Dans la végétation herbacée d’une prairie en pente près de la route des Crêtes, je trouve cette petite araignée que je prends tout d’abord pour une Salticidae. La photo prise dans mon bac blanc me montre tout autre chose : à l’avant, des chélicères énormes et à l’arrière, des filières écartées, en forme de cônes. Les yeux sont groupés au sommet de la tête. Cette araignée au physique étonnant est une mygale ! Plus précisément, il s’agit d’un individu juvénile du genre Atypus. Fait inhabituel chez les araignées, les Atypus peuvent vivre une dizaine d’années, les mâles ne sont matures qu’au bout de trois ou quatre ans et les femelles, cinq ou six ans.
Deux espèces sont possibles en Ile-de-France, pour trancher il faudrait une bonne photo de profil des filières d’un adulte. Je sens qu’il va falloir que j’y retourne.
Ces filières servent à produire la soie avec laquelle ces mygales confectionnent une sorte de chaussette posée sur le sol. C’est à la fois une chambre pour l’accouplement et un piège pour capturer les insectes imprudents qui marchent dessus. Ces araignées sont inoffensives pour l’Homme.
Ce gros charançon immobile semble guetter quelque chose depuis ce poteau de clôture du centre d’entrainement du PSG. Espère-t-il un autographe ?
J’en profite pour le photographier de tout près. Il a de bien gros yeux ! Les applications de reconnaissance par l’image me proposent Brachypera zoilus, un Curculionidae de la sous-famille des Yperinae. Il s’agit bien de cette espèce que l’on peut observer partout en France et à peu près toute l’année. Depuis le milieu du XIXème siècle, elle est présente aussi en Amérique du Nord où elle est considérée comme une espèce invasive.
Les larves comme les adultes de Brachypera zoilus se nourrissent des feuilles de trèfles et de luzernes. L’hyménoptère Cerceris arenaria est l’un de leurs prédateurs.
Je décide de ne pas l’importuner plus longtemps et me retire discrètement. Je ne saurai pas la raison de sa présence immobile sur ce poteau.
J’ai trouvé cette drôle de pièce de deux euros. Notre gouvernement s’enticherait donc de botanique ? Ce serait nouveau et intéressant. Renseignements pris sur les forums de numismatique, cette monnaie est frappée par les Finlandais et cette plante orne le revers de leur pièce de deux euros depuis 1999.
Mais quelle est donc cette plante ? On dirait une Rosaceae. C’en est une effectivement. Cette ronce couvre-sol traçante à feuilles lobées pousse dans les tourbières nordiques. Son fruit rouge orangé est dur mais une fois gelé, il devient blanchâtre, légèrement acide, très juteux et prend une consistance mollassonne. Consommé cru, son goût est âpre avec des relents de térébenthine. C’est un must de la gastronomie scandinave ! Les norvégiens importent de Finlande entre 200 et 300 tonnes de ces fruits par an, ils les préparent en confiture, en jus, en tarte ou en liqueur. Depuis 2002, des variétés ont été sélectionnées pour la culture. Les canadiens, car Rubus chamaemorus pousse là-bas aussi, l’utilisent pour aromatiser une bière spéciale.
La plaquebière est une plante dioïque qui se multiplie par semis ou prélèvement de rhizomes, elle tolère très bien des températures inférieures à – 40° C mais ne supporte pas du tout la sécheresse.
Ce portrait de Rubus chamaemorus est tiré de l’ouvrage « Bilder ur Nordens flora » du botaniste suédois Carl Axel Magnus Lindman (1856 – 1928). Il a été publié à Stockholm au début du XXème siècle. A gauche est illustrée une fleur femelle et à droite une fleur mâle.
Au fait, quelle est la cote de ma pièce de deux euros finlandaise de 2001 ? Si elle avait été neuve, j’aurais pu en espérer 2,80 euros ! Deux euros, dit mon poissonnier.
Après les homoptères, je vous propose d’explorer les hétéroptères, vulgairement nommées punaises, un sous-ordre des hémiptères. Voici une galerie d’espèces classées par famille. Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler. Je vous laisse apprécier leur grande variété de formes et de couleurs.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
J’ai trouvé sur internet un document du Conseil départemental du Val d’Oise intitulé « Espaces naturels départementaux et locaux – rapport d’activité 2019-2022 ». La restauration de la mare Tornibus sur la commune de Maudétour-en-Vexin y est mentionnée en page 36. Le site à l’air intéressant, allons-y !
En fait, cette mare s’inscrit dans un Espace naturel sensible comprenant des prairies humides et des zones boisées. Tout en haut de la butte, je découvre une belle station de myrtilliers. Cette plante très rare et protégée en Ile-de-France est menacée par le réchauffement climatique.
Sur un tronc de frêne, ce jeune mâle Diaea dorsata me surveille. Les anneaux bruns sur les deux paires de pattes antérieures le distinguent de la femelle.
Les larves de raphidies sont aussi difficiles à identifier que les adultes. Je replace cette belle prédatrice là où je l’ai trouvée, sous l’écorce décollée d’une branche tombée à terre.
Cette mystérieuse œuvre d’art trouvée dans un bois au bord de la Seine est le fruit du noyer d’Amérique, Juglans nigra. La coque est très dure et ne se brise pas facilement, aussi les mulots doivent patiemment creuser ces trous pour accéder aux cerneaux. Et comme les cloisons intérieures sont également épaisses, ils creusent généralement quatre trous pour consommer toute la noix. Ils abandonnent ensuite au sol les noix vidées de leur contenu et leurs perçages amusent les enfants, et ceux qui ont su le rester.
Le noyer d’Amérique ou noyer noir est un arbre de grande taille souvent planté dans les parcs pour la magnifique coloration jaune de son feuillage en automne. Il est parfois utilisé comme porte-greffe pour le noyer commun.
Retrouvez d’autres fruits que l’on peut observer en hiver :
Le gui est en fleur sur ce vieux saule. Je secoue un pied mâle pour voir si des insectes gourmands de pollen s’affairent dans la boule. C’est un petit longicorne de 6mm que je récolte, il me rappelle Pogonocherus hispidulus qui a aussi les apex des élytres dentés mais le scutellum de celui-ci est noir et non blanc. Il s’agit d’une autre espèce, Pogonocherus hispidus.
La larve de ce coléoptère très commun en Ile-de-France se développe dans les branchettes mortes de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Que deviennent les tigres en hiver ? En d’autres termes, quelle est la forme hivernante de ces petites punaises : œuf, juvénile ou adulte ? Les galeries des forums d’entomologie me donnent peu d’informations, ces insectes sont presque toujours observés en été sur leur plante hôte.
Pour celui-ci au moins, je sais : on peut trouver Tingis auriculata adulte, caché en situation abritée, en plein hiver. Je l’ai observé dans un square au pied d’un mur recouvert de lierre. Un tigre à quelques mètres d’une aire de jeux pour enfants, que fait la mairie ?
Il semble bien que chez de nombreuses espèces de Tingidae, les adultes hivernent dans la litière près de leur plante hôte ou sous une écorce décollée. Il m’est d’ailleurs arrivé de rencontrer un tigre de la vipérine au mois d’octobre en recherchant des araignées sous l’écorce d’un orme mort.
Dans une zone humide au bord d’un bras de Seine, des troncs effondrés de frênes, de saules, d’érables et d’ailantes pourrissent sur place. C’est le paradis des champignons lignivores. Voici justement une belle rangée de carpophores. Pour déterminer l’espèce, il faut d’abord regarder dessous. Ici, point de lames ni de pores, ni même d’alvéoles. C’est tout lisse, comme du cuir ou du carton.
Sur le dessus, on remarque une marge blanche très visible, un aspect feutré et des stries concentriques. Ce champignon coriace et très léger est Stereum subtomentosum. Il pousse souvent dans les forêts alluviales sur le bois mort des aulnes, des saules, des peupliers.
Je secoue un ciste de Montpellier au bord du chemin et j’obtiens… beaucoup de poussière ! Cela fait longtemps qu’il n’a pas plu sur la Côte d’Azur. Trois petites punaises vertes arpentent mon bac de battage. On dirait le genre Macrolophus mais les taches sombres alignées sur son dos ne me sont pas familières. La pointe noire au bout du scutellum permet de reconnaître Macrolophus costalis. En France, cette Miridae est plutôt une espèce du Midi, souvent observée sur ce ciste où elle chasse des pucerons. Mais elle est présente aussi en Angleterre et en Europe du Nord. On la trouve sur les cistes, les menthes, les épiaires, les échinops, les pulicaires et les tabacs.
Certains lecteurs me réclament des éclaicissements sur la systématique des homoptères. Par cet article, je tente d’apporter une réponse simple sur un sujet compliqué car plusieurs classifications se sont succédées et elles diffèrent selon les sources utilisées. Je m’en tiens à celle qui est en vigueur dans l’INPN.
L’ordre des hémiptères est, pour ce qui est des espèces visibles en France, subdivisé en quatre sous-ordres : Cicadomorpha, Fulgoromorpha, Heteroptera et Stenorrhyncha.
Heteroptera, en français, ce sont les hétéroptères, c’est-à-dire les punaises. Les trois autres sous-ordres constituent ce que l’on nomme communément les homoptères.
Je vous propose un petit aperçu du monde des homoptères, en vous montrant quelques espèces classées par sous-ordre et par famille.
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Sous-ordre des Cicadomorpha (cigales et cicadelles)
Les canards chipeaux sont des hôtes hivernaux réguliers des plans d’eau de notre région. Il s’agit essentiellement de migrateurs venus d’Europe du Nord.
C’est pourquoi ce canard friand de plantes aquatiques recherche la compagnie des foulques pour leur chaparder dès leur remontée de plongée les succulents potamots qui tapissent le fond.
En Ile-de-France les canards chipeaux sédentaires et nicheurs sont rares et très localisés.
C’est dans du lierre le long d’un tronc d’arbre que je trouve ce joli Carabidae. Le dessin noir sur ses élytres est caractéristique de l’espèce Demetrias atricapillus. Ce coléoptère apprécie les zones humides mais il fréquente aussi d’autres milieux ouverts. Il recherche sa nourriture en grimpant la nuit le long des tiges des plantes, ce qui en fait un bon régulateur des populations de pucerons, thrips et acariens.
Comme toujours pour les bryophytes, l’examen au microscope est requis pour la détermination. Ici nous sommes en présence de Calliergonella cuspidata. Cette espèce pousse sur les sols calcaires, de préférence au soleil, mais pas forcément au sec.
Les chanterelles poussent parfois tard en saison mais je ne les récolte plus s’il a fait vraiment froid car le gel peut les avoir corrompues même si elles restent présentables. Le 28 décembre dernier, j’ai prélevé de quoi faire une dernière omelette.
Que vois-je dans les plis de cette chanterelle ?
C’est une minuscule araignée, ou plutôt un opilion car le céphalothorax et l’abdomen ne sont pas séparés par un étranglement.
J’ai attendu d’avoir la confirmation d’un expert pour vous présenter l’espèce. Il s’agit d’un Rilaena triangularis juvénile. C’est une espèce de petite taille, commune dans les zones boisées. Les adultes vivent dans les arbres et les juvéniles dans la litière.
Par un orifice situé juste au-dessus de la hanche de la patte antérieure, ces opilions éjectent s’ils sont dérangés des gouttelettes d’un liquide répulsif à odeur âcre. Je ne peux pas confirmer, car je ne l’ai pas dérangé. J’ai délicatement reposé au sol le champignon et son visiteur après la séance photos.
Retrouvez un autre champignon comestible récolté le même jour :
Un coup de vent de l’été dernier a arraché une branche de châtaignier, elle est restée pendue et ses feuilles desséchées se sont recroquevillées. Que vais-je trouver dans cet abri de qualité ? Des psoques, des chrysopes en grand nombre, des forficules et puis cette curieuse chenille bicolore.
Les huit tubercules orange sur le flanc qui tranchent sur le fond noir sont un bon critère pour reconnaître la chenille de Nyea lurideola. Normalement on voit cette chenille de mars à mai. Celle-ci, en raison de la douceur de ce mois de février, est en avance. Elle se nourrit de lichens sur les troncs et les branches des arbres. L’adulte, aux longues ailes grises, vole en été. C’est une espèce très commune.
Cette masse sombre trouvée sous une écorce d’eucalyptus à La Croix-de-Gardes n’est pas une vieille crotte moisie. Je distingue trois paires de pattes, c’est un insecte. Il dort ou fait le mort, toutes pattes et antennes repliées sous son corps.
La face dorsale permet de reconnaître un coléoptère Elateridae, autrement dit un taupin. L’insecte est ici en compagnie d’un Xanthochilus saturnius (à l’arrière-plan).
Cette espèce méditerranéenne de grande taille (18mm) est en France présente surtout dans le quart sud-est. Ses larves sont prédatrices des petits arthropodes qui peuplent le bois pourri des pins et de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Son décor de nuit étoilée le rend facile à reconnaître, il s’agit de Lacon punctatus.
Au pied d’un tronc pourri de peuplier, je retourne quelques-unes des plaques d’écorce enchevêtrées qui jonchent le sol. Un « gros » collembole de 2mm se réveille sous l’effet de l’éclairage de mon appareil photo. Il se sauve et je peine à le mettre au point.
Le trait sombre dans l’axe du dos et les yeux noirs sont paraît-il de bons critères pour reconnaître Dicyrtoma fusca. Les soies raides qui ornent son postérieur paraissent épaisses, elles sont peut-être garnies d’un film d’eau de condensation.
Ce collembole est commun dans la litière de feuilles mortes, il se nourrit de mycélium et de matières organiques en décomposition. On peut l’observer toute l’année.
La famille des Tingidae (ou tigres) rassemble des hétéroptères de forme aplatie et souvent ornés d’expansions. Leurs ailes ont un aspect cellulaire, on les croirait faites de dentelles.
Les tigres sont souvent inféodés à une famille ou à un genre de plante, parfois à une seule espèce. Voici une petite galerie de portraits. J’ai indiqué en légende le nom de l’espèce et ses plantes hôtes préférées.
Tingis pilosa sur les LamiaceaeTingis crispata sur les armoisesTingis auriculata sur les ApiacaeaTingis cardui sur les chardonsDictyla humili sur les consoudesDictyla echi sur les vipérinesMonosteira unicostata sur les arbresCorythucha arcuata sur les chênesCorythucha ciliata sur les platanesStephanitis pyri sur les RosaceaePhysatocheila dumetorum sur les RosaceaeKalama tricornis sur les plantes bassesCopium clavicorne sur la germandrée petit-chêneGaleatus maculatus sur les piloselles
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
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Cette succession de bandes noires et l’aspect irisé caractérisent le collembole Willowsia platani qui justement vit sous les écorces de platanes.
C’est un rapide, il court se cacher à l’ombre. Je me demande à quoi peuvent servir de telles écailles brillantes à un animal qui vit dans l’obscurité !
Willowsia platani est très peu observé, sans doute en raison de son habitat particulier. Il est présent un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.
J’attrape une drôle de punaise en fauchant de grandes herbes dans le parc naturel de la Valmasque, une sympathique zone humide très fréquentée par les promeneurs de chiens. Ce Blissidae est d’assez grande taille pour être un Ischnodemus sabuleti. C’est en regardant mes photos que le doute survient. Ce bourrelet luisant juste avant les ailes, ça ne colle pas pour cette espèce. Il me faut approfondir la question.
Je tiens là en fait une espèce typiquement méditerranéenne et plutôt rare, Ischnodemus genei ! L’INPN répertorie 9 données seulement pour la France, localisées sur le littoral méditerranéen et la Corse.
Ischnodemus genei vit sur les massettes et les laiches. Effectivement, il y avait des Carex à l’endroit où je l’ai observé.
J’ai passé un coup de filet à papillons dans des soucis en fleur. Une mouchette s’en échappe aussitôt et vient se poser sur ma main. La gauche, elle est sympa, je peux la photographier !
Je reconnais aux dessins de ses ailes Tephritis praecox que j’ai déjà rencontré une fois. C’était devant l’hôtel de ville de Montigny-lès-Cormeilles en 2017. L’INPN ne cite d’ailleurs que ma donnée pour l’Ile-de-France. L’espèce ne semble pas commune. Il faut dire que les soucis se raréfient dans les champs et le changement climatique n’y est pour rien.
En inspectant une filaire au sommet du parc naturel de la Croix des Gardes, je découvre cette coccinelle poilue. Oh, un Rodolia, me dis-je ! Perdu, la bête a changé de nom, on doit maintenant l’appeler Novius cardinalis.
Novius cardinalis est une coccinelle d’origine australienne. Les adultes comme les larves se nourrissent de la cochenille australienne, Icerya purchasi. Cette grosse cochenille polyphage et très prolifique s’attaque à de nombreux arbres et arbustes. A la fin du XIXème siècle, elle débarque accidentellement en Californie et met à mal les vergers d’agrumes. L’introduction de la coccinelle va en une année sauver la situation. C’est la première utilisation historique d’une espèce de coccinelle dans un but de biocontrôle. Introduite en France en 1912, cette coccinelle est surtout présente sur le littoral méditerranéen car elle craint le froid hivernal.
Qui ne connaît le Gendarme, alias Pyrrhocoris apterus ? Cette punaise rouge et noir très commune est facile à repérer notamment lorsqu’elle s’attroupe sur les troncs d’arbres. Mais toutes les punaises rouge et noir ne sont pas des gendarmes ! Seul le gendarme présente ces dessins, en particulier ces deux grosses taches bien rondes sur les hémélytres ! Celles-ci étant dépourvues de membrane, le gendarme ne peut voler, on s’en serait douté (vu le nom d’espèce).
Les rassemblements de gendarmes au soleil peuvent se faire aussi sur des rochers ou d’autres supports. Ici, sur cette palissade, des adultes côtoient de nombreux juvéniles, plus rouges et plus petits.
Les juvéniles muent plusieurs fois à mesure qu’ils grandissent. Ici ce jeune adulte sort ses antennes de la dépouille, accrochée à un brin d’herbe, qu’il est en train de quitter.
De ce côté, on comprend mieux pourquoi elle est surnommée Thomise Napoléon ! Reconnaissez-vous sur son abdomen la silhouette de l’empereur coiffé de son bicorne ?
Synema globosum est une araignée crabe très commune partout en France, quoique plus fréquente en zone méditerranéenne. Elle chasse à l’affût sur des fleurs, notamment celles des Apiaceae, et y capture toutes sortes d’insectes, y compris des fourmis.
Voici des individus matures photographiés en été :
Ce insecte extra-plat de 3mm s’est accroché sur mon bras. Je secoue, il ne veut pas tomber ! Alerte, serait-ce un hématophage inconnu ? J’arrive à lui faire lâcher prise en le poussant fermement avec une brindille. C’est qu’il a de fortes griffes pour sa petite taille !
Je le place sur une feuille de géranium sauvage pour le photographier.
Il a les ailes et les antennes d’une punaise. En le cherchant dans les galeries d’insectes sur internet, je découvre sa famille, celle des Thaumastocoridae dont je n’ai jamais entendu parler. Je m’en doutais, c’est une espèce exotique !
Thaumastocoris peregrinus, qui ne vit que sur les Eucalyptus, est d’origine australienne. Cette punaise a commencé à voyager au début des années 2000, puisqu’elle a été repérée en 2003 en Afrique du Sud, en 2005 en Argentine. Sa première apparition en Europe fut pour l’Italie en 2011. Elle serait en France, cantonnée sur le Côte d’Azur, depuis 2016.
En cherchant bien, je découvre un eucalyptus infesté de ces petits ravageurs, les feuilles ont triste mine.
Voici un juvénile : il a les mêmes yeux que sa maman ! On le voit ici sur sa plante hôte. Cette feuille commence à se tacher de brun sous l’effet des piqures de ces insectes. Les infestations de cette punaise sur les eucalyptus hors de leur pays d’origine peuvent déprécier et affaiblir gravement ces arbres. Des essais de lutte biologique sont en cours. Thaumastocoris peregrinus ne supporte pas les hivers froids, c’est pourquoi il ne peut s’étendre au-delà de la zone strictement méditerranéenne.
Ces chenilles font un festin sur un pied de capucine. Les jardiniers reconnaissent cette chenille, c’est celle qui dévore leurs choux ! Pieris brassicae, la Piéride du chou, ne dédaigne pas en effet les capucines, faute de choux. Ces plantes, pourtant de familles différentes, ont une certaine proximité chimique. C’est une affaire de glucosinolates, ces molécules odorantes à saveur piquante sont recherchées par les chenilles des piérides.
Pieris brassicae est la plus grande de nos piérides et sa chenille à la livrée caractéristique est facile à reconnaître.
Ce papillon connaît trois générations par an et passe l’hiver à l’état de chrysalide. A deux pas de la mer et dans un jardin très abrité, l’espèce s’est doute autorisée une quatrième génération hivernale !
Certains hivers, on peut remarquer sur les troncs des tilleuls de grandes concentrations de ces petites punaises aux ailes argentées. Oxycarenus lavaterae, membre de la famille des Oxycarenidae au comportement grégaire, passe ainsi la mauvaise saison. Ces rassemblements impressionnants ne créent aucune nuisance aux arbres ni aux promeneurs et ils ne nécessitent bien sûr aucun traitement.
Comme les gendarmes (Pyrrhocoris apterus) auxquels ils ressemblent par leur comportement et leurs préférences alimentaires, ces petites punaises vivent sur les Malvaceae, notamment les lavatères et les mauves mais aussi les tilleuls qui sont maintenant rattachés à cette famille.
Oxycarenus lavaterae nous vient du bassin méditerranéen. A la faveur du réchauffement climatique, cette espèce a depuis les années 1980 fortement progressé vers le Nord de l’Europe. Elle a gardé de ses origines une prédilection pour les endroits chauds et elle craint les fortes gelées. En ville, ces punaises sont souvent trouvées sur les tilleuls dont elles piquent les graines pour se nourrir.
Je secoue quelques rameaux d’un lierre grimpant sur le tronc d’un micocoulier de Provence. Ce petit papillon de nuit s’est posé au fond de mon bac. Il me faut une photo de profil pour l’identifier mais l’animal est nerveux, il volète en tous sens. Je lui fais de l’ombre avec ma main pour le calmer.
Ma vue de profil, prise juste avant son envol définitif, n’est pas des plus réussies mais elle montre le dessin des ailes et les longues écailles marron qui garnissent les tibias médians. Pas de doute, c’est Caloptilia fidella, un Gracillariidae dont les chenilles sont connues pour miner les feuilles des houblons. Cette espèce mine à l’occasion les feuilles des micocouliers qui appartiennent aussi à la famille des Cannabaceae.
Ce papillon que l’on voit d’habitude en été me paraît bigrement en avance, même pour la Côte d’Azur. Il n’y a plus de saisons !
Caloptilia fidella a déjà été vu une fois en Ile-de-France en fond de vallée dans une zone naturelle, donc en lien avec du houblon. Je connais des sites au bord de la Seine où le houblon est particulièrement abondant. J’irai en septembre à la recherche des mines de ce Caloptilia pour tenter un élevage et faire de meilleures photos.
La brume du matin a déposé de fines gouttelettes de rosée sur les toiles collectives des chenilles processionnaires du pin. Les premiers rayons de soleil les mettent en beauté. Ces cocons de soie les protègent du froid pendant l’hiver.
Dès le début du mois de février, les chenilles quittent leur toile, descendent en procession le long du tronc, et cherchent une cachette dans le sol pour se nymphoser.
Les papillons émergent dès le début de l’été. Ils volent de mi-juin à mi-août dans notre région.
Thaumetopoea pityocampa est une espèce méridionale qui gagne chaque année du terrain vers le nord. Elle a désormais dépassé les limites de l’Ile-de-France.
Quand la chenille se sent agressée, elle libère dans l’air de grandes quantités de poils barbelés très fins qui se fichent dans la peau et les muqueuses et libèrent en se cassant une toxine, la thaumetopoéine. Celle-ci provoque des réactions allergiques cutanées, oculaires et respiratoires. Il est donc préférable de ne pas les toucher ni même de s’en approcher de trop près. Les nids d’hiver restent urticants après le départ des chenilles.
Pour réguler les populations de cet encombrant hôte des pins, des cèdres et des sapins de Douglas, la pose de nichoirs à mésanges est efficace.
Retrouvez les mésanges à l’œuvre dans cet article :
Les Blissidae sont une toute petite famille de punaises qui comprend 5 espèces en France métropolitaine. En voici deux, trouvées dans les Yvelines. Les individus ci-dessus sont de forme brachyptère, c’est-à-dire que leurs ailes sont réduites. Ces deux espèces, Dimorphopterus spinolae et Ischnodemus sabuleti, se ressemblent beaucoup mais les dessins de leurs ailes sont différents.
On les trouve sur leurs plantes hôtes, des Poaceae, Cyperaceae et Typhaceae de grande taille des genres Ammophila, Calamagrostis,Leymus, Arrhenatherum, Carex, Deschampsia, Elytrigia, Glyceria, Phalaris, Phragmites, Sparganium, Typha (en français oyat, roseau des bois, fromental, glycérie, baldingère, roseau, rubanier, massette). Ce sont essentiellement des plantes de zones humides.
Je n’ai jamais trouvé Dimorphopterus spinolae que sur Calamagrostis epigejos, le roseau des bois, en situation sèche.
Et je ne connais qu’une station de l’espèce Ischnodemus sabuleti sur quelques touffes de Brachypodium sylvaticum, qui n’est a priori pas une plante hôte. Les Glyceria, Phalaris, Phragmites, Sparganium et Typha qui poussent en abondance sur la rive de la Seine ne sont cependant pas loin.
L’aselle d’eau douce est un crustacé isopode de mœurs aquatiques. On le dit d’origine asiatique et on ne sait pas précisément dater son arrivée en France. J’ai trouvé quelques enregistrements dès 1977 mais les premières données significatives dans l’INPN commencent à la fin des années 1990. On reconnaît Asellus aquaticus aux deux taches blanches sur la tête (à gauche sur la photo).
Cette espèce qui supporte les eaux polluées est maintenant présente dans la plupart des cours d’eau et étangs d’Europe. Les poissons et oiseaux aquatiques en sont friands et régulent naturellement ses populations.
L’aselle d’eau douce est active la nuit et consomme des débris végétaux.
Retrouvez un autre arthropode aquatique naturalisé :
Cet hyménoptère jaune de 3mm est tombé dans mon bac au battage de buissons dans le parc de la Croix des Gardes. Il a vraiment un look inhabituel !
Le nombre d’articles des antennes m’oriente vers la famille des Torymidae, et le gros stigma noir sur l’aile désigne le genre Megastigmus. Son abdomen est dépourvu d’ovipositeur, c’est donc un mâle.
La clé indiquée dans les sources me conduit jusqu’à l’espèce Megastigmus aculeatus. C’est d’ailleurs la seule espèce du genre à faire l’objet de données dans l’INPN.
Sa biologie est curieuse. La femelle pond dans les cynorhodons encore verts de différentes espèces de rosiers et ses larves se développent à l’intérieur des graines. Une grive vient à passer par là, elle consomme le fruit mûr. Les graines sont rejetées plus loin avec ses fientes. Les Torymidae adultes émergent alors au début du printemps dans une nouvelle contrée qu’ils seraient bien incapables de gagner de leurs propres ailes.
Les photos des mâles sont très rares, car ils représentent moins de 7% de la population. Les femelles d’ailleurs se reproduisent généralement sans fécondation.
Retrouvez un autre hyménoptère à l’allure étonnante :
On trouve parfois des coquilles de cet intrigant escargot (4mm) dans des taupinières. Cecilioides acicula est une espèce fouisseuse rarement observée en surface. Lucien a eu le flair de trouver dans son jardin un individu vivant, en retournant une grosse pierre de meulière. Ne cherchez pas à croiser son regard, l’aiguillette commune est aveugle. La vue ne lui serait pas utile dans les profondeurs du sol.
Mais que cherche-t-il dans le sol ?
Ce mollusque nécrophage se nourrit de moisissures à la surface de vieux ossements. La concentration de coquilles dans des fouilles archéologiques peut indiquer l’emplacement de sépultures dont les ossements ont été totalement dégradés. Cecilioides acicula serait apparu en France à l’époque gallo-romaine. En revanche, en raison de son caractère fouisseur, sa présence dans le sol ne donne aucune indication stratigraphique.
Je ne connaissais pas le chemin de halage à Triel-sur-Seine. J’ai testé, c’est pittoresque. On longe une immense carrière. Le site est protégé par un portail solidement cadenassé. Mais il manque deux barreaux… Et surtout il n’y a pas de clôture !
Sur la berge du bras des Morteaux, je trouve au sommet d’une branche d’osier ce joli bouquet de feuilles sèches en forme de rose épanouie. C’est la galle de Rabdophaga rosaria, un diptère Cecidomyiidae qui transforme à son bénéfice un bourgeon terminal de saule. Sa larve consomme l’intérieur de la galle et y passe l’hiver bien à l’abri.
Le reste d’un lapin gît au bord du chemin, un renard en est sans doute la cause. Voilà une bonne aubaine pour observer d’éventuels nécrophages. Je n’ai même pas à chercher un bâton pour retourner cette dépouille. Une grosse larve pose pour le photographe !
Celle-ci est bien typique et je n’ai pas de difficulté à identifier l’espèce Silpha tristis, un coléoptère Silphidae.
Les larves de Silpha se nourrissent de charognes de grands animaux (au moins 300g) laissant aux Nicrophorus les cadavres d’animaux plus petits.
Près de l’étang du Corra, je soulève l’écorce d’un tronc de pin pourri couché dans l’herbe. Ce curieux animal de 3mm est en train de contourner un escargot minuscule. Il est étonnamment boudiné et possède deux antennes courtes et épaisses. La position des tubercules saillants sur son derrière me permet de le déterminer, il s’agit de Neanura muscorum, un collembole qui se nourrit de champignons du bois mort. C’est une espèce commune présente en Europe, Asie, Amérique du Nord, Inde, Australie. Pour éloigner ses prédateurs, il est capable de sécréter des gouttelettes d’un liquide répulsif à leur approche.
J’étais convié en ce dernier samedi de janvier à participer à la visite nature organisée par le Collectif du lac de Créteil. J’ai montré des petites bêtes à toutes celles et tous ceux, novices ou pas, qui semblaient s’y intéresser.
C’est une drôle d’idée de programmer ce rendez-vous annuel en janvier, mais en fait il a fait très beau et les insectes encore engourdis par le froid de la nuit se sont très bien prêtés à mes démonstrations.
Cyphostethus tristriatus, magnifique punaise de la famille des Acanthosomatidae, pique pour se nourrir les baies des genévriers. Depuis 2000, on la trouve aussi dans les thuyas et les cyprès des jardins.
Les bambous nains hébergent parfois des pucerons d’origine asiatique. C’est le cas de celui-ci. Takecallis arundicolens est reconnaissable à ses nervures soulignées de noir et à la cauda noire au bout de son abdomen. C’est la deuxième observation de cette espèce dans la base de données naturalistes d’Ile-de-France, GéoNat’IdF.
La rosée a déposé des gouttelettes sur les feuilles des Stachys. Avec d’autres photographes, je me suis amusé à observer leur effet de loupe sur les poils hydrophobes de ces feuilles.
Au bord du lac, dans un if
Le groupe s’est ébranlé en direction du lac. Un if m’a permis de montrer les insectes qui hivernent parmi ses aiguilles.
Rhaphigaster nebulosa doit son nom de punaise nébuleuse aux petits nuages noirs qui ornent la partie membraneuse de ses ailes. Cette espèce très commune est polyphage, elle se nourrit de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. L’hiver, on peut la rencontrer cachée sous les écorces décollées, dans le lierre ou dans les conifères.
Zyginellapulchra, hôte régulier des conifères en hiver, vit aux beaux jours dans les érables. Cette petite cicadelle fait partie de la sous-famille des Typhlocybinae. Je l’identifie au point noir situé à l’apex de l’aile.
Je découvre cette magnifique punaise en soulevant une écorce d’eucalyptus. Comme elle ressemble à Rhyparochromus vulgaris, elle pourrait faire partie de la famille des Rhyparochromidae. Je cerne le genre en explorant les photos des membres de cette famille dans les galeries sur internet : c’est un Xanthochilus, autrefois considéré comme un sous-genre de Rhyparochromus.
La vue de profil montre un rostre très long, atteignant les hanches des pattes postérieures, c’est donc Xanthochilus saturnius, une espèce typiquement méditerranéenne, également présente sur la côte ouest des Etats-Unis depuis 2006.
Les plantes hôtes de cette espèce sont des Lamiaceae, notamment les Stachys, et des Scrophulariaceae, comme les Verbascum.
J’inspecte les branchages d’un vieux pyracantha au bord de l’étang du Corra. La chasse est maigre, juste un moucheron. Celui-ci est d’assez belle taille et la nervation alaire me semble particulière. Allez, je me lance, pour une fois je vais essayer d’identifier un moucheron.
J’arrive jusqu’au genre Mycomya, dans la famille des Mycetophilidae. Il existe 44 espèces dans ce genre en France et la clé de détermination que j’ai trouvée est trop ardue pour moi, elle me permet seulement d’éliminer quelques espèces. J’en resterai donc au genre. Son gros abdomen me fait penser que c’est une femelle.
Les larves des Mycomya consomment des champignons, notamment ceux qui poussent sur le bois.
Les spécialistes, pour les déterminer, comparent l’anatomie des pièces génitales et font des analyses de leur ADN. Il est assez facile de se procurer des adultes en collectant des champignons ou du bois pourri et en les plaçant dans des boîtes d’élevage.
Connaissez-vous les Anthaxia ? Ces coléoptères de la famille des Buprestidae sont souvent brillamment colorés. Leurs larves creusent des galeries dans le bois de nombreuses espèces d’arbres ou d’arbustes. Certaines espèces sont cependant inféodées à des plantes basses, comme les panicauts, les astragales, les férules. On peut observer les adultes en été sur diverses fleurs où ils viennent butiner.
Une quarantaine d’espèces pour ce genre sont répertoriées en France. La grande majorité d’entre elles sont méditerranéennes. Je vous propose d’en découvrir quelques unes.
Les larves du Bupreste hongrois creusent le bois mort des chênes. C’est un insecte de grande taille (jusqu’à 15mm), la femelle au thorax contrasté est facile à reconnaître.
Anthaxia ignipennis est citée pour les chênes et les prunus. Chez cette espèce, le mâle et aussi coloré que la femelle.
En Ile-de-France, ce sont d’autres espèces que l’on peut rencontrer : Anthaxia manca (la célèbre Anthaxie driver), Anthaxia candans, Anthaxia semicuprea, Anthaxia mendizabali, Anthaxia nitidula, Anthaxia godeti,
Retrouvez un autre coléoptère brillamment coloré :
Je scrute un tapis de lierre terrestre (Glechoma hederacea) et je trouve une feuille présentant une mine. Eclairée en contre-jour, la feuille laisse deviner le trajet de l’insecte mineur. Le couloir est d’abord étroit sous l’épiderme supérieur, il s’élargit en tache puis devient moins visible. La larve s’est enfoncée plus profondément dans l’épaisseur de la feuille.
L’insecte finit son voyage nourricier sous l’épiderme de la face inférieure. Je reconnais à ces détails la trace d’un diptère Agromyzidae, Phytomyza glechomae, qui est justement inféodé à cette plante. Normalement la larve se nymphose à l’extérieur de la feuille, ici la pupe est restée en partie dans la mine. Je place la feuille dans un bocal aéré dans ma véranda. Peut-être aurai-je la surprise de voir l’adulte au printemps ?
L’histoire commence par un œuf pondu par un tout petit papillon de nuit de la famille des Nepticulidae sur le dessus d’une feuille de ronce. On distingue ce qui reste de sa coquille, à droite sur la photo ci-dessus. Une minuscule chenille en sort, ronge l’épiderme et creuse une galerie. Celle-ci dessine un serpentin blanc sur la feuille. A mesure que la chenille grandit, la mine s’élargit. Les taches noires que l’on voit dans la mine par transparence sous l’épiderme sont ses excréments (les spécialistes disent le frass).
A la fin de son parcours la chenille se nymphose puis le papillon émerge. Ci-dessous sur cette foliole de ronce deux mines se sont croisées. J’imagine que la chenille qui venait de la gauche a cédé le passage. La traversée de la nervure médiane par l’une d’elle, à l’évidence, n’a pas été un problème. Comme la ligne de frass occupe au moins la moitié de la largeur de la mine, il s’agit de l’espèce Stigmella aurella
Stigmella aurella mine les feuilles de certaines Rosaceae, comme les ronces, les fraisiers, les benoîtes et les aigremoines.
Lorsque je m’approche, ça grouille ! Des dizaines de petites bêtes furtives courent et sautent se réfugier dans des fissures puis reviennent se chauffer au soleil et se fondre dans le décor lorsque l’intrus est parti. Celle-ci est passée en trombe sous mon objectif dans une mémorable partie de cache-cache, me laissant la gloire d’une photo un peu floue mais suffisante pour déterminer l’espèce. Il s’agit de Machilinus rupestris, l’unique représentant en France de la famille des Meinertellidae dans l’ordre des Archeognatha. Si leurs cousins de l’autre famille, celle des Machilidae, semblent fuir la lumière, cette espèce est active le jour sur la rocaille en plein soleil.
Je n’ai pas trouvé d’informations sur le mode de vie de Machilinus rupestris. Cet insecte est généralement observé sur des rochers, il se nourrit probablement de mousses et de lichens, et peut-être d’autres matières organiques.
La Drôme semble constituer la limite septentrionale de cette espèce méditerranéenne. Les dates d’observations sur GBIF montrent que Machilinus rupestris peut être observé toute l’année.
Ferdinadea cuprea est assurément l’un de nos plus beaux syrphes. Celui-ci, vu dans la forêt du Cranou au mois d’août, butinait des centaurées dans une allée ensoleillée bordée de fougères.
Cette coccinelle tombe dans mon bac d’une branche basse de sapin de Douglas. Je n’ai encore jamais vu de coccinelle de cette couleur ! Sur un conifère, je m’attendais plutôt à Harmonia quadripunctata ou à Anatis ocellata. Je détermine la belle inconnue en m’aidant de la clé des coccinelles du Nord Pas-de-Calais (voir ci-dessous dans les sources).
Aphidecta obliterata fréquente surtout les pins et les épicéas. Cette espèce a été introduite en Amérique du Nord pour réguler les populations d’un puceron lanigère d’origine européenne, Adelges piceae, qui, loin de ses prédateurs naturels, ravageait outre-Atlantique les sapins.
Ces feuilles de ronce ont une allure inhabituelle. Chaque tache blanche est en fait l’œuvre d’une chenille qui a creusé sa galerie dans l’épaisseur de la feuille. La clé des mines sur les feuilles de Rubus (voir dans les sources) me permet d’arriver à Coptotriche marginea, un microlépidoptère de la famille des Tischeriidae. Les chenilles hivernent dans leurs mines et les premiers papillons apparaissent en avril.
Le toit des mines est déchiré, des mésanges sans doute sont passées par là.
Je soumets ma détermination sur British leafminers, un groupe facebook anglais spécialisé que je viens de rejoindre. Ma proposition est validée, ils doivent avoir les mêmes chez eux. Vérification faite sur GBIF, cette espèce européenne est également présente en Grande-Bretagne.
Je passe le filet un peu au hasard dans les herbes sèches d’un coteau calcaire. Je récupère ainsi Mocydia crocea, une bien jolie cicadelle et cette mouche à la tête ornée.
Le bord externe des ailes ombré me met sur sur la piste de Pherbellia cinerella, de la famille des Sciomyzidae. C’est une espèce typique de ce genre de milieu ouvert bien exposé, elle y chasse les escargots que ses larves parasitent. On peut la voir toute l’année.
Retrouvez une autre Sciomyzidae parasite d’escargots terrestres :
jeudi 7 mars 2024
Dans la végétation herbacée d’une prairie en pente près de la route des Crêtes, je trouve cette petite araignée que je prends tout d’abord pour une Salticidae. La photo prise dans mon bac blanc me montre tout autre chose : à l’avant, des chélicères énormes et à l’arrière, des filières écartées, en forme de cônes. Les yeux sont groupés au sommet de la tête. Cette araignée au physique étonnant est une mygale ! Plus précisément, il s’agit d’un individu juvénile du genre Atypus. Fait inhabituel chez les araignées, les Atypus peuvent vivre une dizaine d’années, les mâles ne sont matures qu’au bout de trois ou quatre ans et les femelles, cinq ou six ans.
Deux espèces sont possibles en Ile-de-France, pour trancher il faudrait une bonne photo de profil des filières d’un adulte. Je sens qu’il va falloir que j’y retourne.
Ces filières servent à produire la soie avec laquelle ces mygales confectionnent une sorte de chaussette posée sur le sol. C’est à la fois une chambre pour l’accouplement et un piège pour capturer les insectes imprudents qui marchent dessus. Ces araignées sont inoffensives pour l’Homme.
Retrouvez une autre araignée :
La lycose tarentuline
Source :
À la découverte de la Mygale à chaussette en forêts domaniales de Dourdan et du Bréau, par l’ONF
mercredi 6 mars 2024
Ce gros charançon immobile semble guetter quelque chose depuis ce poteau de clôture du centre d’entrainement du PSG. Espère-t-il un autographe ?
J’en profite pour le photographier de tout près. Il a de bien gros yeux ! Les applications de reconnaissance par l’image me proposent Brachypera zoilus, un Curculionidae de la sous-famille des Yperinae. Il s’agit bien de cette espèce que l’on peut observer partout en France et à peu près toute l’année. Depuis le milieu du XIXème siècle, elle est présente aussi en Amérique du Nord où elle est considérée comme une espèce invasive.
Les larves comme les adultes de Brachypera zoilus se nourrissent des feuilles de trèfles et de luzernes. L’hyménoptère Cerceris arenaria est l’un de leurs prédateurs.
Je décide de ne pas l’importuner plus longtemps et me retire discrètement. Je ne saurai pas la raison de sa présence immobile sur ce poteau.
Retrouvez un autre charançon :
Rhinocyllus conicus
Source :
Coléoptères curculionides (deuxième partie), par Adolphe Hoffmann
mardi 5 mars 2024
J’ai trouvé cette drôle de pièce de deux euros. Notre gouvernement s’enticherait donc de botanique ? Ce serait nouveau et intéressant. Renseignements pris sur les forums de numismatique, cette monnaie est frappée par les Finlandais et cette plante orne le revers de leur pièce de deux euros depuis 1999.
Mais quelle est donc cette plante ? On dirait une Rosaceae. C’en est une effectivement. Cette ronce couvre-sol traçante à feuilles lobées pousse dans les tourbières nordiques. Son fruit rouge orangé est dur mais une fois gelé, il devient blanchâtre, légèrement acide, très juteux et prend une consistance mollassonne. Consommé cru, son goût est âpre avec des relents de térébenthine. C’est un must de la gastronomie scandinave ! Les norvégiens importent de Finlande entre 200 et 300 tonnes de ces fruits par an, ils les préparent en confiture, en jus, en tarte ou en liqueur. Depuis 2002, des variétés ont été sélectionnées pour la culture. Les canadiens, car Rubus chamaemorus pousse là-bas aussi, l’utilisent pour aromatiser une bière spéciale.
La plaquebière est une plante dioïque qui se multiplie par semis ou prélèvement de rhizomes, elle tolère très bien des températures inférieures à – 40° C mais ne supporte pas du tout la sécheresse.
Ce portrait de Rubus chamaemorus est tiré de l’ouvrage « Bilder ur Nordens flora » du botaniste suédois Carl Axel Magnus Lindman (1856 – 1928). Il a été publié à Stockholm au début du XXème siècle. A gauche est illustrée une fleur femelle et à droite une fleur mâle.
Au fait, quelle est la cote de ma pièce de deux euros finlandaise de 2001 ? Si elle avait été neuve, j’aurais pu en espérer 2,80 euros ! Deux euros, dit mon poissonnier.
Sources :
Planches de botanique de Lindman – Via Gallica
Rubus chamaemorus, dans runeberg.org
Rubus chamaemorus, par Jardin ! L’Encyclopédie
lundi 4 mars 2024
Après les homoptères, je vous propose d’explorer les hétéroptères, vulgairement nommées punaises, un sous-ordre des hémiptères. Voici une galerie d’espèces classées par famille. Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler. Je vous laisse apprécier leur grande variété de formes et de couleurs.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Cyphostethus tristriatus, Camptopus lateralis, Aneurus avenius,
Holcocranum saturejea, Gampsocoris punctipes, Ischnodemus sabuleti
Coreus marginatus, Cydnus aterrimus, Cymus melanocephalus
Geocoris erythrocephalus, Heterogaster urticae, Hydrometra stagnorum
Melanocoryphus albomaculatus, Pantilius tunicatus, Prostemma guttula
Oxycarenus modestus, Peribalus strictus vernalis, Piesma maculatum
Pyrrhocoris apterus, Rhinocoris annulatus, Corizus hyoscyami
Beosus maritimus, Thaumastocoris peregrinus, Physatocheila dumetorum
dimanche 3 mars 2024
J’ai trouvé sur internet un document du Conseil départemental du Val d’Oise intitulé « Espaces naturels départementaux et locaux – rapport d’activité 2019-2022 ». La restauration de la mare Tornibus sur la commune de Maudétour-en-Vexin y est mentionnée en page 36. Le site à l’air intéressant, allons-y !
En fait, cette mare s’inscrit dans un Espace naturel sensible comprenant des prairies humides et des zones boisées. Tout en haut de la butte, je découvre une belle station de myrtilliers. Cette plante très rare et protégée en Ile-de-France est menacée par le réchauffement climatique.
Sur un tronc de frêne, ce jeune mâle Diaea dorsata me surveille. Les anneaux bruns sur les deux paires de pattes antérieures le distinguent de la femelle.
Les larves de raphidies sont aussi difficiles à identifier que les adultes. Je replace cette belle prédatrice là où je l’ai trouvée, sous l’écorce décollée d’une branche tombée à terre.
En raison des marques brunes en chevrons sur le dos de son abdomen, les arachnologues facétieux surnomment Anyphaena accentuata l’araignée Citroën.
Retrouvez un autre site du Parc naturel régional du Vexin français :
La Butte du Hutrel
samedi 2 mars 2024
Cette mystérieuse œuvre d’art trouvée dans un bois au bord de la Seine est le fruit du noyer d’Amérique, Juglans nigra. La coque est très dure et ne se brise pas facilement, aussi les mulots doivent patiemment creuser ces trous pour accéder aux cerneaux. Et comme les cloisons intérieures sont également épaisses, ils creusent généralement quatre trous pour consommer toute la noix. Ils abandonnent ensuite au sol les noix vidées de leur contenu et leurs perçages amusent les enfants, et ceux qui ont su le rester.
Le noyer d’Amérique ou noyer noir est un arbre de grande taille souvent planté dans les parcs pour la magnifique coloration jaune de son feuillage en automne. Il est parfois utilisé comme porte-greffe pour le noyer commun.
Retrouvez d’autres fruits que l’on peut observer en hiver :
Petits fruits sauvages de l’hiver
vendredi 1er mars 2024
Qu’est-ce que ce petit singe qui me regarde en souriant ?
La réponse demain !
jeudi 29 février 2024
Le gui est en fleur sur ce vieux saule. Je secoue un pied mâle pour voir si des insectes gourmands de pollen s’affairent dans la boule. C’est un petit longicorne de 6mm que je récolte, il me rappelle Pogonocherus hispidulus qui a aussi les apex des élytres dentés mais le scutellum de celui-ci est noir et non blanc. Il s’agit d’une autre espèce, Pogonocherus hispidus.
La larve de ce coléoptère très commun en Ile-de-France se développe dans les branchettes mortes de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Retrouvez un autre Cerambycidae :
Tetrops praeustus
Sources :
Pogonocherus hispidus, fiche descriptive dans l’INPN (Lionel Valladares – 2021)
Longicornes d’Ile-de-France, aide à la détermination
mercredi 28 février 2024
Que deviennent les tigres en hiver ? En d’autres termes, quelle est la forme hivernante de ces petites punaises : œuf, juvénile ou adulte ? Les galeries des forums d’entomologie me donnent peu d’informations, ces insectes sont presque toujours observés en été sur leur plante hôte.
Pour celui-ci au moins, je sais : on peut trouver Tingis auriculata adulte, caché en situation abritée, en plein hiver. Je l’ai observé dans un square au pied d’un mur recouvert de lierre. Un tigre à quelques mètres d’une aire de jeux pour enfants, que fait la mairie ?
Il semble bien que chez de nombreuses espèces de Tingidae, les adultes hivernent dans la litière près de leur plante hôte ou sous une écorce décollée. Il m’est d’ailleurs arrivé de rencontrer un tigre de la vipérine au mois d’octobre en recherchant des araignées sous l’écorce d’un orme mort.
Pas beau, mon tigre ?
Ne dirait-on pas un monstre préhistorique avec ces carènes dorsales et ces trois cornes pointues sur la tête ?
Retrouvez un autre Tingis :
Tingis pilosa
Source :
Nouveau gîte pour l’hibernation de Tingis pyri, de S. Bonnamour et C. Gautier (1927)
mardi 27 février 2024
Dans une zone humide au bord d’un bras de Seine, des troncs effondrés de frênes, de saules, d’érables et d’ailantes pourrissent sur place. C’est le paradis des champignons lignivores. Voici justement une belle rangée de carpophores. Pour déterminer l’espèce, il faut d’abord regarder dessous. Ici, point de lames ni de pores, ni même d’alvéoles. C’est tout lisse, comme du cuir ou du carton.
Sur le dessus, on remarque une marge blanche très visible, un aspect feutré et des stries concentriques. Ce champignon coriace et très léger est Stereum subtomentosum. Il pousse souvent dans les forêts alluviales sur le bois mort des aulnes, des saules, des peupliers.
Retrouvez une autre stérée :
Chondrostereum purpureum, la stérée pourpre
lundi 26 février 2024
Je secoue un ciste de Montpellier au bord du chemin et j’obtiens… beaucoup de poussière ! Cela fait longtemps qu’il n’a pas plu sur la Côte d’Azur. Trois petites punaises vertes arpentent mon bac de battage. On dirait le genre Macrolophus mais les taches sombres alignées sur son dos ne me sont pas familières. La pointe noire au bout du scutellum permet de reconnaître Macrolophus costalis. En France, cette Miridae est plutôt une espèce du Midi, souvent observée sur ce ciste où elle chasse des pucerons. Mais elle est présente aussi en Angleterre et en Europe du Nord. On la trouve sur les cistes, les menthes, les épiaires, les échinops, les pulicaires et les tabacs.
Retrouvez un autre Macrolophus :
Macrolophus pigmaeus
Source :
Macrolophus costalis, dans GBIF
dimanche 25 février 2024
Certains lecteurs me réclament des éclaicissements sur la systématique des homoptères. Par cet article, je tente d’apporter une réponse simple sur un sujet compliqué car plusieurs classifications se sont succédées et elles diffèrent selon les sources utilisées. Je m’en tiens à celle qui est en vigueur dans l’INPN.
L’ordre des hémiptères est, pour ce qui est des espèces visibles en France, subdivisé en quatre sous-ordres : Cicadomorpha, Fulgoromorpha, Heteroptera et Stenorrhyncha.
Heteroptera, en français, ce sont les hétéroptères, c’est-à-dire les punaises. Les trois autres sous-ordres constituent ce que l’on nomme communément les homoptères.
Je vous propose un petit aperçu du monde des homoptères, en vous montrant quelques espèces classées par sous-ordre et par famille.
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Sous-ordre des Cicadomorpha (cigales et cicadelles)
Sous-ordre des Fulgoromorpha (fulgores et delphacides)
Sous-ordre des Stenorrhyncha (pucerons, cochenilles et psylles)
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Lepyronia coleoptrata, Cercopis intermedia, Agallia consobrina
Linnavuoriana sexmaculata, Centrotus cornutus, Ulopa reticulata
Acanalonia conica, Tachycixius pilosus, Asiraca clavicornis
Metcalfa pruinosa, Issus coleoptratus, Tettigometra virescens
Panaphis juglandis, Lepidosaphes sp., Homotoma ficus
Spanioneura fonscolombii, Cacopsylla fulguralis, Trioza remota
Visualisez la place de ces espèces, genres, familles dans l’Arbre de vie, fantastique outil dynamique développé par l’Université de Lyon :
Lifemap
samedi 24 février 2024
Les canards chipeaux sont des hôtes hivernaux réguliers des plans d’eau de notre région. Il s’agit essentiellement de migrateurs venus d’Europe du Nord.
S’il peut basculer et tendre le cou pour attraper les plantes aquatiques dans les eaux peu profondes, le chipeau ne sait pas plonger.
C’est pourquoi ce canard friand de plantes aquatiques recherche la compagnie des foulques pour leur chaparder dès leur remontée de plongée les succulents potamots qui tapissent le fond.
En Ile-de-France les canards chipeaux sédentaires et nicheurs sont rares et très localisés.
Retrouvez un autre oiseau d’eau :
L’aigrette garzette
Source :
Canard chipeau – Cahiers d’habitat « Oiseaux » – MEEDDAT – MNHN
vendredi 23 février 2024
C’est dans du lierre le long d’un tronc d’arbre que je trouve ce joli Carabidae. Le dessin noir sur ses élytres est caractéristique de l’espèce Demetrias atricapillus. Ce coléoptère apprécie les zones humides mais il fréquente aussi d’autres milieux ouverts. Il recherche sa nourriture en grimpant la nuit le long des tiges des plantes, ce qui en fait un bon régulateur des populations de pucerons, thrips et acariens.
Retrouvez un autre Demetrias :
Demetrias monostigma
Sources :
Synthèse bibliographique sur l’écologie des Carabidae
Projet CASDAR « les entomophages en grandes cultures » : diversité, service-rendu et potentialités des habitats, par Mickaël Tenailleau, Charlotte Dor, Julie Maillet-Mezeray
Biodiversité fonctionnelle. Protection des cultures et auxiliaires sauvages, par Johanna Villenave-Chasset
Coléoptères carabiques deuxième partie, par R Jeannel
jeudi 22 février 2024
Cet enrochement artificiel soutient un grand talus dans le golf de Béthemont. Une mousse s’y trouve bien à son aise.
Comme toujours pour les bryophytes, l’examen au microscope est requis pour la détermination. Ici nous sommes en présence de Calliergonella cuspidata. Cette espèce pousse sur les sols calcaires, de préférence au soleil, mais pas forcément au sec.
Les pointes de ses rameaux sont aiguës, elles donnent à cette bryophyte vue de près l’aspect d’un sac d’aiguilles dorées.
Retrouvez une autre mousse des rochers :
Hypnum cupressiforme var. lacunosum
mercredi 21 février 2024
Les chanterelles poussent parfois tard en saison mais je ne les récolte plus s’il a fait vraiment froid car le gel peut les avoir corrompues même si elles restent présentables. Le 28 décembre dernier, j’ai prélevé de quoi faire une dernière omelette.
Que vois-je dans les plis de cette chanterelle ?
C’est une minuscule araignée, ou plutôt un opilion car le céphalothorax et l’abdomen ne sont pas séparés par un étranglement.
J’ai attendu d’avoir la confirmation d’un expert pour vous présenter l’espèce. Il s’agit d’un Rilaena triangularis juvénile. C’est une espèce de petite taille, commune dans les zones boisées. Les adultes vivent dans les arbres et les juvéniles dans la litière.
Par un orifice situé juste au-dessus de la hanche de la patte antérieure, ces opilions éjectent s’ils sont dérangés des gouttelettes d’un liquide répulsif à odeur âcre. Je ne peux pas confirmer, car je ne l’ai pas dérangé. J’ai délicatement reposé au sol le champignon et son visiteur après la séance photos.
Retrouvez un autre champignon comestible récolté le même jour :
Le pied-de-mouton
Un autre Phalangiidae :
Phalangium opilio
Source :
Raspotnig G, Schaider M, Föttinger P, Leutgeb V, Komposch C. Benzoquinones des glandes odorantes des moissonneurs phalangiidés (Arachnida, Opiliones, Eupnoi) : une leçon de Rilaena triangularis. Chimioécologie. 2015; 25(2):63-72. DOI : 10.1007/S00049-014-0177-Y. EPUB 24 octobre 2014. PMID : 25774074 ; PMCID : PMC4353884.
mardi 20 février 2024
Un coup de vent de l’été dernier a arraché une branche de châtaignier, elle est restée pendue et ses feuilles desséchées se sont recroquevillées. Que vais-je trouver dans cet abri de qualité ? Des psoques, des chrysopes en grand nombre, des forficules et puis cette curieuse chenille bicolore.
Les huit tubercules orange sur le flanc qui tranchent sur le fond noir sont un bon critère pour reconnaître la chenille de Nyea lurideola. Normalement on voit cette chenille de mars à mai. Celle-ci, en raison de la douceur de ce mois de février, est en avance. Elle se nourrit de lichens sur les troncs et les branches des arbres. L’adulte, aux longues ailes grises, vole en été. C’est une espèce très commune.
Retrouvez une autre chenille d’Erebidae :
La chenille de l’écaille martre
lundi 19 février 2024
Cette masse sombre trouvée sous une écorce d’eucalyptus à La Croix-de-Gardes n’est pas une vieille crotte moisie. Je distingue trois paires de pattes, c’est un insecte. Il dort ou fait le mort, toutes pattes et antennes repliées sous son corps.
La face dorsale permet de reconnaître un coléoptère Elateridae, autrement dit un taupin. L’insecte est ici en compagnie d’un Xanthochilus saturnius (à l’arrière-plan).
Cette espèce méditerranéenne de grande taille (18mm) est en France présente surtout dans le quart sud-est. Ses larves sont prédatrices des petits arthropodes qui peuplent le bois pourri des pins et de nombreuses espèces d’arbres feuillus.
Son décor de nuit étoilée le rend facile à reconnaître, il s’agit de Lacon punctatus.
Retrouvez un autre Elateridae :
Le taupin cyclone
Sources :
Lacon punctatus, vue d’ensemble dans GBIF
Lacon punctatus, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
dimanche 18 février 2024
Au pied d’un tronc pourri de peuplier, je retourne quelques-unes des plaques d’écorce enchevêtrées qui jonchent le sol. Un « gros » collembole de 2mm se réveille sous l’effet de l’éclairage de mon appareil photo. Il se sauve et je peine à le mettre au point.
Le trait sombre dans l’axe du dos et les yeux noirs sont paraît-il de bons critères pour reconnaître Dicyrtoma fusca. Les soies raides qui ornent son postérieur paraissent épaisses, elles sont peut-être garnies d’un film d’eau de condensation.
Ce collembole est commun dans la litière de feuilles mortes, il se nourrit de mycélium et de matières organiques en décomposition. On peut l’observer toute l’année.
Retrouvez un autre Dicyrtomidae :
Dicyrtomina ornata
Source :
Dicyrtoma fusca, par Les carnets nature de Jessica
samedi 17 février 2024
La famille des Tingidae (ou tigres) rassemble des hétéroptères de forme aplatie et souvent ornés d’expansions. Leurs ailes ont un aspect cellulaire, on les croirait faites de dentelles.
Les tigres sont souvent inféodés à une famille ou à un genre de plante, parfois à une seule espèce. Voici une petite galerie de portraits. J’ai indiqué en légende le nom de l’espèce et ses plantes hôtes préférées.
Vous pouvez en cliquant sur les images agrandir les photos et les faire défiler.
Si vous voulez retrouver les articles qui présentent ces espèces, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :
Tingis pilosa, Tngis crispata, Tingis auriculata
Tingis cardui, Dictyla humili, Dictyla echi
Monosteira unicostata, Corythucha arcuata, Corythucha ciliata
Stephanitis pyri, Physatocheila dumetorum, Kalama tricornis
Copium clavicorne, Galeatus maculatus
vendredi 16 février 2024
Les majestueux platanes du parc de Foucaud au bord du Tarn me retiennent quelques instants. Je regarderais bien sous une écorce décollée !
Oh, un petit bagnard !
Cette succession de bandes noires et l’aspect irisé caractérisent le collembole Willowsia platani qui justement vit sous les écorces de platanes.
C’est un rapide, il court se cacher à l’ombre. Je me demande à quoi peuvent servir de telles écailles brillantes à un animal qui vit dans l’obscurité !
Willowsia platani est très peu observé, sans doute en raison de son habitat particulier. Il est présent un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.
Retrouvez un autre Entomobryidae :
Entomobrya multifasciata
Source :
Le site Collembola.org
jeudi 15 février 2024
J’attrape une drôle de punaise en fauchant de grandes herbes dans le parc naturel de la Valmasque, une sympathique zone humide très fréquentée par les promeneurs de chiens. Ce Blissidae est d’assez grande taille pour être un Ischnodemus sabuleti. C’est en regardant mes photos que le doute survient. Ce bourrelet luisant juste avant les ailes, ça ne colle pas pour cette espèce. Il me faut approfondir la question.
Je tiens là en fait une espèce typiquement méditerranéenne et plutôt rare, Ischnodemus genei ! L’INPN répertorie 9 données seulement pour la France, localisées sur le littoral méditerranéen et la Corse.
Ischnodemus genei vit sur les massettes et les laiches. Effectivement, il y avait des Carex à l’endroit où je l’ai observé.
Retrouvez un autre punaise des zones humides :
Holcocranum saturejae
mercredi 14 février 2024
Les beaux yeux verts !
J’ai passé un coup de filet à papillons dans des soucis en fleur. Une mouchette s’en échappe aussitôt et vient se poser sur ma main. La gauche, elle est sympa, je peux la photographier !
Je reconnais aux dessins de ses ailes Tephritis praecox que j’ai déjà rencontré une fois. C’était devant l’hôtel de ville de Montigny-lès-Cormeilles en 2017. L’INPN ne cite d’ailleurs que ma donnée pour l’Ile-de-France. L’espèce ne semble pas commune. Il faut dire que les soucis se raréfient dans les champs et le changement climatique n’y est pour rien.
Les larves de Tephritis praecox vivent dans les jeunes graines de certaines Asteraceae, en particulier les soucis.
Retrouvez un autre Tephritis :
La mouche de l’onopordon
Source :
Tephritis praecox, dans GBIF
mardi 13 février 2024
En inspectant une filaire au sommet du parc naturel de la Croix des Gardes, je découvre cette coccinelle poilue. Oh, un Rodolia, me dis-je ! Perdu, la bête a changé de nom, on doit maintenant l’appeler Novius cardinalis.
Dessous, tout est bien rangé !
Novius cardinalis est une coccinelle d’origine australienne. Les adultes comme les larves se nourrissent de la cochenille australienne, Icerya purchasi. Cette grosse cochenille polyphage et très prolifique s’attaque à de nombreux arbres et arbustes. A la fin du XIXème siècle, elle débarque accidentellement en Californie et met à mal les vergers d’agrumes. L’introduction de la coccinelle va en une année sauver la situation. C’est la première utilisation historique d’une espèce de coccinelle dans un but de biocontrôle. Introduite en France en 1912, cette coccinelle est surtout présente sur le littoral méditerranéen car elle craint le froid hivernal.
Retrouvez une autre coccinelle poilue :
La coccinelle à vingt-quatre points
Sources :
Novius cardinalis, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2020)
Premières observations de la Coccinelle Rodolia cardinalis (Mulsant, 1850) en Vendée – Christian GOYAUD & Richard LEMARIÉ
La cochenille australienne, par Alain Fraval
AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à une demande d’autorisation d’introduction dans l’environnement d’un macro-organisme non indigène utile aux végétaux
Souche non indigène de Rodolia cardinalis de la société BIOPLANET S.R.L (2021)
lundi 12 février 2024
Le gendarme ne peut voler.
Qui ne connaît le Gendarme, alias Pyrrhocoris apterus ? Cette punaise rouge et noir très commune est facile à repérer notamment lorsqu’elle s’attroupe sur les troncs d’arbres. Mais toutes les punaises rouge et noir ne sont pas des gendarmes ! Seul le gendarme présente ces dessins, en particulier ces deux grosses taches bien rondes sur les hémélytres ! Celles-ci étant dépourvues de membrane, le gendarme ne peut voler, on s’en serait douté (vu le nom d’espèce).
Les rassemblements de gendarmes au soleil peuvent se faire aussi sur des rochers ou d’autres supports. Ici, sur cette palissade, des adultes côtoient de nombreux juvéniles, plus rouges et plus petits.
Les juvéniles muent plusieurs fois à mesure qu’ils grandissent. Ici ce jeune adulte sort ses antennes de la dépouille, accrochée à un brin d’herbe, qu’il est en train de quitter.
Il lui faudra quelques heures de séchage pour prendre ses couleurs définitives.
Phyrrhocoris apterus se nourrit de la sève des Malvaceae, y compris les tilleuls dont il pique les graines.
Attention aux faux gendarmes :
Corizus hyoscyami
Arocatus roeselii
Tropidothorax leucopterus
Source :
Pyrrhocoris apterus, fiche descriptive dans l’INPN (P. Dupont – 2016)
dimanche 11 février 2024
Cette jeune araignée était blottie au creux d’un groupe de feuilles marcescentes dans un chêne.
De ce côté, on comprend mieux pourquoi elle est surnommée Thomise Napoléon ! Reconnaissez-vous sur son abdomen la silhouette de l’empereur coiffé de son bicorne ?
Synema globosum est une araignée crabe très commune partout en France, quoique plus fréquente en zone méditerranéenne. Elle chasse à l’affût sur des fleurs, notamment celles des Apiaceae, et y capture toutes sortes d’insectes, y compris des fourmis.
Voici des individus matures photographiés en été :
La femelle est beaucoup plus grosse et dodue que le mâle.
Retrouvez une autre araignée crabe :
Le Thomise tronqué
Sources :
Fiche d’identifications des différentes « araignées crabes » de la clé Spipoll, de Lucien Claivaz
Synema globosum, fiche descritive dans l’INPN (A. Canard – 2014)
samedi 10 février 2024
Ce insecte extra-plat de 3mm s’est accroché sur mon bras. Je secoue, il ne veut pas tomber ! Alerte, serait-ce un hématophage inconnu ? J’arrive à lui faire lâcher prise en le poussant fermement avec une brindille. C’est qu’il a de fortes griffes pour sa petite taille !
Je le place sur une feuille de géranium sauvage pour le photographier.
Il a les ailes et les antennes d’une punaise. En le cherchant dans les galeries d’insectes sur internet, je découvre sa famille, celle des Thaumastocoridae dont je n’ai jamais entendu parler. Je m’en doutais, c’est une espèce exotique !
Thaumastocoris peregrinus, qui ne vit que sur les Eucalyptus, est d’origine australienne. Cette punaise a commencé à voyager au début des années 2000, puisqu’elle a été repérée en 2003 en Afrique du Sud, en 2005 en Argentine. Sa première apparition en Europe fut pour l’Italie en 2011. Elle serait en France, cantonnée sur le Côte d’Azur, depuis 2016.
En cherchant bien, je découvre un eucalyptus infesté de ces petits ravageurs, les feuilles ont triste mine.
Voici un juvénile : il a les mêmes yeux que sa maman ! On le voit ici sur sa plante hôte. Cette feuille commence à se tacher de brun sous l’effet des piqures de ces insectes. Les infestations de cette punaise sur les eucalyptus hors de leur pays d’origine peuvent déprécier et affaiblir gravement ces arbres. Des essais de lutte biologique sont en cours. Thaumastocoris peregrinus ne supporte pas les hivers froids, c’est pourquoi il ne peut s’étendre au-delà de la zone strictement méditerranéenne.
Source :
Thaumastocoris peregrinus, dans CABI
vendredi 9 février 2024
Ces chenilles font un festin sur un pied de capucine. Les jardiniers reconnaissent cette chenille, c’est celle qui dévore leurs choux ! Pieris brassicae, la Piéride du chou, ne dédaigne pas en effet les capucines, faute de choux. Ces plantes, pourtant de familles différentes, ont une certaine proximité chimique. C’est une affaire de glucosinolates, ces molécules odorantes à saveur piquante sont recherchées par les chenilles des piérides.
Pieris brassicae est la plus grande de nos piérides et sa chenille à la livrée caractéristique est facile à reconnaître.
Ce papillon connaît trois générations par an et passe l’hiver à l’état de chrysalide. A deux pas de la mer et dans un jardin très abrité, l’espèce s’est doute autorisée une quatrième génération hivernale !
Retrouvez un autre chenille de piéride :
Pieris napi, la chenille
Sources :
Pieris brassicae, fiche descriptive dans l’INPN (P. Dupont – 2016)
La piéride du chou, par André Lequet
jeudi 8 février 2024
Certains hivers, on peut remarquer sur les troncs des tilleuls de grandes concentrations de ces petites punaises aux ailes argentées. Oxycarenus lavaterae, membre de la famille des Oxycarenidae au comportement grégaire, passe ainsi la mauvaise saison. Ces rassemblements impressionnants ne créent aucune nuisance aux arbres ni aux promeneurs et ils ne nécessitent bien sûr aucun traitement.
Comme les gendarmes (Pyrrhocoris apterus) auxquels ils ressemblent par leur comportement et leurs préférences alimentaires, ces petites punaises vivent sur les Malvaceae, notamment les lavatères et les mauves mais aussi les tilleuls qui sont maintenant rattachés à cette famille.
La femelle est plus grosse que le mâle.
Oxycarenus lavaterae nous vient du bassin méditerranéen. A la faveur du réchauffement climatique, cette espèce a depuis les années 1980 fortement progressé vers le Nord de l’Europe. Elle a gardé de ses origines une prédilection pour les endroits chauds et elle craint les fortes gelées. En ville, ces punaises sont souvent trouvées sur les tilleuls dont elles piquent les graines pour se nourrir.
Retrouvez d’autres Oxycarenus :
Celui des chardons
Celui des aulnes
Source :
La punaise du tilleul, une expansion de masse vers le nord, par Zoom Nature
mercredi 7 février 2024
Je secoue quelques rameaux d’un lierre grimpant sur le tronc d’un micocoulier de Provence. Ce petit papillon de nuit s’est posé au fond de mon bac. Il me faut une photo de profil pour l’identifier mais l’animal est nerveux, il volète en tous sens. Je lui fais de l’ombre avec ma main pour le calmer.
Ma vue de profil, prise juste avant son envol définitif, n’est pas des plus réussies mais elle montre le dessin des ailes et les longues écailles marron qui garnissent les tibias médians. Pas de doute, c’est Caloptilia fidella, un Gracillariidae dont les chenilles sont connues pour miner les feuilles des houblons. Cette espèce mine à l’occasion les feuilles des micocouliers qui appartiennent aussi à la famille des Cannabaceae.
Ce papillon que l’on voit d’habitude en été me paraît bigrement en avance, même pour la Côte d’Azur. Il n’y a plus de saisons !
Caloptilia fidella a déjà été vu une fois en Ile-de-France en fond de vallée dans une zone naturelle, donc en lien avec du houblon. Je connais des sites au bord de la Seine où le houblon est particulièrement abondant. J’irai en septembre à la recherche des mines de ce Caloptilia pour tenter un élevage et faire de meilleures photos.
Retrouvez un autre Gracillariidae :
Dialectica scalariella
mardi 6 février 2024
La brume du matin a déposé de fines gouttelettes de rosée sur les toiles collectives des chenilles processionnaires du pin. Les premiers rayons de soleil les mettent en beauté. Ces cocons de soie les protègent du froid pendant l’hiver.
Dès le début du mois de février, les chenilles quittent leur toile, descendent en procession le long du tronc, et cherchent une cachette dans le sol pour se nymphoser.
Les papillons émergent dès le début de l’été. Ils volent de mi-juin à mi-août dans notre région.
Thaumetopoea pityocampa est une espèce méridionale qui gagne chaque année du terrain vers le nord. Elle a désormais dépassé les limites de l’Ile-de-France.
Quand la chenille se sent agressée, elle libère dans l’air de grandes quantités de poils barbelés très fins qui se fichent dans la peau et les muqueuses et libèrent en se cassant une toxine, la thaumetopoéine. Celle-ci provoque des réactions allergiques cutanées, oculaires et respiratoires. Il est donc préférable de ne pas les toucher ni même de s’en approcher de trop près. Les nids d’hiver restent urticants après le départ des chenilles.
Pour réguler les populations de cet encombrant hôte des pins, des cèdres et des sapins de Douglas, la pose de nichoirs à mésanges est efficace.
Retrouvez les mésanges à l’œuvre dans cet article :
La mésange et la processionnaire
En savoir plus sur la processionnaire du pin (cycle biologique, dégâts et risques, moyens de lutte) :
La Processionnaire du pin, par e-phytia
lundi 5 février 2024
Les Blissidae sont une toute petite famille de punaises qui comprend 5 espèces en France métropolitaine. En voici deux, trouvées dans les Yvelines. Les individus ci-dessus sont de forme brachyptère, c’est-à-dire que leurs ailes sont réduites. Ces deux espèces, Dimorphopterus spinolae et Ischnodemus sabuleti, se ressemblent beaucoup mais les dessins de leurs ailes sont différents.
On les trouve sur leurs plantes hôtes, des Poaceae, Cyperaceae et Typhaceae de grande taille des genres Ammophila, Calamagrostis, Leymus, Arrhenatherum, Carex, Deschampsia, Elytrigia, Glyceria, Phalaris, Phragmites, Sparganium, Typha (en français oyat, roseau des bois, fromental, glycérie, baldingère, roseau, rubanier, massette). Ce sont essentiellement des plantes de zones humides.
Je n’ai jamais trouvé Dimorphopterus spinolae que sur Calamagrostis epigejos, le roseau des bois, en situation sèche.
Et je ne connais qu’une station de l’espèce Ischnodemus sabuleti sur quelques touffes de Brachypodium sylvaticum, qui n’est a priori pas une plante hôte. Les Glyceria, Phalaris, Phragmites, Sparganium et Typha qui poussent en abondance sur la rive de la Seine ne sont cependant pas loin.
Source :
Zicrona (2020) – Liste des hétéroptères de France métropolitaine (Hemiptera : Heteroptera)
dimanche 4 février 2024
L’aselle d’eau douce est un crustacé isopode de mœurs aquatiques. On le dit d’origine asiatique et on ne sait pas précisément dater son arrivée en France. J’ai trouvé quelques enregistrements dès 1977 mais les premières données significatives dans l’INPN commencent à la fin des années 1990. On reconnaît Asellus aquaticus aux deux taches blanches sur la tête (à gauche sur la photo).
Cette espèce qui supporte les eaux polluées est maintenant présente dans la plupart des cours d’eau et étangs d’Europe. Les poissons et oiseaux aquatiques en sont friands et régulent naturellement ses populations.
L’aselle d’eau douce est active la nuit et consomme des débris végétaux.
Retrouvez un autre arthropode aquatique naturalisé :
La crevette tueuse du Danube
Sources :
CRUSTACES ISOPODES, par Jean-Paul HENRY et Guy MAGNIEZ
Asellus aquaticus, dans DORIS
samedi 3 février 2024
Un Martien ?
Cet hyménoptère jaune de 3mm est tombé dans mon bac au battage de buissons dans le parc de la Croix des Gardes. Il a vraiment un look inhabituel !
Le nombre d’articles des antennes m’oriente vers la famille des Torymidae, et le gros stigma noir sur l’aile désigne le genre Megastigmus. Son abdomen est dépourvu d’ovipositeur, c’est donc un mâle.
La clé indiquée dans les sources me conduit jusqu’à l’espèce Megastigmus aculeatus. C’est d’ailleurs la seule espèce du genre à faire l’objet de données dans l’INPN.
Sa biologie est curieuse. La femelle pond dans les cynorhodons encore verts de différentes espèces de rosiers et ses larves se développent à l’intérieur des graines. Une grive vient à passer par là, elle consomme le fruit mûr. Les graines sont rejetées plus loin avec ses fientes. Les Torymidae adultes émergent alors au début du printemps dans une nouvelle contrée qu’ils seraient bien incapables de gagner de leurs propres ailes.
Les photos des mâles sont très rares, car ils représentent moins de 7% de la population. Les femelles d’ailleurs se reproduisent généralement sans fécondation.
Retrouvez un autre hyménoptère à l’allure étonnante :
Perilampus ruficornis
Sources :
Megastigmus aculeatus, dans GBIF
TY – JOUR
AU – Roques, Alain
AU – Skrzypczyńska, Malgorzata
PY – 2010/12/06
SP – 127
EP – 238
T1 – Seed-infesting chalcids of the genus Megastigmus Dalman, 1820 (Hymenoptera: Torymidae) native and introduced to the West Palearctic region: Taxonomy, host specificity and distribution
VL – January 20
DO – 10.1080/713834669
JO – Journal of Natural History
ER –
vendredi 2 février 2024
On trouve parfois des coquilles de cet intrigant escargot (4mm) dans des taupinières. Cecilioides acicula est une espèce fouisseuse rarement observée en surface. Lucien a eu le flair de trouver dans son jardin un individu vivant, en retournant une grosse pierre de meulière. Ne cherchez pas à croiser son regard, l’aiguillette commune est aveugle. La vue ne lui serait pas utile dans les profondeurs du sol.
Mais que cherche-t-il dans le sol ?
Ce mollusque nécrophage se nourrit de moisissures à la surface de vieux ossements. La concentration de coquilles dans des fouilles archéologiques peut indiquer l’emplacement de sépultures dont les ossements ont été totalement dégradés. Cecilioides acicula serait apparu en France à l’époque gallo-romaine. En revanche, en raison de son caractère fouisseur, sa présence dans le sol ne donne aucune indication stratigraphique.
Retrouvez une autre espèce nécrophage :
Le Zombie à pattes bleues
Source :
Mourir autour de la naissance à Avtricvm au IIe et IIIe siècles – Archéo 18, ville de Chartres
jeudi 1er février 2024
Qu’a de spécial cet escargot ?
La réponse demain !
mercredi 31 janvier 2024
Je ne connaissais pas le chemin de halage à Triel-sur-Seine. J’ai testé, c’est pittoresque. On longe une immense carrière. Le site est protégé par un portail solidement cadenassé. Mais il manque deux barreaux… Et surtout il n’y a pas de clôture !
Sur la berge du bras des Morteaux, je trouve au sommet d’une branche d’osier ce joli bouquet de feuilles sèches en forme de rose épanouie. C’est la galle de Rabdophaga rosaria, un diptère Cecidomyiidae qui transforme à son bénéfice un bourgeon terminal de saule. Sa larve consomme l’intérieur de la galle et y passe l’hiver bien à l’abri.
Retrouvez une autre galle de Cecidomyiidae :
La galle des fruits de la carotte
Source :
Rhabdophaga rosaria, par Plant Parasites of Europe
mardi 30 janvier 2024
Oh, un demi lapin !
Le reste d’un lapin gît au bord du chemin, un renard en est sans doute la cause. Voilà une bonne aubaine pour observer d’éventuels nécrophages. Je n’ai même pas à chercher un bâton pour retourner cette dépouille. Une grosse larve pose pour le photographe !
Celle-ci est bien typique et je n’ai pas de difficulté à identifier l’espèce Silpha tristis, un coléoptère Silphidae.
Les larves de Silpha se nourrissent de charognes de grands animaux (au moins 300g) laissant aux Nicrophorus les cadavres d’animaux plus petits.
Retrouvez un autre Silpha :
Le Silphe clochette
Un autre nécrophage :
Thanatophilus sinuatus
Source :
Silpha tristis, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon -2022)
lundi 29 janvier 2024
Près de l’étang du Corra, je soulève l’écorce d’un tronc de pin pourri couché dans l’herbe. Ce curieux animal de 3mm est en train de contourner un escargot minuscule. Il est étonnamment boudiné et possède deux antennes courtes et épaisses. La position des tubercules saillants sur son derrière me permet de le déterminer, il s’agit de Neanura muscorum, un collembole qui se nourrit de champignons du bois mort. C’est une espèce commune présente en Europe, Asie, Amérique du Nord, Inde, Australie. Pour éloigner ses prédateurs, il est capable de sécréter des gouttelettes d’un liquide répulsif à leur approche.
Retrouvez un autre collembole :
Tomocerus minor
Sources :
Le site collembola.org de Frans Janssens
Sécrétion de Neanura muscorum, une vidéo de Philippe Lebeaux
dimanche 28 janvier 2024
J’étais convié en ce dernier samedi de janvier à participer à la visite nature organisée par le Collectif du lac de Créteil. J’ai montré des petites bêtes à toutes celles et tous ceux, novices ou pas, qui semblaient s’y intéresser.
C’est une drôle d’idée de programmer ce rendez-vous annuel en janvier, mais en fait il a fait très beau et les insectes encore engourdis par le froid de la nuit se sont très bien prêtés à mes démonstrations.
Sur le parvis de l’hôtel de ville
Voici ce que j’ai observé dans les jardinières de la place Salvador Allende.
Cyphostethus tristriatus, magnifique punaise de la famille des Acanthosomatidae, pique pour se nourrir les baies des genévriers. Depuis 2000, on la trouve aussi dans les thuyas et les cyprès des jardins.
Les bambous nains hébergent parfois des pucerons d’origine asiatique. C’est le cas de celui-ci. Takecallis arundicolens est reconnaissable à ses nervures soulignées de noir et à la cauda noire au bout de son abdomen. C’est la deuxième observation de cette espèce dans la base de données naturalistes d’Ile-de-France, GéoNat’IdF.
La rosée a déposé des gouttelettes sur les feuilles des Stachys. Avec d’autres photographes, je me suis amusé à observer leur effet de loupe sur les poils hydrophobes de ces feuilles.
Au bord du lac, dans un if
Le groupe s’est ébranlé en direction du lac. Un if m’a permis de montrer les insectes qui hivernent parmi ses aiguilles.
Rhaphigaster nebulosa doit son nom de punaise nébuleuse aux petits nuages noirs qui ornent la partie membraneuse de ses ailes. Cette espèce très commune est polyphage, elle se nourrit de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. L’hiver, on peut la rencontrer cachée sous les écorces décollées, dans le lierre ou dans les conifères.
Viridicerus ustulatus est une cicadelle inféodée aux peupliers, elle passe l’hiver dans les ifs. Elle est peu souvent observée.
Zyginella pulchra, hôte régulier des conifères en hiver, vit aux beaux jours dans les érables. Cette petite cicadelle fait partie de la sous-famille des Typhlocybinae. Je l’identifie au point noir situé à l’apex de l’aile.
Retrouvez les portraits de ces insectes :
Cyphostethus tristriatus
Takecallis arundicolens
Rhaphigaster nebulosa
Viridicerus ustulatus
Zyginella pulchra
samedi 27 janvier 2024
Je découvre cette magnifique punaise en soulevant une écorce d’eucalyptus. Comme elle ressemble à Rhyparochromus vulgaris, elle pourrait faire partie de la famille des Rhyparochromidae. Je cerne le genre en explorant les photos des membres de cette famille dans les galeries sur internet : c’est un Xanthochilus, autrefois considéré comme un sous-genre de Rhyparochromus.
La vue de profil montre un rostre très long, atteignant les hanches des pattes postérieures, c’est donc Xanthochilus saturnius, une espèce typiquement méditerranéenne, également présente sur la côte ouest des Etats-Unis depuis 2006.
Les plantes hôtes de cette espèce sont des Lamiaceae, notamment les Stachys, et des Scrophulariaceae, comme les Verbascum.
Retrouvez un autre Rhyparochromidae :
Beosus maritimus
vendredi 26 janvier 2024
J’inspecte les branchages d’un vieux pyracantha au bord de l’étang du Corra. La chasse est maigre, juste un moucheron. Celui-ci est d’assez belle taille et la nervation alaire me semble particulière. Allez, je me lance, pour une fois je vais essayer d’identifier un moucheron.
J’arrive jusqu’au genre Mycomya, dans la famille des Mycetophilidae. Il existe 44 espèces dans ce genre en France et la clé de détermination que j’ai trouvée est trop ardue pour moi, elle me permet seulement d’éliminer quelques espèces. J’en resterai donc au genre. Son gros abdomen me fait penser que c’est une femelle.
Les larves des Mycomya consomment des champignons, notamment ceux qui poussent sur le bois.
Les spécialistes, pour les déterminer, comparent l’anatomie des pièces génitales et font des analyses de leur ADN. Il est assez facile de se procurer des adultes en collectant des champignons ou du bois pourri et en les plaçant dans des boîtes d’élevage.
Retrouvez un autre moucheron :
Sphaeromias pictus
jeudi 25 janvier 2024
Connaissez-vous les Anthaxia ? Ces coléoptères de la famille des Buprestidae sont souvent brillamment colorés. Leurs larves creusent des galeries dans le bois de nombreuses espèces d’arbres ou d’arbustes. Certaines espèces sont cependant inféodées à des plantes basses, comme les panicauts, les astragales, les férules. On peut observer les adultes en été sur diverses fleurs où ils viennent butiner.
Une quarantaine d’espèces pour ce genre sont répertoriées en France. La grande majorité d’entre elles sont méditerranéennes. Je vous propose d’en découvrir quelques unes.
Les larves du Bupreste hongrois creusent le bois mort des chênes. C’est un insecte de grande taille (jusqu’à 15mm), la femelle au thorax contrasté est facile à reconnaître.
On peut voir Anthaxia confusa butiner les Asteraceae à fleurs jaunes, notamment les Crepis. Cette espèce est inféodée aux cyprès et aux genévriers.
Anthaxia fulgurans est associé à des arbres et arbustes principalement de la famille des Rosaceae.
Anthaxia ignipennis est citée pour les chênes et les prunus. Chez cette espèce, le mâle et aussi coloré que la femelle.
En Ile-de-France, ce sont d’autres espèces que l’on peut rencontrer : Anthaxia manca (la célèbre Anthaxie driver), Anthaxia candans, Anthaxia semicuprea, Anthaxia mendizabali, Anthaxia nitidula, Anthaxia godeti,
Retrouvez un autre coléoptère brillamment coloré :
Rynchites bacchus
Sources :
Anthaxia from Western Palearctic and Middle East Region
Anthaxia hungarica, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon -2018)
Mollandin de Boissy R. Notes biologiques sur quelques Buprestides [Col.]. In: Bulletin de la Société entomologique de France, volume 8 (8),1903. pp. 151-152.
Anthaxia fulgurans, fiche dscriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2018)
Anthaxia ignipennis, fiche descriptives dans l’INPN (H. Bouyon – 2018)
Coléoptères Buprestides, par André Théry
mercredi 24 janvier 2024
Je scrute un tapis de lierre terrestre (Glechoma hederacea) et je trouve une feuille présentant une mine. Eclairée en contre-jour, la feuille laisse deviner le trajet de l’insecte mineur. Le couloir est d’abord étroit sous l’épiderme supérieur, il s’élargit en tache puis devient moins visible. La larve s’est enfoncée plus profondément dans l’épaisseur de la feuille.
L’insecte finit son voyage nourricier sous l’épiderme de la face inférieure. Je reconnais à ces détails la trace d’un diptère Agromyzidae, Phytomyza glechomae, qui est justement inféodé à cette plante. Normalement la larve se nymphose à l’extérieur de la feuille, ici la pupe est restée en partie dans la mine. Je place la feuille dans un bocal aéré dans ma véranda. Peut-être aurai-je la surprise de voir l’adulte au printemps ?
Retrouvez une autre mine de Phytomyza :
La mineuse du scolopendre
Source :
Phytomyza glechomae, par Plant Parasites of Europe
mardi 23 janvier 2024
L’histoire commence par un œuf pondu par un tout petit papillon de nuit de la famille des Nepticulidae sur le dessus d’une feuille de ronce. On distingue ce qui reste de sa coquille, à droite sur la photo ci-dessus. Une minuscule chenille en sort, ronge l’épiderme et creuse une galerie. Celle-ci dessine un serpentin blanc sur la feuille. A mesure que la chenille grandit, la mine s’élargit. Les taches noires que l’on voit dans la mine par transparence sous l’épiderme sont ses excréments (les spécialistes disent le frass).
A la fin de son parcours la chenille se nymphose puis le papillon émerge. Ci-dessous sur cette foliole de ronce deux mines se sont croisées. J’imagine que la chenille qui venait de la gauche a cédé le passage. La traversée de la nervure médiane par l’une d’elle, à l’évidence, n’a pas été un problème. Comme la ligne de frass occupe au moins la moitié de la largeur de la mine, il s’agit de l’espèce Stigmella aurella
Stigmella aurella mine les feuilles de certaines Rosaceae, comme les ronces, les fraisiers, les benoîtes et les aigremoines.
Retrouvez un autre Stigmella :
Stigmella aceris
Source :
Stigmella aurella, dans Plant parasites of Europe
lundi 22 janvier 2024
Alerte, les rochers sont vivants !
Lorsque je m’approche, ça grouille ! Des dizaines de petites bêtes furtives courent et sautent se réfugier dans des fissures puis reviennent se chauffer au soleil et se fondre dans le décor lorsque l’intrus est parti. Celle-ci est passée en trombe sous mon objectif dans une mémorable partie de cache-cache, me laissant la gloire d’une photo un peu floue mais suffisante pour déterminer l’espèce. Il s’agit de Machilinus rupestris, l’unique représentant en France de la famille des Meinertellidae dans l’ordre des Archeognatha. Si leurs cousins de l’autre famille, celle des Machilidae, semblent fuir la lumière, cette espèce est active le jour sur la rocaille en plein soleil.
Je n’ai pas trouvé d’informations sur le mode de vie de Machilinus rupestris. Cet insecte est généralement observé sur des rochers, il se nourrit probablement de mousses et de lichens, et peut-être d’autres matières organiques.
La Drôme semble constituer la limite septentrionale de cette espèce méditerranéenne. Les dates d’observations sur GBIF montrent que Machilinus rupestris peut être observé toute l’année.
Retrouvez un autre Archeognatha :
Lespismachilis y-signata
Source :
Machilinus rupestris, dans GBIF
dimanche 21 janvier 2024
Voici pour attendre les beaux jours, le portrait d’une bien jolie mouche estivale.
Ferdinadea cuprea est assurément l’un de nos plus beaux syrphes. Celui-ci, vu dans la forêt du Cranou au mois d’août, butinait des centaurées dans une allée ensoleillée bordée de fougères.
Pour reconnaître cette espèce, il faut observer la face entièrement jaune ainsi que l’arista noire sur l’antenne.
Les larves de Ferdinandea cuprea se nourrissent de matières végétales en décomposition, notamment dans les cavités des vieux arbres.
Retrouvez un autre syrphe forestier de même écologie :
Callicera aurata
Sources :
Ferdinandea cuprea, fiche descriptive dans l’INPN (Thomas Lebard -2021)
Syrphes de Belgique et des Pays-Bas, par André Schulten
samedi 20 janvier 2024
Cette coccinelle tombe dans mon bac d’une branche basse de sapin de Douglas. Je n’ai encore jamais vu de coccinelle de cette couleur ! Sur un conifère, je m’attendais plutôt à Harmonia quadripunctata ou à Anatis ocellata. Je détermine la belle inconnue en m’aidant de la clé des coccinelles du Nord Pas-de-Calais (voir ci-dessous dans les sources).
Aphidecta obliterata fréquente surtout les pins et les épicéas. Cette espèce a été introduite en Amérique du Nord pour réguler les populations d’un puceron lanigère d’origine européenne, Adelges piceae, qui, loin de ses prédateurs naturels, ravageait outre-Atlantique les sapins.
Retrouvez un autre insecte des conifères :
Le Petit Cycliste à pattes vertes
Sources :
Aphidecta obliterata, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
Clé d’identification des coccinelles du Nord – Pas-de-Calais – Bruno Derolez, Nicolas Orczyk, Sophie Declercq
vendredi 19 janvier 2024
Ces feuilles de ronce ont une allure inhabituelle. Chaque tache blanche est en fait l’œuvre d’une chenille qui a creusé sa galerie dans l’épaisseur de la feuille. La clé des mines sur les feuilles de Rubus (voir dans les sources) me permet d’arriver à Coptotriche marginea, un microlépidoptère de la famille des Tischeriidae. Les chenilles hivernent dans leurs mines et les premiers papillons apparaissent en avril.
Le toit des mines est déchiré, des mésanges sans doute sont passées par là.
Je soumets ma détermination sur British leafminers, un groupe facebook anglais spécialisé que je viens de rejoindre. Ma proposition est validée, ils doivent avoir les mêmes chez eux. Vérification faite sur GBIF, cette espèce européenne est également présente en Grande-Bretagne.
Retrouvez une autre mineuse de feuilles :
Macrosaccus robiniella
Sources :
Rubus, clé dichotomique pour les mineuses, dans Plant Parasites of Europe
Coptotriche marginea, dans microlepidoptera.nl
jeudi 18 janvier 2024
Je passe le filet un peu au hasard dans les herbes sèches d’un coteau calcaire. Je récupère ainsi Mocydia crocea, une bien jolie cicadelle et cette mouche à la tête ornée.
Le bord externe des ailes ombré me met sur sur la piste de Pherbellia cinerella, de la famille des Sciomyzidae. C’est une espèce typique de ce genre de milieu ouvert bien exposé, elle y chasse les escargots que ses larves parasitent. On peut la voir toute l’année.
Retrouvez une autre Sciomyzidae parasite d’escargots terrestres :
Salticella fasciata