Trois taches noires sur le pronotum : on ne peut pas la confondre ! Eupterycyba jucunda, la seule espèce de son genre, vit sur les aulnes. Encore une belle Typhlocybinae : elle aura l’honneur d’intégrer ma présentation, consacrée à cette sous-famille, aux Rencontres Naturalistes d’Ile-de-France du 2 décembre 2023. Inscrivez-vous vite, les places sont limitées !
Quelle est cette belle mouche sur le lierre en fleur ? J’ai connu des taons aux yeux rayés : en serait-ce un ?
Les courbes caractéristiques des nervures de l’aile me donnent la réponse : ce n’est pas un taon, mais une éristale, de la famille des Syrphidae. Il s’agit ici d’Eristalinus taeniops, facile à observer à l’automne sur les fleurs de lierre, à condition d’être suffisamment au sud. Cette espèce est en effet méditerranéenne. Sauf exception, elle n’est pas présente au nord de Bordeaux.
Les larves d’Eristalinus taeniops sont aquatiques et se nourrissent de matières organiques en décomposition.
Que sont donc ces petites lèvres noires sur les feuilles de ce peuplier tremble ?
Ce sont les émergences de galles rondes situées sur la face inférieure des feuilles.
Je sectionne une galle pour connaître sa structure. La paroi n’est pas très épaisse et la galle ne forme pas une protubérance sur la face supérieure, ces détails plaident en la faveur de l’espèce Harmandiola populi, mais l’espèce Harmandiola cavernosa est possible aussi. Ce sont deux des quatorze espèces de diptères Cecidomyiidae qui affectent les trembles.
Presque toutes ces galles sont vides et brunes, une seule, encore verte et aux lèvres fermées, contient peut-être l’insecte. Je mets ça en élevage dans un bocal aéré et on verra bien si quelqu’un en sort.
Je secoue une touffe de consoude et récupère dans mon bac blanc cette chenille bien colorée. Plusieurs espèces de lépidoptères ont pour plante hôte la consoude : le Cordon blanc, l’Ecaille cramoisie, le Bombyx de la ronce et quelques autres, mais aucun n’a une chenille semblable, sauf Ethmia quadrillella, de la famille des Depressariidae.
Ce papillon très commun vole d’avril à août, celui de la photo ci-dessus a été observé au mois de juin.
Trypetoptera punctulata, en raison de ses ailes tachées de noir, pourrait passer pour une Tephritidae mais elle appartient en fait à la famille des Sciomyzidae. Ses larves consomment des escargots terrestres.
Cette vue de dessus permet d’apprécier toute la beauté du dessin des ailes.
Contrairement aux autres Sciomyzidae, elle n’affectionne pas spécialement les lieux humides. On rencontre généralement cette espèce commune dans la végétation basse des lisières forestières.
Dans la ripisylve des berges de Seine, l’épiaire des marais dresse ses épis de fleurs roses.
Les fleurs sont disposées en couronnes sur la tige et leur lèvre inférieure est ornée de motifs d’un rose plus foncé. Ne dirait-on pas de petites fleurs d’orchidées ?
Comme chez toutes les Lamiaceae, les graines sont groupées par quatre. D’abord vertes, elles virent au noir à maturité.
Stachys palustris apprécie les terrains humides, voire franchement gorgés d’eau.
Caecilius fuscopterus a en effet une bonne tête de psocoptère, toute en largeur avec des yeux proéminents. Je l’ai trouvé dans la toute petite famille des Caeciliusidae. Cette espèce vit dans les chênes, les aubépines, les saules, et sans doute d’autres arbres où elle consomme des algues vertes microscopiques. On l’observe de juin à octobre.
Ce bel ichneumon accompagne ma promenade le long de la route Dauphine en forêt de Marly. Il se pose quelques instants sur une ombelle de berce et finit par prendre la pose sur une feuille de ronce.
Je prends un cliché à tout hasard, peu confiant quant à la réussite d’une détermination dans une famille riche de plus de 2700 espèces en France ! Mais celui-ci fait partie des très rares cas identifiables sur photo. Il s’agit d’une femelle Ichneumon xanthorius, un parasite des chenilles assez commun en Ile-de-France. Le mâle est différent, avec notamment des antennes entièrement noires et l’extrémité de l’abdomen sans taches jaunes.
Retrouvez un autre Ichneunomidae aux antennes tricolores :
Je repère cette petite chenille arpenteuse dans une ortie dioïque en fleur. Ses motifs ont exactement la même couleur que la tige de la plante ! La prise de vue est assez acrobatique et il y a du vent, ce qui n’arrange rien. Aussi, pour éviter de me piquer les mains, je transfère la bête dans un pilulier, le temps de faire quelques photos.
Elle possède les dessins caractéristiques de l’eupithécie des centaurées, Eupithecia centaureata. Ce nom prête d’ailleurs à confusion car la chenille de cette espèce se nourrit sur de très nombreuses plantes basses de différentes familles et pas seulement sur les centaurées.
Voici le papillon, à l’allure bien typée. C’est en fait l’une des rares eupithécies faciles à reconnaître. L’espèce est très commune.
Eupithecia centaureata vole d’avril à octobre, ses chenilles sont observées en juin et puis d’août à octobre.
Décidément, il n’y a plus de saisons ! Ce papillon vole de mai à août. Je l’ai observé au bord de l’étang de la vieille ferme début octobre, c’est exceptionnellement tardif !
Les chenilles de Chrysocrambus linetella se nourrissent de racines de graminées. L’espèce n’a qu’une génération par an. Ce Crambidae commun est présent presque partout en France.
En excursion aux Mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet, je sens qu’un gros insecte vient de se poser sur ma main. J’ai juste le temps de prendre cette photo.
Ce drôle d’équipage est composé d’une mouche prédatrice et de sa proie, fichée sur son rostre, en l’occurrence un autre diptère de dimension beaucoup plus modeste. Cette grosse touffe de poils entre les yeux permet de reconnaître un représentant de la famille des Asilidae. La grande taille (15mm) de celui-ci et les pattes tachées de marron m’orientent vers le genre Tolmerus. Pour distinguer l’espèce, il faudrait une bonne vue de profil de l’abdomen, mais l’animal ne m’a pas laissé le loisir de faire une autre photo.
Les Tolmerus volent d’avril à octobre, ils fréquentent les espaces boisés et les prairies. On les observe souvent posés sur la végétation, guettant le passage d’une proie.
Un papillon gris volette parmi les joncs d’une zone humide, je le vois se poser un peu plus haut dans une callune. Coup de chance, il ne s’est pas enfoui dans la végétation et je le retrouve assez facilement. Les ailes en delta m’oriente vers les Crambidae. Serait-ce le Botys poudreux que j’ai déjà croisé dans un milieu semblable ? Non, les dessins des ailes sont différents. Il s’agit du Botys de l’armoise, Loxostege sticticalis. Ce papillon qui vole d’avril à octobre est cosmopolite. Comme son nom l’indique, ses chenilles consomment des armoises, mais aussi d’autres végétaux dont de nombreuses plantes cultivées, notamment la betterave.
En voici un autre observé dans mon jardin au mois de juin, il butinait des fleurs de tanaisie.
Je secoue quelques branches basses d’un églantier envahi de clématite sauvage et je récupère cette curieuse punaise de 4mm. Replacée sur la clématite, elle me permet quelques clichés. A sa tête très transverse et ses gros yeux, je reconnais un membre de la famille des Geocoridae.
Geocoris megacephalus est une méridionale qui gagne vers le nord. Elle n’est pas encore très commune en Ile-de-France. Cet adepte des terrains secs et ensoleillés chasse de petits insectes ou leurs larves au sol et dans la végétation.
Je vois souvent des feuilles présentant des mines blanchâtres, sur les chênes, les noisetiers ou les châtaigniers, mais sur un tilleul, ce n’est vraiment pas banal ! Aussi, j’entreprends l’élevage de l’insecte responsable de la mine en prélevant la feuille et en la plaçant dans un bocal aéré, en espérant une émergence.
C’est un papillon de 3mm qui est sorti de la mine au douzième jour. Il a un look de Gracillariidae. J’interroge donc la base de données mondiale qui fait référence pour cette famille. Sur les tilleuls, en Europe, trois espèces seulement sont répertoriées : Telamoptilia tilliae, Phyllonorycter messaniella et Phyllonorycter issikii.
Les deux premières espèces sont visuellement différentes de mon individu mais la troisième espèce colle très bien ! Un expert à qui j’ai envoyé le spécimen confirme la détermination, aussi je sollicite la création de ce nouveau taxon pour l’Ile-de-France. Le site Oreina ne répertorie que deux observations de Phyllonorycter issikii pour la France, en 2007 et en 2015, toutes deux situées dans le quart nord-est. Cette espèce asiatique arrivée en Europe de l’Est vers 1970 est en progression rapide vers l’ouest.
Lorsque les infestations sont importantes, ce ravageur peut affaiblir les tilleuls au point de diminuer la teneur en sucre du nectar et peut avoir un impact négatif sur la production de bois. Mais la nature est bien faite, on lui connaît au moins 60 espèces de parasites dont beaucoup sont présents en Europe.
De Prins, J. & De Prins, W. 2006-2022. Base de données taxonomique mondiale des Gracillariidae (Lepidoptera). Publication électronique sur le World Wide Web (http://www.gracillariidae.net) [25 09 2023]
En explorant quelques branches basses de hêtre, je découvre cette curieuse chenille. Ces pinceaux roux encadrant sa tête sont typiques de l’espèce Colocasia coryli, dont je vous ai déjà montré l’adulte.
Une bonne bouille !
Les chenilles de Colocasia coryli se nourrissent sur divers feuillus, dont le hêtre. Les pics de vol du papillon, en avril et en juillet, traduisent deux générations annuelles. Cette espèce commune hiverne sous forme de chrysalide.
Malva moschata égaie les prairies tout l’été de ses grandes fleurs roses. Son feuillage découpé lui confère une élégance certaine.
Sa famille, les Malvaceae, comprend aussi les tilleuls ! Les gendarmes ne s’y trompent pas : ces punaises rouges et noires fréquentent indifféremment les mauves, les roses trémières, les hibiscus et les tilleuls.
Malva alcea, plus rare, est une espèce proche. Le plus simple pour les distinguer est d’observer leurs fruits : les akènes de Malva moschata sont beaucoup plus velus.
Ce cèpe est différent de ceux que je trouve habituellement. Ce chapeau brun rouge avec une pruine grise et ce pied lavé de la même teinte me rappellent un montagnard compagnon des pins, Boletus pinophilus.
L’espèce n’est pas signalée dans la base de données naturalistes francilienne. Me voilà bien perplexe, d’autant plus qu’il n’y a que des chênes et des charmes sur le lieu de la découverte et qu’aucun conifère n’est présent dans les environs.
Un expert m’indique cependant que le cèpe des pins pousse parfois au pied de feuillus. Cette espèce rare en Ile-de-France a déjà été vue une dizaine de fois dans les Yvelines depuis 1970, la dernière observation date de 2012.
Ce joli petit papillon (12mm) est venu sur notre drap éclairé lors d’une séance d’observations nocturnes. Il est facilement reconnaissable : il s’agit d’Ethmia bipunctella.
Il faut ouvrir l’œil, car c’est le moment d’observer sa chenille logée dans une délicate toile de fils de soie, sur une sommité fleurie de vipérine, sa plante hôte préférée.
Sur cette photo, cette chenille n’est pas à coup sûr celle de cette espèce car il existe d’autres Ethmia dont les chenilles sont très semblables. Des détails sur la tête permettent de les différencier mais ils ne sont pas visibles ici.
Cette belle Salticidae nous regarde quitter notre stationnement tout en haut du village de Thiverval-Grignon. Bonne pâte et curieuse comme le sont souvent les saltiques, elle se laisse tirer le portrait.
Sur le plateau agricole, le Geometridae Rhodometra sacraria décolle devant moi et se pose sur une herbe de la jachère au bord du chemin. Je n’en ai jamais vu d’aussi coloré !
Au pays des dompte-venins, communs sur ce site, Tropidothorax leucopterus est roi ! Il se restaure ici sur une ombelle d’Apiaceae.
Perchée sur une inflorescence de centaurée, l’épeire de velours a tissé sa toile. Cette belle femelle a un look inhabituel avec ces plages blanches très voyantes.
Je croise plusieurs Acleris rhombana. Les prunelliers, les aubépines et les cerisiers de Sainte-Lucie envahissent par endroits la pelouse calcaire. Ce sont justement les trois plantes hôtes principales de ce Tortricidae.
Pour plus d’informations sur ces espèces, retrouvez leur portrait dans ces articles :
J’ai capturé un insecte mystérieux au bord de la Seine dans un fourré de clématite sauvage. Placé dans un flacon aéré, je le rapporte à la maison. Voudra-t-il se restaurer avec une feuille fraiche de clématite ? Il accepte volontiers ce support et y plante même son rostre.
Il ne ressemble à rien de connu et pour cause, c’est un américain ! Acanalonia conica est un homoptère invasif extrêmement polyphage arrivé en Europe en 2003. Il a été signalé en France pour la première fois en 2020. Mon observation constitue la quatrième donnée pour la France et la première pour l’Ile-de-France.
Acanalonia conica est l’unique représentant en France de la famille des Acanaloniidae.
Retrouvez un autre homoptère d’origine américaine :
J’adore fourrer mon bac à l’aveugle dans des endroits bien broussailleux pour y dénicher des bêtes insoupçonnées. Là, c’est une aubépine envahie de clématite sauvage qui me tente. Je secoue les branches et patapouf, un gros lourdaud tombe dans le bac !
Cette invasive asiatique échappée de jardins prospère dans les coupes forestières. Ses graines ont en effet besoin d’un sol riche et remué pour germer.
Les petites fleurs jaunes ont la gorge veinée de pourpre.
Tentant, non ?
Aux fleurs succèdent des capsules allongées et gonflées à maturité. Le moindre choc les fait exploser, projetant leurs graines au loin. Quel gamin n’a pas joué à faire éclater les fruits des balsamines entre deux doigts ?
Impatiens parviflora est une plante annuelle rare en Ile-de-France, elle est cependant assez présente dans les forêts des Yvelines.
On m’apporte cette chenille trouvée au bord d’un étang en forêt de Rambouillet. Avec de telles bosses sur le milieu du dos, il s’agit d’un Notodonta. Mais lequel ?
Le plus fréquent en Ile-de-France est Notodonta dromaderius, mais sa chenille a quatre bosses dorsales. Celle de Notondota tritophus en a trois. Restent dans la course : Notondonta torva et Notodonta ziczac, tous deux à deux bosses. Comme les fausses pattes ne sont pas marquées de noir à leur extrémité, il s’agirait de Notodonta ziczac, le plus commun des deux.
Notodonta ziczac vole d’avril à septembre en deux générations. Les chenilles se nourrissent essentiellement sur les saules et les peupliers.
La ville de Paris m’a invité à participer au jury professionnel externe de son concours des décorations florales qui met en compétition les équipes de jardiniers de la ville. Le thème de l’année était « la couleur des émotions ». Voici en quelques photos une sélection de bien jolies choses que j’ai appréciées lors de cette visite.
L’équipe du jardin des Mères et Grands-Mères de la Place de mai a l’art de faire paraître grand leur petit jardin. Comment ? En multipliant les cheminements et les ambiances, et en ralentissant les pas du visiteur, il y a tant de choses à voir !
J’y ai retrouvé une fleur de mon enfance : la belle-de-jour, Convolvulus tricolor, une plante annuelle facile à réussir par semis en place.
Au parc Montsouris, on voit la vie en rose ! Et cette touche de romantisme est bien réconfortante.
Dans ce même parc, un beau vulcain butinait des Ceratostigma. En fin d’été, la floraison de ces plantes vivaces tapissantes est une merveille.
Au parc Montsouris, je me suis régalé de ce détail en mauve et bleu.
Ce salon rose onirique dans le square Louis XVI m’a transporté dans une autre époque.
Les dahlias du parc Kellermann sont accompagnés de très belle manière.
Lorsque leurs fleurs sont semi-doubles, les dahlias offrent aux insectes un cœur généreux. Ici c’est un mâle d’halicte de la scabieuse qui profite de l’aubaine.
J’explore quelques herbes au bord du sentier qui contourne les mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet. Cette petite araignée longiligne (5mm) me surprend par sa façon de tenir ses grosses pattes antérieures droites devant elle, un peu comme un chariot élévateur ou un pseudoscorpion. Ses gros yeux trahissent sa famille, celle des Salticidae. Il s’agit de Marpissa nivoyi, une espèce peu souvent observée en Ile-de-France. Elle affectionne les roseaux et les herbes des milieux humides.
En pénétrant dans un bosquet, je crois voir un petit papillon blanc se faufiler dans le feuillage d’un érable sycomore. Je le retrouve sous une feuille, et je le pousse très doucement vers la lumière pour pouvoir l’observer. Il a le dessin caractéristique de Ypsolopha sequella, un Ypsolophidae dont la chenille justement vit sur les érables.
Il n’est pas si petit que ça, car il atteint le centimètre de longueur.
Ce papillon de nuit assez commun vole de juin à octobre.
C’est sur une branche basse de pin sylvestre dans une lande à bruyères que je trouve ce coléoptère de près de 10mm. Il n’a pas le museau allongé mais c’est tout de même un charançon. Ses larves vivent dans le sol et consomment les racines des pins. Elles peuvent faire des dégâts importants dans les plantations forestières sur les jeunes pins. Cet insecte a besoin de chaleur pour effectuer son cycle. Lorsque les arbres sont plus âgés, le sol est ombragé et les pullulations diminuent.
Au matin, je trouve ce papillon dans mon piège lumineux. Il a la silhouette triangulaire qu’ont beaucoup de Crambidae, mais c’est chez les Noctuidae que je le trouve. Helicoverpa armigera est une noctuelle migratrice très polyphage, d’origine tropicale.
En Afrique, c’est un ravageur important des cotonniers, du maïs et des cultures vivrières. L’Armigère est aussi connue sous le nom de noctuelle de la tomate car sa chenille perce les fruits de cette plante.
Helicoverpa armigera est établie depuis longtemps dans le sud de la France et le réchauffement climatique lui permet de progresser chaque année vers le nord.
A force de traitements, l’espèce est devenue résistante à certains insecticides. En serres, Macrolophus pygmaeus est un agent de biocontrôle de ce ravageur.
Retrouvez une autre noctuelle de la même sous-famille :
Une feuille d’un grand frêne près de la Seine est recouverte de flocons de cire. En regardant de près, je distingue un petite larve blanchâtre. C’est un juvénile de Metcalfa pruinosa, un homoptère invasif de la famille des Flatidae, qui produit ces filaments de cire pour se camoufler.
Je retourne au même endroit quelques semaines plus tard pour apprécier l’évolution de la situation. Je ne revois pas d’amas de cire ni de juvéniles mais je trouve cet adulte en secouant une branche basse sur un frêne voisin.
Cette espèce américaine très polyphage est arrivée en France en 1985. Elle a été un ravageur important de la vigne et des arbres fruitiers du Midi de la France, jusqu’à l’introduction en 1996 d’un hyménoptère parasitoïde spécifique, lui aussi d’origine américaine. Cette action de biocontrôle par acclimatation a permis de juguler les infestations.
Mecalfa pruinosa a été signalée à Paris en 2016. Je pense que c’est la première fois qu’elle est observée dans les Yvelines.
Le saviez-vous ?
Au plus fort de leur infestation, les arbres ruissellent d’un miellat très abondant. Cela fait le bonheur des abeilles qui viennent s’y approvisionner. Certains apiculteurs produisent ainsi du miel de metcalfa, le seul à porter le nom d’un insecte !
Le battage d’un chardon des champs en fruits me fournit l’élégante punaise Oxycarenus pallens et cet hyménoptère brillamment coloré. Il s’agit d’un membre de la famille des Chrysididae. On les nomme parfois guêpes coucous parce qu’elles parasitent des larves d’autres hyménoptères. Leurs couleurs étonnantes sont dues à des interférences optiques et non des pigments, l’effet étant renforcé par les microreliefs et les ponctuations de la cuticule.
Le code couleur de celle-ci m’oriente vers le binôme d’espèces Chrysis illigeri ou Chrysis bicolor, les deux espèces étant plausibles en Ile-de-France. Il faudrait examiner le sexe d’un mâle pour pouvoir trancher.
Chrysis illigeri est connu pour parasiter des Sphecidae tandis que Chrysis bicolor est plus polyphage, parasitant aussi des Megachilidae et des Eumenidae.
Cette hespérie de la mauve volète gentiment devant moi et se pose sur une feuille de rumex au soleil. Je profite de l’aubaine car ces papillons d’habitude sont plutôt nerveux. Celui-ci, ou peut-être plutôt celle-ci à en juger par le rebondi de son abdomen, est étonnamment calme. J’apprends que les mâles de cette espèce ont un comportement territorial et passent leur temps à pourchasser les autres papillons. Ce sont eux, sans doute, les bolides que j’ai du mal à photographier.
Les chenilles de Carcharodus alceae se nourrissent exclusivement sur les Malvaceae. Les papillons volent en deux générations successives de mars à octobre.
Retrouvez l’une des plantes hôtes de ce papillon :
J’en vois beaucoup de ces petites punaises à tête rouge dans les vastes prairies du parc du peuple de l’herbe, souvent dans les vipérines mais pas uniquement. Geocoris erythrocephalus, de la famille des Geocoridae, est prédatrice de petits insectes.
Cette espèce des terrains chauds et secs est une méditerranéenne qui progresse vers le nord. Elle est maintenant bien établie en Ile-de-France.
Ce que je prends d’abord pour un grand puceron s’avère être une punaise en raison de la forme des antennes. Je la trouve chez les Berytidae qui ont tous une silhouette plus ou moins longiligne. Son abdomen n’étant pas uniformément noir, j’arrive à Gampsocoris punctipes.
Et voici une nymphe, le dernier stade avant l’état adulte. Les ailes sont encore à l’état d’ébauches.
Cette espèce pique les feuilles d’un certain nombre de plantes basses : bugles, pulmonaires, bugranes, sauges, mélisses…
Une sortie entomologie de l’Association des Naturalistes des Yvelines à la Croix de Vilpert me permet de découvrir ce secteur de la forêt de Rambouillet. En chemin vers les mares de Vilpert, je repère un polypore sur un tronc de bouleau mort. Nous y trouvons Diaperis boleti, un coléoptère mycophage et cette fausse casside, Thymalus limbatus, de la famille des Trogossitidae.
Au bord de l’eau, cette fausse chenille acrobate est attablée sur une lysimaque. Il s’agit de Monostegia abdominalis, une tenthrède oligophage sur les Primulaceae.
Ces Dioxyna bidentis, diptères Tephritidae, sont omniprésents sur la végétation des berges, tout comme leurs plantes hôtes, les pénibles bidents aux akènes en harpon qui s’accrochent sur nos vêtements.
Cachée sous une pierre, voici Arctosa leopardus, à l’abdomen moucheté de gris, une araignée Lycosidae typique des zones humides.
En lisière, sous les chênes, les succises des prés sont en fleur. Cette chenille de la noctuelle de la patience, commune et polyphage, en fait un festin.
Retrouvez les portraits des espèces citées dans cet article :
Le toit de cette mine au revers d’une foliole de robinier a été déchiré, peut-être par une mésange pour consommer les chenilles qui s’y cachent.
En voici deux : elles ont grignoté le parenchyme de la feuille, ménageant les nervures, et ont accumulé dans la mine des tas de crottes noires.
Pour tenter d’observer le papillon, je prélève une autre foliole minée et je la place dans un tube aéré. Treize jours plus tard, un adulte a émergé. Son exuvie a percé le toit de la mine. Le papillon en est sorti, mais je l’ai trouvé trop tard, mort au fond du tube.
Les dessins de ses ailes antérieures correspondent tout à fait à l’espèce Macrosaccus robiniella, un Gracillariidae invasif venu d’Amérique du Nord, qui est la terre d’origine du robinier. Introduit accidentellement en Suisse en 1983, ce papillon est maintenant bien présent en Europe ainsi qu’en Russie. Il a été signalé pour la première fois dans les Yvelines en 2021, à Maisons-Laffitte.
Retrouvez l’autre espèce mineuse des feuilles de robinier :
Ce papillon est venu à la lumière et je le trouve au matin caché dans mon piège à papillons. Ses ailes sont ornées de magnifiques dessins de plumes dans des tons de rose et de bronze. C’est la Camomilière, Actinotia polypodon, qui est inféodée aux Hypericum et dont je vous ai déjà montré la chenille présumée.
Actonotia polypodon vole en deux générations d’avril à septembre dans les prairies sèches, les jachères et les lisières où abondent ses plantes hôtes.
Les bolides à vélo font toujours leurs rondes infernales en forêt de Marly. Posé au milieu de la route de la Mare à la Bonde, ce papillon bien fatigué me parait en fâcheuse posture. Je le protège de mon corps le temps d’une séance photo puis je lui offre une brindille pour le déménager sur le bas-côté.
Ce Lycaenidae a perdu de ses couleurs mais on reconnaît les motifs et la petite queue sur l’aile postérieure de la Thécla du chêne, Quercusia quercus.
Peut-être intéressé par quelques gouttes de sueur de cycliste tombées sur la route, il a sorti sa trompe. Un bref instant, il entrouvre ses ailes, laissant voir les jolis reflets bleus de ses écailles marron.
Quercusia quercus est inféodé aux chênes, il est très commun en Ile-de-France surtout dans les massifs forestiers. Sa période de vol s’étend de début juillet à mi-septembre.
A la lumière la nuit on ne fait pas venir que des papillons : ce coléoptère est venu d’un vol lourd se poser sur le drap blanc.
Je le trouve rigolo, avec sa tête d’hippopotame ! Il s’agit de Hydrochara caraboides, un Hydrophilidae fréquent dans les mares et qui vole très bien. Les adultes consomment des végétaux aquatiques, mais leurs larves sont carnivores.
Retrouvez un autre coléoptère aquatique venu à la lumière :
En ouvrant la portière de la voiture, je repère au sol un entonnoir de fourmilion. A l’aide de deux aiguilles de pin, je dégage délicatement le monstre aux mandibules redoutables qui se cache tout au fond, enfoui dans le sable. En Ile-de-France, deux espèces de fourmilions creusent de tels pièges pour capturer des insectes, Euroleon nostras et Myrmeleon formicarius.
La tache sombre visible en vue ventrale sur la patte postérieure me permet d’identifier Myrmeleon formicarius. Cette espèce est un peu moins commune que Euroleon nostras. On la rencontre dans des espaces sableux et dégagés.
A la recherche de la somptueuse Chrysolina fastuosa sur des pieds de Galeopsis tetrahit dans une coupe forestière, je tombe sur ce Tingidae de 4mm. Il y aurait donc aussi des tigres sur les Lamiaceae ? C’est le cas de Tingis pilosa, ainsi nommé parce qu’il est garni de poils. On les devine sur cette photo.
On peut rencontrer Tingis pilosa sur Leonurus cardiaca, Stachys sylvatica, Ballota nigra, Galeopsis tetrahit et d’autres Lamiaceae.
Pour le déjeuner, avec quelques amis photographes nous nous installons sur un mobilier de pique-nique du parc du peuple de l’herbe. Au moment de partager notre fameuse tarte à la tomate, à la moutarde et au thym, nous découvrons sur la table cette larve superbement contrastée. Elle n’était pas là à notre arrivée, nous l’aurions remarquée !
Sa détermination nous donnera un indice. Il s’agit en effet de la fausse chenille de Priophorus grandis, une tenthrède des peupliers. Lorsqu’elle est prête à se nymphoser, elle rejoint le sol pour tisser son cocon dans la litière. Celle-ci est sans doute tombée d’une feuille de ce peuplier qui nous procure un ombrage bien venu. J’ai scruté le feuillage de cet arbre, mais je n’en ai pas vu d’autres.
Cette observation est une première donnée pour notre base de donnée régionale.
Cet Ypsolophidae est venu à la lumière dans un verger. Il n’est pas bien grand (1cm) mais vu de près, il vaut le coup d’œil. Son aspect hirsute lui a valu son nom : Ypsolopha horridella.
Même les antennes, couvertes d’écailles dressées, paraissent épineuses ! Les chenilles de cette espèce peu souvent observée vivent sur les prunelliers et les pommiers.
Un voisin m’a donné un semis de Tigridia et il a fleuri dans mon jardin. Cette Iridaceae originaire d’Amérique nécessite un terre riche et plutôt humide. Dès l’automne, en revanche, cette plante dont l’organe de réserve est un cormus comme le glaïeul va rentrer en dormance. Il faut alors modérer les arrosages puis la maintenir hors gel.
Beauté d’un jour !
Aux fleurs éphémères succèdent des capsules. Les graines qu’ils contiennent peuvent être semées au printemps et les nouvelles plantes ainsi obtenues fleurissent en deux ou trois ans.
Le soleil se lève, il est grand temps d’aller relever le piège à papillons. Attirés par la lampe, ils se sont cachés sous des boites d’œufs.
Ce papillon est resté sur la nappe au sol. Ses ailes montrent un dessin très chatoyant. Il s’agit de Pheosia tremula, un Notodontidae.
Les lépidoptéristes l’ont baptisé la Porcelaine. Il faut une bonne dose d’imagination pour trouver une ressemblance avec un coquillage des mers chaudes.
Les chenilles de Pheosia tremula fréquentent essentiellement les peupliers et les saules.
Au parc du peuple de l’herbe, les chênes plantés dans l’aire de stationnement de la Maison des Insectes commencent à procurer un peu d’ombre. Leurs branches basses sont aussi pour moi l’occasion d’étudier la petite faune des chênes. Dans mon filet, je capture cette étonnante cicadelle à rayures, de 4mm.
La couleur noire de la face ventrale me permet de la déterminer, il s’agit d’Alebra albostriella, une première pour notre base de données naturalistes francilienne.
Alebra albostriella vit sur les chênes, mais on peut parfois rencontrer les adultes sur d’autres arbres. J’ai débusqué cet individu tricolore dans un hêtre de la réserve naturelle du Venec, lors d’un séjour en Bretagne.
Ce Geometridae commun en été est un Macaria. Arriver à déterminer l’espèce est assez délicat, heureusement des experts ont produit la fiche technique bien pratique, citée plus bas. Il s’agit ici de Macaria alternata. La chenille de ce papillon de nuit vit sur diverses essences d’arbres et d’arbustes, en particulier les saules, les aulnes, les bourdaines et les prunelliers.
Les repousses de berces le long du chemin de Poncy sont fleuries et de nombreux insectes s’y attablent. Voici un diptère commun et facile à reconnaître avec ses lunules blanches concaves et disposées obliquement sur l’abdomen. C’est un syrphe d’assez grande taille, mesurant jusqu’à 15mm.
Scaeva pyrastri est une espèce migratrice qui recolonise chaque année le nord de la France. On la rencontre partout où pullulent les pucerons dont se nourrissent ses larves.
Dans une partie humide de la forêt de Rambouillet, les feuilles des bourdaines sont systématiquement trouées et parsemées de taches noires.
Chaque tache noire est en fait une mine en spirale, œuvre d’une chenille qui y a laissé ses excréments noirâtres. Devenue plus âgée, la chenille a tracé un bout de galerie s’éloignant de la spirale puis est sortie de la feuille en déchirant l’épiderme, ce qui correspond à la trace blanche au bout de la mine.
Désormais libre, elle continue de dévorer les feuilles de sa plante hôte en y faisant des trous entre les nervures.
Bucculatrix frangutella est un petit papillon de nuit de la famille des Bucculatrigidae inféodé aux Rhamnaceae (bourdaines et nerpruns). Cette espèce n’avait pas encore été observée en Ile-de-France.
Si vous passez par Thiverval-Grignon en suivant le GR 1, ne manquez pas de visiter le charmant lavoir tout en haut du village.
Au pied de cet édifice, dans la plate-bande de bambous nains (peut-être des Sasa pumila), prospère une impressionnante colonie de pucerons jaunes ! Leurs antennes sont panachées et les nervures de leurs ailes sont soulignées de noir. Je verrais bien là le genre Takecallis.
Ce n’est pas Takecallis arundinacea parce que le dessus de l’abdomen n’a pas de taches noires. Il s’agit ici d’une autre espèce, Takecallis arundicolens. A l’extrémité de l’abdomen, la couleur noire de la cauda « en bouton » vient confirmer l’identification.
Takecallis arundicolens est une espèce invasive d’origine asiatique, inféodée aux bambous (genres Arundinaria, Phyllostachys, Bambusa, Sasa). Elle est certainement arrivée là en même temps que sa plante hôte, via le commerce international de végétaux. Il s’agit d’une première observation pour cette espèce dans la base de données francilienne.
dimanche 22 octobre 2023
Trois taches noires sur le pronotum : on ne peut pas la confondre ! Eupterycyba jucunda, la seule espèce de son genre, vit sur les aulnes. Encore une belle Typhlocybinae : elle aura l’honneur d’intégrer ma présentation, consacrée à cette sous-famille, aux Rencontres Naturalistes d’Ile-de-France du 2 décembre 2023. Inscrivez-vous vite, les places sont limitées !
Retrouvez une autre Typhlocybinae :
Linnavuoriana sexmaculata
samedi 21 octobre 2023
Quelle est cette belle mouche sur le lierre en fleur ? J’ai connu des taons aux yeux rayés : en serait-ce un ?
Les courbes caractéristiques des nervures de l’aile me donnent la réponse : ce n’est pas un taon, mais une éristale, de la famille des Syrphidae. Il s’agit ici d’Eristalinus taeniops, facile à observer à l’automne sur les fleurs de lierre, à condition d’être suffisamment au sud. Cette espèce est en effet méditerranéenne. Sauf exception, elle n’est pas présente au nord de Bordeaux.
Les larves d’Eristalinus taeniops sont aquatiques et se nourrissent de matières organiques en décomposition.
Retrouvez une autre éristale :
L’éristale des fleurs
vendredi 20 octobre 2023
Que sont donc ces petites lèvres noires sur les feuilles de ce peuplier tremble ?
Ce sont les émergences de galles rondes situées sur la face inférieure des feuilles.
Je sectionne une galle pour connaître sa structure. La paroi n’est pas très épaisse et la galle ne forme pas une protubérance sur la face supérieure, ces détails plaident en la faveur de l’espèce Harmandiola populi, mais l’espèce Harmandiola cavernosa est possible aussi. Ce sont deux des quatorze espèces de diptères Cecidomyiidae qui affectent les trembles.
Presque toutes ces galles sont vides et brunes, une seule, encore verte et aux lèvres fermées, contient peut-être l’insecte. Je mets ça en élevage dans un bocal aéré et on verra bien si quelqu’un en sort.
Retrouvez une autre galle de Cecidomyiidae :
La galle poilue du hêtre
Source :
Galles sur peuplier, par Plant parasites of Europe
jeudi 19 octobre 2023
Je secoue une touffe de consoude et récupère dans mon bac blanc cette chenille bien colorée. Plusieurs espèces de lépidoptères ont pour plante hôte la consoude : le Cordon blanc, l’Ecaille cramoisie, le Bombyx de la ronce et quelques autres, mais aucun n’a une chenille semblable, sauf Ethmia quadrillella, de la famille des Depressariidae.
Ce papillon très commun vole d’avril à août, celui de la photo ci-dessus a été observé au mois de juin.
Retrouvez un autre Ethmia :
Ethmia bipunctella
Source :
Les insectes de la consoude, Symphitum officinale, par Plant Parasites of Europe
mercredi 18 octobre 2023
Une bien jolie mouche !
Trypetoptera punctulata, en raison de ses ailes tachées de noir, pourrait passer pour une Tephritidae mais elle appartient en fait à la famille des Sciomyzidae. Ses larves consomment des escargots terrestres.
Cette vue de dessus permet d’apprécier toute la beauté du dessin des ailes.
Contrairement aux autres Sciomyzidae, elle n’affectionne pas spécialement les lieux humides. On rencontre généralement cette espèce commune dans la végétation basse des lisières forestières.
Retrouvez un autre diptère Sciomyzidae :
Limnia unguicornis
Source :
Tephritidae et Phaeomyiidae de la Manche, Xavier Lair & Alain Livory
mardi 17 octobre 2023
Dans la ripisylve des berges de Seine, l’épiaire des marais dresse ses épis de fleurs roses.
Les fleurs sont disposées en couronnes sur la tige et leur lèvre inférieure est ornée de motifs d’un rose plus foncé. Ne dirait-on pas de petites fleurs d’orchidées ?
Comme chez toutes les Lamiaceae, les graines sont groupées par quatre. D’abord vertes, elles virent au noir à maturité.
Stachys palustris apprécie les terrains humides, voire franchement gorgés d’eau.
Retrouvez une autre grande Lamiaceae :
La ballote noire
lundi 16 octobre 2023
Ce n’est pas un puceron mais un psoque !
Caecilius fuscopterus a en effet une bonne tête de psocoptère, toute en largeur avec des yeux proéminents. Je l’ai trouvé dans la toute petite famille des Caeciliusidae. Cette espèce vit dans les chênes, les aubépines, les saules, et sans doute d’autres arbres où elle consomme des algues vertes microscopiques. On l’observe de juin à octobre.
Retrouvez un autre psocoptère :
Graphopsocus cruciatus
Source :
Psocoptères – André Badonnel (Faune de France n°42)
dimanche 15 octobre 2023
Ce bel ichneumon accompagne ma promenade le long de la route Dauphine en forêt de Marly. Il se pose quelques instants sur une ombelle de berce et finit par prendre la pose sur une feuille de ronce.
Je prends un cliché à tout hasard, peu confiant quant à la réussite d’une détermination dans une famille riche de plus de 2700 espèces en France ! Mais celui-ci fait partie des très rares cas identifiables sur photo. Il s’agit d’une femelle Ichneumon xanthorius, un parasite des chenilles assez commun en Ile-de-France. Le mâle est différent, avec notamment des antennes entièrement noires et l’extrémité de l’abdomen sans taches jaunes.
Retrouvez un autre Ichneunomidae aux antennes tricolores :
Lymantrichneumon disparis
samedi 14 octobre 2023
Je repère cette petite chenille arpenteuse dans une ortie dioïque en fleur. Ses motifs ont exactement la même couleur que la tige de la plante ! La prise de vue est assez acrobatique et il y a du vent, ce qui n’arrange rien. Aussi, pour éviter de me piquer les mains, je transfère la bête dans un pilulier, le temps de faire quelques photos.
Elle possède les dessins caractéristiques de l’eupithécie des centaurées, Eupithecia centaureata. Ce nom prête d’ailleurs à confusion car la chenille de cette espèce se nourrit sur de très nombreuses plantes basses de différentes familles et pas seulement sur les centaurées.
Voici le papillon, à l’allure bien typée. C’est en fait l’une des rares eupithécies faciles à reconnaître. L’espèce est très commune.
Eupithecia centaureata vole d’avril à octobre, ses chenilles sont observées en juin et puis d’août à octobre.
Retrouvez une autre Eupithecia :
Eupithecia abbreviata
vendredi 13 octobre 2023
Décidément, il n’y a plus de saisons ! Ce papillon vole de mai à août. Je l’ai observé au bord de l’étang de la vieille ferme début octobre, c’est exceptionnellement tardif !
Les chenilles de Chrysocrambus linetella se nourrissent de racines de graminées. L’espèce n’a qu’une génération par an. Ce Crambidae commun est présent presque partout en France.
Retrouvez un autre Crambus :
Le Crambus des jardins
jeudi 12 octobre 2023
En excursion aux Mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet, je sens qu’un gros insecte vient de se poser sur ma main. J’ai juste le temps de prendre cette photo.
Ce drôle d’équipage est composé d’une mouche prédatrice et de sa proie, fichée sur son rostre, en l’occurrence un autre diptère de dimension beaucoup plus modeste. Cette grosse touffe de poils entre les yeux permet de reconnaître un représentant de la famille des Asilidae. La grande taille (15mm) de celui-ci et les pattes tachées de marron m’orientent vers le genre Tolmerus. Pour distinguer l’espèce, il faudrait une bonne vue de profil de l’abdomen, mais l’animal ne m’a pas laissé le loisir de faire une autre photo.
Les Tolmerus volent d’avril à octobre, ils fréquentent les espaces boisés et les prairies. On les observe souvent posés sur la végétation, guettant le passage d’une proie.
Retrouvez d’autres Asilidae :
Dioctria atricapilla
Ma mouche apprivoisée
mercredi 11 octobre 2023
Un papillon gris volette parmi les joncs d’une zone humide, je le vois se poser un peu plus haut dans une callune. Coup de chance, il ne s’est pas enfoui dans la végétation et je le retrouve assez facilement. Les ailes en delta m’oriente vers les Crambidae. Serait-ce le Botys poudreux que j’ai déjà croisé dans un milieu semblable ? Non, les dessins des ailes sont différents. Il s’agit du Botys de l’armoise, Loxostege sticticalis. Ce papillon qui vole d’avril à octobre est cosmopolite. Comme son nom l’indique, ses chenilles consomment des armoises, mais aussi d’autres végétaux dont de nombreuses plantes cultivées, notamment la betterave.
En voici un autre observé dans mon jardin au mois de juin, il butinait des fleurs de tanaisie.
Retrouvez un autre Botys :
Le Botys âne
mardi 10 octobre 2023
Je secoue quelques branches basses d’un églantier envahi de clématite sauvage et je récupère cette curieuse punaise de 4mm. Replacée sur la clématite, elle me permet quelques clichés. A sa tête très transverse et ses gros yeux, je reconnais un membre de la famille des Geocoridae.
Geocoris megacephalus est une méridionale qui gagne vers le nord. Elle n’est pas encore très commune en Ile-de-France. Cet adepte des terrains secs et ensoleillés chasse de petits insectes ou leurs larves au sol et dans la végétation.
Retrouvez un autre Geocoris :
Geocoris erythrocephalus
Sources :
Hémiptères Lygaeidae, de Jean Péricart
Les punaises prédatrices, dans e-phytia
lundi 9 octobre 2023
Je vois souvent des feuilles présentant des mines blanchâtres, sur les chênes, les noisetiers ou les châtaigniers, mais sur un tilleul, ce n’est vraiment pas banal ! Aussi, j’entreprends l’élevage de l’insecte responsable de la mine en prélevant la feuille et en la plaçant dans un bocal aéré, en espérant une émergence.
C’est un papillon de 3mm qui est sorti de la mine au douzième jour. Il a un look de Gracillariidae. J’interroge donc la base de données mondiale qui fait référence pour cette famille. Sur les tilleuls, en Europe, trois espèces seulement sont répertoriées : Telamoptilia tilliae, Phyllonorycter messaniella et Phyllonorycter issikii.
Les deux premières espèces sont visuellement différentes de mon individu mais la troisième espèce colle très bien ! Un expert à qui j’ai envoyé le spécimen confirme la détermination, aussi je sollicite la création de ce nouveau taxon pour l’Ile-de-France. Le site Oreina ne répertorie que deux observations de Phyllonorycter issikii pour la France, en 2007 et en 2015, toutes deux situées dans le quart nord-est. Cette espèce asiatique arrivée en Europe de l’Est vers 1970 est en progression rapide vers l’ouest.
Lorsque les infestations sont importantes, ce ravageur peut affaiblir les tilleuls au point de diminuer la teneur en sucre du nectar et peut avoir un impact négatif sur la production de bois. Mais la nature est bien faite, on lui connaît au moins 60 espèces de parasites dont beaucoup sont présents en Europe.
Voici l’un des parasitoïdes de cette espèce :
Sympisesis dolichogaster
Retrouvez un autre Phyllonorycter :
Phyllonorycter quercifoliella
Sources :
De Prins, J. & De Prins, W. 2006-2022. Base de données taxonomique mondiale des Gracillariidae (Lepidoptera). Publication électronique sur le World Wide Web (http://www.gracillariidae.net) [25 09 2023]
Phyllonorycter issikii, dans Plant parasites of Europe
dimanche 8 octobre 2023
En explorant quelques branches basses de hêtre, je découvre cette curieuse chenille. Ces pinceaux roux encadrant sa tête sont typiques de l’espèce Colocasia coryli, dont je vous ai déjà montré l’adulte.
Une bonne bouille !
Les chenilles de Colocasia coryli se nourrissent sur divers feuillus, dont le hêtre. Les pics de vol du papillon, en avril et en juillet, traduisent deux générations annuelles. Cette espèce commune hiverne sous forme de chrysalide.
Retrouvez une autre jolie chenille de Noctuidae :
Le Double-Omega
samedi 7 octobre 2023
Malva moschata égaie les prairies tout l’été de ses grandes fleurs roses. Son feuillage découpé lui confère une élégance certaine.
Sa famille, les Malvaceae, comprend aussi les tilleuls ! Les gendarmes ne s’y trompent pas : ces punaises rouges et noires fréquentent indifféremment les mauves, les roses trémières, les hibiscus et les tilleuls.
Malva alcea, plus rare, est une espèce proche. Le plus simple pour les distinguer est d’observer leurs fruits : les akènes de Malva moschata sont beaucoup plus velus.
Retrouvez une autre Malvaceae :
La guimauve
vendredi 6 octobre 2023
Décidément, la bugrane rampante recèle des trésors ! Voici une petite punaise Miridae (4mm) inféodée aux Ononis : Macrotylus paykullii.
On reconnaît cette espèce aux paquets de poils noirs sur les hémélytres ainsi qu’aux antennes et aux tibias, tous deux marqués de sombre à leur base.
Retrouvez un autre habitant de la bugrane :
Gampsocoris punctipes
Une autre Miridae verte :
Macrolophus pygmaeus
Source :
Hétéroptères Miridae par E. Wagner et H. H. Weber – Faune de France
jeudi 5 octobre 2023
Ce cèpe est différent de ceux que je trouve habituellement. Ce chapeau brun rouge avec une pruine grise et ce pied lavé de la même teinte me rappellent un montagnard compagnon des pins, Boletus pinophilus.
L’espèce n’est pas signalée dans la base de données naturalistes francilienne. Me voilà bien perplexe, d’autant plus qu’il n’y a que des chênes et des charmes sur le lieu de la découverte et qu’aucun conifère n’est présent dans les environs.
Un expert m’indique cependant que le cèpe des pins pousse parfois au pied de feuillus. Cette espèce rare en Ile-de-France a déjà été vue une dizaine de fois dans les Yvelines depuis 1970, la dernière observation date de 2012.
Retrouvez un autre cèpe :
Boletus edulis, le cèpe de Bordeaux
mercredi 4 octobre 2023
Ce joli petit papillon (12mm) est venu sur notre drap éclairé lors d’une séance d’observations nocturnes. Il est facilement reconnaissable : il s’agit d’Ethmia bipunctella.
Il faut ouvrir l’œil, car c’est le moment d’observer sa chenille logée dans une délicate toile de fils de soie, sur une sommité fleurie de vipérine, sa plante hôte préférée.
Sur cette photo, cette chenille n’est pas à coup sûr celle de cette espèce car il existe d’autres Ethmia dont les chenilles sont très semblables. Des détails sur la tête permettent de les différencier mais ils ne sont pas visibles ici.
Retrouvez un autre Depressariidae :
Carcina quercana
mardi 3 octobre 2023
Cette belle Salticidae nous regarde quitter notre stationnement tout en haut du village de Thiverval-Grignon. Bonne pâte et curieuse comme le sont souvent les saltiques, elle se laisse tirer le portrait.
Sur le plateau agricole, le Geometridae Rhodometra sacraria décolle devant moi et se pose sur une herbe de la jachère au bord du chemin. Je n’en ai jamais vu d’aussi coloré !
Au pays des dompte-venins, communs sur ce site, Tropidothorax leucopterus est roi ! Il se restaure ici sur une ombelle d’Apiaceae.
Perchée sur une inflorescence de centaurée, l’épeire de velours a tissé sa toile. Cette belle femelle a un look inhabituel avec ces plages blanches très voyantes.
Je croise plusieurs Acleris rhombana. Les prunelliers, les aubépines et les cerisiers de Sainte-Lucie envahissent par endroits la pelouse calcaire. Ce sont justement les trois plantes hôtes principales de ce Tortricidae.
Pour plus d’informations sur ces espèces, retrouvez leur portrait dans ces articles :
La phalène sacrée
Tropidothorax leucopterus
L’épeire de velours
Acleris rhombana
lundi 2 octobre 2023
J’ai capturé un insecte mystérieux au bord de la Seine dans un fourré de clématite sauvage. Placé dans un flacon aéré, je le rapporte à la maison. Voudra-t-il se restaurer avec une feuille fraiche de clématite ? Il accepte volontiers ce support et y plante même son rostre.
Il ne ressemble à rien de connu et pour cause, c’est un américain ! Acanalonia conica est un homoptère invasif extrêmement polyphage arrivé en Europe en 2003. Il a été signalé en France pour la première fois en 2020. Mon observation constitue la quatrième donnée pour la France et la première pour l’Ile-de-France.
Acanalonia conica est l’unique représentant en France de la famille des Acanaloniidae.
Retrouvez un autre homoptère d’origine américaine :
Le membracide bison
Source :
Aacanalonia conica, par True hoppers of the WP
dimanche 1er octobre 2023
J’adore fourrer mon bac à l’aveugle dans des endroits bien broussailleux pour y dénicher des bêtes insoupçonnées. Là, c’est une aubépine envahie de clématite sauvage qui me tente. Je secoue les branches et patapouf, un gros lourdaud tombe dans le bac !
Saurez-vous l’identifier ?
A demain pour la suite de l’histoire !
samedi 30 septembre 2023
Cette invasive asiatique échappée de jardins prospère dans les coupes forestières. Ses graines ont en effet besoin d’un sol riche et remué pour germer.
Les petites fleurs jaunes ont la gorge veinée de pourpre.
Tentant, non ?
Aux fleurs succèdent des capsules allongées et gonflées à maturité. Le moindre choc les fait exploser, projetant leurs graines au loin. Quel gamin n’a pas joué à faire éclater les fruits des balsamines entre deux doigts ?
Impatiens parviflora est une plante annuelle rare en Ile-de-France, elle est cependant assez présente dans les forêts des Yvelines.
Retrouvez une autre balsamine invasive :
La balsamine de l’Himalaya
Sources :
Impatiens parviflora, fiche descriptive par le CBNBP
Impatiente à petites fleurs, par Notes de terrain
vendredi 29 septembre 2023
On m’apporte cette chenille trouvée au bord d’un étang en forêt de Rambouillet. Avec de telles bosses sur le milieu du dos, il s’agit d’un Notodonta. Mais lequel ?
Le plus fréquent en Ile-de-France est Notodonta dromaderius, mais sa chenille a quatre bosses dorsales. Celle de Notondota tritophus en a trois. Restent dans la course : Notondonta torva et Notodonta ziczac, tous deux à deux bosses. Comme les fausses pattes ne sont pas marquées de noir à leur extrémité, il s’agirait de Notodonta ziczac, le plus commun des deux.
Notodonta ziczac vole d’avril à septembre en deux générations. Les chenilles se nourrissent essentiellement sur les saules et les peupliers.
Retrouvez un autre Notodonta :
Le Chameau
Un autre papillon des boisements marécageux :
L’Ecaille-lièvre
jeudi 28 septembre 2023
La ville de Paris m’a invité à participer au jury professionnel externe de son concours des décorations florales qui met en compétition les équipes de jardiniers de la ville. Le thème de l’année était « la couleur des émotions ». Voici en quelques photos une sélection de bien jolies choses que j’ai appréciées lors de cette visite.
L’équipe du jardin des Mères et Grands-Mères de la Place de mai a l’art de faire paraître grand leur petit jardin. Comment ? En multipliant les cheminements et les ambiances, et en ralentissant les pas du visiteur, il y a tant de choses à voir !
J’y ai retrouvé une fleur de mon enfance : la belle-de-jour, Convolvulus tricolor, une plante annuelle facile à réussir par semis en place.
Au parc Montsouris, on voit la vie en rose ! Et cette touche de romantisme est bien réconfortante.
Dans ce même parc, un beau vulcain butinait des Ceratostigma. En fin d’été, la floraison de ces plantes vivaces tapissantes est une merveille.
Au parc Montsouris, je me suis régalé de ce détail en mauve et bleu.
Ce salon rose onirique dans le square Louis XVI m’a transporté dans une autre époque.
Les dahlias du parc Kellermann sont accompagnés de très belle manière.
Lorsque leurs fleurs sont semi-doubles, les dahlias offrent aux insectes un cœur généreux. Ici c’est un mâle d’halicte de la scabieuse qui profite de l’aubaine.
mercredi 27 septembre 2023
J’explore quelques herbes au bord du sentier qui contourne les mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet. Cette petite araignée longiligne (5mm) me surprend par sa façon de tenir ses grosses pattes antérieures droites devant elle, un peu comme un chariot élévateur ou un pseudoscorpion. Ses gros yeux trahissent sa famille, celle des Salticidae. Il s’agit de Marpissa nivoyi, une espèce peu souvent observée en Ile-de-France. Elle affectionne les roseaux et les herbes des milieux humides.
Retrouvez une autre Marpissa, plus commune :
Marpissa muscosa
mardi 26 septembre 2023
En pénétrant dans un bosquet, je crois voir un petit papillon blanc se faufiler dans le feuillage d’un érable sycomore. Je le retrouve sous une feuille, et je le pousse très doucement vers la lumière pour pouvoir l’observer. Il a le dessin caractéristique de Ypsolopha sequella, un Ypsolophidae dont la chenille justement vit sur les érables.
Il n’est pas si petit que ça, car il atteint le centimètre de longueur.
Ce papillon de nuit assez commun vole de juin à octobre.
Retrouvez un autre Ypsolopha :
Ypsolopha horridella
Un autre papillon des érables :
Etainia decentella
lundi 25 septembre 2023
C’est sur une branche basse de pin sylvestre dans une lande à bruyères que je trouve ce coléoptère de près de 10mm. Il n’a pas le museau allongé mais c’est tout de même un charançon. Ses larves vivent dans le sol et consomment les racines des pins. Elles peuvent faire des dégâts importants dans les plantations forestières sur les jeunes pins. Cet insecte a besoin de chaleur pour effectuer son cycle. Lorsque les arbres sont plus âgés, le sol est ombragé et les pullulations diminuent.
Retrouvez un autre Curculionidae :
Phyllobius oblongus
Source :
Ravageurs, lutte intégrée et sylviculture, de J. Pardé
dimanche 24 septembre 2023
Au matin, je trouve ce papillon dans mon piège lumineux. Il a la silhouette triangulaire qu’ont beaucoup de Crambidae, mais c’est chez les Noctuidae que je le trouve. Helicoverpa armigera est une noctuelle migratrice très polyphage, d’origine tropicale.
En Afrique, c’est un ravageur important des cotonniers, du maïs et des cultures vivrières. L’Armigère est aussi connue sous le nom de noctuelle de la tomate car sa chenille perce les fruits de cette plante.
Helicoverpa armigera est établie depuis longtemps dans le sud de la France et le réchauffement climatique lui permet de progresser chaque année vers le nord.
A force de traitements, l’espèce est devenue résistante à certains insecticides. En serres, Macrolophus pygmaeus est un agent de biocontrôle de ce ravageur.
Retrouvez une autre noctuelle de la même sous-famille :
Heliothis viriplaca
Sources :
Helicoverpa armigera, par l’INRAE
Helicoverpa armigera, par l’Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes
samedi 23 septembre 2023
Une feuille d’un grand frêne près de la Seine est recouverte de flocons de cire. En regardant de près, je distingue un petite larve blanchâtre. C’est un juvénile de Metcalfa pruinosa, un homoptère invasif de la famille des Flatidae, qui produit ces filaments de cire pour se camoufler.
Je retourne au même endroit quelques semaines plus tard pour apprécier l’évolution de la situation. Je ne revois pas d’amas de cire ni de juvéniles mais je trouve cet adulte en secouant une branche basse sur un frêne voisin.
Cette espèce américaine très polyphage est arrivée en France en 1985. Elle a été un ravageur important de la vigne et des arbres fruitiers du Midi de la France, jusqu’à l’introduction en 1996 d’un hyménoptère parasitoïde spécifique, lui aussi d’origine américaine. Cette action de biocontrôle par acclimatation a permis de juguler les infestations.
Mecalfa pruinosa a été signalée à Paris en 2016. Je pense que c’est la première fois qu’elle est observée dans les Yvelines.
Le saviez-vous ?
Au plus fort de leur infestation, les arbres ruissellent d’un miellat très abondant. Cela fait le bonheur des abeilles qui viennent s’y approvisionner. Certains apiculteurs produisent ainsi du miel de metcalfa, le seul à porter le nom d’un insecte !
Sources :
La cicadelle pruineuse, par Nature en ville à Cergy-Pontoise
Metcalfa pruinosa, par e-phytia
La fleurette et le camionneur, à la découverte de la nature en ville, de Gilles Carcassès
vendredi 22 septembre 2023
Le battage d’un chardon des champs en fruits me fournit l’élégante punaise Oxycarenus pallens et cet hyménoptère brillamment coloré. Il s’agit d’un membre de la famille des Chrysididae. On les nomme parfois guêpes coucous parce qu’elles parasitent des larves d’autres hyménoptères. Leurs couleurs étonnantes sont dues à des interférences optiques et non des pigments, l’effet étant renforcé par les microreliefs et les ponctuations de la cuticule.
Le code couleur de celle-ci m’oriente vers le binôme d’espèces Chrysis illigeri ou Chrysis bicolor, les deux espèces étant plausibles en Ile-de-France. Il faudrait examiner le sexe d’un mâle pour pouvoir trancher.
Chrysis illigeri est connu pour parasiter des Sphecidae tandis que Chrysis bicolor est plus polyphage, parasitant aussi des Megachilidae et des Eumenidae.
Retrouvez un autre Chrysididae :
Hedychridium roseum
Source :
L’excellent site chrysis.net
jeudi 21 septembre 2023
Cette hespérie de la mauve volète gentiment devant moi et se pose sur une feuille de rumex au soleil. Je profite de l’aubaine car ces papillons d’habitude sont plutôt nerveux. Celui-ci, ou peut-être plutôt celle-ci à en juger par le rebondi de son abdomen, est étonnamment calme. J’apprends que les mâles de cette espèce ont un comportement territorial et passent leur temps à pourchasser les autres papillons. Ce sont eux, sans doute, les bolides que j’ai du mal à photographier.
Les chenilles de Carcharodus alceae se nourrissent exclusivement sur les Malvaceae. Les papillons volent en deux générations successives de mars à octobre.
Retrouvez l’une des plantes hôtes de ce papillon :
La guimauve
Un autre Hesperiidae aux ailes marron :
Le point de Hongrie
Sources :
Carcharodus alceae, fiche descriptive dans l’INPN – J. Ichter (2019)
Carcharodus alceae, par Lepiforum
mercredi 20 septembre 2023
J’en vois beaucoup de ces petites punaises à tête rouge dans les vastes prairies du parc du peuple de l’herbe, souvent dans les vipérines mais pas uniquement. Geocoris erythrocephalus, de la famille des Geocoridae, est prédatrice de petits insectes.
Cette espèce des terrains chauds et secs est une méditerranéenne qui progresse vers le nord. Elle est maintenant bien établie en Ile-de-France.
Retrouvez une autre punaise des vipérines :
Dictyla echii
Source :
Punaises prédatrices, par e-phytia
mardi 19 septembre 2023
La touffe de bugrane rampante que je vous ai déjà présentée s’est bien étalée en deux ans. Peut-être vais-je trouver quelque insecte inédit dan son feuillage ?
Ce que je prends d’abord pour un grand puceron s’avère être une punaise en raison de la forme des antennes. Je la trouve chez les Berytidae qui ont tous une silhouette plus ou moins longiligne. Son abdomen n’étant pas uniformément noir, j’arrive à Gampsocoris punctipes.
Et voici une nymphe, le dernier stade avant l’état adulte. Les ailes sont encore à l’état d’ébauches.
Cette espèce pique les feuilles d’un certain nombre de plantes basses : bugles, pulmonaires, bugranes, sauges, mélisses…
Retrouvez un autre hétéroptère allongé :
L’hydromètre des étangs
lundi 18 septembre 2023
Une sortie entomologie de l’Association des Naturalistes des Yvelines à la Croix de Vilpert me permet de découvrir ce secteur de la forêt de Rambouillet. En chemin vers les mares de Vilpert, je repère un polypore sur un tronc de bouleau mort. Nous y trouvons Diaperis boleti, un coléoptère mycophage et cette fausse casside, Thymalus limbatus, de la famille des Trogossitidae.
Au bord de l’eau, cette fausse chenille acrobate est attablée sur une lysimaque. Il s’agit de Monostegia abdominalis, une tenthrède oligophage sur les Primulaceae.
Ces Dioxyna bidentis, diptères Tephritidae, sont omniprésents sur la végétation des berges, tout comme leurs plantes hôtes, les pénibles bidents aux akènes en harpon qui s’accrochent sur nos vêtements.
Cachée sous une pierre, voici Arctosa leopardus, à l’abdomen moucheté de gris, une araignée Lycosidae typique des zones humides.
En lisière, sous les chênes, les succises des prés sont en fleur. Cette chenille de la noctuelle de la patience, commune et polyphage, en fait un festin.
Retrouvez les portraits des espèces citées dans cet article :
Thymalus limbatus
Monostegia abdominalis
Dioxyna bidentis
Arctosa leopardus
Acronicta rumicis
dimanche 17 septembre 2023
Le toit de cette mine au revers d’une foliole de robinier a été déchiré, peut-être par une mésange pour consommer les chenilles qui s’y cachent.
En voici deux : elles ont grignoté le parenchyme de la feuille, ménageant les nervures, et ont accumulé dans la mine des tas de crottes noires.
Pour tenter d’observer le papillon, je prélève une autre foliole minée et je la place dans un tube aéré. Treize jours plus tard, un adulte a émergé. Son exuvie a percé le toit de la mine. Le papillon en est sorti, mais je l’ai trouvé trop tard, mort au fond du tube.
Les dessins de ses ailes antérieures correspondent tout à fait à l’espèce Macrosaccus robiniella, un Gracillariidae invasif venu d’Amérique du Nord, qui est la terre d’origine du robinier. Introduit accidentellement en Suisse en 1983, ce papillon est maintenant bien présent en Europe ainsi qu’en Russie. Il a été signalé pour la première fois dans les Yvelines en 2021, à Maisons-Laffitte.
Retrouvez l’autre espèce mineuse des feuilles de robinier :
Parectopa robiniella
Source :
Macrosaccus robiniella, par Plant Parasites of Europe
samedi 16 septembre 2023
Ce papillon est venu à la lumière et je le trouve au matin caché dans mon piège à papillons. Ses ailes sont ornées de magnifiques dessins de plumes dans des tons de rose et de bronze. C’est la Camomilière, Actinotia polypodon, qui est inféodée aux Hypericum et dont je vous ai déjà montré la chenille présumée.
Actonotia polypodon vole en deux générations d’avril à septembre dans les prairies sèches, les jachères et les lisières où abondent ses plantes hôtes.
Retrouvez un autre insecte des millepertuis :
Chrysolina hyperici
vendredi 15 septembre 2023
Les bolides à vélo font toujours leurs rondes infernales en forêt de Marly. Posé au milieu de la route de la Mare à la Bonde, ce papillon bien fatigué me parait en fâcheuse posture. Je le protège de mon corps le temps d’une séance photo puis je lui offre une brindille pour le déménager sur le bas-côté.
Ce Lycaenidae a perdu de ses couleurs mais on reconnaît les motifs et la petite queue sur l’aile postérieure de la Thécla du chêne, Quercusia quercus.
Peut-être intéressé par quelques gouttes de sueur de cycliste tombées sur la route, il a sorti sa trompe. Un bref instant, il entrouvre ses ailes, laissant voir les jolis reflets bleus de ses écailles marron.
Quercusia quercus est inféodé aux chênes, il est très commun en Ile-de-France surtout dans les massifs forestiers. Sa période de vol s’étend de début juillet à mi-septembre.
Retrouvez d’autres Thécla :
La Thécla de l’orme
La Thécla du prunier
jeudi 14 septembre 2023
A la lumière la nuit on ne fait pas venir que des papillons : ce coléoptère est venu d’un vol lourd se poser sur le drap blanc.
Je le trouve rigolo, avec sa tête d’hippopotame ! Il s’agit de Hydrochara caraboides, un Hydrophilidae fréquent dans les mares et qui vole très bien. Les adultes consomment des végétaux aquatiques, mais leurs larves sont carnivores.
Retrouvez un autre coléoptère aquatique venu à la lumière :
Le dytique bordé
Source :
Hydrochara caraboides, fiche descriptive dans l’INPN (P. Queyney – 2021)
mercredi 13 septembre 2023
En ouvrant la portière de la voiture, je repère au sol un entonnoir de fourmilion. A l’aide de deux aiguilles de pin, je dégage délicatement le monstre aux mandibules redoutables qui se cache tout au fond, enfoui dans le sable. En Ile-de-France, deux espèces de fourmilions creusent de tels pièges pour capturer des insectes, Euroleon nostras et Myrmeleon formicarius.
La tache sombre visible en vue ventrale sur la patte postérieure me permet d’identifier Myrmeleon formicarius. Cette espèce est un peu moins commune que Euroleon nostras. On la rencontre dans des espaces sableux et dégagés.
Retrouvez un autre névroptère :
L’ascalaphe soufré
Source :
Les larves de fourmilions d’Ile-de-France, de Pierre Tillier
mardi 12 septembre 2023
A la recherche de la somptueuse Chrysolina fastuosa sur des pieds de Galeopsis tetrahit dans une coupe forestière, je tombe sur ce Tingidae de 4mm. Il y aurait donc aussi des tigres sur les Lamiaceae ? C’est le cas de Tingis pilosa, ainsi nommé parce qu’il est garni de poils. On les devine sur cette photo.
On peut rencontrer Tingis pilosa sur Leonurus cardiaca, Stachys sylvatica, Ballota nigra, Galeopsis tetrahit et d’autres Lamiaceae.
Retrouvez un autre tigre vu en forêt :
Tingis crispata
lundi 11 septembre 2023
Une invitée surprise !
Pour le déjeuner, avec quelques amis photographes nous nous installons sur un mobilier de pique-nique du parc du peuple de l’herbe. Au moment de partager notre fameuse tarte à la tomate, à la moutarde et au thym, nous découvrons sur la table cette larve superbement contrastée. Elle n’était pas là à notre arrivée, nous l’aurions remarquée !
Sa détermination nous donnera un indice. Il s’agit en effet de la fausse chenille de Priophorus grandis, une tenthrède des peupliers. Lorsqu’elle est prête à se nymphoser, elle rejoint le sol pour tisser son cocon dans la litière. Celle-ci est sans doute tombée d’une feuille de ce peuplier qui nous procure un ombrage bien venu. J’ai scruté le feuillage de cet arbre, mais je n’en ai pas vu d’autres.
Cette observation est une première donnée pour notre base de donnée régionale.
Retrouvez une autre larve de tenthrède :
Eriocampa ovata
Source :
La faune entomologique des peupliers, par Rémi Coutin
dimanche 10 septembre 2023
Cet Ypsolophidae est venu à la lumière dans un verger. Il n’est pas bien grand (1cm) mais vu de près, il vaut le coup d’œil. Son aspect hirsute lui a valu son nom : Ypsolopha horridella.
Même les antennes, couvertes d’écailles dressées, paraissent épineuses ! Les chenilles de cette espèce peu souvent observée vivent sur les prunelliers et les pommiers.
Retrouvez d’autres microlépidoptères :
Quelques microlépidoptères
samedi 9 septembre 2023
Un voisin m’a donné un semis de Tigridia et il a fleuri dans mon jardin. Cette Iridaceae originaire d’Amérique nécessite un terre riche et plutôt humide. Dès l’automne, en revanche, cette plante dont l’organe de réserve est un cormus comme le glaïeul va rentrer en dormance. Il faut alors modérer les arrosages puis la maintenir hors gel.
Beauté d’un jour !
Aux fleurs éphémères succèdent des capsules. Les graines qu’ils contiennent peuvent être semées au printemps et les nouvelles plantes ainsi obtenues fleurissent en deux ou trois ans.
Retrouvez une autre Iridaceae :
Le glaïeul de Byzance
vendredi 8 septembre 2023
Le soleil se lève, il est grand temps d’aller relever le piège à papillons. Attirés par la lampe, ils se sont cachés sous des boites d’œufs.
Ce papillon est resté sur la nappe au sol. Ses ailes montrent un dessin très chatoyant. Il s’agit de Pheosia tremula, un Notodontidae.
Les lépidoptéristes l’ont baptisé la Porcelaine. Il faut une bonne dose d’imagination pour trouver une ressemblance avec un coquillage des mers chaudes.
Les chenilles de Pheosia tremula fréquentent essentiellement les peupliers et les saules.
Retrouvez un autre Notodontidae :
Le Bucéphale
jeudi 7 septembre 2023
Au parc du peuple de l’herbe, les chênes plantés dans l’aire de stationnement de la Maison des Insectes commencent à procurer un peu d’ombre. Leurs branches basses sont aussi pour moi l’occasion d’étudier la petite faune des chênes. Dans mon filet, je capture cette étonnante cicadelle à rayures, de 4mm.
La couleur noire de la face ventrale me permet de la déterminer, il s’agit d’Alebra albostriella, une première pour notre base de données naturalistes francilienne.
Alebra albostriella vit sur les chênes, mais on peut parfois rencontrer les adultes sur d’autres arbres. J’ai débusqué cet individu tricolore dans un hêtre de la réserve naturelle du Venec, lors d’un séjour en Bretagne.
Retrouvez d’autres habitants des chênes :
Harpocera thoracica
Iassus lanio
mercredi 6 septembre 2023
Ce Geometridae commun en été est un Macaria. Arriver à déterminer l’espèce est assez délicat, heureusement des experts ont produit la fiche technique bien pratique, citée plus bas. Il s’agit ici de Macaria alternata. La chenille de ce papillon de nuit vit sur diverses essences d’arbres et d’arbustes, en particulier les saules, les aulnes, les bourdaines et les prunelliers.
Retrouvez un autre Geometridae :
La Timandre aimée
Source :
Fiche technique : Macaria alternata, notata, signaria (Oreina)
mardi 5 septembre 2023
Les repousses de berces le long du chemin de Poncy sont fleuries et de nombreux insectes s’y attablent. Voici un diptère commun et facile à reconnaître avec ses lunules blanches concaves et disposées obliquement sur l’abdomen. C’est un syrphe d’assez grande taille, mesurant jusqu’à 15mm.
Scaeva pyrastri est une espèce migratrice qui recolonise chaque année le nord de la France. On la rencontre partout où pullulent les pucerons dont se nourrissent ses larves.
Sources :
Scaeva pyrastri, fiche descriptive dans l’INPN (Thomas Lebard – 2021)
Syrphes de Belgique et des Pays-Bas (une clé très pratique et bien illustrée)
lundi 4 septembre 2023
Dans une partie humide de la forêt de Rambouillet, les feuilles des bourdaines sont systématiquement trouées et parsemées de taches noires.
Chaque tache noire est en fait une mine en spirale, œuvre d’une chenille qui y a laissé ses excréments noirâtres. Devenue plus âgée, la chenille a tracé un bout de galerie s’éloignant de la spirale puis est sortie de la feuille en déchirant l’épiderme, ce qui correspond à la trace blanche au bout de la mine.
Désormais libre, elle continue de dévorer les feuilles de sa plante hôte en y faisant des trous entre les nervures.
Bucculatrix frangutella est un petit papillon de nuit de la famille des Bucculatrigidae inféodé aux Rhamnaceae (bourdaines et nerpruns). Cette espèce n’avait pas encore été observée en Ile-de-France.
Retrouvez une autre chenille des bourdaines :
Le Citron
dimanche 3 septembre 2023
Si vous passez par Thiverval-Grignon en suivant le GR 1, ne manquez pas de visiter le charmant lavoir tout en haut du village.
Au pied de cet édifice, dans la plate-bande de bambous nains (peut-être des Sasa pumila), prospère une impressionnante colonie de pucerons jaunes ! Leurs antennes sont panachées et les nervures de leurs ailes sont soulignées de noir. Je verrais bien là le genre Takecallis.
Ce n’est pas Takecallis arundinacea parce que le dessus de l’abdomen n’a pas de taches noires. Il s’agit ici d’une autre espèce, Takecallis arundicolens. A l’extrémité de l’abdomen, la couleur noire de la cauda « en bouton » vient confirmer l’identification.
Takecallis arundicolens est une espèce invasive d’origine asiatique, inféodée aux bambous (genres Arundinaria, Phyllostachys, Bambusa, Sasa). Elle est certainement arrivée là en même temps que sa plante hôte, via le commerce international de végétaux. Il s’agit d’une première observation pour cette espèce dans la base de données francilienne.
Retrouvez un autre puceron :
Le puceron du camérisier à balai
Source :
Takecallis arundicolens, par Influentialpoints