une attitude connue des Segestria. Son abdomen brille sous l’éclairage de mon appareil photo. Je dois chercher le bon angle pour distinguer la ligne blanche longitudinale qui serait masquée par le reflet dans une vue trop verticale. Cette discrète ligne blanche, les pattes fortement annelées et son aspect général poilu m’orientent vers l’espèce Segestria bavarica que j’ai déjà observée sur des arbres.
Cette araignée construit une toile en forme de tube dans une fissure de mur ou de rocher, ou sous une écorce. Elle dispose à la sortie quelques fils avertisseurs rayonnants. Lorsqu’une proie touche l’un de ces fils, elle bondit hors de sa cachette pour la capturer.
Retrouvez une autre araignée :
Porrhoclubiona leucaspis
lundi 11 mars 2024
Je passe quelques jours à Bruges, non pas en Belgique mais dans l’agglomération bordelaise. Un gros platane dans un petit espace vert à l’angle de deux rues m’intéresse, je ne peux m’empêcher de regarder sous un fragment d’écorce. Quatre petites punaises y sont en sommeil en compagnie de quelques tigres du platane. J’en prélève une pour une séance photo.
Cette Pentatomidae a la membrane tachée de petits nuages noirs, comme la punaise nébuleuse. Mais ce museau allongé me paraît bien singulier.
Le rostre, très long, dépasse les hanches postérieures.
Montre-moi ton long museau !
Cela pourrait être l’espèce Sciocoris maculatus, ou peut-être Sciocoris sideritis. La différence, subtile, tient à la longueur de la tête. Un hétéroptériste plus calé que moi me confirme la deuxième espèce. Cette punaise méditerranéenne a déjà été observée dans la région de Bordeaux. Elle est signalée depuis peu en Ile-de-France.
Sciocoris sideritis se nourrit sur des Asteraceae.
Source :
Sciocoris sideritis, fiche descriptive dans l’INPN (Roland Lupoli – 2020)
dimanche 10 mars 2024
Au bord de l’étang de la Galiotte, un lierre panaché palissé sur un grillage héberge de très nombreux collemboles. Parmi ceux qui sont tombés dans mon bac, j’en repère un de petite taille (1,5mm) avec un look bicolore très particulier. Sa détermination sera facile : Entomobrya albocincta est le seul à avoir cette distribution des zones claires sur le corps. Cette espèce vit ordinairement sur les écorces des arbres parmi les mousses et les lichens.
Retrouvez un autre Entomobrya :
Entomobrya multifasciata
Source :
Entomobrya albocincta, dans GBIF
samedi 9 mars 2024
Pour ma promenade matinale, mes pas m’amènent jusqu’au square Carnot. Armé d’un petit bac d’observation, je cherche désespérément une zone un peu sauvage propice à l’observation des insectes. Tout est taillé, gratté, tondu, rasé de près. Un muret en partie couvert de lierre m’offrira cette élégante Salticidae de 4mm. Les patrouilles de police municipale se succèdent, j’essaie de conserver l’allure d’un individu normal.
Voyez-vous ce tour de l’œil rouge vif ? Et l’ébauche de la barre de même couleur à l’arrière de la tête ? Il s’agit d’un mâle Saitis barbipes, un des plus beaux représentants de la famille des Salticidae en France mais ici c’est un juvénile, il n’aura que dans quelques mois ses belles couleurs définitives. Je ne désespère pas de rencontrer un jour l’araignée adulte et de vous la présenter dans ces pages.
Sous une certaine incidence, une irisation bleue vient compléter le tableau. On voit sur cette photo ses huit gros yeux (quatre de chaque côté).
Retrouvez une autre jolie Salticidae :
Icius subinermis
vendredi 8 mars 2024
Quel drôle de décor dans cette clairière !
Des tiges sèches hautes de 80cm environ portent des sortes de perles blanches et luisantes.
Ce sont les akènes de Lithospermum officinale, une Boraginaceae peu commune en Ile-de-France.
Cette plante vivace apprécie les sols riches, sableux ou graveleux des friches rudérales et des ourlets forestiers. Ses akènes sont étonnamment durs, ils ont besoin d’être scarifiés pour pouvoir germer. Le transit dans l’appareil digestif des mammifères ou des oiseaux assure peut-être ce traitement.
Un papillon de nuit noir et blanc est spécialisé sur cette plante : Ethmia dodocea. Celui-ci manque à ma collection ! On peut dire que les Ethmia se partagent les Boraginaceae. Ainsi, par exemple, Ethmia quadrilella est inféodée aux consoudes et aux pulmonaires, Ethmia bipunctella aux vipérines et aux cynoglosses, Ethmia aurifluella à Onosma pseudoarenaria (dans le sud de la France).
Retrouvez une autre plante des friches rudérales :
La ballote noire
Source :
Grémil officinal : herbe-aux-perles brise-pierre, dans Zoom Nature
jeudi 7 mars 2024
Dans la végétation herbacée d’une prairie en pente près de la route des Crêtes, je trouve cette petite araignée que je prends tout d’abord pour une Salticidae. La photo prise dans mon bac blanc me montre tout autre chose : à l’avant, des chélicères énormes et à l’arrière, des filières écartées, en forme de cônes. Les yeux sont groupés au sommet de la tête. Cette araignée au physique étonnant est une mygale ! Plus précisément, il s’agit d’un individu juvénile du genre Atypus. Fait inhabituel chez les araignées, les Atypus peuvent vivre une dizaine d’années, les mâles ne sont matures qu’au bout de trois ou quatre ans et les femelles, cinq ou six ans.
Deux espèces sont possibles en Ile-de-France, pour trancher il faudrait une bonne photo de profil des filières d’un adulte. Je sens qu’il va falloir que j’y retourne.
Ces filières servent à produire la soie avec laquelle ces mygales confectionnent une sorte de chaussette posée sur le sol. C’est à la fois une chambre pour l’accouplement et un piège pour capturer les insectes imprudents qui marchent dessus. Ces araignées sont inoffensives pour l’Homme.
Retrouvez une autre araignée :
La lycose tarentuline
Source :
À la découverte de la Mygale à chaussette en forêts domaniales de Dourdan et du Bréau, par l’ONF
mercredi 6 mars 2024
Ce gros charançon immobile semble guetter quelque chose depuis ce poteau de clôture du centre d’entrainement du PSG. Espère-t-il un autographe ?
J’en profite pour le photographier de tout près. Il a de bien gros yeux ! Les applications de reconnaissance par l’image me proposent Brachypera zoilus, un Curculionidae de la sous-famille des Yperinae. Il s’agit bien de cette espèce que l’on peut observer partout en France et à peu près toute l’année. Depuis le milieu du XIXème siècle, elle est présente aussi en Amérique du Nord où elle est considérée comme une espèce invasive.
Les larves comme les adultes de Brachypera zoilus se nourrissent des feuilles de trèfles et de luzernes. L’hyménoptère Cerceris arenaria est l’un de leurs prédateurs.
Je décide de ne pas l’importuner plus longtemps et me retire discrètement. Je ne saurai pas la raison de sa présence immobile sur ce poteau.
Retrouvez un autre charançon :
Rhinocyllus conicus
Source :
Coléoptères curculionides (deuxième partie), par Adolphe Hoffmann
mardi 5 mars 2024
J’ai trouvé cette drôle de pièce de deux euros. Notre gouvernement s’enticherait donc de botanique ? Ce serait nouveau et intéressant. Renseignements pris sur les forums de numismatique, cette monnaie est frappée par les Finlandais et cette plante orne le revers de leur pièce de deux euros depuis 1999.
Mais quelle est donc cette plante ? On dirait une Rosaceae. C’en est une effectivement. Cette ronce couvre-sol traçante à feuilles lobées pousse dans les tourbières nordiques. Son fruit rouge orangé est dur mais une fois gelé, il devient blanchâtre, légèrement acide, très juteux et prend une consistance mollassonne. Consommé cru, son goût est âpre avec des relents de térébenthine. C’est un must de la gastronomie scandinave ! Les norvégiens importent de Finlande entre 200 et 300 tonnes de ces fruits par an, ils les préparent en confiture, en jus, en tarte ou en liqueur. Depuis 2002, des variétés ont été sélectionnées pour la culture. Les canadiens, car Rubus chamaemorus pousse là-bas aussi, l’utilisent pour aromatiser une bière spéciale.
La plaquebière est une plante dioïque qui se multiplie par semis ou prélèvement de rhizomes, elle tolère très bien des températures inférieures à – 40° C mais ne supporte pas du tout la sécheresse.
Ce portrait de Rubus chamaemorus est tiré de l’ouvrage « Bilder ur Nordens flora » du botaniste suédois Carl Axel Magnus Lindman (1856 – 1928). Il a été publié à Stockholm au début du XXème siècle. A gauche est illustrée une fleur femelle et à droite une fleur mâle.
Au fait, quelle est la cote de ma pièce de deux euros finlandaise de 2001 ? Si elle avait été neuve, j’aurais pu en espérer 2,80 euros ! Deux euros, dit mon poissonnier.
Sources :
Planches de botanique de Lindman – Via Gallica
Rubus chamaemorus, dans runeberg.org
Rubus chamaemorus, par Jardin ! L’Encyclopédie
lundi 4 mars 2024
Après les homoptères, je vous propose d’explorer les hétéroptères, vulgairement nommées punaises, un sous-ordre des hémiptères. Voici une galerie d’espèces classées par famille. Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler. Je vous laisse apprécier leur grande variété de formes et de couleurs.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Cyphostethus tristriatus, Camptopus lateralis, Aneurus avenius,
Holcocranum saturejea, Gampsocoris punctipes, Ischnodemus sabuleti
Coreus marginatus, Cydnus aterrimus, Cymus melanocephalus
Geocoris erythrocephalus, Heterogaster urticae, Hydrometra stagnorum
Melanocoryphus albomaculatus, Pantilius tunicatus, Prostemma guttula
Oxycarenus modestus, Peribalus strictus vernalis, Piesma maculatum
Pyrrhocoris apterus, Rhinocoris annulatus, Corizus hyoscyami
Beosus maritimus, Thaumastocoris peregrinus, Physatocheila dumetorum
dimanche 3 mars 2024
J’ai trouvé sur internet un document du Conseil départemental du Val d’Oise intitulé « Espaces naturels départementaux et locaux – rapport d’activité 2019-2022 ». La restauration de la mare Tornibus sur la commune de Maudétour-en-Vexin y est mentionnée en page 36. Le site à l’air intéressant, allons-y !
En fait, cette mare s’inscrit dans un Espace naturel sensible comprenant des prairies humides et des zones boisées. Tout en haut de la butte, je découvre une belle station de myrtilliers. Cette plante très rare et protégée en Ile-de-France est menacée par le réchauffement climatique.
Sur un tronc de frêne, ce jeune mâle Diaea dorsata me surveille. Les anneaux bruns sur les deux paires de pattes antérieures le distinguent de la femelle.
Les larves de raphidies sont aussi difficiles à identifier que les adultes. Je replace cette belle prédatrice là où je l’ai trouvée, sous l’écorce décollée d’une branche tombée à terre.
En raison des marques brunes en chevrons sur le dos de son abdomen, les arachnologues facétieux surnomment Anyphaena accentuata l’araignée Citroën.
Retrouvez un autre site du Parc naturel régional du Vexin français :
La Butte du Hutrel
samedi 2 mars 2024
Cette mystérieuse œuvre d’art trouvée dans un bois au bord de la Seine est le fruit du noyer d’Amérique, Juglans nigra. La coque est très dure et ne se brise pas facilement, aussi les mulots doivent patiemment creuser ces trous pour accéder aux cerneaux. Et comme les cloisons intérieures sont également épaisses, ils creusent généralement quatre trous pour consommer toute la noix. Ils abandonnent ensuite au sol les noix vidées de leur contenu et leurs perçages amusent les enfants, et ceux qui ont su le rester.
Le noyer d’Amérique ou noyer noir est un arbre de grande taille souvent planté dans les parcs pour la magnifique coloration jaune de son feuillage en automne. Il est parfois utilisé comme porte-greffe pour le noyer commun.
Retrouvez d’autres fruits que l’on peut observer en hiver :
Petits fruits sauvages de l’hiver
vendredi 1er mars 2024
Qu’est-ce que ce petit singe qui me regarde en souriant ?
La réponse demain !
jeudi 29 février 2024
Le gui est en fleur sur ce vieux saule. Je secoue un pied mâle pour voir si des insectes gourmands de pollen s’affairent dans la boule. C’est un petit longicorne de 6mm que je récolte, il me rappelle Pogonocherus hispidulus qui a aussi les apex des élytres dentés mais le scutellum de celui-ci est noir et non blanc. Il s’agit d’une autre espèce, Pogonocherus hispidus.
La larve de ce coléoptère très commun en Ile-de-France se développe dans les branchettes mortes de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Retrouvez un autre Cerambycidae :
Tetrops praeustus
Sources :
Pogonocherus hispidus, fiche descriptive dans l’INPN (Lionel Valladares – 2021)
Longicornes d’Ile-de-France, aide à la détermination
mercredi 28 février 2024
Que deviennent les tigres en hiver ? En d’autres termes, quelle est la forme hivernante de ces petites punaises : œuf, juvénile ou adulte ? Les galeries des forums d’entomologie me donnent peu d’informations, ces insectes sont presque toujours observés en été sur leur plante hôte.
Pour celui-ci au moins, je sais : on peut trouver Tingis auriculata adulte, caché en situation abritée, en plein hiver. Je l’ai observé dans un square au pied d’un mur recouvert de lierre. Un tigre à quelques mètres d’une aire de jeux pour enfants, que fait la mairie ?
Il semble bien que chez de nombreuses espèces de Tingidae, les adultes hivernent dans la litière près de leur plante hôte ou sous une écorce décollée. Il m’est d’ailleurs arrivé de rencontrer un tigre de la vipérine au mois d’octobre en recherchant des araignées sous l’écorce d’un orme mort.
Pas beau, mon tigre ?
Ne dirait-on pas un monstre préhistorique avec ces carènes dorsales et ces trois cornes pointues sur la tête ?
Retrouvez un autre Tingis :
Tingis pilosa
Source :
Nouveau gîte pour l’hibernation de Tingis pyri, de S. Bonnamour et C. Gautier (1927)
mardi 27 février 2024
Dans une zone humide au bord d’un bras de Seine, des troncs effondrés de frênes, de saules, d’érables et d’ailantes pourrissent sur place. C’est le paradis des champignons lignivores. Voici justement une belle rangée de carpophores. Pour déterminer l’espèce, il faut d’abord regarder dessous. Ici, point de lames ni de pores, ni même d’alvéoles. C’est tout lisse, comme du cuir ou du carton.
Sur le dessus, on remarque une marge blanche très visible, un aspect feutré et des stries concentriques. Ce champignon coriace et très léger est Stereum subtomentosum. Il pousse souvent dans les forêts alluviales sur le bois mort des aulnes, des saules, des peupliers.
Retrouvez une autre stérée :
Chondrostereum purpureum, la stérée pourpre
lundi 26 février 2024
Je secoue un ciste de Montpellier au bord du chemin et j’obtiens… beaucoup de poussière ! Cela fait longtemps qu’il n’a pas plu sur la Côte d’Azur. Trois petites punaises vertes arpentent mon bac de battage. On dirait le genre Macrolophus mais les taches sombres alignées sur son dos ne me sont pas familières. La pointe noire au bout du scutellum permet de reconnaître Macrolophus costalis. En France, cette Miridae est plutôt une espèce du Midi, souvent observée sur ce ciste où elle chasse des pucerons. Mais elle est présente aussi en Angleterre et en Europe du Nord. On la trouve sur les cistes, les menthes, les épiaires, les échinops, les pulicaires et les tabacs.
Retrouvez un autre Macrolophus :
Macrolophus pigmaeus
Source :
Macrolophus costalis, dans GBIF
dimanche 25 février 2024
Certains lecteurs me réclament des éclaicissements sur la systématique des homoptères. Par cet article, je tente d’apporter une réponse simple sur un sujet compliqué car plusieurs classifications se sont succédées et elles diffèrent selon les sources utilisées. Je m’en tiens à celle qui est en vigueur dans l’INPN.
L’ordre des hémiptères est, pour ce qui est des espèces visibles en France, subdivisé en quatre sous-ordres : Cicadomorpha, Fulgoromorpha, Heteroptera et Stenorrhyncha.
Heteroptera, en français, ce sont les hétéroptères, c’est-à-dire les punaises. Les trois autres sous-ordres constituent ce que l’on nomme communément les homoptères.
Je vous propose un petit aperçu du monde des homoptères, en vous montrant quelques espèces classées par sous-ordre et par famille.
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Sous-ordre des Cicadomorpha (cigales et cicadelles)
Sous-ordre des Fulgoromorpha (fulgores et delphacides)
Sous-ordre des Stenorrhyncha (pucerons, cochenilles et psylles)
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Lepyronia coleoptrata, Cercopis intermedia, Agallia consobrina
Linnavuoriana sexmaculata, Centrotus cornutus, Ulopa reticulata
Acanalonia conica, Tachycixius pilosus, Asiraca clavicornis
Metcalfa pruinosa, Issus coleoptratus, Tettigometra virescens
Panaphis juglandis, Lepidosaphes sp., Homotoma ficus
Spanioneura fonscolombii, Cacopsylla fulguralis, Trioza remota
Visualisez la place de ces espèces, genres, familles dans l’Arbre de vie, fantastique outil dynamique développé par l’Université de Lyon :
Lifemap
samedi 24 février 2024
Les canards chipeaux sont des hôtes hivernaux réguliers des plans d’eau de notre région. Il s’agit essentiellement de migrateurs venus d’Europe du Nord.
S’il peut basculer et tendre le cou pour attraper les plantes aquatiques dans les eaux peu profondes, le chipeau ne sait pas plonger.
C’est pourquoi ce canard friand de plantes aquatiques recherche la compagnie des foulques pour leur chaparder dès leur remontée de plongée les succulents potamots qui tapissent le fond.
En Ile-de-France les canards chipeaux sédentaires et nicheurs sont rares et très localisés.
Retrouvez un autre oiseau d’eau :
L’aigrette garzette
Source :
Canard chipeau – Cahiers d’habitat « Oiseaux » – MEEDDAT – MNHN
vendredi 23 février 2024
C’est dans du lierre le long d’un tronc d’arbre que je trouve ce joli Carabidae. Le dessin noir sur ses élytres est caractéristique de l’espèce Demetrias atricapillus. Ce coléoptère apprécie les zones humides mais il fréquente aussi d’autres milieux ouverts. Il recherche sa nourriture en grimpant la nuit le long des tiges des plantes, ce qui en fait un bon régulateur des populations de pucerons, thrips et acariens.
Retrouvez un autre Demetrias :
Demetrias monostigma
Sources :
Synthèse bibliographique sur l’écologie des Carabidae
Projet CASDAR « les entomophages en grandes cultures » : diversité, service-rendu et potentialités des habitats, par Mickaël Tenailleau, Charlotte Dor, Julie Maillet-Mezeray
Biodiversité fonctionnelle. Protection des cultures et auxiliaires sauvages, par Johanna Villenave-Chasset
Coléoptères carabiques deuxième partie, par R Jeannel
jeudi 22 février 2024
Cet enrochement artificiel soutient un grand talus dans le golf de Béthemont. Une mousse s’y trouve bien à son aise.
Comme toujours pour les bryophytes, l’examen au microscope est requis pour la détermination. Ici nous sommes en présence de Calliergonella cuspidata. Cette espèce pousse sur les sols calcaires, de préférence au soleil, mais pas forcément au sec.
Les pointes de ses rameaux sont aiguës, elles donnent à cette bryophyte vue de près l’aspect d’un sac d’aiguilles dorées.
Retrouvez une autre mousse des rochers :
Hypnum cupressiforme var. lacunosum
mercredi 21 février 2024
Les chanterelles poussent parfois tard en saison mais je ne les récolte plus s’il a fait vraiment froid car le gel peut les avoir corrompues même si elles restent présentables. Le 28 décembre dernier, j’ai prélevé de quoi faire une dernière omelette.
Que vois-je dans les plis de cette chanterelle ?
C’est une minuscule araignée, ou plutôt un opilion car le céphalothorax et l’abdomen ne sont pas séparés par un étranglement.
J’ai attendu d’avoir la confirmation d’un expert pour vous présenter l’espèce. Il s’agit d’un Rilaena triangularis juvénile. C’est une espèce de petite taille, commune dans les zones boisées. Les adultes vivent dans les arbres et les juvéniles dans la litière.
Par un orifice situé juste au-dessus de la hanche de la patte antérieure, ces opilions éjectent s’ils sont dérangés des gouttelettes d’un liquide répulsif à odeur âcre. Je ne peux pas confirmer, car je ne l’ai pas dérangé. J’ai délicatement reposé au sol le champignon et son visiteur après la séance photos.
Retrouvez un autre champignon comestible récolté le même jour :
Le pied-de-mouton
Un autre Phalangiidae :
Phalangium opilio
Source :
Raspotnig G, Schaider M, Föttinger P, Leutgeb V, Komposch C. Benzoquinones des glandes odorantes des moissonneurs phalangiidés (Arachnida, Opiliones, Eupnoi) : une leçon de Rilaena triangularis. Chimioécologie. 2015; 25(2):63-72. DOI : 10.1007/S00049-014-0177-Y. EPUB 24 octobre 2014. PMID : 25774074 ; PMCID : PMC4353884.
mardi 20 février 2024
Un coup de vent de l’été dernier a arraché une branche de châtaignier, elle est restée pendue et ses feuilles desséchées se sont recroquevillées. Que vais-je trouver dans cet abri de qualité ? Des psoques, des chrysopes en grand nombre, des forficules et puis cette curieuse chenille bicolore.
Les huit tubercules orange sur le flanc qui tranchent sur le fond noir sont un bon critère pour reconnaître la chenille de Nyea lurideola. Normalement on voit cette chenille de mars à mai. Celle-ci, en raison de la douceur de ce mois de février, est en avance. Elle se nourrit de lichens sur les troncs et les branches des arbres. L’adulte, aux longues ailes grises, vole en été. C’est une espèce très commune.
Retrouvez une autre chenille d’Erebidae :
La chenille de l’écaille martre
lundi 19 février 2024
Cette masse sombre trouvée sous une écorce d’eucalyptus à La Croix-de-Gardes n’est pas une vieille crotte moisie. Je distingue trois paires de pattes, c’est un insecte. Il dort ou fait le mort, toutes pattes et antennes repliées sous son corps.
La face dorsale permet de reconnaître un coléoptère Elateridae, autrement dit un taupin. L’insecte est ici en compagnie d’un Xanthochilus saturnius (à l’arrière-plan).
Cette espèce méditerranéenne de grande taille (18mm) est en France présente surtout dans le quart sud-est. Ses larves sont prédatrices des petits arthropodes qui peuplent le bois pourri des pins et de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Son décor de nuit étoilée le rend facile à reconnaître, il s’agit de Lacon punctatus.
Retrouvez un autre Elateridae :
Le taupin cyclone
Sources :
Lacon punctatus, vue d’ensemble dans GBIF
Lacon punctatus, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
dimanche 18 février 2024
Au pied d’un tronc pourri de peuplier, je retourne quelques-unes des plaques d’écorce enchevêtrées qui jonchent le sol. Un « gros » collembole de 2mm se réveille sous l’effet de l’éclairage de mon appareil photo. Il se sauve et je peine à le mettre au point.
Le trait sombre dans l’axe du dos et les yeux noirs sont paraît-il de bons critères pour reconnaître Dicyrtoma fusca. Les soies raides qui ornent son postérieur paraissent épaisses, elles sont peut-être garnies d’un film d’eau de condensation.
Ce collembole est commun dans la litière de feuilles mortes, il se nourrit de mycélium et de matières organiques en décomposition. On peut l’observer toute l’année.
Retrouvez un autre Dicyrtomidae :
Dicyrtomina ornata
Source :
Dicyrtoma fusca, par Les carnets nature de Jessica
samedi 17 février 2024
La famille des Tingidae (ou tigres) rassemble des hétéroptères de forme aplatie et souvent ornés d’expansions. Leurs ailes ont un aspect cellulaire, on les croirait faites de dentelles.
Les tigres sont souvent inféodés à une famille ou à un genre de plante, parfois à une seule espèce. Voici une petite galerie de portraits. J’ai indiqué en légende le nom de l’espèce et ses plantes hôtes préférées.
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Tingis pilosa, Tngis crispata, Tingis auriculata
Tingis cardui, Dictyla humili, Dictyla echi
Monosteira unicostata, Corythucha arcuata, Corythucha ciliata
Stephanitis pyri, Physatocheila dumetorum, Kalama tricornis
Copium clavicorne, Galeatus maculatus
vendredi 16 février 2024
Les majestueux platanes du parc de Foucaud au bord du Tarn me retiennent quelques instants. Je regarderais bien sous une écorce décollée !
Oh, un petit bagnard !
Cette succession de bandes noires et l’aspect irisé caractérisent le collembole Willowsia platani qui justement vit sous les écorces de platanes.
C’est un rapide, il court se cacher à l’ombre. Je me demande à quoi peuvent servir de telles écailles brillantes à un animal qui vit dans l’obscurité !
Willowsia platani est très peu observé, sans doute en raison de son habitat particulier. Il est présent un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.
Retrouvez un autre Entomobryidae :
Entomobrya multifasciata
Source :
Le site Collembola.org
jeudi 15 février 2024
J’attrape une drôle de punaise en fauchant de grandes herbes dans le parc naturel de la Valmasque, une sympathique zone humide très fréquentée par les promeneurs de chiens. Ce Blissidae est d’assez grande taille pour être un Ischnodemus sabuleti. C’est en regardant mes photos que le doute survient. Ce bourrelet luisant juste avant les ailes, ça ne colle pas pour cette espèce. Il me faut approfondir la question.
Je tiens là en fait une espèce typiquement méditerranéenne et plutôt rare, Ischnodemus genei ! L’INPN répertorie 9 données seulement pour la France, localisées sur le littoral méditerranéen et la Corse.
Ischnodemus genei vit sur les massettes et les laiches. Effectivement, il y avait des Carex à l’endroit où je l’ai observé.
Retrouvez un autre punaise des zones humides :
Holcocranum saturejae
mercredi 14 février 2024
Les beaux yeux verts !
J’ai passé un coup de filet à papillons dans des soucis en fleur. Une mouchette s’en échappe aussitôt et vient se poser sur ma main. La gauche, elle est sympa, je peux la photographier !
Je reconnais aux dessins de ses ailes Tephritis praecox que j’ai déjà rencontré une fois. C’était devant l’hôtel de ville de Montigny-lès-Cormeilles en 2017. L’INPN ne cite d’ailleurs que ma donnée pour l’Ile-de-France. L’espèce ne semble pas commune. Il faut dire que les soucis se raréfient dans les champs et le changement climatique n’y est pour rien.
Les larves de Tephritis praecox vivent dans les jeunes graines de certaines Asteraceae, en particulier les soucis.
Retrouvez un autre Tephritis :
La mouche de l’onopordon
Source :
Tephritis praecox, dans GBIF
mardi 13 février 2024
En inspectant une filaire au sommet du parc naturel de la Croix des Gardes, je découvre cette coccinelle poilue. Oh, un Rodolia, me dis-je ! Perdu, la bête a changé de nom, on doit maintenant l’appeler Novius cardinalis.
Dessous, tout est bien rangé !
Novius cardinalis est une coccinelle d’origine australienne. Les adultes comme les larves se nourrissent de la cochenille australienne, Icerya purchasi. Cette grosse cochenille polyphage et très prolifique s’attaque à de nombreux arbres et arbustes. A la fin du XIXème siècle, elle débarque accidentellement en Californie et met à mal les vergers d’agrumes. L’introduction de la coccinelle va en une année sauver la situation. C’est la première utilisation historique d’une espèce de coccinelle dans un but de biocontrôle. Introduite en France en 1912, cette coccinelle est surtout présente sur le littoral méditerranéen car elle craint le froid hivernal.
Retrouvez une autre coccinelle poilue :
La coccinelle à vingt-quatre points
Sources :
Novius cardinalis, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2020)
Premières observations de la Coccinelle Rodolia cardinalis (Mulsant, 1850) en Vendée – Christian GOYAUD & Richard LEMARIÉ
La cochenille australienne, par Alain Fraval
AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à une demande d’autorisation d’introduction dans l’environnement d’un macro-organisme non indigène utile aux végétaux
Souche non indigène de Rodolia cardinalis de la société BIOPLANET S.R.L (2021)
lundi 12 février 2024
Le gendarme ne peut voler.
Qui ne connaît le Gendarme, alias Pyrrhocoris apterus ? Cette punaise rouge et noir très commune est facile à repérer notamment lorsqu’elle s’attroupe sur les troncs d’arbres. Mais toutes les punaises rouge et noir ne sont pas des gendarmes ! Seul le gendarme présente ces dessins, en particulier ces deux grosses taches bien rondes sur les hémélytres ! Celles-ci étant dépourvues de membrane, le gendarme ne peut voler, on s’en serait douté (vu le nom d’espèce).
Les rassemblements de gendarmes au soleil peuvent se faire aussi sur des rochers ou d’autres supports. Ici, sur cette palissade, des adultes côtoient de nombreux juvéniles, plus rouges et plus petits.
Les juvéniles muent plusieurs fois à mesure qu’ils grandissent. Ici ce jeune adulte sort ses antennes de la dépouille, accrochée à un brin d’herbe, qu’il est en train de quitter.
Il lui faudra quelques heures de séchage pour prendre ses couleurs définitives.
Phyrrhocoris apterus se nourrit de la sève des Malvaceae, y compris les tilleuls dont il pique les graines.
Attention aux faux gendarmes :
Corizus hyoscyami
Arocatus roeselii
Tropidothorax leucopterus
Source :
Pyrrhocoris apterus, fiche descriptive dans l’INPN (P. Dupont – 2016)
dimanche 11 février 2024
Cette jeune araignée était blottie au creux d’un groupe de feuilles marcescentes dans un chêne.
De ce côté, on comprend mieux pourquoi elle est surnommée Thomise Napoléon ! Reconnaissez-vous sur son abdomen la silhouette de l’empereur coiffé de son bicorne ?
Synema globosum est une araignée crabe très commune partout en France, quoique plus fréquente en zone méditerranéenne. Elle chasse à l’affût sur des fleurs, notamment celles des Apiaceae, et y capture toutes sortes d’insectes, y compris des fourmis.
Voici des individus matures photographiés en été :
La femelle est beaucoup plus grosse et dodue que le mâle.
Retrouvez une autre araignée crabe :
Le Thomise tronqué
Sources :
Fiche d’identifications des différentes « araignées crabes » de la clé Spipoll, de Lucien Claivaz
Synema globosum, fiche descritive dans l’INPN (A. Canard – 2014)
samedi 10 février 2024
Ce insecte extra-plat de 3mm s’est accroché sur mon bras. Je secoue, il ne veut pas tomber ! Alerte, serait-ce un hématophage inconnu ? J’arrive à lui faire lâcher prise en le poussant fermement avec une brindille. C’est qu’il a de fortes griffes pour sa petite taille !
Je le place sur une feuille de géranium sauvage pour le photographier.
Il a les ailes et les antennes d’une punaise. En le cherchant dans les galeries d’insectes sur internet, je découvre sa famille, celle des Thaumastocoridae dont je n’ai jamais entendu parler. Je m’en doutais, c’est une espèce exotique !
Thaumastocoris peregrinus, qui ne vit que sur les Eucalyptus, est d’origine australienne. Cette punaise a commencé à voyager au début des années 2000, puisqu’elle a été repérée en 2003 en Afrique du Sud, en 2005 en Argentine. Sa première apparition en Europe fut pour l’Italie en 2011. Elle serait en France, cantonnée sur le Côte d’Azur, depuis 2016.
En cherchant bien, je découvre un eucalyptus infesté de ces petits ravageurs, les feuilles ont triste mine.
Voici un juvénile : il a les mêmes yeux que sa maman ! On le voit ici sur sa plante hôte. Cette feuille commence à se tacher de brun sous l’effet des piqures de ces insectes. Les infestations de cette punaise sur les eucalyptus hors de leur pays d’origine peuvent déprécier et affaiblir gravement ces arbres. Des essais de lutte biologique sont en cours. Thaumastocoris peregrinus ne supporte pas les hivers froids, c’est pourquoi il ne peut s’étendre au-delà de la zone strictement méditerranéenne.
Source :
Thaumastocoris peregrinus, dans CABI
vendredi 9 février 2024
Ces chenilles font un festin sur un pied de capucine. Les jardiniers reconnaissent cette chenille, c’est celle qui dévore leurs choux ! Pieris brassicae, la Piéride du chou, ne dédaigne pas en effet les capucines, faute de choux. Ces plantes, pourtant de familles différentes, ont une certaine proximité chimique. C’est une affaire de glucosinolates, ces molécules odorantes à saveur piquante sont recherchées par les chenilles des piérides.
Pieris brassicae est la plus grande de nos piérides et sa chenille à la livrée caractéristique est facile à reconnaître.
Ce papillon connaît trois générations par an et passe l’hiver à l’état de chrysalide. A deux pas de la mer et dans un jardin très abrité, l’espèce s’est doute autorisée une quatrième génération hivernale !
Retrouvez un autre chenille de piéride :
Pieris napi, la chenille
Sources :
Pieris brassicae, fiche descriptive dans l’INPN (P. Dupont – 2016)
La piéride du chou, par André Lequet
jeudi 8 février 2024
Certains hivers, on peut remarquer sur les troncs des tilleuls de grandes concentrations de ces petites punaises aux ailes argentées. Oxycarenus lavaterae, membre de la famille des Oxycarenidae au comportement grégaire, passe ainsi la mauvaise saison. Ces rassemblements impressionnants ne créent aucune nuisance aux arbres ni aux promeneurs et ils ne nécessitent bien sûr aucun traitement.
Comme les gendarmes (Pyrrhocoris apterus) auxquels ils ressemblent par leur comportement et leurs préférences alimentaires, ces petites punaises vivent sur les Malvaceae, notamment les lavatères et les mauves mais aussi les tilleuls qui sont maintenant rattachés à cette famille.
La femelle est plus grosse que le mâle.
Oxycarenus lavaterae nous vient du bassin méditerranéen. A la faveur du réchauffement climatique, cette espèce a depuis les années 1980 fortement progressé vers le Nord de l’Europe. Elle a gardé de ses origines une prédilection pour les endroits chauds et elle craint les fortes gelées. En ville, ces punaises sont souvent trouvées sur les tilleuls dont elles piquent les graines pour se nourrir.
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Source :
La punaise du tilleul, une expansion de masse vers le nord, par Zoom Nature