À quelques mois des municipales 2020, « le Parisien » se penche sur cinq villes clés du Val-de-Marne. Cette semaine, la propreté et l’environnement.
- Créteil, ce jeudi.
Le lac de Créteil est la promenade préférée des habitants mais ils considèrent que la situation se dégrade à cause de l’incivisme notamment.
© LP/Agnès Vives
Des canettes qui traînent, des encombrants qui pullulent sur les bords des trottoirs et les rats qui en profitent. Créteil a son lot. Plus ou moins qu’ailleurs ? Les habitants sont 38% selon un sondage commandé par la ville et présenté en février dernier, à juger négativement la propreté de la commune. En hausse de 15 points par rapport à une précédente enquête réalisée en 2010. Une préoccupation qui monte, puisque c’est désormais leur 5e priorité.
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Il suffit d’ailleurs de les interroger pour s’en rendre compte très vite. A fortiori lorsqu’on aborde avec eux la question, au bord du lac et dans les allées de l’île de loisirs. Ce petit bijou de nature en pleine ville de 62 hectares reste le lieu préféré des promeneurs. « Une chance », clament-ils en chœur. « Un point de chute qui permet de sortir de son appartement, de prendre l’air », apprécie Jacky, 77 ans, assis sur un banc face au soleil d’automne ce jour-là. Alors les habitués y sont d’autant plus attachés et donc… vindicatifs.
« Les gens font n’importe quoi »
Soizic qui vit à Créteil depuis les années 1980, habite à deux pas : « Regardez, il y a là, un chariot, là-bas, des barquettes par terre, des canettes, la propreté, ça se dégrade. Il faudrait presque verbaliser. »
A en croire Monika, 65 ans, « tous les ans, c’est de pire en pire, surtout aux beaux jours, les poubelles débordent ». « On revient avec nos toutous après l’été, confirment Delphine, 48 ans et Margaux, 41 ans. Les agents qui nettoient font ce qu’ils peuvent. Mais ce sont les gens qui font n’importe quoi. »
Et la première de suggérer des opérations avec les jeunes pour les sensibiliser et « qu’ils voient que ça ne se nettoie pas tout seul ». L’an dernier, un grand nettoyage avait été initié par la fédération de pêche. La Maison de la nature s’évertue aussi à rappeler les bons gestes aux usagers.
Les revers d’un espace ouvert et gratuit
Mais la tâche s’avère ardue. Après tout, le lac est un espace ouvert, et gratuit, qui permet à tout un chacun d’en profiter. Un principe auquel le syndicat mixte gestionnaire (réunissant la ville, le département, et la région) tient. Mais qui a son revers.
Le braconnage sévit. Au risque de blesser les espèces, comme récemment un cygne. Sans parler de rodéos qui perturbent les voisins du lac. Et puis, il y a les barbecues sauvages improvisés entre amis ou en famille, certains viennent même de loin. Avec parfois le risque de mettre le feu aux arbres ou aux pelouses, comme c’est arrivé en juillet. Le maire PS Laurent Cathala avait d’ailleurs saisi les autorités.
« Il faudrait une aire dédiée, comme ça, ceux qui veulent faire un barbecue auraient tout sous la main », propose Margaux, qui prône aussi « davantage de surveillance avec des vigiles ». Actuellement, il n’y a qu’un garde-pêche.
Une gestion à trois têtes
De « petits gestes faciles » pourraient déjà améliorer certaines choses, selon Carol, 74 ans. « Des poubelles appropriées fermées éviteraient que les corneilles et les pies puissent disperser les sacs de détritus ». Ce riverain, dépité de voir les algues stagner à la surface de l’eau, lorsque les températures grimpent, imagine aussi « de créer à côté du port, une base pédalo, avec des courses. Cela amuserait les enfants, apporterait de l’argent et ferait bouger l’eau ».
Mais qui décide ? C’est bien là le principal problème, selon le collectif du Lac de Créteil. « C’est le royaume de la patate chaude, entre la région, le département et la ville, chacun se renvoie la balle. » Sauf que pour ces ardents défenseurs de l’espace vert « la société évolue, les dégradations sont plus importantes, et il serait temps que les gestionnaires s’entendent ».
Les élus répondent
« Valoriser le lac », en 2014, Laurent Cathala (PS) et son équipe l’avaient inscrit au programme. C’est ainsi que la promenade, côté préfecture, fermée suite aux attentats, a été rouverte. Des aérateurs ont aussi été installés pour lutter contre les algues vertes. « Nous devons continuer, reconnaît le maire sortant, qui entend les demandes. Des équipes de nettoyage interviennent déjà. On s’efforce de coller aux besoins, notamment après un week-end très chaud. »
Face à l’incivisme des usagers, « ce sont des campagnes d’information et de sensibilisation qui sont le plus utiles », croit Laurent Cathala. Il prévoit aussi le déploiement sur toute la ville de gardes urbains d’ici la fin de l’année pour lutter contre les dépôts sauvages sur la ville.
Pour améliorer le fonctionnement, « on gagnerait à avoir une unicité de gestion », admet-il. Non sans faire remarquer qu’il y a déjà des animations, comme la marche Calipsso, Tout Créteil en sport. « Mais c’est une question d’équilibre, il faut aussi que cela reste un lieu de détente et le problème de la restauration ne sera résolu que lorsqu’il y aura un accès direct. »
De son côté, son principal opposant et candidat LR déclaré, Thierry Hebbrecht est formel : « C’est une chance d’avoir un tel espace en plein centre-ville, mais il est sous-exploité ».
Selon le candidat, il faut remettre à plat le fonctionnement, avec « de la vidéosurveillance, des vigiles pour mettre un terme aux nuisances », mais aussi « des animations avec des food-trucks, des actions autour de l’écologie ».
Pour sa part, Thomas Dessalles, animateur de la campagne des Insoumis, s’il s’inquiète du rapport de la Chambre régionale des comptes qui prône une « mutualisation » de la gestion des îles de loisirs, appelle les responsables à « du bon sens ». « Il faut un projet global, qui accompagne les pratiques des usagers et relance le quartier du Port à l’abandon ». Des pistes ? « Concentrer sur quelques endroits les barbecues », « bloquer certains accès aux deux-roues », « développer les équipes d’entretien » ou encore « réintroduire une restauration après la fermeture de l’Ecol’Eau »
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