JONATHAN SE TROUVAIT, avec sa petite amie, au domicile de ses parents, dans le quartier du Port, à Créteil, lorsque trois hommes encagoulés, armés d’un pistolet et d’un fusil à canon scié, en ont forcé la porte, en plein jour. La jeune femme de 19 ans a été violée par l’un d’eux pendant que les deux autres séquestraient son compagnon de 21 ans, de con- fession juive, pour lui soutirer de l’argent.
C’était le 1er décembre 2014. Cette agression brutale avait alors plongé la ville sous le choc. Un millier de personnes s’y étaient réunies, quelques jours plus tard, pour partager leur émotion et leur colère, alors que le chef de l’Etat, François Hollande,avait dénoncé « une forme de violence d’autant plus insupportable qu’elle vise à diviser ». Les démons de l’hiver 2014 ont refait surface, mardi matin, autour de la rue Floris Osmond, à l’occasion d’une reconstitution des faits sous haute surveillance policière en présence de l’un des suspects, menotté et la tête cachée sous un blouson.
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Certains riverains, interloqués, ont même cru à une opération anti-terroriste, tandis que d’autres fouillaient dans leurs souvenirs. « Je me rappelle bien cette histoire, témoigne l’un d’eux. On peut malheureusement trouver des déséquilibrés partout, mais le coin est plutôt calme, je porte tout le temps ma kippa et je n’ai jamais eu de problème. » Le quartier du Port renferme une importante communauté juive, dont « certaines familles sont parties ces dernières années », suite à plusieurs agressions, confie Lionel, maillot de l’AS Monaco sur les épaules et kippa sur la tête, au restaurant La Table de Simon. « Ça ne craint pas du tout par ici, mais les gens ont peur de venir. D’ailleurs, il n’y a pas grand monde le soir, on marche surtout le midi. » Un autre habitant du quartier nous confirme que « la cohabitation se passe très bien entre les différentes communautés », au milieu des petits immeubles aux murs saumon, où se côtoient épiceries casher et kebabs. « Il n’y a pas de climat antisémite. Ce sont des jeunes d’autres quartiers qui se retrouvent ici le soir au bord du lac. Il y a du trafic de drogue, mais la police ne passe jamais. »
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