Je m’attarde au bord d’un champ de blé à battre quelques branches d’un érable champêtre. Je récolte ce coléoptère inconnu, aux longues antennes. Serait-ce un Cerambycidae, malgré sa très petite taille (4 mm) ? Je le détermine grâce au document partagé en fin d’article. J’espérais avoir dénicher une rareté, ben non, Tetrops praeustus est très commun. Sa larve vit dans des brindilles de bois mort.
Voici un petit papillon typiquement méditerranéen. Comme beaucoup d’autres Erebidae, il est très contrasté et coloré.
Ici, c’est un couple installé sur une feuille de la base d’une vipérine. Je l’ai repéré lors de mes prospections pour trouver le longicorne inféodé à cette plante, Opsilia coerulescens.
Dysauxes punctata est souvent actif en journée, sa chenille est polyphage sur plantes basses.
Une mouchette est posée sur une feuille de sureau dans mon jardin. Elle est dotée d’une anatomie singulière : sur ses pattes médianes, les fémurs sont très développés et les tibias sont arqués. Elle a le museau pointu d’un prédateur. Ses tarses sont annelés de noir. Il s’agit de Platypalpus agilis, un diptère de la famille des Hybotidae.
Hop, sans les mains !
Je tente une vue de face. On voit qu’une proie, peut-être un collembole jaune aux yeux noirs, est coincé dans la pince que forme le fémur et le tibia de sa patte médiane droite. Les pattes avant, du bout des tarses, aident à le maintenir. L’insecte y a planté ses pièces buccales. Et pendant qu’il déguste son repas, il se tient en équilibre sur ses pattes arrière uniquement ! S’appuie-t-il aussi sur l’extrémité des ailes ? Il m’a semblé que non.
Pourquoi faire simple quand on peut on faire compliqué ?
Ces pattes médianes surdimensionnées sont en quelque sorte des pattes ravisseuses, un peu comme chez la mante religieuse, mais leur emploi est plus acrobatique car ici les pattes médianes passent devant les antérieures. Sur la face qui est en vis-à-vis avec le tibia, le fémur en question est d’ailleurs garni d’une double rangée d’épines qu’on imagine suffisamment fortes et acérées (voir sur la photo ci-dessus) pour une bonne préhension des petites proies.
Le genre Platypalpus, riche de 240 espèces est très représenté en Europe du Nord. Si Platypalpus agilis a déjà été identifié en France et correspond visuellement à mon observation, de nombreuses espèces très voisines sont citées en Angleterre, Belgique, Allemagne… Bien sûr, pour être absolument certain de l’espèce, il conviendrait d’examiner les pièces génitales.
Le genre Crambus compte en France 11 espèces et Crambus lathoniellus est le plus commun. Celui-ci est venu sur le voile éclairé lors d’une chasse nocturne près de l’étang de la Vielle ferme.
Crambus lathoniellus vole de fin avril à fin juillet. Ses chenilles consomment des graminées, notamment Deschampsia cespitosa, fréquente dans les prairies humides et les bords d’étangs.
Au bout d’une heure de marche dans les landes à bruyères et les boisements de pins, j’arrive aux abords d’une magnifique tourbière. Ce coléoptère mordoré prend le soleil du matin sur une feuille de bouleau pubescent. Il est de la même famille que le Cycliste maillot-vert que je rencontre souvent sur les ombelles. Chrysanthia viridissima est une espèce saproxylique : sa larve se développe dans le bois mort des résineux, en l’occurrence ici des pins sylvestres.
Celui-ci porte son nom inscrit sur son aile postérieure : c’est le W blanc. Et comme ses chenilles consomment les feuilles des ormes, on lui attribue aussi le nom de Thécla de l’orme. Sa plante hôte principale étant décimée par le maladie de la graphiose, il est devenu moins fréquent. L’espèce est protégée en Ile-de-France, en raison du fractionnement de ses populations.
Satyrium w-album est un papillon discret qui ne quitte guère les frondaisons des ormes où il se nourrit du miellat des pucerons. Il descend parfois butiner les fleurs des ronces et du sureau yèble.
Un tigre à tête noire et col clair, trouvé sur une vipérine, qu’est-ce que ça peut être ? Le tigre de la vipérine, pardi !
Dictyla echii vit sur les Boraginaceae : vipérines surtout mais aussi cynoglosses, consoudes, buglosses… On trouve les adultes et les larves de cette espèce en inspectant le dessous des feuilles de leurs plantes hôtes.
Un gros insecte survole les hautes fougères d’un vol lourd et zigzagant. Je le vois se poser et m’en approche pour l’observer. C’est un mâle Leptura aurulenta, un longicorne dont la larve vit dans les souches des arbres feuillus. Je ploie un peu la fronde pour mettre l’insecte à mi-ombre, parce que cette douce lumière lui va bien.
Les larves de ce diptère Sciomyzidae mangent des escargots terrestres. Nous observons plusieurs de ces Coremacera marginata postés sur des feuilles de roseaux.
Les juvéniles de l’araignée Dolomedes fimbriatus chassent dans les buissons de bouleaux pubescents. Leurs flancs sont ornés d’une large bande claire. Les adultes sont plus grands et encore plus contrastés, ils vivent près de l’eau.
Cette ponte sur une feuille de roseau s’avère être celle de la magnifique réduve Rhynocoris annulatus, une punaise prédatrice que j’ai déjà rencontrée en forêt de Rambouillet.
Argiope bruennichi signe sa toile d’un stabilimentum en zigzag de soie épaisse. Un criquet imprudent saute devant nous, il est lestement emballé dans un cocon de soie.
Retrouvez les portraits des espèces citées dans cet article :
Cette drôle de bête escalade l’encadrement de la fenêtre du salon. Ses élytres très courts me font penser à un staphylin mais avec ce pronotum en bouclier, je ne suis pas dans la bonne famille mais dans celle des Lampyridae. Comme il lui manque l’élytre gauche, il laisse voir son aile atrophiée non fonctionnelle. Il s’agit d’un mâle Phosphaenus hemipterus, la femelle de cette espèce ne possède ni ailes ni élytres et ses antennes sont plus fines.
Je le pose sur un brin d’herbe qu’il quitte rapidement pour se cacher au sol dans la végétation.
Les larves de Phosphaenus hemipterus, très faiblement luisantes, ne se nourrissent pas de gastéropodes comme les autres Lampyridae, mais de vers de terre !
Les grandes antennes du mâle lui permettent de repérer la position de la femelle aux effluves odorantes qu’elle émet (phéromones). Les mâles sont souvent observés en haut d’une herbe ou sur un mur. J’imagine qu’en prenant de la hauteur, ils peuvent mieux humer la brise. La femelle, très discrète, n’est quasiment jamais observée.
Non, ceci n’est pas un monstre préhistorique mais une punaise bien contemporaine, de la famille des Coreidae. Elle fréquente les garrigues et les prairies sèches. Centrocoris spiniger se nourrit principalement sur les Asteraceae. On voit sur cette photo son rostre en action. Une vue de profil montrant la forme des dents au-dessus du rostre est nécessaire pour distinguer cette espèce de Centrocoris variegatus.
J’ai vu cet autre individu un peu plus loin, sur une ombelle d’Apiaceae.
Le région lyonnaise semble constituer la limite septentrionale de cette espèce en France.
Nous voilà en excursion au parc du peuple de l’herbe. Il pleut, les insectes se cachent et sont tout mouillés. Lucien trouve cette petite abeille aux longues antennes, peut-être une eucère.
Elle a de beaux yeux gris bleu ! Ce portrait de face me permet de la déterminer, il s’agit de Tetralonia malvae, l’Eucère de la mauve. Ici, c’est un mâle car son clypeus est jaune. Cette Apidae est strictement liée aux Malvaceae (mauves, guimauves et lavatères). Elle en récolte le pollen et l’entrepose dans le terrier qu’elle a creusé dans un sol sableux pour sa progéniture.
Je vois beaucoup de ces jolies abeilles ces jours-ci dans le parc. En voici une autre observée au coucher du soleil, toujours dans une fleur de mauve. L’espèce, pourtant facilement reconnaissable à ses doubles bandes velues sur les premiers tergites, est très peu citée en France. Elle semble rare.
Retrouvez une autre abeille de la famille des Apidae :
Nous tendons nos ficelles entre deux jeunes frênes dans la prairie près de la Seine : une pour y suspendre un drap blanc, et l’autre pour maintenir la lampe à bonne hauteur. Une bâche blanche au sol vient compléter le dispositif. La nuit tombe, c’est le moment d’allumer ! Les premiers papillons arrivent, accompagnés d’une cohorte de trichoptères et de chironomes de toutes tailles. Acleris forrskaleana et Eucosma conterminana (photo ci-dessus) sont bien typés et faciles à reconnaître. Le premier est lié aux érables et la chenille du second mange les graines des salades.
Ce Carcina quercana, de la famille des Depressariidae, est venu se poser sur le verre de mes lunettes !
Plusieurs hydrocampes du nénuphar se posent sur le drap vers 23 heures. Les chenilles de cette espèce vivent dans l’eau sous les feuilles des nénuphars.
Voici le local de l’étape : Euzophera pinguis est la Phycide du frêne. Je suis enchanté de faire sa connaissance !
Des coléoptères se sont invités à la fête : de petits hannetons blonds, attirés par nos lampes frontales, heurtent nos têtes avec insistance. Et ce petit Tenebrionidae mycophage, Diaperis boleti, nous fait la surprise de sa visite sur le drap.
Retrouvez les portraits des espèces photographiées dans cet article :
Au bord du chemin de la ferme de Poncy, cette punaise prenait le soleil sur une feuille de noisetier. Acanthosoma haemorrhoidale est la plus grande punaise de France, sa longueur (sans les antennes) peut atteindre 17mm.
Sa grande taille, son aspect bicolore et ses épaules pointues permettent de l’identifier facilement. Cette espèce aime se nourrir sur les fruits des aubépines, des églantiers et des sorbiers dont elle aspire la sève. Mais on la rencontre souvent également sur les noisetiers, les viornes, les trembles et d’autres arbres des forêts humides.
Tout en haut de ma rue, dans une grosse touffe de chardon, je découvre ce charançon que je ne connais pas.
Les paquets de poils laineux sur ses élytres et son thorax lui donnent un look particulier. Il s’agit de Rhinocyllus conicus, le charançon du chardon penché. Ici, il n’est pas sur le chardon penché mais sur une espèce voisine, à fleurs plus petites et groupées au sommet des tiges, Carduus tenuiflorus.
Les larves de ce charançon vivent dans les capitules des Carduus, Cirsium, Galactites et Centaurea.
Une punaise allongée, jaune avec la tête noire ? C’est Phylus melanocephalus ! Cette Miridae se nourrit sur les feuilles des chênes et des hêtres. Celle-ci était sur un jeune chêne au bord du chemin de halage. On peut voir cette belle espèce de mai à juillet.
Une punaise de 4mm se promène sur le mur de ma maison. Je l’invite pour une séance photo à changer de support. Il escalade la feuille de lierre que je lui tends et se stationne au bout du pétiole. Je n’ai jamais vu cette espèce, une Lygaeidae peut-être ? C’est chez les Rhyparochromidae que je la trouve.
Hyalochilus ovatulus est inféodée aux pariétaires. La base du vieux mur en pierres calcaires de la grange de mon voisin en est par endroit bien garnie. Sans doute vient-elle de là.
Sur cette vue de profil, on voit le rostre de ce suceur de sève. Les larves comme les adultes piquent les fruits des pariétaires.
Depuis cette découverte, quand je longe un mur en pierres lors de mes balades je secoue les pariétaires que je rencontre pour retrouver ce sympathique habitant. Mais, jusqu’à présent, c’est en vain.
J’obtiens ce tout petit charançon (3mm) en secouant une branche de saule blanc au bord de la Seine. A l’œil nu, il ne me semble pas uniformément noir. Cette photo prise à 1cm montre que ses élytres sont marqués d’une incroyable flèche blanche !
Je lui propose une feuille de saule pour obtenir une vue de profil. Mais c’est bien la vue de dessus qui me permettra de mettre un nom sur ce drôle de paroissien. Il s’agit d’Archarius crux que l’on ne rencontre que sur les saules. Sa biologie est très particulière : la femelle pond dans les galles foliaires créées par la ponte de tenthrèdes du genre Euura. La larve du charançon consomme celle de la tenthrède et l’intérieur de la galle.
Voici une de ces galles susceptibles d’être parasitées par Archarius crux. Je l’ai ouverte pour montrer la larve de la tenthrède Euura proxima.
J’espérais une petite mouche ou une coccinelle en inspectant le lierre sur le tronc d’un énorme peuplier, et voilà ce que je trouve ! C’est gros comme un frelon, mais ce n’en est pas un, avouez que c’est bien imité ! La bestiole immobile se laisse photographier avec complaisance. Il s’agit de Sesia apiformis, un papillon aux ailes en grande partie transparentes. Sa chenille xylophage creuse une galerie dans le collet d’un peuplier et ses racines traçantes. En juin, les adultes sortent par un trou au niveau du sol ou à la base du tronc. La femelle se positionne alors sur le tronc à un mètre ou deux de hauteur et attend la visite d’un mâle. Cette espèce spectaculaire n’est pas rare, mais elle n’est pas facile à rencontrer : il faut tomber dessus juste au bon moment. Les émergences ont lieu en juin, par temps ensoleillé et en fin de matinée !
Ce Curculionidae observé sur un fusain présente une loge de rangement du scape de l’antenne en forme de virgule noire, je vais donc le chercher chez les Polydrusus.
Les pattes bien vertes trahissent Polydrusus planifrons, anciennement nommé Polydrusus prasinus. Cette espèce est polyphage, on la rencontre souvent sur les chênes, les hêtres, les aulnes.
Celui-ci était sur un églantier, sous un chêne.
Les adultes sont visibles d’avril à juin. La biologie de la larve est peu connue, elle se nourrit sans doute de racines.
Je repère de loin une araignée noire à pattes claires sur une feuille de marronnier. A mon approche, intimidée, elle se réfugie sous la feuille. La bande blanche latérale et ses longues pattes ne laissent pas de doute, il s’agit de Philodromus dispar. Les deux pédipalpes noirs de ce mâle adulte sont impressionnants.
Philodromus dispar chasse à l’affût surtout dans les arbres. Ses proies sont essentiellement des diptères.
Elle est drôle cette petite mouche avec sa tête toute ronde et ses yeux rouges. Elle tournicote sur une feuille d’Actinidia (la liane qui porte les kiwis) en agitant constamment les ailes. Il s’agit de Nemopoda nitidula, de la famille des Sepsidae.
Ses larves vivent dans la matière organique en décomposition. Aussi, elle n’est pas rare près des composteurs et des bâtiments d’élevage. Cette espèce est répandue en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.
Retrouvez un autre diptère qui marche en agitant les ailes :
Cette clairière ensoleillée sur les coteaux de Crespières est toute petite, mais j’y trouve toujours des insectes intéressants. Cette fois-ci, c’est un gros diptère qui se pose devant moi sur une feuille de viorne lantane. Avec ses longues antennes et son abdomen rayé, ne dirait-on pas une guêpe ?
Chrysotoxum cautum fréquente les bois clairs et les lisières ensoleillées. Les larves vivent dans le sol et s’attaquent aux pucerons des racines.
Retrouvez d’autres insectes observés dans cette clairière :
150 naturalistes amateurs et professionnels se sont retrouvés les 10 et 11 juin 2023 à Saint-Hilarion à l’invitation de l’Agence Régionale de Biodiversité d’Ile-de-France pour les 11èmes Inventaires éclairs. Un rendez-vous à ne pas manquer : j’y étais bien sûr ! Les buffets, l’organisation, la bonne humeur, tout était parfait, comme d’habitude. Ce fut l’occasion pour moi de faire de belles rencontres.
Le jardin de la salle des fêtes, transformé pour l’occasion en terrain de camping improvisé, est ombragé de grands conifères. Je jette mon dévolu sur un Picea pungens, communément nommé « sapin bleu ». J’enjambe précautionneusement les ficelles d’une tente pour atteindre un belle branche basse bien garnie qui me tente bien. De la main gauche je glisse dessous mon bac blanc, de la main droite je la secoue de deux coups de baguette, et avec le reste de mon corps je maintiens comme je peux un équilibre instable. Je récolte cette punaise Miridae au look inédit ! Lucien va m’aider à la déterminer, il trouve la clé adéquate. Son diagnostic conforte la proposition de l’application iNaturlist, il s’agit de Dichrooscytus intermedius, une espèce qui vit sur de nombreux genres de conifères, comme les épicéas et les sapins. Particulièrement présente en Europe centrale et en Scandinavie, elle a fait l’objet de quelques signalements dans le nord de la France. Cette observation est une première pour l’ile-de-France.
La chrysomèle Cryptocephalus moraei, alias la Cagoule noire, fréquente surtout le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), plante commune dans les friches sèches. Je la rencontre ici dans un jardin public sur le bouton floral d’un millepertuis ornemental.
Cette belle cicadelle noire aux yeux rouges est commune dans les lisières forestières. Penthimia nigra vit sur les chênes, les peupliers, les robiniers…
Cantharis lateralis, le Téléphore rose, est un habitué des bords de mares et d’étangs. On l’observe souvent sur les ombelles des Apiaceae. Ce coléoptère se distingue par la bordure crème de ses élytres.
Une haie taillée de charmes au bord de la route me donne tard dans la nuit, sous une petite averse, cet hétéroptère Miridae à la tête étonnamment globuleuse. Il s’agit de Globiceps sphaegiformis. Cette punaise est prédatrice d’autres insectes. On peut la trouver sur de nombreux arbres et arbustes, dont le charme et le noisetier. Apparemment, c’est une espèce assez rare.
Retrouvez mon reportage sur les Inventaires éclairs 2022 :
Les jeunes pousses d’asperges sauvages font l’objet de convoitises dans le Lot et les propriétaires de bois clairs essaient de les récolter avant les gens de la ville ! Asparagus acutifolius a une répartition méditerranéenne et remonte jusqu’en Bourgogne et dans le Bordelais. Il n’est donc pas anormal de trouver dans le Lot ce petit coléoptère qui vit sur cette plante et lui grignote les tiges.
Crioceris paracenthesis, de famille des Chrysomelidae, est l’un des trois criocères de l’asperge. Il paraît que les criocères sont capables de striduler en frottant leurs ailes postérieures sur le dernier segment de leur abdomen.
Il n’y a pas que les lauriers palmes capables de s’échapper des jardins et d’envahir nos bois, voilà que je trouve un pied d’Elaeagnus x ebbingei en forêt de Marly !
Elaeagnus x ebbingei a été très en vogue il y a quelques décennies pour confectionner des haies. C’est un hybride issu de deux Elaeagnus originaires du Japon Elaeagnus pungens et Elaeagnus macrophylla. Aucun parasite n’affectait cette plante et c’était un vrai bonheur pour les pépiniéristes. Son exceptionnelle vigueur, formidable argument de vente, s’est avérée être en fait un inconvénient majeur pour les acheteurs car pour contenir la végétation de cet arbuste, il faut le tailler sans cesse !
Comme toujours, le naturel finit par se frayer un chemin. En 2000, un psylle inconnu fait son apparition dans le Finistère et gagne rapidement toute la France. L’heure de gloire de l’Elaeagnus x ebbingei est passée ! Les feuilles, piquées par les psylles, jaunissent et se couvrent de miellat collant puis de fumagine semblable à de la suie. Des experts dépêchés sur l’affaire identifient le coupable, Cacopsylla fulguralis, présent au Japon sur l’un des parents de l’hybride.
On reconnaît ce psylle à la forme des espaces translucides sur ses ailes antérieures.
Plusieurs espèces prédatrices indigènes se sont intéressées à ce nouveau venu chez nous, notamment des punaises Anthocoridae, ce qui a ouvert la voie à des moyens de lutte biologique.
Quel est ce papillon posé sur le poteau de mon balcon de bon matin ? Il a la silhouette d’un Tortricidae, mais lequel est-ce ? Avec l’aide de la galerie d’Oreina, je reconnais dans cette famille Aleimma loeflingiana.
J’avais rencontré cette espèce quelques jours auparavant lors d’une chasse nocturne dans le Parc du peuple de l’herbe.
Aleimma loeflingiana est inféodé aux chênes. Comme on peut s’y attendre, il est souvent observé aux abords des forêts. Il vole essentiellement en juin.
Ce beau papillon de nuit s’échappe à l’ouverture matinale du piège lumineux. Je le suis des yeux et le retrouve sur une feuille d’hortensia à quelques mètres de là. Il s’agit de l’Ecaille fermière, Arctia villica, un Erebidae.
Ses ailes postérieures sont jaunes tachées de noir et son abdomen est à dominante rouge.
La chenille polyphage de l’Ecaille fermière consomme de nombreuses plantes basses. Ce papillon est thermophile, il affectionne les milieux ouverts, comme les pelouses sèches.
Dans ce talus pierreux, quelques genévriers rabougris constituent l’essentiel de la végétation. C’est l’occasion de partir à la recherche des habitants de ce conifère. Je trouve cette punaise allongée qui se fond à merveille dans le décor. Elle ressemble au classique gonocère du buis, mais de subtiles différences sont visibles (voir la comparaison illustrée plus bas).
Cette punaise Coreidae a de bien beaux dessous ! Cette fois-ci, pas de doute, c’est bien Gonocerus juniperi, que je n’avais encore jamais observé. Pourtant, cette espèce, inféodée aux genévriers, n’est pas rare.
Pour distinguer ces deux espèces proches, on peut repérer la pointe noire du scutellum et la bordure jaune vert de l’abdomen chez Gonocerus juniperi. Sa tête est aussi plus allongée que celle de Gonocerus acuteangulatus. Et bien sûr, la plante hôte constitue un excellent indice !
Cette mouche a pris la pose pour le photographe, mettant en valeur au soleil son béret rouge et son gilet rayé. Otites porcus est facile à identifier chez les Ulidiidae. Ce diptère assez commun se nourrit de nectar facilement accessible qu’il éponge à l’aide de sa trompe courte. C’est pourquoi on le voit fréquemment sur les fleurs des Apiaceae (les berces par exemple). Il peut aussi lécher, sur les feuilles des arbres, le miellat des pucerons. Les larves vivent dans des matières organiques en décomposition.
Avec quelques membres de l’Association des Naturalistes des Yvelines, nous explorons une clairière en forêt de Saint-Germain-en-Laye où les bucherons ont entreposé des grumes. Je trouve ce joli tigre sur un cirse commun (Cirsium vulgaris) mais une cicindèle champêtre qui fait la belle sur un tas de bois lui vole la vedette.
Sur cette vue ventrale, on aperçoit le rostre avec lequel il perfore les tissus de la plante pour en aspirer la sève.
J’ai retrouvé cette espèce assez commune dans un cirse au bord de la Seine dans le parc du peuple de l’herbe. Tingis cardui est inféodé aux chardons de différentes espèces. L’adulte hiverne dans la litière au pied de ses plantes hôtes.
L’OPIE et l’ARB Ile-de-France ont lancé en juin 2023 une enquête naturaliste sur les longicornes des milieux ouverts, nommée « des aiguilles dans une botte de foin« . Certains Cerambycidae en effet sont liés à des plantes herbacées ou des arbustes de ces milieux, leurs larves minant leurs tiges ou leurs racines. Les adultes sont plutôt fluets et de ce fait un peu difficiles à trouver. L’enquête a pour objectif d’améliorer la connaissance de ces espèces en incitant les naturalistes à cibler leurs recherches sur les genêts, les euphorbes, la bourdaine et la vipérine, plantes hôtes de quatre espèces peu observées.
Je mets à profit mon séjour dans la Drôme pour inspecter toutes les vipérines dans la prairie de mon hôte. Et je finis par tomber sur la belle Opsilia coerulescens. Il ne me reste plus qu’à la trouver dans les Yvelines !
Cette espèce, commune et répandue dans toute la France, est inféodée aux Boraginaceae, en particulier la vipérine (Echium vulgare). La larve se développe au collet et dans la tige de la plante. L’adulte, diurne, peut être vu d’avril à juillet.
Retrouvez un autre longicorne des milieux ouverts :
Ce coléoptère dans une ombelle de cerfeuil des bois me rappelle par sa silhouette l’anthrène du bouillon blanc que je vois souvent sur les fleurs blanches. Mais celui-ci présente des dessins différents, il s’agit de l’anthrène à broderie (Anthrenus scrophulariae), reconnaissable notamment à la bande rouge sur la suture des élytres.
Ses larves, comme celles des autres anthrènes, consomment des matières animales. On peut les trouver dans les nids d’oiseaux garnis de plumes ou de poils. Elles ravagent aussi les collections d’insectes épinglés dans des boîtes, les chapeaux à plumes, les tapis, les lainages… Le contact avec leurs poils peut provoquer des réactions allergiques.
Flûte, il se met à pleuvoir ! Sur le chemin du retour, je ne résiste pas à l’idée de secouer les feuilles d’une grosse touffe de consoude au bord du chemin de Poncy. Je récolte de l’eau de pluie, quelques pucerons et… un tigre tout mouillé !
Cet insecte suceur de sève ne vit que sur les consoudes, ou parfois sur les pulmonaires. Dictyla humuli vient agrandir ma collection photographique de tigres, ces adorables petites punaises en dentelles. Cette espèce est bien peu observée en Ile-de-France.
Tachycixius pilosus est un homoptère assez commun, il appartient à la famille des Cixiidae. La coloration des ailes est très variable, je trouve cette forme à deux bandes sombres assez élégante. Tachycixius pilosus se nourrit de la sève de certains arbres. Les plantes hôtes connues sont les saules, les peupliers, les prunelliers, les chênes, les bouleaux. Mon individu était dans une aubépine, entourée de prunelliers. J’ai déjà rencontré cette espèce dans le figuier de mon jardin.
Minuit et demi, on sort la batterie de rechange, ou on va se coucher ?
Au moment où nous commençons à remballer le matériel, un Tortricidae inconnu vient se poser sur le voile. Je ressors de ma poche l’appareil photo. L’entomologiste professionnel du groupe rouvre sa mallette et prélève le papillon pour l’examiner plus tard dans son laboratoire, sous une loupe binoculaire.
Quelques jours passent et le verdict tombe, il s’agit de Cochylis roseana, dont les chenilles ne se nourrissent que des graines des cardères sauvages (Dipsacus fullonum). Et c’est le première fois qu’il est observé en Ile-de-France. J’ose espérer, à voir les grandes quantités de cardères dans le parc du peuple de l’herbe, qu’il n’était pas le seul et unique de son espèce dans le secteur !
Retrouvez dans cet article la plante hôte de ce papillon :
Voici une punaise des milieux humides. Cymus glandicolor, de la famille des Cymidae, se nourrit des graines de joncs, laiches, scirpes et luzules. J’ai obtenu ce couple en secouant les inflorescences d’une grosse touffe de Carex paniculata au bord d’une mare et je l’ai invité à s’installer sur une feuille sèche de cette plante pour la photo souvenir.
L’espèce est reconnaissable au trait clair sur le scutellum (petite pièce triangulaire en arrière du pronotum) et aux bandes sombres sur les ailes.
La petite tache sombre à côté de la tache orbiculaire m’oriente vers les Agrotis. J’utilise le critère de la forme de l’antenne pour cerner l’espèce. L’antenne de ce mâle est pectinée su les 3/4 de sa longueur, ce serait donc Agrotis clavis. De plus les ailes antérieures sont très contrastées et plus larges que chez l’espèce voisine plus commune Agrotis segetum. Pour conforter la détermination, il serait utile d’apprécier les autres critères, notamment la couleur de l’aile postérieure que l’on entrevoit entre les antérieures.
Les chenilles d’Agrotis clavis vivent sur les Polygonaceae et d’autres plantes basses.
En Ile-de-France, ce papillon est présent mais semble rare.
J’aime bien la nuit secouer les branches des saules, il en tombe parfois de jolis cadeaux. Ce Tortricidae resplendit dans mon bac blanc. Ses bandes et taches argentées le rendent aisément reconnaissable. Olethreutes arcuella n’est pas rare mais sa chenille est très rarement observée car elle consomme des feuilles mortes, de bouleaux notamment et sans doute d’autres espèces d’arbres.
Je gratte délicatement un de ces amas et je découvre cette larve. Elle produit des filaments de cire par les côtés de son abdomen et finit par disparaître sous les volutes de cette matière. Il s’agit sans doute d’une protection contre les attaques de prédateurs.
L’adulte, observé sur le même arbre, est inféodé aux aulnes. Les longues ailes de Psylla alni présentent la nervation caractéristique que l’on retrouve chez les autres Psyllidae.
Merci à l’OPIE qui organisait ce soir-là pour ses adhérents franciliens une séance d’observation des papillons de nuit.
A la tombée de la nuit, nous marchons vers l’étang de la Vielle ferme. Le voile blanc éclairé dans la prairie n’attend plus que les premiers visiteurs.
22h30, c’est l’heure de la Louvette ! Cette hépiale très commune est connue des jardiniers car ses chenilles souterraines mangent parfois les racines de leurs légumes.
Attirés par les effluves d’une femelle captive apportée par Hervé, plusieurs mâles du Grand paon de nuit sont venus faire leur numéro. On en voit un ici en compagnie d’un bombyx de la ronce (en bas à gauche sur la photo) qui est déjà un gros papillon de nuit. Saturnia pyri atteint une envergure de 15 cm, ce qui en fait le plus grand lépidoptère d’Europe.
Jaune avec des dessins marrons, ce Totricidae est facile à reconnaître. Les chenilles d’Agapeta hamana consomment les racines de diverses plantes basses, dont celles des chardons.
Un petit blanc vient nous rendre visite. Il s’agit d’Idaea subsericeata, une des acidalies les plus communes dans les friches et les prairies. Elle vole d’avril à septembre.
Dans son beau manteau blanc à pois noirs, Spilosoma lubricipeda, l’écaille tigrée, fait toujours sensation ! Cet Erebidae qu’il ne faut pas confondre avec la femelle de l’écaille mendiante, est commune partout, même en milieu urbain.
Retrouvez une autre soirée de l’OPIE au parc du peuple de l’herbe :
Dans les herbes sèches, ce papillon de nuit au profil extravagant passe facilement inaperçu. Ses palpes poilus lui valent son surnom de Museau. Celui-ci est une femelle.
Voici le mâle de cette espèce, ses appendices dépassent des ailes. On peut le reconnaître aussi à ses antennes pectinées, mais sur cette photo il les cache sous ses ailes.
La vue de dessus n’est pas mal non plus !
Pterosoma palpina est un Notodontidae très commun, il vole de début avril à fin août. Ses chenilles vivent sur les saules et les peupliers, notamment les trembles.
La scène se passe dans une haie champêtre, le long d’une jachère sur le plateau agricole de Crespières. Ce que je prends pour un moucheron sur une feuille de prunellier est en fait un hyménoptère minuscule.
Tout est bizarre chez cet insecte : les flagelles des antennes garnis d’un duvet gris, l’ornementation du thorax surdimensionné et surtout la tête, comme fendue en deux ! Cette large dépression frontale lui permet de loger au repos ses antennes repliées.
Cette vue ventrale me montre d’impressionnantes mandibules acérées. Quelque chose me dit que celui-là ne suce pas que du nectar.
Après quelques recherches et l’aide bienvenue d’experts bien affûtés, j’arrive à cerner son identité. Il s’agit d’un mâle Perilampus ruficornis (de la famille des Perilampidae). Chez cette espèce, la femelle a les antennes orange.
Cet hyménoptère serait un hyperparasite de larves de diptères Tachinidae, et d’hyménoptères Braconidae et Ichneumonidae, eux-mêmes parasitoïdes de chenilles.
Peut-être que ses mandibules lui servent lors de l’émergence pour découper la dépouille de la chenille ?
De belles touffes de Centranthus ont été plantées au bord de la nouvelle rue qui traverse le centre d’entrainement du PSG. J’y recherche ces petits Canthophorus qui parfois fréquentent cette plante. Au bout d’un moment, je finis par trouver une de ces petites punaises noires qui grimpe sur une tige. Mais elle se laisse tomber à mon approche. Je la rattrape et lui propose une feuille de lierre.
La voici un peu plus tranquille et je peux la photographier.
Elle explore aussi mon bocal de transport, dans cette position j’aperçois son rostre sous sa tête. Tous les critères sont réunis pour l’espèce Canthophorus maculipes, notamment la bordure blanche bien nette et la tache claire sur les tibias. En consultant l’INPN, j’apprends que l’espèce a changé de nom, on doit maintenant l’appeler Adomerus maculipes.
Adomerus maculipes est inféodé à l’espèce Centranthus ruber, la valériane rouge. Comme sa plante hôte, c’est une méditerranéenne. Elle voyage sans doute avec les livraisons de pépinières et gagne ainsi de nouvelles contrées.
J’ai le plaisir de vous présenter Phyllobius betulinus, Curculionidae souvent présent au mois de mai sur les aubépines, les merisiers, les prunelliers. Les courtes écailles vertes mêlées de longs poils blonds et les antennes robustes sont caractéristiques de l’espèce. La zone de la suture des élytres est parfois dénudée en raison de la perte des écailles, laissant alors apparaître le fond noir.
Cet adorable petit coléoptère gambade sur la boiserie du velux, en compagnie d’une coccinelle à deux points. J’aère la pièce, ainsi s’il veulent sortir, ils pourront le faire.
Ce bigarré appartient à la famille des Dermestidae. D’après son nom, je devine que l’adulte butine volontiers les bouillons blancs (Verbascum en latin). Il a un deuxième nom : l’anthrène des tapis. Je crois comprendre ce que mange sa larve. Pas si adorable que ça, finalement !
Ce sont bien des écailles, comme chez les papillons, qui sont colorées et dessinent ses motifs.
Je vous ai déjà présenté deux cercopes : Cercopis intermedia et Cercopis vulnerata. Voici Haematoloma dorsata, une espèce très proche de la même famille (les Cercopidae), trouvée dans une prairie sous un pin sylvestre. On la reconnaît notamment au bord externe de son aile antérieure presque entièrement rouge.
Les larves de cette espèce vivent sur les racines des graminées, et les adultes sur les pins.
Cette magnifique chenille de noctuelle, observée sur une branche de prunier, n’est pas celle d’une cucullie. Il s’agit de celle de Diloba caeruleocephala, seule espèce en France de la sous-famille des Dilobinae.
Son nom vernaculaire, Double-Oméga, fait référence au dessin particulier des ailes du papillon. C’est une noctuelle très tardive qui vole en octobre et novembre. Les chenilles sont visibles en mai dans les prunelliers et les arbres fruitiers.
Au bord d’une prairie et en limite d’un bois de pins sylvestres et de genévriers, je tombe sur cette orchidée singulière.
Cette belle orchidée au casque clair pourrait-elle être le résultat d’une hybridation entre deux espèces proches, Orchis purpurea et Orchis militaris ? Voyons ci-dessous les parents présumés, présents en nombre sur place :
Les hybridations entre espèces d’Orchis sont fréquentes mais elles sont difficiles à distinguer de simples variations. Si c’est un Orchis pourpre, c’est une forme particulièrement séduisante.
mardi 11 juillet 2023
Je m’attarde au bord d’un champ de blé à battre quelques branches d’un érable champêtre. Je récolte ce coléoptère inconnu, aux longues antennes. Serait-ce un Cerambycidae, malgré sa très petite taille (4 mm) ? Je le détermine grâce au document partagé en fin d’article. J’espérais avoir dénicher une rareté, ben non, Tetrops praeustus est très commun. Sa larve vit dans des brindilles de bois mort.
Retrouvez un autre Cerambycidae :
Stictoleptura rubra
Source :
Longicornes d’Ile-de-France, aide à la détermination
lundi 10 juillet 2023
Voici un petit papillon typiquement méditerranéen. Comme beaucoup d’autres Erebidae, il est très contrasté et coloré.
Ici, c’est un couple installé sur une feuille de la base d’une vipérine. Je l’ai repéré lors de mes prospections pour trouver le longicorne inféodé à cette plante, Opsilia coerulescens.
Dysauxes punctata est souvent actif en journée, sa chenille est polyphage sur plantes basses.
Retrouvez d’autres Erebidae :
L’Ecaille fermière
L’Ecaille du myosotis
dimanche 9 juillet 2023
Une mouchette est posée sur une feuille de sureau dans mon jardin. Elle est dotée d’une anatomie singulière : sur ses pattes médianes, les fémurs sont très développés et les tibias sont arqués. Elle a le museau pointu d’un prédateur. Ses tarses sont annelés de noir. Il s’agit de Platypalpus agilis, un diptère de la famille des Hybotidae.
Hop, sans les mains !
Je tente une vue de face. On voit qu’une proie, peut-être un collembole jaune aux yeux noirs, est coincé dans la pince que forme le fémur et le tibia de sa patte médiane droite. Les pattes avant, du bout des tarses, aident à le maintenir. L’insecte y a planté ses pièces buccales. Et pendant qu’il déguste son repas, il se tient en équilibre sur ses pattes arrière uniquement ! S’appuie-t-il aussi sur l’extrémité des ailes ? Il m’a semblé que non.
Pourquoi faire simple quand on peut on faire compliqué ?
Ces pattes médianes surdimensionnées sont en quelque sorte des pattes ravisseuses, un peu comme chez la mante religieuse, mais leur emploi est plus acrobatique car ici les pattes médianes passent devant les antérieures. Sur la face qui est en vis-à-vis avec le tibia, le fémur en question est d’ailleurs garni d’une double rangée d’épines qu’on imagine suffisamment fortes et acérées (voir sur la photo ci-dessus) pour une bonne préhension des petites proies.
Le genre Platypalpus, riche de 240 espèces est très représenté en Europe du Nord. Si Platypalpus agilis a déjà été identifié en France et correspond visuellement à mon observation, de nombreuses espèces très voisines sont citées en Angleterre, Belgique, Allemagne… Bien sûr, pour être absolument certain de l’espèce, il conviendrait d’examiner les pièces génitales.
Retrouvez un autre diptère prédateur :
Dioctria atricapilla
samedi 8 juillet 2023
Le genre Crambus compte en France 11 espèces et Crambus lathoniellus est le plus commun. Celui-ci est venu sur le voile éclairé lors d’une chasse nocturne près de l’étang de la Vielle ferme.
Crambus lathoniellus vole de fin avril à fin juillet. Ses chenilles consomment des graminées, notamment Deschampsia cespitosa, fréquente dans les prairies humides et les bords d’étangs.
Retrouvez un autre Crambidae :
Agriphilla tristella
Source :
The Common Grass Moths of Berkshire (guide illustré pour l’identification des Crambinae)
vendredi 7 juillet 2023
Au bout d’une heure de marche dans les landes à bruyères et les boisements de pins, j’arrive aux abords d’une magnifique tourbière. Ce coléoptère mordoré prend le soleil du matin sur une feuille de bouleau pubescent. Il est de la même famille que le Cycliste maillot-vert que je rencontre souvent sur les ombelles. Chrysanthia viridissima est une espèce saproxylique : sa larve se développe dans le bois mort des résineux, en l’occurrence ici des pins sylvestres.
Retrouvez un autre Oedemeridae :
Le Cycliste maillot-jaune
Source :
Chrysanthia viridissima, fiche descriptive dans l’INPN (H.Bouyon – 2017)
jeudi 6 juillet 2023
Celui-ci porte son nom inscrit sur son aile postérieure : c’est le W blanc. Et comme ses chenilles consomment les feuilles des ormes, on lui attribue aussi le nom de Thécla de l’orme. Sa plante hôte principale étant décimée par le maladie de la graphiose, il est devenu moins fréquent. L’espèce est protégée en Ile-de-France, en raison du fractionnement de ses populations.
Satyrium w-album est un papillon discret qui ne quitte guère les frondaisons des ormes où il se nourrit du miellat des pucerons. Il descend parfois butiner les fleurs des ronces et du sureau yèble.
Retrouvez un autre thécla :
La Thécla du prunier
Un autre Lycaenidae :
L’Azuré porte-queue
Source :
La Thécla de l’orme, par l’Observatoire de la faune de Bourgogne
mercredi 5 juillet 2023
Un tigre à tête noire et col clair, trouvé sur une vipérine, qu’est-ce que ça peut être ? Le tigre de la vipérine, pardi !
Dictyla echii vit sur les Boraginaceae : vipérines surtout mais aussi cynoglosses, consoudes, buglosses… On trouve les adultes et les larves de cette espèce en inspectant le dessous des feuilles de leurs plantes hôtes.
Retrouvez un autre Dictyla :
Dictyla humili
mardi 4 juillet 2023
Un gros insecte survole les hautes fougères d’un vol lourd et zigzagant. Je le vois se poser et m’en approche pour l’observer. C’est un mâle Leptura aurulenta, un longicorne dont la larve vit dans les souches des arbres feuillus. Je ploie un peu la fronde pour mettre l’insecte à mi-ombre, parce que cette douce lumière lui va bien.
Les larves de ce diptère Sciomyzidae mangent des escargots terrestres. Nous observons plusieurs de ces Coremacera marginata postés sur des feuilles de roseaux.
Les juvéniles de l’araignée Dolomedes fimbriatus chassent dans les buissons de bouleaux pubescents. Leurs flancs sont ornés d’une large bande claire. Les adultes sont plus grands et encore plus contrastés, ils vivent près de l’eau.
Cette ponte sur une feuille de roseau s’avère être celle de la magnifique réduve Rhynocoris annulatus, une punaise prédatrice que j’ai déjà rencontrée en forêt de Rambouillet.
Argiope bruennichi signe sa toile d’un stabilimentum en zigzag de soie épaisse. Un criquet imprudent saute devant nous, il est lestement emballé dans un cocon de soie.
Retrouvez les portraits des espèces citées dans cet article :
Leptura aurulenta
Coremacera marginata
Dolomedes fimbriatus
Rhynocoris annulatus
Argiope bruennichi
lundi 3 juillet 2023
Cette drôle de bête escalade l’encadrement de la fenêtre du salon. Ses élytres très courts me font penser à un staphylin mais avec ce pronotum en bouclier, je ne suis pas dans la bonne famille mais dans celle des Lampyridae. Comme il lui manque l’élytre gauche, il laisse voir son aile atrophiée non fonctionnelle. Il s’agit d’un mâle Phosphaenus hemipterus, la femelle de cette espèce ne possède ni ailes ni élytres et ses antennes sont plus fines.
Je le pose sur un brin d’herbe qu’il quitte rapidement pour se cacher au sol dans la végétation.
Les larves de Phosphaenus hemipterus, très faiblement luisantes, ne se nourrissent pas de gastéropodes comme les autres Lampyridae, mais de vers de terre !
Les grandes antennes du mâle lui permettent de repérer la position de la femelle aux effluves odorantes qu’elle émet (phéromones). Les mâles sont souvent observés en haut d’une herbe ou sur un mur. J’imagine qu’en prenant de la hauteur, ils peuvent mieux humer la brise. La femelle, très discrète, n’est quasiment jamais observée.
Retrouvez d’autres Lampyridae :
Lampyris noctiluca
Lamprohiza mulsantii
Source :
Phosphaenus hemipterus, dans le site de l’association Gluehwuermchen Projekt
dimanche 2 juillet 2023
Non, ceci n’est pas un monstre préhistorique mais une punaise bien contemporaine, de la famille des Coreidae. Elle fréquente les garrigues et les prairies sèches. Centrocoris spiniger se nourrit principalement sur les Asteraceae. On voit sur cette photo son rostre en action. Une vue de profil montrant la forme des dents au-dessus du rostre est nécessaire pour distinguer cette espèce de Centrocoris variegatus.
J’ai vu cet autre individu un peu plus loin, sur une ombelle d’Apiaceae.
Le région lyonnaise semble constituer la limite septentrionale de cette espèce en France.
Retrouvez une autre Coreidae :
Le gonocère du genévrier
Source :
Centrocoris spiniger, fiche descriptive dans l’INPN (Roland Lupoli – 2021)
samedi 1er juillet 2023
Quel est ce monstre préhistorique découvert dans la Drôme ?
A demain pour la réponse !
vendredi 30 juin 2023
Nous voilà en excursion au parc du peuple de l’herbe. Il pleut, les insectes se cachent et sont tout mouillés. Lucien trouve cette petite abeille aux longues antennes, peut-être une eucère.
Elle a de beaux yeux gris bleu ! Ce portrait de face me permet de la déterminer, il s’agit de Tetralonia malvae, l’Eucère de la mauve. Ici, c’est un mâle car son clypeus est jaune. Cette Apidae est strictement liée aux Malvaceae (mauves, guimauves et lavatères). Elle en récolte le pollen et l’entrepose dans le terrier qu’elle a creusé dans un sol sableux pour sa progéniture.
Je vois beaucoup de ces jolies abeilles ces jours-ci dans le parc. En voici une autre observée au coucher du soleil, toujours dans une fleur de mauve. L’espèce, pourtant facilement reconnaissable à ses doubles bandes velues sur les premiers tergites, est très peu citée en France. Elle semble rare.
Retrouvez une autre abeille de la famille des Apidae :
Le Xylocope panard
jeudi 29 juin 2023
Laurel et Hardy sont dans de beaux draps !
Nous tendons nos ficelles entre deux jeunes frênes dans la prairie près de la Seine : une pour y suspendre un drap blanc, et l’autre pour maintenir la lampe à bonne hauteur. Une bâche blanche au sol vient compléter le dispositif. La nuit tombe, c’est le moment d’allumer ! Les premiers papillons arrivent, accompagnés d’une cohorte de trichoptères et de chironomes de toutes tailles. Acleris forrskaleana et Eucosma conterminana (photo ci-dessus) sont bien typés et faciles à reconnaître. Le premier est lié aux érables et la chenille du second mange les graines des salades.
Ce Carcina quercana, de la famille des Depressariidae, est venu se poser sur le verre de mes lunettes !
Plusieurs hydrocampes du nénuphar se posent sur le drap vers 23 heures. Les chenilles de cette espèce vivent dans l’eau sous les feuilles des nénuphars.
Voici le local de l’étape : Euzophera pinguis est la Phycide du frêne. Je suis enchanté de faire sa connaissance !
Des coléoptères se sont invités à la fête : de petits hannetons blonds, attirés par nos lampes frontales, heurtent nos têtes avec insistance. Et ce petit Tenebrionidae mycophage, Diaperis boleti, nous fait la surprise de sa visite sur le drap.
Retrouvez les portraits des espèces photographiées dans cet article :
Acleris forrskaleana
Eucosma conterminana
Carcina quercana
Nymphula nitidula
Diaperis boleti
mercredi 28 juin 2023
Au bord du chemin de la ferme de Poncy, cette punaise prenait le soleil sur une feuille de noisetier. Acanthosoma haemorrhoidale est la plus grande punaise de France, sa longueur (sans les antennes) peut atteindre 17mm.
Sa grande taille, son aspect bicolore et ses épaules pointues permettent de l’identifier facilement. Cette espèce aime se nourrir sur les fruits des aubépines, des églantiers et des sorbiers dont elle aspire la sève. Mais on la rencontre souvent également sur les noisetiers, les viornes, les trembles et d’autres arbres des forêts humides.
Source :
Acanthosoma haemorrhoidalis, fiche descriptive dans l’INPN – Roland Lupoli (2019)
Retrouvez une autre punaise Acanthosomatidae :
Elasmucha grisea
mardi 27 juin 2023
Tout en haut de ma rue, dans une grosse touffe de chardon, je découvre ce charançon que je ne connais pas.
Les paquets de poils laineux sur ses élytres et son thorax lui donnent un look particulier. Il s’agit de Rhinocyllus conicus, le charançon du chardon penché. Ici, il n’est pas sur le chardon penché mais sur une espèce voisine, à fleurs plus petites et groupées au sommet des tiges, Carduus tenuiflorus.
Les larves de ce charançon vivent dans les capitules des Carduus, Cirsium, Galactites et Centaurea.
Retrouvez un autre charançon des chardons :
Larinus turbinatus
Source :
Rhinocyllus conicus, par Plants Parasites of Europe
lundi 26 juin 2023
Une punaise allongée, jaune avec la tête noire ? C’est Phylus melanocephalus ! Cette Miridae se nourrit sur les feuilles des chênes et des hêtres. Celle-ci était sur un jeune chêne au bord du chemin de halage. On peut voir cette belle espèce de mai à juillet.
Retrouvez une autre Miridae du chêne :
Dryophilocoris flavoquadrimaculatus
dimanche 25 juin 2023
Une punaise de 4mm se promène sur le mur de ma maison. Je l’invite pour une séance photo à changer de support. Il escalade la feuille de lierre que je lui tends et se stationne au bout du pétiole. Je n’ai jamais vu cette espèce, une Lygaeidae peut-être ? C’est chez les Rhyparochromidae que je la trouve.
Hyalochilus ovatulus est inféodée aux pariétaires. La base du vieux mur en pierres calcaires de la grange de mon voisin en est par endroit bien garnie. Sans doute vient-elle de là.
Sur cette vue de profil, on voit le rostre de ce suceur de sève. Les larves comme les adultes piquent les fruits des pariétaires.
Depuis cette découverte, quand je longe un mur en pierres lors de mes balades je secoue les pariétaires que je rencontre pour retrouver ce sympathique habitant. Mais, jusqu’à présent, c’est en vain.
Retrouvez un autre Rhyparochromidae :
Beosus maritimus
Un autre insecte des pariétaires :
Cosmopterix pulchrimella
Source :
HEMIPTERES LYGAEIDAE
EURO-MÉDITERRANÉENS
VOLUME 2
SYSTÉMATIQUE : SECONDE PARTIE
OXYCAI&NINAE, BLEDIONOTINAE
RHYPAROCHROMINAE (1)
par
Jean PÉRICART
samedi 24 juin 2023
J’obtiens ce tout petit charançon (3mm) en secouant une branche de saule blanc au bord de la Seine. A l’œil nu, il ne me semble pas uniformément noir. Cette photo prise à 1cm montre que ses élytres sont marqués d’une incroyable flèche blanche !
Je lui propose une feuille de saule pour obtenir une vue de profil. Mais c’est bien la vue de dessus qui me permettra de mettre un nom sur ce drôle de paroissien. Il s’agit d’Archarius crux que l’on ne rencontre que sur les saules. Sa biologie est très particulière : la femelle pond dans les galles foliaires créées par la ponte de tenthrèdes du genre Euura. La larve du charançon consomme celle de la tenthrède et l’intérieur de la galle.
Voici une de ces galles susceptibles d’être parasitées par Archarius crux. Je l’ai ouverte pour montrer la larve de la tenthrède Euura proxima.
Retrouvez un autre très petit Curculionidae :
Le coupe-bouton
Source :
Archarius crux, par Plants Parasites of Europe
vendredi 23 juin 2023
J’espérais une petite mouche ou une coccinelle en inspectant le lierre sur le tronc d’un énorme peuplier, et voilà ce que je trouve ! C’est gros comme un frelon, mais ce n’en est pas un, avouez que c’est bien imité ! La bestiole immobile se laisse photographier avec complaisance. Il s’agit de Sesia apiformis, un papillon aux ailes en grande partie transparentes. Sa chenille xylophage creuse une galerie dans le collet d’un peuplier et ses racines traçantes. En juin, les adultes sortent par un trou au niveau du sol ou à la base du tronc. La femelle se positionne alors sur le tronc à un mètre ou deux de hauteur et attend la visite d’un mâle. Cette espèce spectaculaire n’est pas rare, mais elle n’est pas facile à rencontrer : il faut tomber dessus juste au bon moment. Les émergences ont lieu en juin, par temps ensoleillé et en fin de matinée !
Retrouvez une autre saisie :
La sésie de l’oseille
Source :
La sésie apiforme, ou sésie frelon ! par André Lequet
jeudi 22 juin 2023
Ce Curculionidae observé sur un fusain présente une loge de rangement du scape de l’antenne en forme de virgule noire, je vais donc le chercher chez les Polydrusus.
Les pattes bien vertes trahissent Polydrusus planifrons, anciennement nommé Polydrusus prasinus. Cette espèce est polyphage, on la rencontre souvent sur les chênes, les hêtres, les aulnes.
Celui-ci était sur un églantier, sous un chêne.
Les adultes sont visibles d’avril à juin. La biologie de la larve est peu connue, elle se nourrit sans doute de racines.
Retrouvez un autre insecte vert métallique :
Gymnocheta viridis
Source :
Petit Guide Illustré pour la détermination des Curculionidae Entiminae du la tribu des Polydrusini
en Île de France, de Jean-Marc Audic
mercredi 21 juin 2023
Je repère de loin une araignée noire à pattes claires sur une feuille de marronnier. A mon approche, intimidée, elle se réfugie sous la feuille. La bande blanche latérale et ses longues pattes ne laissent pas de doute, il s’agit de Philodromus dispar. Les deux pédipalpes noirs de ce mâle adulte sont impressionnants.
Philodromus dispar chasse à l’affût surtout dans les arbres. Ses proies sont essentiellement des diptères.
Retrouvez une autre Philodromidae :
Tibellus
Sources :
Philodromus dispar, fiche descriptive dans l’INPN (A. Canard – 2014)
Fiche d’identification des différentes araignées crabes de la clé Spipoll, de Lucien Claivaz
mardi 20 juin 2023
Dans mon jardin à Poissy
Elle est drôle cette petite mouche avec sa tête toute ronde et ses yeux rouges. Elle tournicote sur une feuille d’Actinidia (la liane qui porte les kiwis) en agitant constamment les ailes. Il s’agit de Nemopoda nitidula, de la famille des Sepsidae.
Ses larves vivent dans la matière organique en décomposition. Aussi, elle n’est pas rare près des composteurs et des bâtiments d’élevage. Cette espèce est répandue en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.
Retrouvez un autre diptère qui marche en agitant les ailes :
Myennis octopunctata
Source :
Nemopoda nitidula, par NatureSpot
Nemopoda nitidula, par Sepsidnet
lundi 19 juin 2023
Cette clairière ensoleillée sur les coteaux de Crespières est toute petite, mais j’y trouve toujours des insectes intéressants. Cette fois-ci, c’est un gros diptère qui se pose devant moi sur une feuille de viorne lantane. Avec ses longues antennes et son abdomen rayé, ne dirait-on pas une guêpe ?
Chrysotoxum cautum fréquente les bois clairs et les lisières ensoleillées. Les larves vivent dans le sol et s’attaquent aux pucerons des racines.
Retrouvez d’autres insectes observés dans cette clairière :
Le Céphale
L’Erastrie noirâtre
Un autre Chrysotoxum :
Chrysotoxum festivum
Sources :
Clé des syrphes de Belgique et des Pays-Bas, par Sapoll
Chrysotoxum cautum, fiche descriptive dans l’INPN (Thomas Lebard – 2021)
Guide des mouches et des moustiques, de J. et H. Haupt
dimanche 18 juin 2023
150 naturalistes amateurs et professionnels se sont retrouvés les 10 et 11 juin 2023 à Saint-Hilarion à l’invitation de l’Agence Régionale de Biodiversité d’Ile-de-France pour les 11èmes Inventaires éclairs. Un rendez-vous à ne pas manquer : j’y étais bien sûr ! Les buffets, l’organisation, la bonne humeur, tout était parfait, comme d’habitude. Ce fut l’occasion pour moi de faire de belles rencontres.
Le jardin de la salle des fêtes, transformé pour l’occasion en terrain de camping improvisé, est ombragé de grands conifères. Je jette mon dévolu sur un Picea pungens, communément nommé « sapin bleu ». J’enjambe précautionneusement les ficelles d’une tente pour atteindre un belle branche basse bien garnie qui me tente bien. De la main gauche je glisse dessous mon bac blanc, de la main droite je la secoue de deux coups de baguette, et avec le reste de mon corps je maintiens comme je peux un équilibre instable. Je récolte cette punaise Miridae au look inédit ! Lucien va m’aider à la déterminer, il trouve la clé adéquate. Son diagnostic conforte la proposition de l’application iNaturlist, il s’agit de Dichrooscytus intermedius, une espèce qui vit sur de nombreux genres de conifères, comme les épicéas et les sapins. Particulièrement présente en Europe centrale et en Scandinavie, elle a fait l’objet de quelques signalements dans le nord de la France. Cette observation est une première pour l’ile-de-France.
La chrysomèle Cryptocephalus moraei, alias la Cagoule noire, fréquente surtout le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), plante commune dans les friches sèches. Je la rencontre ici dans un jardin public sur le bouton floral d’un millepertuis ornemental.
Cette belle cicadelle noire aux yeux rouges est commune dans les lisières forestières. Penthimia nigra vit sur les chênes, les peupliers, les robiniers…
Cantharis lateralis, le Téléphore rose, est un habitué des bords de mares et d’étangs. On l’observe souvent sur les ombelles des Apiaceae. Ce coléoptère se distingue par la bordure crème de ses élytres.
Une haie taillée de charmes au bord de la route me donne tard dans la nuit, sous une petite averse, cet hétéroptère Miridae à la tête étonnamment globuleuse. Il s’agit de Globiceps sphaegiformis. Cette punaise est prédatrice d’autres insectes. On peut la trouver sur de nombreux arbres et arbustes, dont le charme et le noisetier. Apparemment, c’est une espèce assez rare.
Retrouvez mon reportage sur les Inventaires éclairs 2022 :
Mon inventaire éclair 2022
samedi 17 juin 2023
Les jeunes pousses d’asperges sauvages font l’objet de convoitises dans le Lot et les propriétaires de bois clairs essaient de les récolter avant les gens de la ville ! Asparagus acutifolius a une répartition méditerranéenne et remonte jusqu’en Bourgogne et dans le Bordelais. Il n’est donc pas anormal de trouver dans le Lot ce petit coléoptère qui vit sur cette plante et lui grignote les tiges.
Crioceris paracenthesis, de famille des Chrysomelidae, est l’un des trois criocères de l’asperge. Il paraît que les criocères sont capables de striduler en frottant leurs ailes postérieures sur le dernier segment de leur abdomen.
Retrouvez d’autres Chrysomelidae méridionales :
Dicladispa testacea
Chilotomina nigritarsis
Source :
Crioceris paracenthesis, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2023)
vendredi 16 juin 2023
Il n’y a pas que les lauriers palmes capables de s’échapper des jardins et d’envahir nos bois, voilà que je trouve un pied d’Elaeagnus x ebbingei en forêt de Marly !
Elaeagnus x ebbingei a été très en vogue il y a quelques décennies pour confectionner des haies. C’est un hybride issu de deux Elaeagnus originaires du Japon Elaeagnus pungens et Elaeagnus macrophylla. Aucun parasite n’affectait cette plante et c’était un vrai bonheur pour les pépiniéristes. Son exceptionnelle vigueur, formidable argument de vente, s’est avérée être en fait un inconvénient majeur pour les acheteurs car pour contenir la végétation de cet arbuste, il faut le tailler sans cesse !
Comme toujours, le naturel finit par se frayer un chemin. En 2000, un psylle inconnu fait son apparition dans le Finistère et gagne rapidement toute la France. L’heure de gloire de l’Elaeagnus x ebbingei est passée ! Les feuilles, piquées par les psylles, jaunissent et se couvrent de miellat collant puis de fumagine semblable à de la suie. Des experts dépêchés sur l’affaire identifient le coupable, Cacopsylla fulguralis, présent au Japon sur l’un des parents de l’hybride.
On reconnaît ce psylle à la forme des espaces translucides sur ses ailes antérieures.
Plusieurs espèces prédatrices indigènes se sont intéressées à ce nouveau venu chez nous, notamment des punaises Anthocoridae, ce qui a ouvert la voie à des moyens de lutte biologique.
Retrouvez un autre psylle :
Spanioneura fonscolombii
Sources :
ELEMENTS DE BIOLOGIE DU PSYLLE DE L’ELAEAGNUS CACOPSYLLA FULGURALIS, par Alain Ferre et Alice Denis
Un nouveau ravageur de l’Elaeagnus x ebbingei en France : Cacopsylla fulguralis, par Christian Cocquempot et Jean-François Germain
Système DEPHY: Elaeagnus innovant – Ecophytopic
jeudi 15 juin 2023
Quel est ce papillon posé sur le poteau de mon balcon de bon matin ? Il a la silhouette d’un Tortricidae, mais lequel est-ce ? Avec l’aide de la galerie d’Oreina, je reconnais dans cette famille Aleimma loeflingiana.
J’avais rencontré cette espèce quelques jours auparavant lors d’une chasse nocturne dans le Parc du peuple de l’herbe.
Aleimma loeflingiana est inféodé aux chênes. Comme on peut s’y attendre, il est souvent observé aux abords des forêts. Il vole essentiellement en juin.
Retrouvez d’autres Tortricidae :
Acleris cristana
Clepsis consimilana
mercredi 14 juin 2023
Ce beau papillon de nuit s’échappe à l’ouverture matinale du piège lumineux. Je le suis des yeux et le retrouve sur une feuille d’hortensia à quelques mètres de là. Il s’agit de l’Ecaille fermière, Arctia villica, un Erebidae.
Ses ailes postérieures sont jaunes tachées de noir et son abdomen est à dominante rouge.
La chenille polyphage de l’Ecaille fermière consomme de nombreuses plantes basses. Ce papillon est thermophile, il affectionne les milieux ouverts, comme les pelouses sèches.
Retrouvez d’autres belles écailles :
L’écaille martre
L’écaille tigrée
L’écaille cramoisie
Source :
Arctia villica, fiche descriptive dans l’INPN (Y. Baillet – 2018)
mardi 13 juin 2023
Dans ce talus pierreux, quelques genévriers rabougris constituent l’essentiel de la végétation. C’est l’occasion de partir à la recherche des habitants de ce conifère. Je trouve cette punaise allongée qui se fond à merveille dans le décor. Elle ressemble au classique gonocère du buis, mais de subtiles différences sont visibles (voir la comparaison illustrée plus bas).
Cette punaise Coreidae a de bien beaux dessous ! Cette fois-ci, pas de doute, c’est bien Gonocerus juniperi, que je n’avais encore jamais observé. Pourtant, cette espèce, inféodée aux genévriers, n’est pas rare.
Pour distinguer ces deux espèces proches, on peut repérer la pointe noire du scutellum et la bordure jaune vert de l’abdomen chez Gonocerus juniperi. Sa tête est aussi plus allongée que celle de Gonocerus acuteangulatus. Et bien sûr, la plante hôte constitue un excellent indice !
Retrouvez un autre habitant des genévriers :
Pachyrhinus lethierryi
Sources :
Les espèces françaises du genre Gonocerus, par Vincent Derreumaux et Frédéric Chevaillot
Gonocerus juniperi, fiche descriptive dans l’INPN (Roland Lupoli – 2021)
lundi 12 juin 2023
Cette mouche a pris la pose pour le photographe, mettant en valeur au soleil son béret rouge et son gilet rayé. Otites porcus est facile à identifier chez les Ulidiidae. Ce diptère assez commun se nourrit de nectar facilement accessible qu’il éponge à l’aide de sa trompe courte. C’est pourquoi on le voit fréquemment sur les fleurs des Apiaceae (les berces par exemple). Il peut aussi lécher, sur les feuilles des arbres, le miellat des pucerons. Les larves vivent dans des matières organiques en décomposition.
Retrouvez une autre Ulidiidae :
Melieria omissa
dimanche 11 juin 2023
Avec quelques membres de l’Association des Naturalistes des Yvelines, nous explorons une clairière en forêt de Saint-Germain-en-Laye où les bucherons ont entreposé des grumes. Je trouve ce joli tigre sur un cirse commun (Cirsium vulgaris) mais une cicindèle champêtre qui fait la belle sur un tas de bois lui vole la vedette.
Sur cette vue ventrale, on aperçoit le rostre avec lequel il perfore les tissus de la plante pour en aspirer la sève.
J’ai retrouvé cette espèce assez commune dans un cirse au bord de la Seine dans le parc du peuple de l’herbe. Tingis cardui est inféodé aux chardons de différentes espèces. L’adulte hiverne dans la litière au pied de ses plantes hôtes.
Retrouvez un autre insecte des chardons :
Myelois circumvoluta
samedi 10 juin 2023
L’OPIE et l’ARB Ile-de-France ont lancé en juin 2023 une enquête naturaliste sur les longicornes des milieux ouverts, nommée « des aiguilles dans une botte de foin« . Certains Cerambycidae en effet sont liés à des plantes herbacées ou des arbustes de ces milieux, leurs larves minant leurs tiges ou leurs racines. Les adultes sont plutôt fluets et de ce fait un peu difficiles à trouver. L’enquête a pour objectif d’améliorer la connaissance de ces espèces en incitant les naturalistes à cibler leurs recherches sur les genêts, les euphorbes, la bourdaine et la vipérine, plantes hôtes de quatre espèces peu observées.
Je mets à profit mon séjour dans la Drôme pour inspecter toutes les vipérines dans la prairie de mon hôte. Et je finis par tomber sur la belle Opsilia coerulescens. Il ne me reste plus qu’à la trouver dans les Yvelines !
Cette espèce, commune et répandue dans toute la France, est inféodée aux Boraginaceae, en particulier la vipérine (Echium vulgare). La larve se développe au collet et dans la tige de la plante. L’adulte, diurne, peut être vu d’avril à juillet.
Retrouvez un autre longicorne des milieux ouverts :
L’Aiguillonier des céréales
Sources :
MÉRIGUET B.& SPECKENS V. 2023 – Longicornes d’Île-de-France
– Aide à l’identification. V1.2, Opie, 60 pages
Opsilia coerulescens, fiche descriptive dans l’INPN (Lionel Valladares – 2021)
vendredi 9 juin 2023
Ce coléoptère dans une ombelle de cerfeuil des bois me rappelle par sa silhouette l’anthrène du bouillon blanc que je vois souvent sur les fleurs blanches. Mais celui-ci présente des dessins différents, il s’agit de l’anthrène à broderie (Anthrenus scrophulariae), reconnaissable notamment à la bande rouge sur la suture des élytres.
Ses larves, comme celles des autres anthrènes, consomment des matières animales. On peut les trouver dans les nids d’oiseaux garnis de plumes ou de poils. Elles ravagent aussi les collections d’insectes épinglés dans des boîtes, les chapeaux à plumes, les tapis, les lainages… Le contact avec leurs poils peut provoquer des réactions allergiques.
Retrouvez un autre anthrène :
L’anthrène du bouillon blanc
jeudi 8 juin 2023
Flûte, il se met à pleuvoir ! Sur le chemin du retour, je ne résiste pas à l’idée de secouer les feuilles d’une grosse touffe de consoude au bord du chemin de Poncy. Je récolte de l’eau de pluie, quelques pucerons et… un tigre tout mouillé !
Cet insecte suceur de sève ne vit que sur les consoudes, ou parfois sur les pulmonaires. Dictyla humuli vient agrandir ma collection photographique de tigres, ces adorables petites punaises en dentelles. Cette espèce est bien peu observée en Ile-de-France.
Retrouvez d’autres Tingidae :
Copium claviforme
Stephanitis pyri
Corytucha ciliata
Source :
Hémiptères Tingidae euro-méditerranéens, par Jean Péricart
mercredi 7 juin 2023
Tachycixius pilosus est un homoptère assez commun, il appartient à la famille des Cixiidae. La coloration des ailes est très variable, je trouve cette forme à deux bandes sombres assez élégante. Tachycixius pilosus se nourrit de la sève de certains arbres. Les plantes hôtes connues sont les saules, les peupliers, les prunelliers, les chênes, les bouleaux. Mon individu était dans une aubépine, entourée de prunelliers. J’ai déjà rencontré cette espèce dans le figuier de mon jardin.
Retrouvez un autre homoptère :
Trioza remota
mardi 6 juin 2023
Minuit et demi, on sort la batterie de rechange, ou on va se coucher ?
Au moment où nous commençons à remballer le matériel, un Tortricidae inconnu vient se poser sur le voile. Je ressors de ma poche l’appareil photo. L’entomologiste professionnel du groupe rouvre sa mallette et prélève le papillon pour l’examiner plus tard dans son laboratoire, sous une loupe binoculaire.
Quelques jours passent et le verdict tombe, il s’agit de Cochylis roseana, dont les chenilles ne se nourrissent que des graines des cardères sauvages (Dipsacus fullonum). Et c’est le première fois qu’il est observé en Ile-de-France. J’ose espérer, à voir les grandes quantités de cardères dans le parc du peuple de l’herbe, qu’il n’était pas le seul et unique de son espèce dans le secteur !
Retrouvez dans cet article la plante hôte de ce papillon :
Cardères
lundi 5 juin 2023
Voici une punaise des milieux humides. Cymus glandicolor, de la famille des Cymidae, se nourrit des graines de joncs, laiches, scirpes et luzules. J’ai obtenu ce couple en secouant les inflorescences d’une grosse touffe de Carex paniculata au bord d’une mare et je l’ai invité à s’installer sur une feuille sèche de cette plante pour la photo souvenir.
L’espèce est reconnaissable au trait clair sur le scutellum (petite pièce triangulaire en arrière du pronotum) et aux bandes sombres sur les ailes.
Retrouvez une autre habitante des caricaies :
Coccidula rufa
Source :
Cymus glandicolor, par British Bugs
dimanche 4 juin 2023
La petite tache sombre à côté de la tache orbiculaire m’oriente vers les Agrotis. J’utilise le critère de la forme de l’antenne pour cerner l’espèce. L’antenne de ce mâle est pectinée su les 3/4 de sa longueur, ce serait donc Agrotis clavis. De plus les ailes antérieures sont très contrastées et plus larges que chez l’espèce voisine plus commune Agrotis segetum. Pour conforter la détermination, il serait utile d’apprécier les autres critères, notamment la couleur de l’aile postérieure que l’on entrevoit entre les antérieures.
Les chenilles d’Agrotis clavis vivent sur les Polygonaceae et d’autres plantes basses.
En Ile-de-France, ce papillon est présent mais semble rare.
Retrouvez d’autres Agrotis :
Trois Agrotis
Sources :
Agrotis clavis, par Lepiforum
samedi 3 juin 2023
J’aime bien la nuit secouer les branches des saules, il en tombe parfois de jolis cadeaux. Ce Tortricidae resplendit dans mon bac blanc. Ses bandes et taches argentées le rendent aisément reconnaissable. Olethreutes arcuella n’est pas rare mais sa chenille est très rarement observée car elle consomme des feuilles mortes, de bouleaux notamment et sans doute d’autres espèces d’arbres.
Retrouvez d’autres Tortricidae :
Pseudargyrotosa conwagana
Pandemis corylana
Source :
Olethreutes arcuella, par Lepiforum
vendredi 2 juin 2023
Je remarque à l’aisselle des feuilles de cet aulne des amas blanchâtres d’apparence cotonneuse.
Je gratte délicatement un de ces amas et je découvre cette larve. Elle produit des filaments de cire par les côtés de son abdomen et finit par disparaître sous les volutes de cette matière. Il s’agit sans doute d’une protection contre les attaques de prédateurs.
L’adulte, observé sur le même arbre, est inféodé aux aulnes. Les longues ailes de Psylla alni présentent la nervation caractéristique que l’on retrouve chez les autres Psyllidae.
Retrouvez d’autres Psyllidae :
Spanioneura fonscolombii
Livilla variegata
Source :
Les insectes des aulnes, par Rémi Coutin
jeudi 1er juin 2023
Une boule de coton dans un arbre ? Qu’est-ce donc ?
A demain pour la réponse !
mercredi 31 mai 2023
Merci à l’OPIE qui organisait ce soir-là pour ses adhérents franciliens une séance d’observation des papillons de nuit.
A la tombée de la nuit, nous marchons vers l’étang de la Vielle ferme. Le voile blanc éclairé dans la prairie n’attend plus que les premiers visiteurs.
22h30, c’est l’heure de la Louvette ! Cette hépiale très commune est connue des jardiniers car ses chenilles souterraines mangent parfois les racines de leurs légumes.
Attirés par les effluves d’une femelle captive apportée par Hervé, plusieurs mâles du Grand paon de nuit sont venus faire leur numéro. On en voit un ici en compagnie d’un bombyx de la ronce (en bas à gauche sur la photo) qui est déjà un gros papillon de nuit. Saturnia pyri atteint une envergure de 15 cm, ce qui en fait le plus grand lépidoptère d’Europe.
Jaune avec des dessins marrons, ce Totricidae est facile à reconnaître. Les chenilles d’Agapeta hamana consomment les racines de diverses plantes basses, dont celles des chardons.
Un petit blanc vient nous rendre visite. Il s’agit d’Idaea subsericeata, une des acidalies les plus communes dans les friches et les prairies. Elle vole d’avril à septembre.
Dans son beau manteau blanc à pois noirs, Spilosoma lubricipeda, l’écaille tigrée, fait toujours sensation ! Cet Erebidae qu’il ne faut pas confondre avec la femelle de l’écaille mendiante, est commune partout, même en milieu urbain.
Retrouvez une autre soirée de l’OPIE au parc du peuple de l’herbe :
Soirée papillons au parc du peuple de l’herbe
mardi 30 mai 2023
Quel museau !
Dans les herbes sèches, ce papillon de nuit au profil extravagant passe facilement inaperçu. Ses palpes poilus lui valent son surnom de Museau. Celui-ci est une femelle.
Voici le mâle de cette espèce, ses appendices dépassent des ailes. On peut le reconnaître aussi à ses antennes pectinées, mais sur cette photo il les cache sous ses ailes.
La vue de dessus n’est pas mal non plus !
Pterosoma palpina est un Notodontidae très commun, il vole de début avril à fin août. Ses chenilles vivent sur les saules et les peupliers, notamment les trembles.
Retrouvez d’autres Notodontidae :
Le Capuchon
Le Bucéphale
lundi 29 mai 2023
La scène se passe dans une haie champêtre, le long d’une jachère sur le plateau agricole de Crespières. Ce que je prends pour un moucheron sur une feuille de prunellier est en fait un hyménoptère minuscule.
Tout est bizarre chez cet insecte : les flagelles des antennes garnis d’un duvet gris, l’ornementation du thorax surdimensionné et surtout la tête, comme fendue en deux ! Cette large dépression frontale lui permet de loger au repos ses antennes repliées.
Cette vue ventrale me montre d’impressionnantes mandibules acérées. Quelque chose me dit que celui-là ne suce pas que du nectar.
Après quelques recherches et l’aide bienvenue d’experts bien affûtés, j’arrive à cerner son identité. Il s’agit d’un mâle Perilampus ruficornis (de la famille des Perilampidae). Chez cette espèce, la femelle a les antennes orange.
Cet hyménoptère serait un hyperparasite de larves de diptères Tachinidae, et d’hyménoptères Braconidae et Ichneumonidae, eux-mêmes parasitoïdes de chenilles.
Peut-être que ses mandibules lui servent lors de l’émergence pour découper la dépouille de la chenille ?
Retrouvez un autre hyperparasite :
Hemipenthes morio
Sources :
Les espèces françaises de Perilampus, de J. R. Steffan
Perilampus neglectus et autres espèces négligées: nouvelles mentions de Perilampidae paléarctiques (Hymenoptera, Chalcidoidea), avec une clé pour les espèces européennes de Perilampus – Mircea-Dan Mitroiu, Evangelos Koutsoukos
dimanche 28 mai 2023
De belles touffes de Centranthus ont été plantées au bord de la nouvelle rue qui traverse le centre d’entrainement du PSG. J’y recherche ces petits Canthophorus qui parfois fréquentent cette plante. Au bout d’un moment, je finis par trouver une de ces petites punaises noires qui grimpe sur une tige. Mais elle se laisse tomber à mon approche. Je la rattrape et lui propose une feuille de lierre.
La voici un peu plus tranquille et je peux la photographier.
Elle explore aussi mon bocal de transport, dans cette position j’aperçois son rostre sous sa tête. Tous les critères sont réunis pour l’espèce Canthophorus maculipes, notamment la bordure blanche bien nette et la tache claire sur les tibias. En consultant l’INPN, j’apprends que l’espèce a changé de nom, on doit maintenant l’appeler Adomerus maculipes.
Adomerus maculipes est inféodé à l’espèce Centranthus ruber, la valériane rouge. Comme sa plante hôte, c’est une méditerranéenne. Elle voyage sans doute avec les livraisons de pépinières et gagne ainsi de nouvelles contrées.
Retrouvez une autre Cydnidae :
Cydnus aterrimus
Source :
Les punaises Pentatomoidea de France, de Roland Lupoli et François Dusoulier
samedi 27 mai 2023
J’ai le plaisir de vous présenter Phyllobius betulinus, Curculionidae souvent présent au mois de mai sur les aubépines, les merisiers, les prunelliers. Les courtes écailles vertes mêlées de longs poils blonds et les antennes robustes sont caractéristiques de l’espèce. La zone de la suture des élytres est parfois dénudée en raison de la perte des écailles, laissant alors apparaître le fond noir.
Retrouvez un autre Phyllobius :
Phyllobius pyri
Source :
vendredi 26 mai 2023
Cet adorable petit coléoptère gambade sur la boiserie du velux, en compagnie d’une coccinelle à deux points. J’aère la pièce, ainsi s’il veulent sortir, ils pourront le faire.
Ce bigarré appartient à la famille des Dermestidae. D’après son nom, je devine que l’adulte butine volontiers les bouillons blancs (Verbascum en latin). Il a un deuxième nom : l’anthrène des tapis. Je crois comprendre ce que mange sa larve. Pas si adorable que ça, finalement !
Ce sont bien des écailles, comme chez les papillons, qui sont colorées et dessinent ses motifs.
Retrouvez d’autres Dermestidae :
Ctesias serra
Dermestes lardarius
jeudi 25 mai 2023
Je vous ai déjà présenté deux cercopes : Cercopis intermedia et Cercopis vulnerata. Voici Haematoloma dorsata, une espèce très proche de la même famille (les Cercopidae), trouvée dans une prairie sous un pin sylvestre. On la reconnaît notamment au bord externe de son aile antérieure presque entièrement rouge.
Les larves de cette espèce vivent sur les racines des graminées, et les adultes sur les pins.
Retrouvez d’autres insectes des pins :
Ryacionia buoliana
Thera obeliscata
Sources :
Haematoloma dorsata, par e-phytia
Clé des Cercopidae du Massif Armoricain, de François Dusoulier
mercredi 24 mai 2023
Cette magnifique chenille de noctuelle, observée sur une branche de prunier, n’est pas celle d’une cucullie. Il s’agit de celle de Diloba caeruleocephala, seule espèce en France de la sous-famille des Dilobinae.
Son nom vernaculaire, Double-Oméga, fait référence au dessin particulier des ailes du papillon. C’est une noctuelle très tardive qui vole en octobre et novembre. Les chenilles sont visibles en mai dans les prunelliers et les arbres fruitiers.
Retrouvez une autre chenille de Noctuidae :
La chevelure dorée
mardi 23 mai 2023
Au bord d’une prairie et en limite d’un bois de pins sylvestres et de genévriers, je tombe sur cette orchidée singulière.
Cette belle orchidée au casque clair pourrait-elle être le résultat d’une hybridation entre deux espèces proches, Orchis purpurea et Orchis militaris ? Voyons ci-dessous les parents présumés, présents en nombre sur place :
Les hybridations entre espèces d’Orchis sont fréquentes mais elles sont difficiles à distinguer de simples variations. Si c’est un Orchis pourpre, c’est une forme particulièrement séduisante.
Retrouvez un autre hybride d’Orchis :
Orchis purpurea x simia