Ainsi va le Monde : les transports modernes accentuent le rythme des naturalisations en France d’insectes exotiques.
Les espèces suivantes ont été ajoutées en 2023, au fil de mes découvertes, dans la base de données naturalistes GéoNat’IdF. Vous pouvez retrouver mes reportages sur ces rencontres étonnantes en cliquant sur les liens ci-dessous.
Acanalonia conica est un homoptère nord-américain arrivé en France en 2020. Je l’ai trouvé au bord de la Seine, au parc du peuple de l’herbe.
Phyllonorycter issikii est un lépidoptère Gracillariidae dont la chenille mine les feuilles de tilleul. Cette espèce asiatique a été signalée dans l’est de la France pour la première fois en 2007. Elle gagne vers l’ouest.
Takecallis arundicolens est un puceron d’origine asiatique inféodé aux bambous. Il ne semble pas très commun.
Macrosaccus robiniella est un papillon Gracillariidae américain dont la chenille mine les feuilles de robinier, il a été introduit accidentellement en Suisse en 1983. Il semble d’arrivée très récente en Ile-de-France. Il ne faut pas confondre ses mines avec celles, plus découpées, de Parectopa robiniella.
Japananus hyalinus est une cicadelle invasive d’origine asiatique. Elle est à rechercher dans les jardins botaniques sur les érables japonais !
Hishimonus hamatus a été trouvée en Corse en 2017. Cette cicadelle asiatique est très polyphage. Je la rencontre de plus en plus souvent en Ile-de-France dans toutes sortes d’arbustes.
J’aimerais bien trouver un de ces papillons de nuit qui vivent parmi les roseaux et les hautes herbes des berges des étangs car certains sont rares. Alors je tente ma chance à l’aveugle avec mon filet à papillons dans une cariçaie au bord de l’étang de la Galiotte. Je ne remonte aucun papillon, seulement cette petite chenille.
Le dessin particulier de sa tête me fait espérer une détermination facile, mais j’aurai besoin de l’aide de quelques experts pour y parvenir car, si le papillon est assez connu, sa chenille est très peu présente dans les galeries entomologiques. Il s’agit d’un Erebidae, Macrochilo cribrumalis, spécialiste de ce type de milieu. J’essaierai de voir l’adulte en l’attirant la nuit avec une lumière lors de son pic de vol à la fin du mois de juin.
Les chenilles de Macrochilo cribrumalis consomment des laiches, des joncs, des luzules, des roseaux et hiverne dans les tiges de ces plantes.
Retrouvez un autre insecte trouvé dans la même cariçaie :
Les experts l’affirment : l’avenir du hêtre en région parisienne est bien incertain. Cette essence de situations fraiches supporte fort mal les sécheresses répétées. Et les tendances climatiques actuelles ne poussent pas à l’optimisme. Alors, tant qu’il y a encore des hêtres, profitons de ce beau champignon qui pousse sur le bois mort et les troncs de ces arbres. La collybie visqueuse (Mucidula mucida) est ainsi nommée en raison de la pellicule gélatineuse et luisante qui recouvre son chapeau lorsque le temps est humide.
Retrouvez un autre champignon qui apprécie les hêtres :
Ptilophora plumigera est plus fréquent dans l’est de la France mais il a déjà été vu en Ile-de-France. Les œufs sont pondus en novembre et décembre sur les rameaux des érables, souvent à la base des bourgeons.
Ici c’est un mâle, dont on devine les antennes pectinées aux dimensions impressionnantes lorsqu’elles sont déployées.
Cette araignée se cachait sous une écorce tombée au sol. Elle fait rapidement le tour de mon bac blanc. La disposition des touffes de poils clairs m’oriente vers le genre Phrurolithus. Trois espèces sont possibles : festivus, minimus et nigrinus. L’examen des genitalia est requis pour les distinguer. Lucien a passé notre trouvaille sous la loupe binoculaire, il s’agit de Phrurolithus festivus.
Il paraît que l’on rencontre les Phrurolithus souvent en compagnie de fourmis et certains prétendent qu’elles sont myrmécomorphes (imitatrices de fourmis). Personnellement, je ne trouve pas la ressemblance frappante, mis à part le corps noir, la silhouette svelte et la célérité. Cela suffit peut-être pour tromper la vigilance de quelques fourmis bonnes à manger.
Les menthes à feuilles rondes de ce fossé au bord de la route abriteraient-elles quelques insectes ? C’est un papillon de nuit que je récupère au battage ! Je n’avais encore jamais vu Mythimna unipuncta, pourtant cette noctuelle est commune dans la moitié sud de la France et sur la façade atlantique.
Cette migratrice polyphage, lorsqu’elle pullule, peut faire de gros dégâts aux cultures. Ses chenilles dévorent notamment les feuilles des maïs et peuvent détruire des prairies temporaires. L’espèce compte trois générations par an.
Ce puceron bicolore aux yeux rouges trouvé au revers d’une feuille d’orme a vraiment un look étonnant.
Cette vue en contre-jour montre les quatre paires de tubercules qu’il porte sur le dessus du thorax et de l’abdomen. Cette particularité ainsi que les taches sur les nervures des ailes sont caractéristiques de l’espèce Tinocallis takachioensis, Ce puceron d’origine asiatique est inféodé aux ormes. Il est très probablement arrivé en Europe avec des bonsaïs importés. En France, il a été repéré pour la première fois en 1986.
Dans la collection d’érables, un bel érable japonais (Acer palmatum) retient mon attention. Vais-je y trouver des insectes intéressants ? Quelques cicadelles se cachent sous les feuilles. Parmi elles, cet étrange « long-museau » tombé dans mon bac de battage me laisse prendre une photo avant de s’envoler. Il s’agit d’une espèce asiatique invasive, Japananus hyalinus, de la sous-famille des Deltocephalinae. Au Japon où elle est indigène, elle vit sur Acer palmatum.
Cet insecte a été repéré dans des jardins botaniques à Washington dès 1897. Il est maintenant cosmopolite, présent un peu partout en Amérique du Nord et en Europe. On peut le rencontrer sur de nombreuses espèces d’érables, dont l’érable champêtre.
J’ai croisé également Japananus hyalinus au parc de La Villette sur un érable trident (Acer buergerianum).
Ce drôle de papillon venu à la lumière est Chesias legatella, un membre de la famille des Geometridae. On le reconnaît à la bande claire continue de la base à l’apex de l’aile antérieure, près de la côte.
La chenille de cette espèce se nourrit en été sur les genêts à balais (Cytisus scoparius) et le papillon vole en octobre et novembre.
Sur l’ancien champ de tir en forêt de Saint-Germain-en-Laye, le sol sec et sableux est favorable aux vipérines et par endroits elles tapissent le sol.
Cette vipérine anormale qu’on dirait croisée avec un brocoli est colonisée et entièrement déformée par Aceria echii, un acarien inféodé à la vipérine commune, Echium vulgare.
Aceria echii, espèce d’Europe centrale, semble en France limitée à la moitié nord.
Retrouvez un insecte qui vit aux dépens de la vipérine :
Voici une araignée forestière de grande taille que l’on peut rencontrer jusqu’en automne. Araneus angulatus chasse en hauteur sur une toile de 60 à 70 cm tissée entre des supports distants parfois de plusieurs mètres. Son activité est plutôt nocturne. Cette espèce est assez commune en Ile-de-France. J’ai trouvé celle-ci dans une lande à callunes en forêt de Rambouillet.
J’adore la silhouette tourmentée des vieux poiriers que l’on voit encore dans les campagnes. Celui-ci marque l’angle d’un jardin. Sous la ramure de cet arbre généreux, le sol est jonché de poires. Curieusement, du côté du pré à vaches, il n’y en a aucune.
Les belles lisses poires de mon enfance !
Elles sont superbes, ces poires. Dans le village, on les appelle « poires de Curé ». C’est une ancienne variété qui a été très en vogue au 19ème et au 20ème siècle. Elle est encore commercialisée par quelques pépiniéristes.
Voici ce qu’en dit André Leroy dans son Dictionnaire de pomologie (1867) :
« Vers 1760, un M. Leroy, curé de Villiers-en-Brenne, rencontra non loin de son presbytère, dans les bois de Fromenteau, à un kilomètre du château de ce nom, un poirier sauvage dont le fruit lui parut assez remarquable pour que l’idée lui vint de la propager. Il en greffa dans une vigne attenant à son jardin, et c’est de là que sont sortis toujours en s’améliorant, en se perfectionnant, les innombrables poiriers qui ont peuplé tous les environs. […] Cette nouvelle espèce de poirier s’était rapidement répandue, et le mérite de son fruit n’avait pas tardé d’être apprécié, puisque dès avant notre première Révolution, le ministre Amelot de Chaillou, qui avait des domaines dans la paroisse de Villiers, ne manquait pas de s’en faire envoyer chaque année pour sa table. »
La poire de Curé, très ferme, est, paraît-il, la meilleure des poires à cuire. Il fallait que j’expérimente !
Voici ma recette :
Coupez en quartiers quatre belles poires de Curé, pelez-les et ôtez le cœur.
Faites les cuire doucement une heure dans 50cl de vin rouge de Bourgogne avec 2 cuillerées à soupe de miel, autant de sucre et un petite cuillerée à café d’épices moulues pour pain d’épices.
Laissez refroidir et placez le tout pour la nuit au réfrigérateur.
Le lendemain matin, sortez les quartiers de poires et faites réduire le jus de cuisson.
Dressez les quartiers dans quatre coupes, versez le jus passé, réduit et refroidi, plus un demi Petit-suisse par coupe.
Cette punaise au look étonnant observé sur un coteau calcaire est Phymata crassipes, de la famille des Reduviidae. Le dernier article des antennes, long et cylindrique, indique que c’est un mâle.
Ses fortes pattes antérieures se referment en pince comme celles de la mante religieuse. Son étreinte doit être redoutable ! Au repos, ses antennes se rangent dans une gouttière sous l’avancée du pronotum.
Phymata crassipes apprécie les milieux secs et ensoleillés. Cette punaise se cache dans les inflorescences des plantes basses et capture des insectes pollinisateurs, abeilles et papillons notamment, à l’aide de ses pattes ravisseuses.
Le dessous d’une feuille de chêne au parc de Gourjade présente des plages pointillées de noir. Je réalise dans l’écran de mon appareil photo que ce sont des œufs dressés, fixés par leur base à l’épiderme de la feuille. Ils ont une forme en fuseau et sont operculés à leur sommet.
Un peu plus loin, je découvre quelques larves environnées de leur déjections noires. Cet aspect me rappelle fortement les dégâts du tigre du poirier, Stephanitis pyri. Il y aurait donc des tigres sur les chênes maintenant ?
Voici un adulte. C’est bien un tigre ! Une recherche rapide me fournit l’explication : Corythucha arcuata, espèce invasive d’origine nord-américaine est arrivée en France en 2017 dans la région de Toulouse. Elle est désormais présente dans tout le quart sud-ouest de la France ainsi que dans la région lyonnaise.
Corythucha arcuata vit sur les chênes et il semble s’être très bien adapté à de nombreuses espèces européennes du genre Quercus, mais il n’attaque apparemment pas le chêne vert.
En examinant au matin le contenu de mon piège lumineux, je trouve cette noctuelle que je prends au début pour une Mythimna. Mais je n’en trouve aucune avec ces motifs. Il s’agit en fait d’une espèce d’un genre voisin, Leucania loreyi, typique du sud de la France et des rivages atlantiques. Comme elle est migratrice, elle s’aventure parfois plus au nord ou plus loin des côtes. Son pic de vol est fin octobre.
Ses chenilles consomment toutes sortes de graminées sauvages, mais aussi le blé, le maïs, le sorgho et le riz. Cosmopolite, elle est présente même dans l’hémisphère sud, en Afrique du sud, à Madagascar, en Australie.
Pour un fois, ce n’est pas un frelon asiatique qui vient se restaurer sur le lierre en fleur. Mais ce frelon européen est bizarre, je le trouve svelte. Comptons les articles des antennes : il y en a 13 et non 12, c’est un mâle !
Le dessous des articles antennaires est orné de petits tubercules donnant aux antennes un profil crénelé. Ces tyloïdes ont un rôle dans la reconnaissance sexuelle, via l’émission de phéromones. Dans la famille des Vespidae, où l’on trouve les guêpes et les frelons, le nombre et la forme des tyloïdes, apanage des mâles, est un critère de détermination des espèces.
Retrouvez un autre hyménoptère butineur du lierre :
Je récupère cette belle araignée en passant mon filet dans une touffe de bruyère à quatre angles. Le dessin très particulier de sa face me permet d’identifier l’espèce Oxyopes ramosus. Mon individu a les pédipalpes fins d’une femelle.
Voici un mâle adulte de la même espèce, trouvé un peu plus loin, reconnaissable à ses pédipalpes volumineux.
Oxyopes ramosus ne tisse pas de toile, mais chasse à l’affût cachée dans les callunes et les bruyères. Elle bondit pour capturer ses proies. En Ile-de-France, on peut l’observer dans les landes des massifs forestiers de Fontainebleau et de Rambouillet.
Mes photos faites, je relâche bien sûr ces araignées dans leur milieu naturel.
Retrouvez quelques insectes des bruyères et des callunes :
Il me faut y regarder de près pour comprendre que c’est une cicadelle. Agallia consobrina ne mesure en effet que 3mm. Cette Cicadellidae de la sous-famille des Agalliinae est assez commune et vit sur des plantes basses. Elle peut être observée toute l’année. Je l’ai déjà vue dans des prairies sur un gaillet gratteron et une autre fois sur un géranium vivace.
Je lève ce papillon de nuit au vol hésitant en foulant l’herbe d’un bord de champ de colza. Ce joli Crambidae est Hellula undalis, la nymphule ondée, dont les chenilles consomment justement des Brassicaceae.
Hellula undalis vole d’avril jusqu’à la mi-novembre, avec un pic fin octobre. Cette espèce méridionale est occasionnelle dans la moitié nord de la France.
Cette mouche passe de fleur en fleur sur une touffe de lycope d’Europe. La base des antennes orange et l’abdomen rouge et noir saupoudré de pruine blanche me permettent de reconnaître Peleteria iavana, un diptère Tachinidae que l’on peut observer de mai à novembre. Je l’ai déjà vue butiner les fleurs des lierres.
Sa biologie est bien peu connue, ses larves parasitent sans doute des chenilles de noctuelles mais on ignore lesquelles.
J’ai trouvé une drôle de petite bête plate (3mm) au bord d’un champ. Ne dirait-on pas un tigre ?
Son pronotum est marqué de deux carènes longitudinales seulement, et non trois, il me faut donc chercher ailleurs. Là, je découvre l’existence d’une toute petite famille d’hétéroptères, les Piesmatidae. Celui-ci est Piesma maculatum. Cette espèce n’est pas rare, mais elle manquait dans la base de données régionale d’Ile-de-France.
Piesma maculatum vit essentiellement sur les Amaranthaceae, en particulier les chénopodes. Il peut se nourrir sur les betteraves, mais n’occasionne pas de dégâts sensibles en piquant cette plante avec son rostre. Il ne transmet pas non plus les virus des jaunisses des betteraves, ce qui est le fait de plusieurs espèces de pucerons.
Pour comparer, voici des tigres (famille des Tingidae) :
Avec une taille approchant le centimètre, Cicadella viridis est l’une des plus grosses cicadelles de France. Elle affectionne les bords des mares et des étangs. Celle-ci, une femelle, est posée sur une feuille de laîche près de l’étang de Plaisir en forêt de Sainte-Appoline.
Et voici le mâle, aux ailes d’un beau bleu sombre.
Cette photo d’un couple en approche montre la différence de taille entre le mâle et la femelle. Les proportions sont différentes ainsi que la forme des élytres.
Cette chose intrigante trouvée sur une feuille d’aubépine est en fait animée. Sur cette photo, on distingue sa tête brune et trois courtes pattes thoraciques. Il s’agit d’une fausse chenille, la larve de la tenthrède Caliroa cerasi. Celle-ci vit sur les rosacées arbustives et les arbres fruitiers. Les larves broutent l’épiderme supérieur des feuilles. Ces fausses chenilles observées en automne sont de la deuxième génération annuelle.
En explorant un chêne du parking de la Maison des insectes je récupère ce joli balanin aux élytres pommelés. Voilà qu’il s’aventure sur ma manche de chemise ! Ce balanin ne ressemble pas à ceux que je connais, alors je sollicite l’avis d’experts. Au préalable, j’échafaude une proposition d’identification. La clé des Curculio du forum du Monde des insectes m’oriente vers Curculio pellitus :
Fémurs antérieurs fortement dentés
Rostre à fond roux
Ecusson allongé
Elytres mouchetés
Large dent triangulaire sur les fémurs postérieurs
Deux avis conformes me rassurent, j’ajoute donc cette espèce à l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.
Curculio pellitus vit sur les chênes et semble assez rare en Ile-de-France. Sa larve se développe dans les glands.
Ces compagnons blancs au bord du chemin hébergent-ils quelque insecte intéressant ? Voici une petite punaise Miridae posé sur une de ces fleurs. Elle a sorti son rostre. Ses antennes noires et ses tibias sans taches m’orientent vers Dicyphus globulifer qui justement vit sur les silènes. Les Dicyphus sont nombreux et c’est un genre dont les espèces sont difficiles à déterminer. Quelques-unes font exception, dont celle-ci. Il faut dire que la connaissance de la plante hôte aide bien à lever des doutes.
Dicyphus globulifer compte une seule génération par an, les adultes passent l’hiver.
Des rosiers botaniques ont été plantés en haut du belvédère qui domine l’étang de la Galiotte. Leurs petites feuilles sont grignotées par des fausses chenilles. Il s’agit ici de larves du genre Cladius, probablement Cladius pectinicornis qui vit sur les Rosaceae (fraisier, alchémille, églantier, reine des prés, pimprenelle).
Voici une vue en contre-jour pour apprécier sa belle coiffure !
En inspectant de généreux pieds de consoude dans une friche humide, je rencontre cette élégante punaise. Il s’agit de Peribalus strictus, et même de sa sous-espèce vernalis car les deux derniers articles des antennes sont tachés de noir.
Peribalus scrictus vernalis est une espèce commune qui se nourrit sur de très nombreuses plantes, parmi lesquelles les ronces, les sureaux, les molènes, les crucifères, les légumineuses, les ombellifères. On peut l’observer de mars à novembre.
Dans une ruelle déserte, un haut mur recouvert de lierre offre le spectacle fascinant de dizaines de butineurs passant de fleurs en fleurs. Les frelons européens et asiatiques sont de la partie et bousculent les collètes du lierre affairées à la récolte du pollen. Un frelon plus gros que les autres me frôle en vrombissant. Bizarre, ce frelon… Je crois reconnaître une espèce que je n’ai encore jamais rencontrée, Milesia craboniformis. Il ne me reste plus qu’à attendre qu’elle repasse et se pose à portée pour la photographier. Au bout de dix minutes d’immobilité, je réussis ce cliché. C’est bien la milésie faux-frelon ! C’est le plus gros syrphe d’Europe ; ses larves vivent dans les cavités humides des vieux chênes.
Heureux de mon coup, je presse le pas pour éviter l’averse. Au coin de la rue, une patrouille de police s’arrête à ma hauteur et l’un d’eux me lance par la fenêtre de la voiture : Excusez- moi, Monsieur, vous n’auriez pas vu un individu au comportement suspect qui trainerait dans le quartier ? J’étais trop occupé à observer les insectes pour avoir remarqué quelque chose. Avec une mine patibulaire, ajoute-t-il ! Hum, à la réflexion, ce serait presque vexant.
De tout petits coléoptères festoient sur un pied de mauve musquée. Sont-ils vraiment noirs ? La photo me confirme mon impression, leurs élytres ont un reflet bleu.
Je m’approche pour discerner des détails utiles à la détermination. Il a un pot à crayons sur la tête ! Je ne sais pas à quoi cela lui sert, mais c’est un critère pour reconnaître l’espèce Aspidapion aeneum, inféodée aux mauves, à la guimauve, aux lavatères et aux roses trémières. Malgré sa tête très allongée, ce n’est pas un charançon mais un Brentidae, famille voisine des Curculionidae.
Les larves de cette espèce creusent des galeries à la base des tiges et dans les racines de leur plante hôte. Les adultes passent l’hiver.
Il n’y a pas beaucoup de chênes dans le parc du peuple de l’herbe, explorons donc ceux qui ombragent le parking de la Maison des insectes.
Dans une branche basse, je trouve cette petite coccinelle. Peut-être une Adalia decempunctata ? Cette espèce est tellement variable ! Mais le motif sur le pronotum ne correspond pas. Il s’agit en fait d’Oenopia lyncea, que je n’avais encore jamais rencontrée. Cette coccinelle assez rare en Ile-de-France vit sur les arbres et les buissons et se nourrit de pucerons. Quant elle est observée, c’est souvent sur un chêne.
Cet insecte court sur le sol au pied d’une petite falaise terreuse farcie de terriers d’abeilles sauvages. Je m’en saisis courageusement et le dépose rapidement dans mon bac blanc. Ce n’est pas une fourmi comme je le pensais car les antennes ne correspondent pas ni le thorax : c’est une mutille !
Chez les Mutillidae, hyménoptères parasitoïdes, l’espèce Myrmilla triareolata présente à l’avant de l’abdomen une petite expansion latérale en forme de crochet tourné vers l’arrière. Myrmilla calva, une espèce très proche avec laquelle elle était confondue jusqu’en 2019, est plus sudiste et a un peu de rouge sur la tête.
Ici c’est une femelle, car les mâles sont ailés. Elle pond dans les terriers d’abeilles Halictidae, notamment des Lasioglossum.
Les femelles Mutillidae sont connues pour leur piqure douloureuse. J’ai bien fait de ne pas m’attarder avec la bête dans la main !
En passant dans les rosettes de vipérines, je fais voler de tout petits papillons qui se reposent bien vite sur leur plante hôte. Il s’agit de Dialectica scalariella, un Gracillariidae inféodé aux Boraginaceae et qui est très fréquent sur les vipérines.
En voici un dressé sur ses pattes avant. Il agite sans cesse ses antennes, c’est probablement un comportement de recherche de partenaire.
Je trouve sans peine une mine encore habitée par sa chenille sur la face supérieure d’une feuille. J’ai retiré le toit de la mine pour vous la montrer. Les petits grains noirs au centre de la mine sont les excréments de la chenille. Certains pieds de vipérine sont tellement colonisés par cet insecte que leurs feuilles en sont toutes crispées.
Ce papillon a été introduit en Australie pour contrôler Echium plantagineum, un vipérine méditerranéenne invasive sur ce continent.
Trois taches noires sur le pronotum : on ne peut pas la confondre ! Eupterycyba jucunda, la seule espèce de son genre, vit sur les aulnes. Encore une belle Typhlocybinae : elle aura l’honneur d’intégrer ma présentation, consacrée à cette sous-famille, aux Rencontres Naturalistes d’Ile-de-France du 2 décembre 2023. Inscrivez-vous vite, les places sont limitées !
Quelle est cette belle mouche sur le lierre en fleur ? J’ai connu des taons aux yeux rayés : en serait-ce un ?
Les courbes caractéristiques des nervures de l’aile me donnent la réponse : ce n’est pas un taon, mais une éristale, de la famille des Syrphidae. Il s’agit ici d’Eristalinus taeniops, facile à observer à l’automne sur les fleurs de lierre, à condition d’être suffisamment au sud. Cette espèce est en effet méditerranéenne. Sauf exception, elle n’est pas présente au nord de Bordeaux.
Les larves d’Eristalinus taeniops sont aquatiques et se nourrissent de matières organiques en décomposition.
Que sont donc ces petites lèvres noires sur les feuilles de ce peuplier tremble ?
Ce sont les émergences de galles rondes situées sur la face inférieure des feuilles.
Je sectionne une galle pour connaître sa structure. La paroi n’est pas très épaisse et la galle ne forme pas une protubérance sur la face supérieure, ces détails plaident en la faveur de l’espèce Harmandiola populi, mais l’espèce Harmandiola cavernosa est possible aussi. Ce sont deux des quatorze espèces de diptères Cecidomyiidae qui affectent les trembles.
Presque toutes ces galles sont vides et brunes, une seule, encore verte et aux lèvres fermées, contient peut-être l’insecte. Je mets ça en élevage dans un bocal aéré et on verra bien si quelqu’un en sort.
Je secoue une touffe de consoude et récupère dans mon bac blanc cette chenille bien colorée. Plusieurs espèces de lépidoptères ont pour plante hôte la consoude : le Cordon blanc, l’Ecaille cramoisie, le Bombyx de la ronce et quelques autres, mais aucun n’a une chenille semblable, sauf Ethmia quadrillella, de la famille des Depressariidae.
Ce papillon très commun vole d’avril à août, celui de la photo ci-dessus a été observé au mois de juin.
Trypetoptera punctulata, en raison de ses ailes tachées de noir, pourrait passer pour une Tephritidae mais elle appartient en fait à la famille des Sciomyzidae. Ses larves consomment des escargots terrestres.
Cette vue de dessus permet d’apprécier toute la beauté du dessin des ailes.
Contrairement aux autres Sciomyzidae, elle n’affectionne pas spécialement les lieux humides. On rencontre généralement cette espèce commune dans la végétation basse des lisières forestières.
Dans la ripisylve des berges de Seine, l’épiaire des marais dresse ses épis de fleurs roses.
Les fleurs sont disposées en couronnes sur la tige et leur lèvre inférieure est ornée de motifs d’un rose plus foncé. Ne dirait-on pas de petites fleurs d’orchidées ?
Comme chez toutes les Lamiaceae, les graines sont groupées par quatre. D’abord vertes, elles virent au noir à maturité.
Stachys palustris apprécie les terrains humides, voire franchement gorgés d’eau.
Caecilius fuscopterus a en effet une bonne tête de psocoptère, toute en largeur avec des yeux proéminents. Je l’ai trouvé dans la toute petite famille des Caeciliusidae. Cette espèce vit dans les chênes, les aubépines, les saules, et sans doute d’autres arbres où elle consomme des algues vertes microscopiques. On l’observe de juin à octobre.
Ce bel ichneumon accompagne ma promenade le long de la route Dauphine en forêt de Marly. Il se pose quelques instants sur une ombelle de berce et finit par prendre la pose sur une feuille de ronce.
Je prends un cliché à tout hasard, peu confiant quant à la réussite d’une détermination dans une famille riche de plus de 2700 espèces en France ! Mais celui-ci fait partie des très rares cas identifiables sur photo. Il s’agit d’une femelle Ichneumon xanthorius, un parasite des chenilles assez commun en Ile-de-France. Le mâle est différent, avec notamment des antennes entièrement noires et l’extrémité de l’abdomen sans taches jaunes.
Retrouvez un autre Ichneunomidae aux antennes tricolores :
Je repère cette petite chenille arpenteuse dans une ortie dioïque en fleur. Ses motifs ont exactement la même couleur que la tige de la plante ! La prise de vue est assez acrobatique et il y a du vent, ce qui n’arrange rien. Aussi, pour éviter de me piquer les mains, je transfère la bête dans un pilulier, le temps de faire quelques photos.
Elle possède les dessins caractéristiques de l’eupithécie des centaurées, Eupithecia centaureata. Ce nom prête d’ailleurs à confusion car la chenille de cette espèce se nourrit sur de très nombreuses plantes basses de différentes familles et pas seulement sur les centaurées.
Voici le papillon, à l’allure bien typée. C’est en fait l’une des rares eupithécies faciles à reconnaître. L’espèce est très commune.
Eupithecia centaureata vole d’avril à octobre, ses chenilles sont observées en juin et puis d’août à octobre.
Décidément, il n’y a plus de saisons ! Ce papillon vole de mai à août. Je l’ai observé au bord de l’étang de la vieille ferme début octobre, c’est exceptionnellement tardif !
Les chenilles de Chrysocrambus linetella se nourrissent de racines de graminées. L’espèce n’a qu’une génération par an. Ce Crambidae commun est présent presque partout en France.
En excursion aux Mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet, je sens qu’un gros insecte vient de se poser sur ma main. J’ai juste le temps de prendre cette photo.
Ce drôle d’équipage est composé d’une mouche prédatrice et de sa proie, fichée sur son rostre, en l’occurrence un autre diptère de dimension beaucoup plus modeste. Cette grosse touffe de poils entre les yeux permet de reconnaître un représentant de la famille des Asilidae. La grande taille (15mm) de celui-ci et les pattes tachées de marron m’orientent vers le genre Tolmerus. Pour distinguer l’espèce, il faudrait une bonne vue de profil de l’abdomen, mais l’animal ne m’a pas laissé le loisir de faire une autre photo.
Les Tolmerus volent d’avril à octobre, ils fréquentent les espaces boisés et les prairies. On les observe souvent posés sur la végétation, guettant le passage d’une proie.
Un papillon gris volette parmi les joncs d’une zone humide, je le vois se poser un peu plus haut dans une callune. Coup de chance, il ne s’est pas enfoui dans la végétation et je le retrouve assez facilement. Les ailes en delta m’oriente vers les Crambidae. Serait-ce le Botys poudreux que j’ai déjà croisé dans un milieu semblable ? Non, les dessins des ailes sont différents. Il s’agit du Botys de l’armoise, Loxostege sticticalis. Ce papillon qui vole d’avril à octobre est cosmopolite. Comme son nom l’indique, ses chenilles consomment des armoises, mais aussi d’autres végétaux dont de nombreuses plantes cultivées, notamment la betterave.
En voici un autre observé dans mon jardin au mois de juin, il butinait des fleurs de tanaisie.
Je secoue quelques branches basses d’un églantier envahi de clématite sauvage et je récupère cette curieuse punaise de 4mm. Replacée sur la clématite, elle me permet quelques clichés. A sa tête très transverse et ses gros yeux, je reconnais un membre de la famille des Geocoridae.
Geocoris megacephalus est une méridionale qui gagne vers le nord. Elle n’est pas encore très commune en Ile-de-France. Cet adepte des terrains secs et ensoleillés chasse de petits insectes ou leurs larves au sol et dans la végétation.
Je vois souvent des feuilles présentant des mines blanchâtres, sur les chênes, les noisetiers ou les châtaigniers, mais sur un tilleul, ce n’est vraiment pas banal ! Aussi, j’entreprends l’élevage de l’insecte responsable de la mine en prélevant la feuille et en la plaçant dans un bocal aéré, en espérant une émergence.
C’est un papillon de 3mm qui est sorti de la mine au douzième jour. Il a un look de Gracillariidae. J’interroge donc la base de données mondiale qui fait référence pour cette famille. Sur les tilleuls, en Europe, trois espèces seulement sont répertoriées : Telamoptilia tilliae, Phyllonorycter messaniella et Phyllonorycter issikii.
Les deux premières espèces sont visuellement différentes de mon individu mais la troisième espèce colle très bien ! Un expert à qui j’ai envoyé le spécimen confirme la détermination, aussi je sollicite la création de ce nouveau taxon pour l’Ile-de-France. Le site Oreina ne répertorie que deux observations de Phyllonorycter issikii pour la France, en 2007 et en 2015, toutes deux situées dans le quart nord-est. Cette espèce asiatique arrivée en Europe de l’Est vers 1970 est en progression rapide vers l’ouest.
Lorsque les infestations sont importantes, ce ravageur peut affaiblir les tilleuls au point de diminuer la teneur en sucre du nectar et peut avoir un impact négatif sur la production de bois. Mais la nature est bien faite, on lui connaît au moins 60 espèces de parasites dont beaucoup sont présents en Europe.
De Prins, J. & De Prins, W. 2006-2022. Base de données taxonomique mondiale des Gracillariidae (Lepidoptera). Publication électronique sur le World Wide Web (http://www.gracillariidae.net) [25 09 2023]
En explorant quelques branches basses de hêtre, je découvre cette curieuse chenille. Ces pinceaux roux encadrant sa tête sont typiques de l’espèce Colocasia coryli, dont je vous ai déjà montré l’adulte.
Une bonne bouille !
Les chenilles de Colocasia coryli se nourrissent sur divers feuillus, dont le hêtre. Les pics de vol du papillon, en avril et en juillet, traduisent deux générations annuelles. Cette espèce commune hiverne sous forme de chrysalide.
Malva moschata égaie les prairies tout l’été de ses grandes fleurs roses. Son feuillage découpé lui confère une élégance certaine.
Sa famille, les Malvaceae, comprend aussi les tilleuls ! Les gendarmes ne s’y trompent pas : ces punaises rouges et noires fréquentent indifféremment les mauves, les roses trémières, les hibiscus et les tilleuls.
Malva alcea, plus rare, est une espèce proche. Le plus simple pour les distinguer est d’observer leurs fruits : les akènes de Malva moschata sont beaucoup plus velus.
vendredi 24 novembre 2023
Ainsi va le Monde : les transports modernes accentuent le rythme des naturalisations en France d’insectes exotiques.
Les espèces suivantes ont été ajoutées en 2023, au fil de mes découvertes, dans la base de données naturalistes GéoNat’IdF. Vous pouvez retrouver mes reportages sur ces rencontres étonnantes en cliquant sur les liens ci-dessous.
Acanalonia conica est un homoptère nord-américain arrivé en France en 2020. Je l’ai trouvé au bord de la Seine, au parc du peuple de l’herbe.
Phyllonorycter issikii est un lépidoptère Gracillariidae dont la chenille mine les feuilles de tilleul. Cette espèce asiatique a été signalée dans l’est de la France pour la première fois en 2007. Elle gagne vers l’ouest.
Takecallis arundicolens est un puceron d’origine asiatique inféodé aux bambous. Il ne semble pas très commun.
Macrosaccus robiniella est un papillon Gracillariidae américain dont la chenille mine les feuilles de robinier, il a été introduit accidentellement en Suisse en 1983. Il semble d’arrivée très récente en Ile-de-France. Il ne faut pas confondre ses mines avec celles, plus découpées, de Parectopa robiniella.
Japananus hyalinus est une cicadelle invasive d’origine asiatique. Elle est à rechercher dans les jardins botaniques sur les érables japonais !
Hishimonus hamatus a été trouvée en Corse en 2017. Cette cicadelle asiatique est très polyphage. Je la rencontre de plus en plus souvent en Ile-de-France dans toutes sortes d’arbustes.
jeudi 23 novembre 2023
J’aimerais bien trouver un de ces papillons de nuit qui vivent parmi les roseaux et les hautes herbes des berges des étangs car certains sont rares. Alors je tente ma chance à l’aveugle avec mon filet à papillons dans une cariçaie au bord de l’étang de la Galiotte. Je ne remonte aucun papillon, seulement cette petite chenille.
Le dessin particulier de sa tête me fait espérer une détermination facile, mais j’aurai besoin de l’aide de quelques experts pour y parvenir car, si le papillon est assez connu, sa chenille est très peu présente dans les galeries entomologiques. Il s’agit d’un Erebidae, Macrochilo cribrumalis, spécialiste de ce type de milieu. J’essaierai de voir l’adulte en l’attirant la nuit avec une lumière lors de son pic de vol à la fin du mois de juin.
Les chenilles de Macrochilo cribrumalis consomment des laiches, des joncs, des luzules, des roseaux et hiverne dans les tiges de ces plantes.
Retrouvez un autre insecte trouvé dans la même cariçaie :
Le criquet ensanglanté
Un autre Erebidae dont la chenille apprécie les Carex :
La Soyeuse
Sources :
Macrochilo cribrumalis, fiche descriptive dans l’INPN (Y.Baillet – 2018)
Macrochila cribrumalis, dans Oreina
mercredi 22 novembre 2023
Les experts l’affirment : l’avenir du hêtre en région parisienne est bien incertain. Cette essence de situations fraiches supporte fort mal les sécheresses répétées. Et les tendances climatiques actuelles ne poussent pas à l’optimisme. Alors, tant qu’il y a encore des hêtres, profitons de ce beau champignon qui pousse sur le bois mort et les troncs de ces arbres. La collybie visqueuse (Mucidula mucida) est ainsi nommée en raison de la pellicule gélatineuse et luisante qui recouvre son chapeau lorsque le temps est humide.
Retrouvez un autre champignon qui apprécie les hêtres :
Le cèpe de Bordeaux
Source :
Les forêts françaises face au changement climatique, par l’Académie des Sciences -juin 2023
mardi 21 novembre 2023
Novembre, c’est le mois du Plumet !
Ptilophora plumigera est plus fréquent dans l’est de la France mais il a déjà été vu en Ile-de-France. Les œufs sont pondus en novembre et décembre sur les rameaux des érables, souvent à la base des bourgeons.
Ici c’est un mâle, dont on devine les antennes pectinées aux dimensions impressionnantes lorsqu’elles sont déployées.
Retrouvez un autre Notodontidae :
La Porcelaine
lundi 20 novembre 2023
Cette araignée se cachait sous une écorce tombée au sol. Elle fait rapidement le tour de mon bac blanc. La disposition des touffes de poils clairs m’oriente vers le genre Phrurolithus. Trois espèces sont possibles : festivus, minimus et nigrinus. L’examen des genitalia est requis pour les distinguer. Lucien a passé notre trouvaille sous la loupe binoculaire, il s’agit de Phrurolithus festivus.
Il paraît que l’on rencontre les Phrurolithus souvent en compagnie de fourmis et certains prétendent qu’elles sont myrmécomorphes (imitatrices de fourmis). Personnellement, je ne trouve pas la ressemblance frappante, mis à part le corps noir, la silhouette svelte et la célérité. Cela suffit peut-être pour tromper la vigilance de quelques fourmis bonnes à manger.
Retrouvez une autre araignée myrmécomorphe :
Leptorchestes berolinensis
Source :
Phrurolithus festivus, fiche descriptive dans l’INPN (A. Canard – 2014)
dimanche 19 novembre 2023
Les menthes à feuilles rondes de ce fossé au bord de la route abriteraient-elles quelques insectes ? C’est un papillon de nuit que je récupère au battage ! Je n’avais encore jamais vu Mythimna unipuncta, pourtant cette noctuelle est commune dans la moitié sud de la France et sur la façade atlantique.
Cette migratrice polyphage, lorsqu’elle pullule, peut faire de gros dégâts aux cultures. Ses chenilles dévorent notamment les feuilles des maïs et peuvent détruire des prairies temporaires. L’espèce compte trois générations par an.
Retrouvez un autre Mythimna :
Le L blanc
Source :
Mythimna unipuncta, par e-phytia
samedi 18 novembre 2023
Ce puceron bicolore aux yeux rouges trouvé au revers d’une feuille d’orme a vraiment un look étonnant.
Cette vue en contre-jour montre les quatre paires de tubercules qu’il porte sur le dessus du thorax et de l’abdomen. Cette particularité ainsi que les taches sur les nervures des ailes sont caractéristiques de l’espèce Tinocallis takachioensis, Ce puceron d’origine asiatique est inféodé aux ormes. Il est très probablement arrivé en Europe avec des bonsaïs importés. En France, il a été repéré pour la première fois en 1986.
La coccinelle rose est connue comme prédatrice de ce puceron.
Retrouvez un autre insecte asiatique sans doute arrivé avec des bonsaïs en Europe :
Hishimonus hamatus
Sources :
Tinocallis takachihoensis, par Influential points
New records of an alien aphid species Tinocallis (Sappocallis) takachihoensis from countries in central and northern Europe (Hemiptera, Aphididae, Calaphidinae) – Mariusz Kanturski, Yerim Lee, Łukasz Depa
vendredi 17 novembre 2023
L’arboretum de la forêt régionale de La Roche-Guyon est un lieu de promenade très agréable. On y accède à pied par une majestueuse allée de cèdres depuis le parking sur la route des Crêtes.
Dans la collection d’érables, un bel érable japonais (Acer palmatum) retient mon attention. Vais-je y trouver des insectes intéressants ? Quelques cicadelles se cachent sous les feuilles. Parmi elles, cet étrange « long-museau » tombé dans mon bac de battage me laisse prendre une photo avant de s’envoler. Il s’agit d’une espèce asiatique invasive, Japananus hyalinus, de la sous-famille des Deltocephalinae. Au Japon où elle est indigène, elle vit sur Acer palmatum.
Cet insecte a été repéré dans des jardins botaniques à Washington dès 1897. Il est maintenant cosmopolite, présent un peu partout en Amérique du Nord et en Europe. On peut le rencontrer sur de nombreuses espèces d’érables, dont l’érable champêtre.
J’ai croisé également Japananus hyalinus au parc de La Villette sur un érable trident (Acer buergerianum).
Retrouvez une autre cicadelle asiatique :
Hishimonus hamatus
Source :
Des intrus venus d’Orient – Alain Gareau
jeudi 16 novembre 2023
Ce drôle de papillon venu à la lumière est Chesias legatella, un membre de la famille des Geometridae. On le reconnaît à la bande claire continue de la base à l’apex de l’aile antérieure, près de la côte.
La chenille de cette espèce se nourrit en été sur les genêts à balais (Cytisus scoparius) et le papillon vole en octobre et novembre.
Retrouvez un autre insecte des genêts :
Arytaina genistae
mercredi 15 novembre 2023
Sur l’ancien champ de tir en forêt de Saint-Germain-en-Laye, le sol sec et sableux est favorable aux vipérines et par endroits elles tapissent le sol.
Cette vipérine anormale qu’on dirait croisée avec un brocoli est colonisée et entièrement déformée par Aceria echii, un acarien inféodé à la vipérine commune, Echium vulgare.
Aceria echii, espèce d’Europe centrale, semble en France limitée à la moitié nord.
Retrouvez un insecte qui vit aux dépens de la vipérine :
Dialectica scalariella
Un autre Aceria :
Aceria genistae
mardi 14 novembre 2023
Voici une araignée forestière de grande taille que l’on peut rencontrer jusqu’en automne. Araneus angulatus chasse en hauteur sur une toile de 60 à 70 cm tissée entre des supports distants parfois de plusieurs mètres. Son activité est plutôt nocturne. Cette espèce est assez commune en Ile-de-France. J’ai trouvé celle-ci dans une lande à callunes en forêt de Rambouillet.
Retrouvez une autre araignée à bosses :
Gibbaranea bituberculata
Sources :
Araneus angulatus, fiche descriptive dans l’INPN (A.Carnard – 20214)
Les araignées à toile géométrique de la région PACA, de Françoise Drouard
lundi 13 novembre 2023
J’adore la silhouette tourmentée des vieux poiriers que l’on voit encore dans les campagnes. Celui-ci marque l’angle d’un jardin. Sous la ramure de cet arbre généreux, le sol est jonché de poires. Curieusement, du côté du pré à vaches, il n’y en a aucune.
Les belles lisses poires de mon enfance !
Elles sont superbes, ces poires. Dans le village, on les appelle « poires de Curé ». C’est une ancienne variété qui a été très en vogue au 19ème et au 20ème siècle. Elle est encore commercialisée par quelques pépiniéristes.
Voici ce qu’en dit André Leroy dans son Dictionnaire de pomologie (1867) :
« Vers 1760, un M. Leroy, curé de Villiers-en-Brenne, rencontra non loin de son presbytère, dans les bois de Fromenteau, à un kilomètre du château de ce nom, un poirier sauvage dont le fruit lui parut assez remarquable pour que l’idée lui vint de la propager. Il en greffa dans une vigne attenant à son jardin, et c’est de là que sont sortis toujours en s’améliorant, en se perfectionnant, les innombrables poiriers qui ont peuplé tous les environs. […] Cette nouvelle espèce de poirier s’était rapidement répandue, et le mérite de son fruit n’avait pas tardé d’être apprécié, puisque dès avant notre première Révolution, le ministre Amelot de Chaillou, qui avait des domaines dans la paroisse de Villiers, ne manquait pas de s’en faire envoyer chaque année pour sa table. »
La poire de Curé, très ferme, est, paraît-il, la meilleure des poires à cuire. Il fallait que j’expérimente !
Voici ma recette :
Vous m’en direz des nouvelles !
Source :
Dictionnaire de pomologie Tome 1 – poires A à C – André LEROY (1867)
dimanche 12 novembre 2023
La belle découverte !
Cette punaise au look étonnant observé sur un coteau calcaire est Phymata crassipes, de la famille des Reduviidae. Le dernier article des antennes, long et cylindrique, indique que c’est un mâle.
Ses fortes pattes antérieures se referment en pince comme celles de la mante religieuse. Son étreinte doit être redoutable ! Au repos, ses antennes se rangent dans une gouttière sous l’avancée du pronotum.
Phymata crassipes apprécie les milieux secs et ensoleillés. Cette punaise se cache dans les inflorescences des plantes basses et capture des insectes pollinisateurs, abeilles et papillons notamment, à l’aide de ses pattes ravisseuses.
Les adultes peuvent hiverner.
Retrouvez une autre Reduviidae :
Rhinocoris annulatus
samedi 11 novembre 2023
Le dessous d’une feuille de chêne au parc de Gourjade présente des plages pointillées de noir. Je réalise dans l’écran de mon appareil photo que ce sont des œufs dressés, fixés par leur base à l’épiderme de la feuille. Ils ont une forme en fuseau et sont operculés à leur sommet.
Un peu plus loin, je découvre quelques larves environnées de leur déjections noires. Cet aspect me rappelle fortement les dégâts du tigre du poirier, Stephanitis pyri. Il y aurait donc des tigres sur les chênes maintenant ?
Voici un adulte. C’est bien un tigre ! Une recherche rapide me fournit l’explication : Corythucha arcuata, espèce invasive d’origine nord-américaine est arrivée en France en 2017 dans la région de Toulouse. Elle est désormais présente dans tout le quart sud-ouest de la France ainsi que dans la région lyonnaise.
Corythucha arcuata vit sur les chênes et il semble s’être très bien adapté à de nombreuses espèces européennes du genre Quercus, mais il n’attaque apparemment pas le chêne vert.
Retrouvez un autre Corythucha :
Corythucha ciliata
Source :
Punaise réticulée du chêne, par e-phytia
vendredi 10 novembre 2023
En examinant au matin le contenu de mon piège lumineux, je trouve cette noctuelle que je prends au début pour une Mythimna. Mais je n’en trouve aucune avec ces motifs. Il s’agit en fait d’une espèce d’un genre voisin, Leucania loreyi, typique du sud de la France et des rivages atlantiques. Comme elle est migratrice, elle s’aventure parfois plus au nord ou plus loin des côtes. Son pic de vol est fin octobre.
Ses chenilles consomment toutes sortes de graminées sauvages, mais aussi le blé, le maïs, le sorgho et le riz. Cosmopolite, elle est présente même dans l’hémisphère sud, en Afrique du sud, à Madagascar, en Australie.
Retrouvez une autre noctuelle migratrice :
La noctuelle de la cardère
jeudi 9 novembre 2023
Pour un fois, ce n’est pas un frelon asiatique qui vient se restaurer sur le lierre en fleur. Mais ce frelon européen est bizarre, je le trouve svelte. Comptons les articles des antennes : il y en a 13 et non 12, c’est un mâle !
Le dessous des articles antennaires est orné de petits tubercules donnant aux antennes un profil crénelé. Ces tyloïdes ont un rôle dans la reconnaissance sexuelle, via l’émission de phéromones. Dans la famille des Vespidae, où l’on trouve les guêpes et les frelons, le nombre et la forme des tyloïdes, apanage des mâles, est un critère de détermination des espèces.
Retrouvez un autre hyménoptère butineur du lierre :
La collète du lierre
Source :
Hyménoptères vespiformes – L. Berland (Faune de France 19)
Antennal glands in male bees: structures for sexual communication by pheromones?
Roberto ROMANIa, Nunzio ISIDORO, Paola RIOLO, Ferdinando BIN
mercredi 8 novembre 2023
Je récupère cette belle araignée en passant mon filet dans une touffe de bruyère à quatre angles. Le dessin très particulier de sa face me permet d’identifier l’espèce Oxyopes ramosus. Mon individu a les pédipalpes fins d’une femelle.
Voici un mâle adulte de la même espèce, trouvé un peu plus loin, reconnaissable à ses pédipalpes volumineux.
Oxyopes ramosus ne tisse pas de toile, mais chasse à l’affût cachée dans les callunes et les bruyères. Elle bondit pour capturer ses proies. En Ile-de-France, on peut l’observer dans les landes des massifs forestiers de Fontainebleau et de Rambouillet.
Mes photos faites, je relâche bien sûr ces araignées dans leur milieu naturel.
Retrouvez quelques insectes des bruyères et des callunes :
Pachycnemia hippocastanaria
Cryptocephalus biguttatus
Zygina rubrovittata
mardi 7 novembre 2023
Il y a une bête sur mon basilic !
Il me faut y regarder de près pour comprendre que c’est une cicadelle. Agallia consobrina ne mesure en effet que 3mm. Cette Cicadellidae de la sous-famille des Agalliinae est assez commune et vit sur des plantes basses. Elle peut être observée toute l’année. Je l’ai déjà vue dans des prairies sur un gaillet gratteron et une autre fois sur un géranium vivace.
Retrouvez une autre cicadelle :
La cicadelle de l’orme
Source :
Agallia consobrina, par British Bugs
lundi 6 novembre 2023
Je lève ce papillon de nuit au vol hésitant en foulant l’herbe d’un bord de champ de colza. Ce joli Crambidae est Hellula undalis, la nymphule ondée, dont les chenilles consomment justement des Brassicaceae.
Cet individu plus blond butine une fleur de menthe à feuilles rondes.
Hellula undalis vole d’avril jusqu’à la mi-novembre, avec un pic fin octobre. Cette espèce méridionale est occasionnelle dans la moitié nord de la France.
Retrouvez un autre Crambidae des champs :
La pyrale du maïs
dimanche 5 novembre 2023
Cette mouche passe de fleur en fleur sur une touffe de lycope d’Europe. La base des antennes orange et l’abdomen rouge et noir saupoudré de pruine blanche me permettent de reconnaître Peleteria iavana, un diptère Tachinidae que l’on peut observer de mai à novembre. Je l’ai déjà vue butiner les fleurs des lierres.
Sa biologie est bien peu connue, ses larves parasitent sans doute des chenilles de noctuelles mais on ignore lesquelles.
Retrouvez une autre mouche Tachinidae :
Phasia aurigera
Source :
How to split Tachina fera type tachinids in photos, dans Tachinid Recording Sheme
samedi 4 novembre 2023
J’ai trouvé une drôle de petite bête plate (3mm) au bord d’un champ. Ne dirait-on pas un tigre ?
Son pronotum est marqué de deux carènes longitudinales seulement, et non trois, il me faut donc chercher ailleurs. Là, je découvre l’existence d’une toute petite famille d’hétéroptères, les Piesmatidae. Celui-ci est Piesma maculatum. Cette espèce n’est pas rare, mais elle manquait dans la base de données régionale d’Ile-de-France.
Piesma maculatum vit essentiellement sur les Amaranthaceae, en particulier les chénopodes. Il peut se nourrir sur les betteraves, mais n’occasionne pas de dégâts sensibles en piquant cette plante avec son rostre. Il ne transmet pas non plus les virus des jaunisses des betteraves, ce qui est le fait de plusieurs espèces de pucerons.
Pour comparer, voici des tigres (famille des Tingidae) :
Tingis auriculata
Tingis cardui
Source :
Revision of Palaearctic Piesmatidae – Von Ernst HEISS and Jean PERICART
vendredi 3 novembre 2023
Avec une taille approchant le centimètre, Cicadella viridis est l’une des plus grosses cicadelles de France. Elle affectionne les bords des mares et des étangs. Celle-ci, une femelle, est posée sur une feuille de laîche près de l’étang de Plaisir en forêt de Sainte-Appoline.
Et voici le mâle, aux ailes d’un beau bleu sombre.
Cette photo d’un couple en approche montre la différence de taille entre le mâle et la femelle. Les proportions sont différentes ainsi que la forme des élytres.
Couple de Cicadella viridis – Plaisir © Gilles Carcassès
Les larves de cette espèce arborent un très beau pyjama à rayures !
Retrouvez un autre homoptère vert :
Tettigometra virescens
jeudi 2 novembre 2023
Cette chose intrigante trouvée sur une feuille d’aubépine est en fait animée. Sur cette photo, on distingue sa tête brune et trois courtes pattes thoraciques. Il s’agit d’une fausse chenille, la larve de la tenthrède Caliroa cerasi. Celle-ci vit sur les rosacées arbustives et les arbres fruitiers. Les larves broutent l’épiderme supérieur des feuilles. Ces fausses chenilles observées en automne sont de la deuxième génération annuelle.
Retrouvez une autre larve de tenthrède :
Nematus septentrionalis
Source :
Caliroa cerasi, par e-phytia
mercredi 1er novembre 2023
Quelle est cette petite chose sur une feuille d’aubépine?
La réponse, demain !
mardi 31 octobre 2023
En explorant un chêne du parking de la Maison des insectes je récupère ce joli balanin aux élytres pommelés. Voilà qu’il s’aventure sur ma manche de chemise ! Ce balanin ne ressemble pas à ceux que je connais, alors je sollicite l’avis d’experts. Au préalable, j’échafaude une proposition d’identification. La clé des Curculio du forum du Monde des insectes m’oriente vers Curculio pellitus :
Deux avis conformes me rassurent, j’ajoute donc cette espèce à l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.
Curculio pellitus vit sur les chênes et semble assez rare en Ile-de-France. Sa larve se développe dans les glands.
Retrouvez d’autres Curculio :
Curculio elephas
Curculio glandium
lundi 30 octobre 2023
Ces compagnons blancs au bord du chemin hébergent-ils quelque insecte intéressant ? Voici une petite punaise Miridae posé sur une de ces fleurs. Elle a sorti son rostre. Ses antennes noires et ses tibias sans taches m’orientent vers Dicyphus globulifer qui justement vit sur les silènes. Les Dicyphus sont nombreux et c’est un genre dont les espèces sont difficiles à déterminer. Quelques-unes font exception, dont celle-ci. Il faut dire que la connaissance de la plante hôte aide bien à lever des doutes.
Dicyphus globulifer compte une seule génération par an, les adultes passent l’hiver.
Retrouvez un autre Miridae :
Orthops campestris
dimanche 29 octobre 2023
Des rosiers botaniques ont été plantés en haut du belvédère qui domine l’étang de la Galiotte. Leurs petites feuilles sont grignotées par des fausses chenilles. Il s’agit ici de larves du genre Cladius, probablement Cladius pectinicornis qui vit sur les Rosaceae (fraisier, alchémille, églantier, reine des prés, pimprenelle).
Voici une vue en contre-jour pour apprécier sa belle coiffure !
Retrouvez une autre tenthrède des rosiers :
Arge ochropus
Une autre larve de tenthrède :
Priophorus grandis
samedi 28 octobre 2023
En inspectant de généreux pieds de consoude dans une friche humide, je rencontre cette élégante punaise. Il s’agit de Peribalus strictus, et même de sa sous-espèce vernalis car les deux derniers articles des antennes sont tachés de noir.
Peribalus scrictus vernalis est une espèce commune qui se nourrit sur de très nombreuses plantes, parmi lesquelles les ronces, les sureaux, les molènes, les crucifères, les légumineuses, les ombellifères. On peut l’observer de mars à novembre.
Retrouvez un autre Pentatomidae :
Holcogaster fibulata
Source :
Peribalus strictus vernalis, fiche descriptive dans l’INPN (Roland Lupoli – 2020)
vendredi 27 octobre 2023
Dans une ruelle déserte, un haut mur recouvert de lierre offre le spectacle fascinant de dizaines de butineurs passant de fleurs en fleurs. Les frelons européens et asiatiques sont de la partie et bousculent les collètes du lierre affairées à la récolte du pollen. Un frelon plus gros que les autres me frôle en vrombissant. Bizarre, ce frelon… Je crois reconnaître une espèce que je n’ai encore jamais rencontrée, Milesia craboniformis. Il ne me reste plus qu’à attendre qu’elle repasse et se pose à portée pour la photographier. Au bout de dix minutes d’immobilité, je réussis ce cliché. C’est bien la milésie faux-frelon ! C’est le plus gros syrphe d’Europe ; ses larves vivent dans les cavités humides des vieux chênes.
Heureux de mon coup, je presse le pas pour éviter l’averse. Au coin de la rue, une patrouille de police s’arrête à ma hauteur et l’un d’eux me lance par la fenêtre de la voiture : Excusez- moi, Monsieur, vous n’auriez pas vu un individu au comportement suspect qui trainerait dans le quartier ? J’étais trop occupé à observer les insectes pour avoir remarqué quelque chose. Avec une mine patibulaire, ajoute-t-il ! Hum, à la réflexion, ce serait presque vexant.
Retrouvez un autre syrphe forestier :
Brachypalpus valgus
Source :
Milesia craboniformis, fiche descriptive dans l’INPN (Thomas Lebard – 2021)
jeudi 26 octobre 2023
De tout petits coléoptères festoient sur un pied de mauve musquée. Sont-ils vraiment noirs ? La photo me confirme mon impression, leurs élytres ont un reflet bleu.
Je m’approche pour discerner des détails utiles à la détermination. Il a un pot à crayons sur la tête ! Je ne sais pas à quoi cela lui sert, mais c’est un critère pour reconnaître l’espèce Aspidapion aeneum, inféodée aux mauves, à la guimauve, aux lavatères et aux roses trémières. Malgré sa tête très allongée, ce n’est pas un charançon mais un Brentidae, famille voisine des Curculionidae.
Les larves de cette espèce creusent des galeries à la base des tiges et dans les racines de leur plante hôte. Les adultes passent l’hiver.
Retrouvez un autre Brentidae :
L’Apion rouge
Source :
Aspidapion, par Apions de France
mercredi 25 octobre 2023
Il n’y a pas beaucoup de chênes dans le parc du peuple de l’herbe, explorons donc ceux qui ombragent le parking de la Maison des insectes.
Dans une branche basse, je trouve cette petite coccinelle. Peut-être une Adalia decempunctata ? Cette espèce est tellement variable ! Mais le motif sur le pronotum ne correspond pas. Il s’agit en fait d’Oenopia lyncea, que je n’avais encore jamais rencontrée. Cette coccinelle assez rare en Ile-de-France vit sur les arbres et les buissons et se nourrit de pucerons. Quant elle est observée, c’est souvent sur un chêne.
Retrouvez un autre Oenopia :
La coccinelle rose
D’autres coccinelles à points blancs :
Les coccinelles à points blancs
Source :
Oenopia lyncea, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
mardi 24 octobre 2023
Cet insecte court sur le sol au pied d’une petite falaise terreuse farcie de terriers d’abeilles sauvages. Je m’en saisis courageusement et le dépose rapidement dans mon bac blanc. Ce n’est pas une fourmi comme je le pensais car les antennes ne correspondent pas ni le thorax : c’est une mutille !
Chez les Mutillidae, hyménoptères parasitoïdes, l’espèce Myrmilla triareolata présente à l’avant de l’abdomen une petite expansion latérale en forme de crochet tourné vers l’arrière. Myrmilla calva, une espèce très proche avec laquelle elle était confondue jusqu’en 2019, est plus sudiste et a un peu de rouge sur la tête.
Ici c’est une femelle, car les mâles sont ailés. Elle pond dans les terriers d’abeilles Halictidae, notamment des Lasioglossum.
Les femelles Mutillidae sont connues pour leur piqure douloureuse. J’ai bien fait de ne pas m’attarder avec la bête dans la main !
Retrouvez un autre hyménoptère parasite :
Perilampus ruficornis
Source :
The velvet ants (Hymenoptera: Mutillidae) of the Czech Republic
and Slovakia: an identification key and annotated checklist
PETR BOGUSCH
lundi 23 octobre 2023
En passant dans les rosettes de vipérines, je fais voler de tout petits papillons qui se reposent bien vite sur leur plante hôte. Il s’agit de Dialectica scalariella, un Gracillariidae inféodé aux Boraginaceae et qui est très fréquent sur les vipérines.
En voici un dressé sur ses pattes avant. Il agite sans cesse ses antennes, c’est probablement un comportement de recherche de partenaire.
Je trouve sans peine une mine encore habitée par sa chenille sur la face supérieure d’une feuille. J’ai retiré le toit de la mine pour vous la montrer. Les petits grains noirs au centre de la mine sont les excréments de la chenille. Certains pieds de vipérine sont tellement colonisés par cet insecte que leurs feuilles en sont toutes crispées.
Ce papillon a été introduit en Australie pour contrôler Echium plantagineum, un vipérine méditerranéenne invasive sur ce continent.
Retrouvez un autre Gracillariidae :
Macrosaccus robiniella
Source :
Dialectica scalariella, par Gracillariidae.net
Dialectica scalariella, dans Plant parasites of Europe
dimanche 22 octobre 2023
Trois taches noires sur le pronotum : on ne peut pas la confondre ! Eupterycyba jucunda, la seule espèce de son genre, vit sur les aulnes. Encore une belle Typhlocybinae : elle aura l’honneur d’intégrer ma présentation, consacrée à cette sous-famille, aux Rencontres Naturalistes d’Ile-de-France du 2 décembre 2023. Inscrivez-vous vite, les places sont limitées !
Retrouvez une autre Typhlocybinae :
Linnavuoriana sexmaculata
samedi 21 octobre 2023
Quelle est cette belle mouche sur le lierre en fleur ? J’ai connu des taons aux yeux rayés : en serait-ce un ?
Les courbes caractéristiques des nervures de l’aile me donnent la réponse : ce n’est pas un taon, mais une éristale, de la famille des Syrphidae. Il s’agit ici d’Eristalinus taeniops, facile à observer à l’automne sur les fleurs de lierre, à condition d’être suffisamment au sud. Cette espèce est en effet méditerranéenne. Sauf exception, elle n’est pas présente au nord de Bordeaux.
Les larves d’Eristalinus taeniops sont aquatiques et se nourrissent de matières organiques en décomposition.
Retrouvez une autre éristale :
L’éristale des fleurs
vendredi 20 octobre 2023
Que sont donc ces petites lèvres noires sur les feuilles de ce peuplier tremble ?
Ce sont les émergences de galles rondes situées sur la face inférieure des feuilles.
Je sectionne une galle pour connaître sa structure. La paroi n’est pas très épaisse et la galle ne forme pas une protubérance sur la face supérieure, ces détails plaident en la faveur de l’espèce Harmandiola populi, mais l’espèce Harmandiola cavernosa est possible aussi. Ce sont deux des quatorze espèces de diptères Cecidomyiidae qui affectent les trembles.
Presque toutes ces galles sont vides et brunes, une seule, encore verte et aux lèvres fermées, contient peut-être l’insecte. Je mets ça en élevage dans un bocal aéré et on verra bien si quelqu’un en sort.
Retrouvez une autre galle de Cecidomyiidae :
La galle poilue du hêtre
Source :
Galles sur peuplier, par Plant parasites of Europe
jeudi 19 octobre 2023
Je secoue une touffe de consoude et récupère dans mon bac blanc cette chenille bien colorée. Plusieurs espèces de lépidoptères ont pour plante hôte la consoude : le Cordon blanc, l’Ecaille cramoisie, le Bombyx de la ronce et quelques autres, mais aucun n’a une chenille semblable, sauf Ethmia quadrillella, de la famille des Depressariidae.
Ce papillon très commun vole d’avril à août, celui de la photo ci-dessus a été observé au mois de juin.
Retrouvez un autre Ethmia :
Ethmia bipunctella
Source :
Les insectes de la consoude, Symphitum officinale, par Plant Parasites of Europe
mercredi 18 octobre 2023
Une bien jolie mouche !
Trypetoptera punctulata, en raison de ses ailes tachées de noir, pourrait passer pour une Tephritidae mais elle appartient en fait à la famille des Sciomyzidae. Ses larves consomment des escargots terrestres.
Cette vue de dessus permet d’apprécier toute la beauté du dessin des ailes.
Contrairement aux autres Sciomyzidae, elle n’affectionne pas spécialement les lieux humides. On rencontre généralement cette espèce commune dans la végétation basse des lisières forestières.
Retrouvez un autre diptère Sciomyzidae :
Limnia unguicornis
Source :
Tephritidae et Phaeomyiidae de la Manche, Xavier Lair & Alain Livory
mardi 17 octobre 2023
Dans la ripisylve des berges de Seine, l’épiaire des marais dresse ses épis de fleurs roses.
Les fleurs sont disposées en couronnes sur la tige et leur lèvre inférieure est ornée de motifs d’un rose plus foncé. Ne dirait-on pas de petites fleurs d’orchidées ?
Comme chez toutes les Lamiaceae, les graines sont groupées par quatre. D’abord vertes, elles virent au noir à maturité.
Stachys palustris apprécie les terrains humides, voire franchement gorgés d’eau.
Retrouvez une autre grande Lamiaceae :
La ballote noire
lundi 16 octobre 2023
Ce n’est pas un puceron mais un psoque !
Caecilius fuscopterus a en effet une bonne tête de psocoptère, toute en largeur avec des yeux proéminents. Je l’ai trouvé dans la toute petite famille des Caeciliusidae. Cette espèce vit dans les chênes, les aubépines, les saules, et sans doute d’autres arbres où elle consomme des algues vertes microscopiques. On l’observe de juin à octobre.
Retrouvez un autre psocoptère :
Graphopsocus cruciatus
Source :
Psocoptères – André Badonnel (Faune de France n°42)
dimanche 15 octobre 2023
Ce bel ichneumon accompagne ma promenade le long de la route Dauphine en forêt de Marly. Il se pose quelques instants sur une ombelle de berce et finit par prendre la pose sur une feuille de ronce.
Je prends un cliché à tout hasard, peu confiant quant à la réussite d’une détermination dans une famille riche de plus de 2700 espèces en France ! Mais celui-ci fait partie des très rares cas identifiables sur photo. Il s’agit d’une femelle Ichneumon xanthorius, un parasite des chenilles assez commun en Ile-de-France. Le mâle est différent, avec notamment des antennes entièrement noires et l’extrémité de l’abdomen sans taches jaunes.
Retrouvez un autre Ichneunomidae aux antennes tricolores :
Lymantrichneumon disparis
samedi 14 octobre 2023
Je repère cette petite chenille arpenteuse dans une ortie dioïque en fleur. Ses motifs ont exactement la même couleur que la tige de la plante ! La prise de vue est assez acrobatique et il y a du vent, ce qui n’arrange rien. Aussi, pour éviter de me piquer les mains, je transfère la bête dans un pilulier, le temps de faire quelques photos.
Elle possède les dessins caractéristiques de l’eupithécie des centaurées, Eupithecia centaureata. Ce nom prête d’ailleurs à confusion car la chenille de cette espèce se nourrit sur de très nombreuses plantes basses de différentes familles et pas seulement sur les centaurées.
Voici le papillon, à l’allure bien typée. C’est en fait l’une des rares eupithécies faciles à reconnaître. L’espèce est très commune.
Eupithecia centaureata vole d’avril à octobre, ses chenilles sont observées en juin et puis d’août à octobre.
Retrouvez une autre Eupithecia :
Eupithecia abbreviata
vendredi 13 octobre 2023
Décidément, il n’y a plus de saisons ! Ce papillon vole de mai à août. Je l’ai observé au bord de l’étang de la vieille ferme début octobre, c’est exceptionnellement tardif !
Les chenilles de Chrysocrambus linetella se nourrissent de racines de graminées. L’espèce n’a qu’une génération par an. Ce Crambidae commun est présent presque partout en France.
Retrouvez un autre Crambus :
Le Crambus des jardins
jeudi 12 octobre 2023
En excursion aux Mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet, je sens qu’un gros insecte vient de se poser sur ma main. J’ai juste le temps de prendre cette photo.
Ce drôle d’équipage est composé d’une mouche prédatrice et de sa proie, fichée sur son rostre, en l’occurrence un autre diptère de dimension beaucoup plus modeste. Cette grosse touffe de poils entre les yeux permet de reconnaître un représentant de la famille des Asilidae. La grande taille (15mm) de celui-ci et les pattes tachées de marron m’orientent vers le genre Tolmerus. Pour distinguer l’espèce, il faudrait une bonne vue de profil de l’abdomen, mais l’animal ne m’a pas laissé le loisir de faire une autre photo.
Les Tolmerus volent d’avril à octobre, ils fréquentent les espaces boisés et les prairies. On les observe souvent posés sur la végétation, guettant le passage d’une proie.
Retrouvez d’autres Asilidae :
Dioctria atricapilla
Ma mouche apprivoisée
mercredi 11 octobre 2023
Un papillon gris volette parmi les joncs d’une zone humide, je le vois se poser un peu plus haut dans une callune. Coup de chance, il ne s’est pas enfoui dans la végétation et je le retrouve assez facilement. Les ailes en delta m’oriente vers les Crambidae. Serait-ce le Botys poudreux que j’ai déjà croisé dans un milieu semblable ? Non, les dessins des ailes sont différents. Il s’agit du Botys de l’armoise, Loxostege sticticalis. Ce papillon qui vole d’avril à octobre est cosmopolite. Comme son nom l’indique, ses chenilles consomment des armoises, mais aussi d’autres végétaux dont de nombreuses plantes cultivées, notamment la betterave.
En voici un autre observé dans mon jardin au mois de juin, il butinait des fleurs de tanaisie.
Retrouvez un autre Botys :
Le Botys âne
mardi 10 octobre 2023
Je secoue quelques branches basses d’un églantier envahi de clématite sauvage et je récupère cette curieuse punaise de 4mm. Replacée sur la clématite, elle me permet quelques clichés. A sa tête très transverse et ses gros yeux, je reconnais un membre de la famille des Geocoridae.
Geocoris megacephalus est une méridionale qui gagne vers le nord. Elle n’est pas encore très commune en Ile-de-France. Cet adepte des terrains secs et ensoleillés chasse de petits insectes ou leurs larves au sol et dans la végétation.
Retrouvez un autre Geocoris :
Geocoris erythrocephalus
Sources :
Hémiptères Lygaeidae, de Jean Péricart
Les punaises prédatrices, dans e-phytia
lundi 9 octobre 2023
Je vois souvent des feuilles présentant des mines blanchâtres, sur les chênes, les noisetiers ou les châtaigniers, mais sur un tilleul, ce n’est vraiment pas banal ! Aussi, j’entreprends l’élevage de l’insecte responsable de la mine en prélevant la feuille et en la plaçant dans un bocal aéré, en espérant une émergence.
C’est un papillon de 3mm qui est sorti de la mine au douzième jour. Il a un look de Gracillariidae. J’interroge donc la base de données mondiale qui fait référence pour cette famille. Sur les tilleuls, en Europe, trois espèces seulement sont répertoriées : Telamoptilia tilliae, Phyllonorycter messaniella et Phyllonorycter issikii.
Les deux premières espèces sont visuellement différentes de mon individu mais la troisième espèce colle très bien ! Un expert à qui j’ai envoyé le spécimen confirme la détermination, aussi je sollicite la création de ce nouveau taxon pour l’Ile-de-France. Le site Oreina ne répertorie que deux observations de Phyllonorycter issikii pour la France, en 2007 et en 2015, toutes deux situées dans le quart nord-est. Cette espèce asiatique arrivée en Europe de l’Est vers 1970 est en progression rapide vers l’ouest.
Lorsque les infestations sont importantes, ce ravageur peut affaiblir les tilleuls au point de diminuer la teneur en sucre du nectar et peut avoir un impact négatif sur la production de bois. Mais la nature est bien faite, on lui connaît au moins 60 espèces de parasites dont beaucoup sont présents en Europe.
Voici l’un des parasitoïdes de cette espèce :
Sympisesis dolichogaster
Retrouvez un autre Phyllonorycter :
Phyllonorycter quercifoliella
Sources :
De Prins, J. & De Prins, W. 2006-2022. Base de données taxonomique mondiale des Gracillariidae (Lepidoptera). Publication électronique sur le World Wide Web (http://www.gracillariidae.net) [25 09 2023]
Phyllonorycter issikii, dans Plant parasites of Europe
dimanche 8 octobre 2023
En explorant quelques branches basses de hêtre, je découvre cette curieuse chenille. Ces pinceaux roux encadrant sa tête sont typiques de l’espèce Colocasia coryli, dont je vous ai déjà montré l’adulte.
Une bonne bouille !
Les chenilles de Colocasia coryli se nourrissent sur divers feuillus, dont le hêtre. Les pics de vol du papillon, en avril et en juillet, traduisent deux générations annuelles. Cette espèce commune hiverne sous forme de chrysalide.
Retrouvez une autre jolie chenille de Noctuidae :
Le Double-Omega
samedi 7 octobre 2023
Malva moschata égaie les prairies tout l’été de ses grandes fleurs roses. Son feuillage découpé lui confère une élégance certaine.
Sa famille, les Malvaceae, comprend aussi les tilleuls ! Les gendarmes ne s’y trompent pas : ces punaises rouges et noires fréquentent indifféremment les mauves, les roses trémières, les hibiscus et les tilleuls.
Malva alcea, plus rare, est une espèce proche. Le plus simple pour les distinguer est d’observer leurs fruits : les akènes de Malva moschata sont beaucoup plus velus.
Retrouvez une autre Malvaceae :
La guimauve
vendredi 6 octobre 2023
Décidément, la bugrane rampante recèle des trésors ! Voici une petite punaise Miridae (4mm) inféodée aux Ononis : Macrotylus paykullii.
On reconnaît cette espèce aux paquets de poils noirs sur les hémélytres ainsi qu’aux antennes et aux tibias, tous deux marqués de sombre à leur base.
Retrouvez un autre habitant de la bugrane :
Gampsocoris punctipes
Une autre Miridae verte :
Macrolophus pygmaeus
Source :
Hétéroptères Miridae par E. Wagner et H. H. Weber – Faune de France