Je débusque ce moucheron sur un arbre près de la Seine. Sa ressemblance avec un moustique est trompeuse puisqu’il n’est pas de la famille des Culicidae, mais de celle des Chironomidae. Les couleurs de l’abdomen et l’ornementation particulière des ailes m’orientent vers le genre Stenochironomus.
Sur les 110 espèces de ce genre qui peuplent le Monde, deux sont documentées en France, Stenochironomu gibbus et Stenochironomus fascipennis. Les photos de cette dernière espèce montrent une deuxième bande grise bien marquée à l’apex des ailes. Serions-nous donc en présence de Stenochironomus gibbus ? En fait, rien ne prouve qu’il n’existe pas d’autres espèces de Stenochironomus en France.
En cherchant de la documentation pour confirmer ma détermination, j’apprends avec intérêt que les chercheurs en chironomes (c’est un métier !) ont établi une bibliothèque de codes barres d’ADN, moyen le plus pratique et plus sûr selon eux pour identifier ces bestioles. Il paraît même que le fragment 658-bp du gène mitochondrial cytochrome c oxydase I est d’un grand secours dans cet exercice. Mais ce n’est pas à la portée de l’amateur que je suis.
Les larves des Stenochironomus vivent dans le bois pourri, les feuilles mortes, et parfois dans les feuilles flottantes de plantes aquatiques.
En longeant une haie champêtre sur le plateau agricole de Crespières, je rencontre ce coléoptère. Ses reflets bleu sombre et son pronotum rouge m’intriguent, elle me rappelle Chilotomina nigritarsis mais n’a pas les pieds noirs. Il s’agit de Smaragdina salicina, une autre chrysomèle, assez commune sur les saules et les aubépines. Elle fréquente aussi les trèfles et les prunelliers.
Celle-ci est posée sur une feuille de troène, mais il est vrai que les prunelliers dominent dans cette haie. L’espèce consomme les feuilles et les fleurs de ses plantes hôtes.
Les cardères sont connues pour retenir l’eau de pluie à la base de leurs longues feuilles engainantes. J’aime bien les inspecter après une ondée pour voir si quelque bestiole ne s’y serait pas noyée. Je suis tenté de m’attarder sur les nombreuses cardères qui borde le chemin, mais mes compagnons de sortie sont déjà repartis. Je me contente d’un coup d’œil rapide sur le premier pied.
Coup gagnant, je trouve une jolie mouche de la famille des Tephritidae, ces diptères aux ailes ornées ! Avec ce dessin caractéristique sur les ailes et le dessus du thorax sombre contrastant avec le côté clair, c’est Euleia heraclei, la mouche du céleri, bien connue des maraîchers. Ses larves minent les feuilles des céleris et aussi celles d’autres Apiaceae comme les berces et les angéliques.
Je débusque quelques gourmands dans les inflorescences d’un érable champêtre. Parmi eux, je remarque ce beau charançon cuivré. Reconnaissable à son scutellum blanc, c’est Phyllobius pyri, l’une des huit espèces de ce genre visibles en Ile-de-France.
Les adultes de ce Curculionidae commun, de couleur assez variable, sont connus pour fréquenter les bouleaux, les pruniers, les chênes, les charmes, les aubépines… Ils grignotent les feuilles et les fleurs de ces arbres. Les larves se nourrissent de racines de graminées ou de diverses plantes herbacées.
Je cherche dans les aubépines du chemin de halage la chenille verte à bandes brunes du Geometridae Acrobasis advenella, inféodée à cet arbre. Elle est facile à reconnaître, et cela me ferait à bon compte une nouvelle espèce pour l’inventaire du parc du peuple de l’herbe.
L’aubépine m’offrira une autre nouveauté, cette superbe punaise Miridae. Son nom à rallonge Dryophilocoris flavoquadrimaculatus pourrait se traduire par « punaise qui vit dans la forêt et dont les ailes sont ornées de quatre taches jaunes ». Finalement, c’est plus court en latin. On la prétend inféodée aux chênes mais je n’en vois aucun aux alentours. Cette espèce cependant vole très bien. Celle-ci était peut-être venue d’assez loin se régaler du pollen de ces fleurs d’aubépine.
Cercopis intermedia est une espèce d’affinité méditerranéenne mais on la rencontre jusqu’en Picardie. Depuis 2019, elle semble dans une dynamique de forte progression. On ne s’en plaindra pas, car c’est un très bel insecte.
Cercopis intermedia se nourrit de la sève de nombreuses espèces de végétaux qu’elle pique avec son rostre. Ses larves ont le même régime alimentaire mais s’établissent sur des racines. Cette espèce n’est pas connue pour occasionner des dégâts sensibles aux cultures.
Les cercopes s’accouplent par rapprochement latéral. Dans cette position, ils se tiennent tranquilles et on peut alors les photographier aisément. Les cercopes sont en effet d’excellents sauteurs qui ont tendance à s’éclipser vivement à la moindre alerte.
La plante est partie à l’assaut de la clôture, elle en dépasse allègrement le sommet et ses vrilles se dressent vers le ciel. J’aperçois les premières fleurs. Si c’est une pied femelle, je vais peut-être trouver la si jolie petite mouche qui pond dans ses fleurs fécondées.
Elle n’y est pas, mais une dizaine de coccinelles s’affairent sur ses jeunes feuilles.
Cette coccinelle velue est spécifique de la bryone dioïque, elle en consomme le feuillage. Cette espèce est aussi commune que l’est sa plante hôte.
Ses larves couvertes d’épines barbelées sont très voraces au début de l’été et peuvent défeuiller en grande partie la liane qui les héberge.
Chouette, j’ai trouvé des Lixus, ces charançons allongés comme des suppositoires ! Celui-ci se cache à l’aisselle d’une feuille d’un chardon penché (Carduus nutans), trouvé au bord d’une route de campagne.
En voici un autre, obtenu en secouant un de ces chardons. je lui propose une petite excursion sur une feuille pour mieux le détailler. La clé d’identification demande une vue détaillée des antennes, ce sera plus aisé dans le bac d’observation.
Je constate que les deux premiers articles du funicule sont à peu près égaux entre eux et que le scape n’est pas distinctement plus long que ces deux articles réunis. La clé propose alors trois espèces : cardui, ulcerosus et filiformis. Les deux premiers sont rares et vivent sur les Onopordon. Lixus filiformis est très commun, les adultes s’alimentent sur de nombreux chardons et les larves minent le bas des des tiges de Carduus nutans.
Nous rentrons d’une ballade en forêt avec notre petit panier bien garni de délicieux mousserons de printemps (Calocybe gambosa). Un papillon de nuit décolle devant moi, je le suis des yeux, manque de le perdre et puis je l’aperçois en train de se poser sur une fleur de jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta). J’ai le temps de prendre cette photo avant qu’il redécolle et disparaisse.
Il a une bonne tête de Tortricidae. Une espèce dans cette famille serait-elle inféodée à la jacinthe des bois ? La réponse est oui : Hysterophora maculosana ! Mon petit papillon ne s’est pas posé là par hasard, sa chenille vit dans les fruits de la plante. L’espèce est réputée rare, ou alors seulement discrète car elle est très peu signalée. Mon observation est la deuxième pour la base de données d’Ile-de-France.
Retrouvez un autre Tortricidae mangeur de graines :
Une jardinière abandonnée au bord de la Seine offre le charmant spectacle de cette floraison de lamiers. Cette espèce plus grêle que les autres lamiers est Lamium amplexicaule, reconnaissable à la bractée embrassante sous chaque couronne de fleurs.
Le casque de leurs fleurs à deux lèvres est abondamment poilu.
En bouton, les fleurs ont une forme curieuse. Le pompon rose vif se déploiera pour former le casque.
Lamium amplexicaule est une adventice annuelle très commune dans les champs et les jardins. Elle affectionne les terrains plutôt secs et ensoleillés. Ses graines sont attractives pour les fourmis. En les emportant avec elles, elles participent à la dispersion de la plante.
Tiens, une orthosie que je ne connais pas ! Je l’invite à grimper sur une brindille pour faire une autre photo.
Elle est assez usée et a perdu pas mal d’écailles mais je peux repérer les critères de l’espèce Orthosia gracilis : les taches réniforme et orbiculaire sont grises et assez séparées, elles sont accompagnées vers l’apex de l’aile d’une ligne postmédiane en pointillés noirs puis d’une ligne submarginale claire. Les ailes de ce papillon sont finement mouchetées et la toison de son thorax paraît poivre et sel.
Orthosia gracilis affectionne les prairies, les clairières, les bords de rivières. Sa chenille est polyphage sur les plantes herbacées mais se nourrit aussi sur des arbustes et des arbres.
Il se déplaçait lentement sur le bord de la route, je le place sur une feuille de lierre pour l’observer plus commodément. Ce gros charançon (1cm) est Minyops carinatus, et je suis bien en peine de vous parler de sa biologie car elle est inconnue !
L’espèce est trouvée généralement au bord des chemins dans des endroits pierreux. On sait aussi qu’il peut être une proie pour la chouette chevêche car on a retrouvé ses restes dans des pelotes de réjection de cet oiseau. L’insecte serait donc de mœurs plutôt nocturnes. Le jour, quand il ne divague pas au bord de la route, il se cacherait sous des pierres ou enfoui sous des débris végétaux.
Un grand chardon domine la jachère sur ce plateau calcaire. Ses grosses fleurs penchées ne laissent pas de doute, il s’agit de Carduus nutans, le plus commun des quatre espèces franciliennes du genre Carduus.
Ce bouton floral présente un involucre très aranéeux. Il s’agit bien d’une production de la plante et non du travail d’une araignée.
Carduus nutans a été introduite accidentellement aux Etats-Unis en 1852. Elle s’y comporte en plante invasive et c’est également le cas en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les autorités de ces pays ont testé, avec plus ou moins de succès, de nombreux agents de biocontrôle pour tenter de limiter sa prolifération. Deux charançons européens (Rhinocyllus conicus et Trichosirocalus horridus) qui pondent dans ses capitules ont démontré une relative efficacité lorsqu’ils sont introduits conjointement.
Cette curieuse chenille verte a la même teinte que la feuille d’aubépine sur laquelle elle se déplace sans hâte. Mais ses deux raies brunes la trahissent. Les spécialistes reconnaissent à ce détail Acrobasis advenella, la Phycide de l’aubépine.
J’ai rencontré l’adulte dans le même secteur en août, attiré par mon piège lumineux.
La femelle pond sur les fruits des aubépines ou des sorbiers (Sorbus aucuparia) et la jeune chenille y creuse une galerie. Au printemps, elle en sort et se nourrit des fleurs en boutons, protégée par une toile de fils de soie. Ce Pyralidae peut compromettre, en culture intensive, la production de l’aronia noir (Aronia melanocarpa), un arbuste nord-américain à petits fruits noirs comestibles.
Cet insecte primitif est pourvu au bout de son abdomen d’un long filament terminal flanqué de deux cerques plus courts. Il fait partie de la famille des Machilidae, dans l’ordre des Archaeognathes.
Son corps est recouvert d’écailles agencées en chevrons.
Les yeux nettement bicolores et le dessin « en y » constitué d’écailles blanches sur le dessus du thorax permettent de reconnaître Lepismachlilis y-signata. Bravo à Jahvazzo Fototrafik qui a su percer le mystère !
Actionnant son filament terminal comme un fouet, cet insecte est capable de sauter, il a d’ailleurs tenté de m’échapper de cette façon. C’est un décomposeur qui vit ordinairement dans la litière. J’ai obtenu celui-ci en secouant les feuilles d’un lierre le long d’un tronc d’arbre.
Je cherche des coccinelles dans les fleurs d’un érable de Montpellier (Acer monspessulanum) Je trouve de beaux spécimens d’Adalia decempunctata et aussi ce curieux charançon à barre blanche. Il ressemble fort à Bradybatus fallax, trouvé au parc du peuple de l’herbe, mais la pointe de ses antennes n’est pas noire. Cette subtile différence m’oriente vers l’espèce Bradybatus elongatulus dont les plantes hôtes seraient l’érable de Montpellier et l’érable champêtre, alors que Bradybatus fallax vivrait sur l’érable plane et le sycomore.
mardi 16 mai 2023
Je débusque ce moucheron sur un arbre près de la Seine. Sa ressemblance avec un moustique est trompeuse puisqu’il n’est pas de la famille des Culicidae, mais de celle des Chironomidae. Les couleurs de l’abdomen et l’ornementation particulière des ailes m’orientent vers le genre Stenochironomus.
Sur les 110 espèces de ce genre qui peuplent le Monde, deux sont documentées en France, Stenochironomu gibbus et Stenochironomus fascipennis. Les photos de cette dernière espèce montrent une deuxième bande grise bien marquée à l’apex des ailes. Serions-nous donc en présence de Stenochironomus gibbus ? En fait, rien ne prouve qu’il n’existe pas d’autres espèces de Stenochironomus en France.
En cherchant de la documentation pour confirmer ma détermination, j’apprends avec intérêt que les chercheurs en chironomes (c’est un métier !) ont établi une bibliothèque de codes barres d’ADN, moyen le plus pratique et plus sûr selon eux pour identifier ces bestioles. Il paraît même que le fragment 658-bp du gène mitochondrial cytochrome c oxydase I est d’un grand secours dans cet exercice. Mais ce n’est pas à la portée de l’amateur que je suis.
Les larves des Stenochironomus vivent dans le bois pourri, les feuilles mortes, et parfois dans les feuilles flottantes de plantes aquatiques.
Retrouvez un autre Chironomidae :
Sphaeromias pictus
Source :
Étude taxonomique sur le genre Stenochironomus Kieffer de la réserve naturelle de Baishanzu, Chine (Diptères, Chironomidae) – Chanson Chao , Bin-Qing Zhu, Joel Moubayed-Breil, Teng Lei, Xin Qi
lundi 15 mai 2023
En longeant une haie champêtre sur le plateau agricole de Crespières, je rencontre ce coléoptère. Ses reflets bleu sombre et son pronotum rouge m’intriguent, elle me rappelle Chilotomina nigritarsis mais n’a pas les pieds noirs. Il s’agit de Smaragdina salicina, une autre chrysomèle, assez commune sur les saules et les aubépines. Elle fréquente aussi les trèfles et les prunelliers.
Celle-ci est posée sur une feuille de troène, mais il est vrai que les prunelliers dominent dans cette haie. L’espèce consomme les feuilles et les fleurs de ses plantes hôtes.
Retrouvez un autre Chrysomelidae :
La Chrysomèle Totoro
Source :
COLEOPTERES CHRYSOMELIDAE CLYTRINAE
de France continentale et de Corse
Par Cédric Alonso
dimanche 14 mai 2023
Les cardères sont connues pour retenir l’eau de pluie à la base de leurs longues feuilles engainantes. J’aime bien les inspecter après une ondée pour voir si quelque bestiole ne s’y serait pas noyée. Je suis tenté de m’attarder sur les nombreuses cardères qui borde le chemin, mais mes compagnons de sortie sont déjà repartis. Je me contente d’un coup d’œil rapide sur le premier pied.
Coup gagnant, je trouve une jolie mouche de la famille des Tephritidae, ces diptères aux ailes ornées ! Avec ce dessin caractéristique sur les ailes et le dessus du thorax sombre contrastant avec le côté clair, c’est Euleia heraclei, la mouche du céleri, bien connue des maraîchers. Ses larves minent les feuilles des céleris et aussi celles d’autres Apiaceae comme les berces et les angéliques.
Retrouvez d’autres Tephritidae :
La mouche de l’asperge
La mouche des fruits de la bryone
Source :
Euleia heraclei, par ephytia
samedi 13 mai 2023
Je débusque quelques gourmands dans les inflorescences d’un érable champêtre. Parmi eux, je remarque ce beau charançon cuivré. Reconnaissable à son scutellum blanc, c’est Phyllobius pyri, l’une des huit espèces de ce genre visibles en Ile-de-France.
Les adultes de ce Curculionidae commun, de couleur assez variable, sont connus pour fréquenter les bouleaux, les pruniers, les chênes, les charmes, les aubépines… Ils grignotent les feuilles et les fleurs de ces arbres. Les larves se nourrissent de racines de graminées ou de diverses plantes herbacées.
Retrouvez un autre Phyllobius :
Phyllobius oblongus
Source :
Petit Guide Illustré pour la détermination des Curculionidae Entiminae de la tribu des Phyllobiini
en Île de France, par Jean-Marc Audic
vendredi 12 mai 2023
Je cherche dans les aubépines du chemin de halage la chenille verte à bandes brunes du Geometridae Acrobasis advenella, inféodée à cet arbre. Elle est facile à reconnaître, et cela me ferait à bon compte une nouvelle espèce pour l’inventaire du parc du peuple de l’herbe.
L’aubépine m’offrira une autre nouveauté, cette superbe punaise Miridae. Son nom à rallonge Dryophilocoris flavoquadrimaculatus pourrait se traduire par « punaise qui vit dans la forêt et dont les ailes sont ornées de quatre taches jaunes ». Finalement, c’est plus court en latin. On la prétend inféodée aux chênes mais je n’en vois aucun aux alentours. Cette espèce cependant vole très bien. Celle-ci était peut-être venue d’assez loin se régaler du pollen de ces fleurs d’aubépine.
Retrouvez une autre Miridae :
Liocoris tripustulatus
jeudi 11 mai 2023
Avec ses genoux rouges, on ne peut le confondre !
Cercopis intermedia est une espèce d’affinité méditerranéenne mais on la rencontre jusqu’en Picardie. Depuis 2019, elle semble dans une dynamique de forte progression. On ne s’en plaindra pas, car c’est un très bel insecte.
Cercopis intermedia se nourrit de la sève de nombreuses espèces de végétaux qu’elle pique avec son rostre. Ses larves ont le même régime alimentaire mais s’établissent sur des racines. Cette espèce n’est pas connue pour occasionner des dégâts sensibles aux cultures.
Les cercopes s’accouplent par rapprochement latéral. Dans cette position, ils se tiennent tranquilles et on peut alors les photographier aisément. Les cercopes sont en effet d’excellents sauteurs qui ont tendance à s’éclipser vivement à la moindre alerte.
Sources :
Clé des Cercopidae du Massif Armoricain, par François Dusoulier
Cercopes : en rouge et noir …, par Zoom Nature
Retrouvez un autre Cercopoidea :
Lepyronia coleoptrata
mercredi 10 mai 2023
La belle bryone que voilà !
La plante est partie à l’assaut de la clôture, elle en dépasse allègrement le sommet et ses vrilles se dressent vers le ciel. J’aperçois les premières fleurs. Si c’est une pied femelle, je vais peut-être trouver la si jolie petite mouche qui pond dans ses fleurs fécondées.
Elle n’y est pas, mais une dizaine de coccinelles s’affairent sur ses jeunes feuilles.
Cette coccinelle velue est spécifique de la bryone dioïque, elle en consomme le feuillage. Cette espèce est aussi commune que l’est sa plante hôte.
Ses larves couvertes d’épines barbelées sont très voraces au début de l’été et peuvent défeuiller en grande partie la liane qui les héberge.
Retrouvez une autre coccinelle velue :
Platynaspis luteorubra
Source :
Henosepilachna argus, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
mardi 9 mai 2023
Chouette, j’ai trouvé des Lixus, ces charançons allongés comme des suppositoires ! Celui-ci se cache à l’aisselle d’une feuille d’un chardon penché (Carduus nutans), trouvé au bord d’une route de campagne.
En voici un autre, obtenu en secouant un de ces chardons. je lui propose une petite excursion sur une feuille pour mieux le détailler. La clé d’identification demande une vue détaillée des antennes, ce sera plus aisé dans le bac d’observation.
Je constate que les deux premiers articles du funicule sont à peu près égaux entre eux et que le scape n’est pas distinctement plus long que ces deux articles réunis. La clé propose alors trois espèces : cardui, ulcerosus et filiformis. Les deux premiers sont rares et vivent sur les Onopordon. Lixus filiformis est très commun, les adultes s’alimentent sur de nombreux chardons et les larves minent le bas des des tiges de Carduus nutans.
Retrouvez un autre Lixus :
Lixus juncii
En savoir plus :
Lixus filiformis, sur le site Lixus de France
lundi 8 mai 2023
Nous rentrons d’une ballade en forêt avec notre petit panier bien garni de délicieux mousserons de printemps (Calocybe gambosa). Un papillon de nuit décolle devant moi, je le suis des yeux, manque de le perdre et puis je l’aperçois en train de se poser sur une fleur de jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta). J’ai le temps de prendre cette photo avant qu’il redécolle et disparaisse.
Il a une bonne tête de Tortricidae. Une espèce dans cette famille serait-elle inféodée à la jacinthe des bois ? La réponse est oui : Hysterophora maculosana ! Mon petit papillon ne s’est pas posé là par hasard, sa chenille vit dans les fruits de la plante. L’espèce est réputée rare, ou alors seulement discrète car elle est très peu signalée. Mon observation est la deuxième pour la base de données d’Ile-de-France.
Retrouvez un autre Tortricidae mangeur de graines :
Eucosma conterminana
Source :
Hysterophora maculosana, dans Lepiforum
dimanche 7 mai 2023
Une jardinière abandonnée au bord de la Seine offre le charmant spectacle de cette floraison de lamiers. Cette espèce plus grêle que les autres lamiers est Lamium amplexicaule, reconnaissable à la bractée embrassante sous chaque couronne de fleurs.
Le casque de leurs fleurs à deux lèvres est abondamment poilu.
En bouton, les fleurs ont une forme curieuse. Le pompon rose vif se déploiera pour former le casque.
Lamium amplexicaule est une adventice annuelle très commune dans les champs et les jardins. Elle affectionne les terrains plutôt secs et ensoleillés. Ses graines sont attractives pour les fourmis. En les emportant avec elles, elles participent à la dispersion de la plante.
Retrouvez un autre lamier :
Lamium galeobdolon, le lamier jaune
Source :
Plantes myrmécochores en Europe tempérée, dans le site Myrmécochorie
samedi 6 mai 2023
Tiens, une orthosie que je ne connais pas ! Je l’invite à grimper sur une brindille pour faire une autre photo.
Elle est assez usée et a perdu pas mal d’écailles mais je peux repérer les critères de l’espèce Orthosia gracilis : les taches réniforme et orbiculaire sont grises et assez séparées, elles sont accompagnées vers l’apex de l’aile d’une ligne postmédiane en pointillés noirs puis d’une ligne submarginale claire. Les ailes de ce papillon sont finement mouchetées et la toison de son thorax paraît poivre et sel.
Orthosia gracilis affectionne les prairies, les clairières, les bords de rivières. Sa chenille est polyphage sur les plantes herbacées mais se nourrit aussi sur des arbustes et des arbres.
Retrouvez d’autres orthosies :
L’Orthosie picotée
L’Orthosie farineuse
vendredi 5 mai 2023
Il se déplaçait lentement sur le bord de la route, je le place sur une feuille de lierre pour l’observer plus commodément. Ce gros charançon (1cm) est Minyops carinatus, et je suis bien en peine de vous parler de sa biologie car elle est inconnue !
L’espèce est trouvée généralement au bord des chemins dans des endroits pierreux. On sait aussi qu’il peut être une proie pour la chouette chevêche car on a retrouvé ses restes dans des pelotes de réjection de cet oiseau. L’insecte serait donc de mœurs plutôt nocturnes. Le jour, quand il ne divague pas au bord de la route, il se cacherait sous des pierres ou enfoui sous des débris végétaux.
Retrouvez un autre gros charançon :
Liparus coronatus
Source :
Diversité entomologique au menu de la chevêche d’Athéna – Jean-David-Chapelin-Viscardi, Emmanuel Douilard, Philippe Ponel et Patrick Bayle
jeudi 4 mai 2023
Un grand chardon domine la jachère sur ce plateau calcaire. Ses grosses fleurs penchées ne laissent pas de doute, il s’agit de Carduus nutans, le plus commun des quatre espèces franciliennes du genre Carduus.
Ce bouton floral présente un involucre très aranéeux. Il s’agit bien d’une production de la plante et non du travail d’une araignée.
Carduus nutans a été introduite accidentellement aux Etats-Unis en 1852. Elle s’y comporte en plante invasive et c’est également le cas en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les autorités de ces pays ont testé, avec plus ou moins de succès, de nombreux agents de biocontrôle pour tenter de limiter sa prolifération. Deux charançons européens (Rhinocyllus conicus et Trichosirocalus horridus) qui pondent dans ses capitules ont démontré une relative efficacité lorsqu’ils sont introduits conjointement.
Retrouvez un insecte inféodé aux Carduus :
Tephritis hyoscyami
Et d’autres Asteraceae :
L’armoise bisannuelle
La picride fausse-vipérine
Sources :
Carduus nutans, par Cal-IPC
Abondance, phénologie et impact des agents de lutte biologique sur Carduus nutans à Canterburry 35 ans après le début d’un programme de lutte biologique, de R Groenteman , D Kelly, SV Fowler & GW Bourdôt
Zouhar, Kris. 2002. Carduus nutans. Dans: Fire Effects Information System, [En ligne]. Département de l’agriculture des États-Unis, Service des forêts, Station de recherche des Rocheuses, Fire Sciences Laboratory (producteur). Disponible: https://www.fs.usda.gov/database/feis/plants/forb/carnut/all.html [22 décembre 2022].
mercredi 3 mai 2023
Cette curieuse chenille verte a la même teinte que la feuille d’aubépine sur laquelle elle se déplace sans hâte. Mais ses deux raies brunes la trahissent. Les spécialistes reconnaissent à ce détail Acrobasis advenella, la Phycide de l’aubépine.
J’ai rencontré l’adulte dans le même secteur en août, attiré par mon piège lumineux.
La femelle pond sur les fruits des aubépines ou des sorbiers (Sorbus aucuparia) et la jeune chenille y creuse une galerie. Au printemps, elle en sort et se nourrit des fleurs en boutons, protégée par une toile de fils de soie. Ce Pyralidae peut compromettre, en culture intensive, la production de l’aronia noir (Aronia melanocarpa), un arbuste nord-américain à petits fruits noirs comestibles.
Retrouvez un autre insecte de l’aubépine :
Lochmaea crataegi
Un autre Pyralidae :
Myelois circumvoluta
Source :
Acrobasis advenella, par Lepiforum
mardi 2 mai 2023
Cet insecte primitif est pourvu au bout de son abdomen d’un long filament terminal flanqué de deux cerques plus courts. Il fait partie de la famille des Machilidae, dans l’ordre des Archaeognathes.
Son corps est recouvert d’écailles agencées en chevrons.
Les yeux nettement bicolores et le dessin « en y » constitué d’écailles blanches sur le dessus du thorax permettent de reconnaître Lepismachlilis y-signata. Bravo à Jahvazzo Fototrafik qui a su percer le mystère !
Actionnant son filament terminal comme un fouet, cet insecte est capable de sauter, il a d’ailleurs tenté de m’échapper de cette façon. C’est un décomposeur qui vit ordinairement dans la litière. J’ai obtenu celui-ci en secouant les feuilles d’un lierre le long d’un tronc d’arbre.
Retrouvez un autre décomposeur :
Orchesella villosa
Source :
Les Archéognathes, par Entomologic
lundi 1er mai 2023
Là, c’est facile, vous avez tout pour le déterminer. A demain pour la réponse !
dimanche 30 avril 2023
Je cherche des coccinelles dans les fleurs d’un érable de Montpellier (Acer monspessulanum) Je trouve de beaux spécimens d’Adalia decempunctata et aussi ce curieux charançon à barre blanche. Il ressemble fort à Bradybatus fallax, trouvé au parc du peuple de l’herbe, mais la pointe de ses antennes n’est pas noire. Cette subtile différence m’oriente vers l’espèce Bradybatus elongatulus dont les plantes hôtes seraient l’érable de Montpellier et l’érable champêtre, alors que Bradybatus fallax vivrait sur l’érable plane et le sycomore.
Retrouvez un autre Bradybatus :
Bradybatus kellneri
Source :
Tableau de détermination de Bradybatus, par coleonet.de